03 septembre 2022

Les stocks gaziers de l’Europe se garnissent avec du GNL revendu par la Chine, qui l'achète à la Russie !

La Chine, "chevalier blanc inattendu" pour l'Europe, est à sa rescousse énergétique. Les Européens ont constitué des réserves de gaz plus vite que prévu grâce à du gaz naturel liquéfié cédé par les Chinois (Ndr : qui l'achètent à la Russie !).

La Chine à la rescousse énergétique de l’Europe. C’est en partie du gaz naturel liquéfié cédé par les Chinois qui permet aux Européens de constituer leurs réserves plus vite que prévu.

Le Nikkei Asia qualifie la Chine de "chevalier blanc inattendu" pour l’Europe, et il faut voir combien ce journal économique japonais, s’agissant de la puissance chinoise, ne l’évoque que rarement en des termes favorables… À moins que ce soit là de l’ironie.

Il y est fait le constat que le plus grand acheteur de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde revend une partie substantielle de ses cargaisons aux Européens. Différents acteurs de marché chinois, industriels ou bien intermédiaires, le reconnaissent, comme le pétrolier Sinopec qui, à lui seul, a cédé au moins 45 de ses cargaisons de GNL, ce qui correspond à plus de 3 millions de tonnes.

Si l’on rapporte cela à l’ensemble des importations européennes du 1er semestre, par un calcul rapide, cela aurait donc pu en couvrir non loin de 6%. 

"Bouée de sauvetage"

Un négociant à Shanghai expose au Nikkei à quel point les marges de ces reventes s’avèrent confortables, potentiellement jusqu’à 100 millions de dollars par opération. Au demeurant, une analyste à Londres, Laura Page, spécialisée chez Kpler dans le suivi de ce type de transactions, estime qu’il s’agit bel et bien de "la grande bouée de sauvetage pour l’Europe".

Elle l’explique aussi par l’importante diminution de la demande intérieure chinoise, du fait des confinements successifs, en contraste avec des prix mondiaux au comptant du GNL toujours plus élevés.

Par ailleurs, s’est mise en œuvre la volonté de Pékin de se reporter, autant que possible, vers des sources alternatives, y compris le charbon. Un expert public à Tokyo insiste sur une directive centrale en Chine qui ne privilégie plus, pour le moment, les considérations de "réduction de l’empreinte environnementale".

En mars dernier, le Premier ministre, Li Keqiang, avait lui-même situé la sécurité énergétique de la nation à une "hauteur stratégique" identique à celle de la sécurité alimentaire.

La Chine peut d’autant mieux s’autoriser ce geste envers l’Europe que le GNL ne forme aucunement sa principale source de gaz, mais plutôt le moyen de combler l'écart de demande entre sa production intérieure et ses importations par gazoduc. Deux universitaires du Qatar, Abel Meza et Muammer Koç, l’ont démontré dans un article académique datant de mars 2021 (Resources Policy).

De la Russie à la Chine

En tout cas, sans ces cargaisons chinoises de GNL, l’Europe n’aurait vraisemblablement pas été en mesure d’atteindre par avance ses objectifs de stockage pour novembre, comme vient de s’en féliciter la commissaire européenne à l’Energie.

Il va de soi que Kadri Simon n’en tire pas l’enseignement que cela revient à passer, au moins partiellement, d’une dépendance aux approvisionnements de la Russie, à une autre, celle de son grand partenaire géopolitique, la Chine, qui à l’examen des statistiques de ses douanes, aurait ainsi beaucoup rediriger vers l’Europe du gaz russe. 

Ce qui ne relève pas de la spéculation d’une analyse, c’est que les Chinois renforcent, eux, de longue date leurs infrastructures gazières. Toujours d’après leurs données publiques, une enveloppe annuelle de 15 milliards de dollars y est consacrée, avec à travers le pays quatorze terminaux de GNL en cours de construction. Hier encore, un média économique d’Etat a rapporté des instructions afin de renforcer les capacités dans une province de l’Est, traditionnellement tournée vers les industries minières.

Construction de méthaniers

Un autre volet de cette stratégie globale consiste à miser sur les navires pour transporter ce GNL, en allant contester la suprématie de la Corée du Sud, dont la part de marché mondiale dépasse encore les 75%. Les chantiers navals de Shanghai ont, en ce moment, dix-sept méthaniers en commande, dont quatre pour la compagnie Qatar Energy, l’un des principaux producteurs au monde. 

L’Association de l’industrie chinoise de la construction navale (CANSI) table sur une augmentation de la demande qui fera encore grimper le prix des méthaniers, ce qui profitera, selon son secrétaire général adjoint, aussi bien aux chantiers navals de la Chine qu’à ceux de la Corée du Sud

Tout en sachant, comme le souligne un quotidien officiel chinois à partir d’une évaluation du bureau d’études norvégien Rystad Energy, que les Sud-Coréens ont enregistré tellement de contrats qu’ils ne paraissent plus en mesure d’en accepter d’autres avant 2027Un atout supplémentaire donc pour la Chine dans cette relation énergétique avec l’Europe.

Benaouda Abdeddaïm

Source

L’Europe achète du gaz à prix fort partout où elle en trouve, ce gaz est majoritairement fournit par la Russie aux pays revendeurs !

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