05 octobre 2022

Cinq des sept raffineries de France métropolitaine à l'arrêt, des stations en rupture de carburants

Les grèves qui touchent actuellement les raffineries françaises sont-elles à l'origine des pénuries dans de nombreuses stations services, notamment en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône ? Cinq des sept sites qui fabriquent du carburant en France métropolitaine sont touchés par des mouvements en cours en ce début de semaine :

  • La raffinerie TotalEnergies de Normandie, située à Gonfreville-l'Orcher près du Havre, la plus importante de France, est "à l'arrêt" selon la CGT. Elle représente à elle seule 22% des capacités de raffinage sur le territoire selon l'Ufip, le Syndicat professionnel des pétroliers. Le mouvement a été initié le mardi 27 septembre, il y a tout juste une semaine. Selon un porte-parole du groupe TotalEnergies à l'AFP, il s'agirait de la seule des raffineries du groupe "en grève"
  • Selon un point de situation communiqué lundi matin par la CGT, un mouvement de grève touchait pourtant également la raffinerie de Feyzin près de Lyon dans le Rhône, où "aucune goutte de produits pétroliers ne sort, mettant à mal l'alimentation des stations services déjà très perturbée", d'après Pedro Afonso, élu CGT à Feyzin. Le groupe TotalEnergies a toutefois réfuté le terme de "grève" en cours sur le site rhodanien, en raison selon lui d'un faible nombre de grévistes.
  • Le mouvement touche également la plateforme de stockage et de "bio-raffinerie" de TotalEnergies à La Mède, dans les Bouches-du-Rhône. Là encore, TotalEnergies réfute le terme de "grève". Mais le résultat est là : "Plus aucun produit n'entre ni ne sort", selon Fabien Cros secrétaire CGT du CSE.
  • Chez le groupe Esso-ExxonMobil, un mouvement de grève débuté le 20 septembre sur le site de Port-Jérôme-sur Seine en Seine-Maritime a été reconduit ce lundi et attaque sa troisième semaine. Les salariés réclament là encore une revalorisation des salaires. L'usine est à l'arrêt et aucun carburant n'est produit, rapporte France Bleu Normandie.
  • Une grève, reconduite jeudi dernier, touche enfin la raffinerie du groupe Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. Les salariés réclament ici aussi une revalorisation des salaires, selon la CGT du groupe.

Le mouvement a en revanche été suspendu vendredi à la raffinerie TotalEnergies de Donges, en Loire-Atlantique, et à la bio-raffinerie TotalEnergies de Grandpuits, en Seine-et-Marne, dont l'activité de raffinage est de toute façon à l'arrêt depuis 2021 et qui sert actuellement uniquement de dépôt de carburant. Le mouvement devait toutefois reprendre sur ces deux sites "en début de semaine", a déclaré vendredi à l'AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe.

A notre connaissance, aucun mouvement de grève n'a été relayé à la raffinerie de Lavéra de Pétroineos, située à Martigues dans les Bouches-du-Rhône.

Des ruptures de stock de carburants dans les stations

En France métropolitaine, il reste donc ce mardi seulement deux raffineries en activité : celle de Lavéra et celle de Donges, avec une menace de reprise du mouvement de grève sur cette dernière. Malgré ces mouvements sociaux, un porte-parole de TotalEnergies a assuré qu'"il n'y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers". 

France Bleu a pourtant repéré de nombreuses stations services en rupture de carburants, et ce notamment en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône. Il s'agit pour la plupart de stations TotalEnergies, prises d'assaut il est vrai par les consommateurs depuis la ristourne de 30 centimes appliquée à la pompe, mais également de stations Esso. 

Que réclament les salariés ? 

Chez TotalEnergies, la CGT réclame notamment un "rattrapage salarial" à hauteur de 10% pour l'année 2022, pour compenser l'inflation. De son côté, la direction rappelle avoir octroyé une augmentation moyenne de 3,5% en début d'année et renvoie à l'ouverture de négociations, initialement prévues en janvier 2023, et avancée à mi-novembre dans le contexte actuel d'inflation.

"C'est pour parler de 2023. Nous, ce qu'on voudrait, c'est avant ça, régler la problématique de 2022 et le rattrapage de l'inflation", a expliqué M. Sellini, coordinateur CGT pour le groupe. La CGT réclame également le "dégel des embauches" en France et "un plan massif d'investissements" dans l'Hexagone, des revendications déjà à l'origine de mouvements le 24 juin et le 28 juillet.

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