L’approvisionnement pourrait porter sur 6 à 12 obusiers prélevés sur une commande destinée au Danemark. Une opération inédite alors que Paris est régulièrement accusé de ne pas en faire assez.
La livraison aura fait l’objet de longues tractations. Selon nos informations, la France s’apprête à fournir à l’Ukraine une nouvelle série de canons Caesar, prélevés sur une commande destinée à l’origine au Danemark. Cet approvisionnement pourrait porter sur 6 à 12 obusiers sur les quinze demandés par Kiev. Si les discussions techniques sont en cours de finalisation, la manœuvre fait l’objet d’un accord politique de principe entre les trois gouvernements. Celui-ci a été trouvé lors d’échanges intervenus ces dernières semaines entre le président, Emmanuel Macron, son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, et la première ministre danoise, Mette Frederiksen.
L’opération est à la fois inédite et complexe pour les autorités françaises. Les équipements que Paris s’engage à livrer à Kiev étaient d’abord destinés au Danemark, dans le cadre d’une commande de 15 unités passée en 2017, complétée par 4 autres canons en 2019, en cours de livraison par leur fabricant Nexter. Copenhague aurait d’autant plus accepté, à ce stade, de renoncer à une partie de ces matériels qu’ils sont encore en cours de validation technique, voire pas tous conformes au cahier des charges fixé initialement par les Danois. Après avoir hésité, l’Ukraine, dont les dirigeants se félicitent de l’efficacité des Caesar, est prête à récupérer ces matériels et à les utiliser en l’état. Ni l’Élysée ni le ministère des armées n’ont souhaité commenter l’opération.
Alerté par son état-major, Emmanuel Macron aurait en tout cas renoncé à prélever de nouveaux Caesar dans le parc de l’armée française, déjà diminué par la livraison de 18 canons au printemps et au début de l’été : le contingent envoyé en Ukraine représente près du quart de la dotation de l’armée de terre, fixée à 76 unités. Kiev n’y perd d’ailleurs pas au change. Si les Caesar danois sont d’un modèle plus lourd que ceux de l’armée française (32 tonnes contre 18 tonnes), ils sont plus puissants : montés sur huit roues au lieu de six, ils peuvent emporter jusqu’à 36 obus au lieu de 18, et leur cabine est dotée d’un blindage plus protecteur. « Le Caesar est l’outil parfait pour faire de la contrebatterie, pour repérer et pour détruire l’artillerie ennemie avant qu’elle-même ne vous détecte », souligne une source militaire.
Moscou fait monter la tension
Dans le meilleur des cas, Emmanuel Macron pourrait annoncer les grandes lignes de l’opération lundi 3 octobre, lors d’une rencontre à Berlin avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, du moins si ce dernier est remis d’une infection au Covid-19 qui l’a contraint à s’isoler ces derniers jours. A l’occasion d’un dîner prévu à la chancellerie, les deux dirigeants doivent parler des risques d’escalade de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, à l’heure où le président russe, Vladimir Poutine, fait monter la tension, avec l’annexion des territoires occupés et un appel à la mobilisation, sur fond de menaces de confrontation nucléaire.
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