La question se pose: Vladimir Poutine a-t-il joué un "échec au roi"? Ou bien l'adversaire est-il carrément "échec et mat"? A première vue, les Etats-Unis n'ont plus de marge de manoeuvre: si les quatre régions (Donetsk, Lougansk, Zaporojie, Kherson) entrent dans la Fédération de Russie, les Etats-Unis ne peuvent plus rien faire pour aider l'Ukraine, sauf à prendre le risque d'une guerre directe avec la Russie. En réalité, on est sans doute à quelques coups de "l'échec et mat". On peut faire confiance à Washington, à l'UE et aux Ukrainiens pour tenter de prolonger le conflit le plus longtemps possible. Mais nombreux sont les observateurs qui jugent qu'en désignant publiquement le soutien de l'OTAN à l'Ukraine, le président russe a stabilisé la situation et - c'est la logique de la dissuasion nucléaire - fait reculer le risque d'une guerre majeure.
Zelenski bientôt remplacé par Zaloujni?
Le récit héroïsant sur Zelenski est en train de s’user. La CI et le MI6 ont donc décidé d’un nouveau storytelling. Le nouveau héros ukrainien est le commandant en chef, le Général Zaloujni! Et les médias mainstream occidentaux se mettent à la page. Comme j’ai lu trop de thrillers anglo-saxons – Britanniques et Américains sont les maîtres du genre – je ne peux pas m’empêcher de rapprocher cette couverture de l‘accident de voiture de Zelenski il y a dix jours, vous savez, celui dont il est sorti indemne.
Dans tous les cas, le changement probable, + ou – rapide, de dirigeant à Kiev montre que gouvernements occidentaux prennent leurs populations pour des ânes: référendums et mobilisation russe représentent de fait un échec pour l’OTAN et Kiev.. Vite, remplaçons le fusible de Kiev!
Traduction intégrale du discours de Vladimir Poutine le 21 septembre 2022
Mercredi 21 septembre, Vladimir Poutine a fait diffuser un discours qu’il avait enregistré la veille au soir et dont nous donnons ici le texte complet:
“Chers amis !
Le sujet de mon intervention est la situation dans le Donbas et le déroulement de l’opération militaire spéciale visant à le libérer du régime néonazi qui a pris le pouvoir en Ukraine en 2014 à la suite d’un coup d’État armé.
Je m’adresse à vous aujourd’hui, à tous les citoyens de notre pays, aux personnes de différentes générations, âges et nationalités, au peuple de notre grande patrie, à tous ceux qui sont unis par la grande Russie historique, aux soldats et aux officiers, aux volontaires qui combattent actuellement sur les lignes de front, qui sont en service de combat, à nos frères et sœurs – aux habitants des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Kherson et de Zaporozhye et d’autres régions libérées du régime néonazi.
Il s’agit de prendre les mesures nécessaires et urgentes pour protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie, de soutenir le désir et la volonté de nos compatriotes de déterminer leur propre avenir et de faire face à la politique agressive de certaines élites occidentales, qui tentent par tous les moyens de maintenir leur domination et, pour cela, de bloquer et de supprimer tout centre de développement indépendant souverain afin de continuer à imposer leur volonté à d’autres pays et peuples et d’implanter leurs prétendu changements de régime..
Le but de cet Occident est d’affaiblir, de diviser et finalement de détruire notre pays. Ils disent déjà directement qu’ils ont réussi à diviser l’Union soviétique en 1991 et que le moment est venu pour la Russie elle-même de se désintégrer en une multitude de régions et de zones fatalement hostiles.
Et cela fait longtemps qu’ils préparent de tels plans. Ils ont encouragé les bandes de terroristes internationaux dans le Caucase, poussé l’infrastructure offensive de l’OTAN près de nos frontières. Ils ont fait de la russophobie totale leur arme, y compris pendant des décennies, ils ont délibérément encouragé la haine de la Russie, en particulier en Ukraine, où ils ont préparé le sort de la tête de pont anti-russe, et ils ont transformé le peuple ukrainien en chair à canon et l’ont poussé dans la guerre avec notre pays, Ils ont déclenché cette guerre dès 2014, en utilisant les forces armées contre les civils, en organisant un génocide, un blocus et la terreur contre les personnes qui refusaient de reconnaître le gouvernement qui a émergé en Ukraine à la suite du coup d’État.
Et après que le régime actuel de Kiev a publiquement refusé une solution pacifique au problème du Donbass et, de plus, a annoncé qu’il revendiquait des armes nucléaires, il est devenu absolument clair qu’une nouvelle offensive à grande échelle contre le Donbass était inévitable, comme cela s’était déjà produit deux fois auparavant. Et ensuite, tout aussi inévitablement, une attaque contre la Crimée russe – contre la Russie – suivrait.
Dans ce contexte, la décision de lancer une opération militaire préventive était absolument nécessaire et la seule possible. Ses principaux objectifs – la libération de l’ensemble du territoire de Donbass – étaient et restent inchangés.
La République populaire de Lugansk a déjà été presque entièrement nettoyée des néonazis. Les combats se poursuivent dans la République populaire de Donetsk. En huit ans, le régime d’occupation de Kiev a créé ici une ligne profondément échelonnée de fortifications à long terme. Les attaquer de front entraînerait de lourdes pertes, c’est pourquoi nos unités et les unités militaires des républiques de Donbas opèrent de manière planifiée et compétente, en utilisant des équipements, en sauvant du personnel et en libérant la terre de Donetsk étape par étape, en nettoyant les villes et les villages des néonazis et en aidant les personnes que le régime de Kiev a transformées en otages et en boucliers humains.
Comme vous le savez, l’opération militaire spéciale implique des militaires professionnels servant sous contrat. Des formations de volontaires se battent également à leurs côtés : des personnes de différentes nationalités, professions et âges – de vrais patriotes. Ils se sont levés pour défendre la Russie et le Donbass de tout leur cœur.
À cet égard, j’ai déjà donné instruction au gouvernement et au ministère de la Défense de déterminer intégralement et dans les meilleurs délais le statut juridique des volontaires et des combattants des unités des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Elle devrait être identique à celle des militaires de carrière de l’armée russe, y compris le soutien matériel et médical et les garanties sociales. Il convient d’accorder une attention particulière à l’organisation de la fourniture d’équipements et de matériel aux formations de volontaires et aux unités de la milice populaire dans le Donbass.
Au cours des principales tâches de défense de Donbass, nos troupes, sur la base des plans et des décisions du ministère de la Défense et de l’état-major général sur la stratégie générale d’action, ont également libéré des zones importantes des régions de Kherson et de Zaporojie et quelques autres zones tenues par les néonazis. En conséquence, une longue ligne de bataille s’est formée, qui fait plus de mille kilomètres de long.
Quelle est la première chose que je veux dire publiquement aujourd’hui ? Déjà après le début de l’opération militaire spéciale, y compris les négociations à Istanbul, les représentants de Kiev ont réagi très positivement à nos propositions, et ces propositions concernaient principalement la sécurité de la Russie, nos intérêts. Mais il est évident qu’une solution pacifique ne convenait pas à l’Occident. Ainsi, après que certains compromis avaient été atteints, Kiev a reçu l’ordre direct de torpiller tous les accords.
L’Ukraine a encore été approvisionnée en armes. Le régime de Kiev a déployé de nouvelles bandes de mercenaires et de nationalistes étrangers, des unités militaires formées aux normes de l’OTAN et placées sous le commandement de facto de conseillers occidentaux.
Dans le même temps, le régime de répression à travers l’Ukraine contre ses propres citoyens, établi immédiatement après le coup d’État armé de 2014, a été intensifié de la manière la plus dure possible. La politique d’intimidation, de terreur et de violence prend des formes toujours plus massives, terrifiantes et barbares.
Je voudrais souligner que nous savons que la majorité des personnes vivant dans les territoires libérés des néonazis, avant tout les terres historiques de Novorossiya, ne veulent pas être sous le joug du régime néonazi. À Zaporojie, dans la région de Kherson, à Lougansk et à Donetsk, ils ont vu et constaté les atrocités commises par les néonazis dans les districts occupés de la région de Kharkov. Les descendants des Banderistes et des punisseurs nazis tuent des gens, torturent, emprisonnent, règlent des comptes, massacrent et torturent des civils.
Plus de sept millions et demi de personnes vivaient dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, dans les régions de Zaporojieet de Kherson avant le début des hostilités. Beaucoup d’entre eux ont été contraints de devenir des réfugiés, de quitter leur foyer. Et ceux qui sont restés – environ cinq millions de personnes – sont maintenant soumis à des attaques constantes à l’artillerie et aux roquettes par des militants néo-nazis. Ils visent les hôpitaux et les écoles, et commettent des actes de terrorisme contre des civils.
Nous ne pouvons pas, nous n’avons aucun droit moral de livrer nos proches aux tortionnaires, nous ne pouvons pas ne pas répondre à leur désir sincère de déterminer leur propre sort. Les parlements des républiques populaires de Donbass et les administrations civilo-militaires des régions de Kherson et de Zaporojie ont décidé d’organiser des référendums sur l’avenir de ces territoires et nous ont demandé, à nous la Russie, de soutenir une telle démarche.
Je dois souligner que nous ferons tout pour garantir des conditions sûres pour les référendums afin que les gens puissent exprimer leur volonté. Et nous soutiendrons la décision sur leur avenir qui sera prise par la majorité des résidents des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Zaporojie et de Kherson.
Chers amis !
Aujourd’hui, nos Forces Armées, comme je l’ai déjà dit, opèrent sur la ligne de contact, qui dépasse mille kilomètres, en affrontant non seulement des formations néo-nazies, mais en fait toute la machine militaire de l’Occident collectif.
Dans cette situation, je considère qu’il est nécessaire de prendre la décision suivante – elle est pleinement adaptée aux menaces auxquelles nous sommes confrontés – à savoir, pour protéger notre patrie, sa souveraineté et son intégrité territoriale, pour assurer la sécurité de notre peuple et des habitants des territoires libérés, je considère qu’il est nécessaire de soutenir la proposition du ministère de la Défense et de l’état-major général de procéder à une mobilisation partielle dans la Fédération de Russie.
Je le répète, nous parlons ici de mobilisation partielle, c’est-à-dire que seuls les citoyens qui sont actuellement dans la réserve seront soumis à l’appel pour le service militaire, et surtout ceux qui ont servi dans les rangs des forces armées et qui ont certaines professions militaires et une expérience pertinente.
Les personnes appelées à effectuer leur service militaire suivront une formation militaire supplémentaire prenant en compte l’expérience d’une opération militaire spéciale avant d’être envoyées dans les unités.
Le décret sur la mobilisation partielle a été signé.
Conformément à la législation, les chambres de l’Assemblée fédérale – le Conseil de la Fédération et la Douma d’État – en seront officiellement informées par courrier aujourd’hui.
Les mesures de mobilisation commenceront aujourd’hui, le 21 septembre. Je donne instruction aux chefs de région de fournir toute l’assistance nécessaire au travail des commissariats militaires.
Je souligne en particulier que les citoyens russes appelés au service militaire dans le cadre d’une mobilisation bénéficieront du statut, des droits et de toutes les garanties sociales de ceux qui servent sous contrat.
J’aimerais ajouter que le décret sur la mobilisation partielle prévoit également des mesures supplémentaires pour réaliser la défense de l’État. Les directeurs du complexe militaro-industriel sont directement responsables de l’augmentation de la production d’armes et d’équipements militaires, ainsi que du déploiement de capacités de production supplémentaires. Par ailleurs, toutes les questions relatives au soutien matériel, financier et en ressources des entreprises de défense devraient être rapidement résolues par le gouvernement.
Chers amis !
Dans sa politique anti-russe agressive, l’Occident a franchi toutes les limites. Nous entendons constamment des menaces contre notre pays, notre peuple. Certains politiciens occidentaux irresponsables ne parlent pas seulement de plans visant à organiser la livraison d’armes offensives à longue portée à l’Ukraine – des systèmes qui permettraient d’effectuer des frappes en Crimée et dans d’autres régions de Russie.
De telles frappes terroristes, y compris celles utilisant des armes occidentales, sont déjà menées dans des établissements frontaliers des régions de Belgorod et de Koursk. L’OTAN effectue une reconnaissance en temps réel dans tout le sud de la Russie en utilisant des systèmes modernes, des avions, des navires, des satellites et des drones stratégiques.
Washington, Londres et Bruxelles poussent directement Kiev à transférer des opérations militaires sur notre territoire. Ils ne se cachent plus derrière le fait que la Russie doit être vaincue par tous les moyens sur le champ de bataille, suivi de la privation de la souveraineté politique, économique, culturelle et de toute sorte de souveraineté, et du pillage complet de notre pays.
Le chantage nucléaire est également impliqué. Je ne parle pas seulement du bombardement de la centrale nucléaire de Zaporozjie, encouragé par l’Occident, qui risque de provoquer une catastrophe nucléaire, mais aussi des déclarations de certains hauts représentants des principaux pays de l’OTAN sur la possibilité et l’admissibilité d’utiliser des armes de destruction massive – des armes nucléaires – contre la Russie.
A ceux qui font de telles déclarations sur la Russie, je voudrais rappeler que notre pays possède également divers moyens de destruction, dont certains composants sont plus avancés que ceux des pays de l’OTAN. Si l’intégrité territoriale de notre pays est menacée, nous utiliserons bien sûr tous les moyens à notre disposition pour défendre la Russie et notre peuple. Ce n’est pas du bluff.
Les citoyens de Russie peuvent être sûrs : l’intégrité territoriale de notre patrie, notre indépendance et notre liberté seront assurées, je tiens à le souligner une fois de plus, par tous les moyens à notre disposition. Et ceux qui tentent de nous faire chanter avec des armes nucléaires doivent savoir que le vent peut souffler dans leur direction.
Il est dans notre tradition historique, dans le destin de notre peuple, d’arrêter ceux qui aspirent à la domination du monde, qui menacent de démembrer et d’asservir notre patrie, notre Mère Patrie. Nous allons le faire maintenant, et nous le ferons.
Je crois en votre soutien”.
Après le discours de Poutine, une troisième phase de la guerre d'Ukraine a commencé - l'analyse du colonel Douglas MacGregor
Le Colonel MacGregor était conseiller au Pentagone pendant le mandat de Donald Trump. Avec Scott Ritter, il fait partie de ces militaires américains qui respectent l’armée russe – entre militaires qui connaissent leur métier. Voici ce qu’il écrit après le discours de Vladimir Poutine:
“À la fin de 1942, lorsque la Wehrmacht ne pouvait plus avancer vers l’est, Hitler a fait passer les forces terrestres allemandes d’une stratégie “axée sur les forces ennemies” à une stratégie de “maintien au sol”. Hitler a exigé que ses armées défendent de vastes étendues de territoire soviétique, en grande partie vides et sans intérêt.
La “rétention du terrain” n’a pas seulement privé l’armée allemande de sa capacité à exercer une discrétion opérationnelle et, surtout, à déjouer l’adversaire soviétique lent et méthodique ; la rétention du terrain a également poussé la logistique allemande au point de rupture. Lorsque l’occupation du terrain était combinée à des contre-attaques sans fin pour reprendre des territoires inutiles, la Wehrmacht était condamnée à une destruction lente et minutieuse.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, (vraisemblablement sur les conseils de ses conseillers militaires américains et britanniques), a également adopté une stratégie de maintien au sol dans l’est de l’Ukraine. Les forces ukrainiennes se sont immobilisées à l’intérieur des zones urbaines, et ont préparé des défenses. En conséquence, les forces ukrainiennes ont transformé les centres urbains en fortifications pour ce qui est devenu des “dernières positions”. Les retraits raisonnables de villes comme Mariupol, qui auraient pu permettre de sauver un grand nombre des meilleures troupes ukrainiennes, ont été interdits. Les forces russes ont répondu en isolant et en écrasant méthodiquement les défenseurs, sans possibilité de fuite ou de sauvetage par d’autres forces ukrainiennes.
La détermination de Moscou à détruire les forces ukrainiennes au moindre coût en vies russes a prévalu. Les pertes ukrainiennes ont toujours été plus importantes que ce qui était annoncé dès que les troupes russes ont pénétré en Ukraine orientale, mais aujourd’hui, grâce à l’échec récent des contre-attaques ukrainiennes dans la région de Kherson, elles ont atteint des niveaux horribles qu’il est impossible de dissimuler. Le nombre de victimes a atteint 20 000 morts ou blessés par mois.
Malgré l’apport de 126 obusiers, de 800 000 obus d’artillerie et de HIMARS (artillerie à roquettes américaine), des mois de combats acharnés érodent les fondements de la force terrestre de l’Ukraine. Face à ce désastre, Zelensky continue d’ordonner des contre-attaques pour reprendre des territoires, afin de démontrer que la position stratégique de l’Ukraine vis-à-vis de la Russie n’est pas aussi désespérée qu’il n’y paraît.
La récente avancée ukrainienne vers la ville d’Izium, le lien entre Donbas et Kharkiv, a semblé être un cadeau pour Kiev. Les réseaux de satellites américains ont sans aucun doute fourni aux Ukrainiens une image en temps réel de la zone, montrant que les forces russes à l’ouest d’Izium comptaient moins de 2 000 soldats légers (l’équivalent de la police paramilitaire, par exemple, le SWAT et l’infanterie aéroportée).
Le commandement russe a choisi de retirer sa petite force de cette zone qui représente environ 1 % de l’ancien territoire ukrainien actuellement sous contrôle russe. Cependant, le prix à payer pour la victoire de la propagande de Kiev a été élevé – selon la source, on estime que 5 000 à 10 000 soldats ukrainiens ont été tués ou blessés dans une zone plate et ouverte que l’artillerie, les roquettes et les frappes aériennes russes ont transformée en champ de bataille.
Étant donné l’incapacité de Washington à mettre fin à la guerre en Ukraine avec la défaite des armes russes, il semble certain que la Beltway va plutôt essayer de transformer les ruines de l’État ukrainien en une plaie ouverte dans le camp de la Russie qui ne guérira jamais. Depuis le début, le problème de cette approche est que la Russie a toujours eu les ressources nécessaires pour intensifier considérablement les combats et mettre fin aux combats en Ukraine dans des conditions très dures. L’escalade est maintenant en cours.
Dans une déclaration publique qui ne devrait surprendre personne, le président Poutine a annoncé la mobilisation partielle de 300 000 réservistes. Nombre de ces hommes remplaceront les forces régulières de l’armée russe dans d’autres régions de la Russie et les libéreront pour les opérations en Ukraine. D’autres réservistes viendront renforcer les unités russes déjà engagées en Ukraine orientale.
Washington a toujours pris pour une preuve de faiblesse la volonté de Poutine de négocier et de limiter la portée et le pouvoir destructeur de la campagne en Ukraine, alors qu’il était clair que les objectifs de Poutine se sont toujours limités à l’élimination de la menace de l’OTAN contre la Russie en Ukraine orientale. La stratégie de Washington consistant à exploiter le conflit pour vendre des avions de combat F-35 à l’Allemagne – ainsi qu’un grand nombre de missiles, de roquettes et de radars aux gouvernements alliés d’Europe centrale et orientale – est en train de se retourner contre elle.
L’establishment de la défense a une longue expérience de la réussite dans la tranquillisation des électeurs américains avec des clichés dénués de sens. Alors que les conditions favorables à Moscou se développent dans l’est de l’Ukraine et que la position de la Russie dans le monde se renforce, Washington est confronté à un choix cornélien : parler d’avoir réussi à “dégrader la puissance russe” en Ukraine et réduire ses actions. Ou risquer une guerre régionale avec la Russie qui engloutira l’Europe.
En Europe, cependant, la guerre de Washington avec Moscou est plus qu’un sujet désagréable. L’économie allemande est au bord de l’effondrement. Les industries et les ménages allemands sont privés d’une énergie qui devient de plus en plus chère chaque semaine. Les investisseurs américains sont inquiets car l’histoire montre que les performances économiques de l’Allemagne sont souvent le signe avant-coureur de périodes économiques difficiles aux États-Unis.
Plus important encore, la cohésion sociale dans les États européens, notamment en France et en Allemagne, est fragile. Les forces de police de Berlin seraient en train d’élaborer des plans d’urgence pour faire face aux émeutes et aux pillages pendant les mois d’hiver si le réseau énergétique de la ville “multiculturelle” s’effondre. Le mécontentement grandissant rend tout à fait plausible le fait que les gouvernements d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne suivront probablement le chemin de leurs collègues de Stockholm et de Rome, qui ont perdu ou vont perdre le pouvoir au profit de coalitions de centre-droit.
À ce jour, Kiev continue de faire pression sur Moscou en empalant les dernières réserves de main-d’œuvre de l’Ukraine sur les défenses russes. Washington, insiste le président Biden, soutiendra l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra”. Mais si Washington continue à drainer la réserve stratégique de pétrole de l’Amérique et à expédier des stocks de guerre américains en Ukraine, la capacité à protéger et à approvisionner les États-Unis sera en concurrence avec le soutien à l’Ukraine.
La Russie contrôle déjà le territoire qui produit 95 % du PIB ukrainien. Elle n’a pas besoin de pousser plus à l’ouest. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il semble certain que Moscou terminera son travail dans le Donbas, puis, tournera son attention vers la capture d’Odessa, une ville russe qui a vu de terribles atrocités commises par les forces ukrainiennes contre les citoyens russes en 2014.
Moscou n’est pas pressé. Les Russes ne sont rien d’autre que méthodiques et délibérés. Les forces ukrainiennes se vident de leur sang en enchaînant contre-attaque sur contre-attaque. Pourquoi se précipiter ? Moscou peut être patient. La Chine, l’Arabie Saoudite et l’Inde achètent du pétrole russe en roubles. Les sanctions font mal aux alliés européens de l’Amérique, pas à la Russie. L’hiver prochain fera probablement plus pour modifier le paysage politique de l’Europe que toute action que Moscou pourrait entreprendre. À Zakopane, une ville de 27 000 âmes située à l’extrême sud de la Pologne, la neige tombe déjà”
Point sur la ligne de front
Extraits du blog d’Erwan Castel – plus je le lis, plus je trouve qu’on y a un formidable point d’observation du terrain. C’est bien entendu un bloc engagé, favorable à la Russie et aux républiques du Donbass. Mais il n’épargne jamais les critiques et il respecte les combattants ukrainiens.
19 septembre 2022:
20 septembre 2022:
“Sur le front russo-ukrainien, si les mouvements opératifs ont fortement diminué côté ukrainien en revanche l’intensité des combats n’a pas faibli, bien au contraire, car les forces ukro-atlantistes maintiennent leurs pressions offensives dans de nombreux secteurs et les forces russo-républicaines, qui ont reçu leurs premiers renforts au lendemain de la percée réussie par les forces ennemies à l’Est de Kharkov, sont visiblement en train de se réorganiser pour une nouvelle phase offensive avec des moyens et des objectifs plus élargis.
Concrètement du Nord au Sud:
- Sur le front de Kharkov, si de violents combats se poursuivent dans les quartiers Est de Koupiansk sur la rive gauche à l’Est de l’Oskol, le front s’est stabilisé sur cette rivière entre la frontière de la région russe de Belgorod au Nord et le front au Nord de Slaviansk où elle passe le relais à une autre rivière dans une orientation Ouest Est : la Donets (ou Siversky Donets).
- Sur le front de Slaviansk, à partir de deux têtes de ponts réalisées sur la rivière Donets et d’une autre en aval du barrage sur l’Oskol, les forces ukrainiennes attaquent et cherchent à encercler la ville de Krasni Liman qi verrouille leur progression vers l’Est le long de la Donets subissant des pertes importantes de la part d’une garnison russe renforcée, mais pas assez fournie pour mener des contre attaques.
- Sur le front de Severodonetsk Lisichansk, les forces ukrainiennes ont repris aux forces alliées la localité de Bilogorovka à partir de laquelle elles pourraient mener une troisième tête de pont sur la Donets et/ou mener des attaques en direction de Lisichansk s’ils elles n’étaient pas bloquées par un manque d’effectifs d’assaut et d’appuis et une forte résistance alliée qui a également renforcer ce secteur du front Nord Donbass
- Sur le front d’Artemovsk, au Nord de la ville, les forces alliées peinent depuis 2 mois à conquérir le point d’appui de Soledar dans des combats de rues lents et très couteux et plus au Sud, ne disposent pas d’effectifs suffisants pour réaliser rapidement un mouvement offensif enveloppant cette ville d’Artemovsk que les ukrainiens ont de plus renforcé avec des unités d’infanterie et d’artillerie.
- Sur le front de Donetsk, de violents combats continuent autour des bastions ukrainiens de Avdeevka, Krasnogorovka et Marinka, au Nord Ouest et Sud de la cité républicaine soumise à des bombardement meurtriers ukrainiens de plus en plus importants dirigés contre ses populations civiles. Plus au Sud sur l’amorce du front de Zaporodje les 2 adversaires repoussent leurs attaques mutuelles dans le secteur de Vougledar.
- Sur le front de Zaporodje, le situation est relativement stable, essentiellement animée par des duels d’artillerie et quelques reconnaissance offensives de part et d’autre, principalement dans le secteur au Sud de la ville, près du Dniepr, d’où pourrait surgir une nouvelle offensive ukrainienne en direction de Energodar le long de la rive gauche (Sud) du fleuve ou vers Melitopol, en direction de la Mer Noire.
- Sur le front de Kherson, l’offensive ukrainienne engagée contre les forces russes déployées au Nord du Dniepr, malgré des pertes et des échecs tactiques se poursuit à partir de la tête de pont d’Andrivka sur la rivière Ingoulets et du saillant de Visokopillya, au Nord Est, mais toutefois sans obtenir de succès significatifs, en dehors des destructions par les HIMARS étasuniens des infrastructures russes à l’arrière du front.
21 septembre 2022
22 septembre 2022
Ainsi, sur le front de Peski, ce saillant républicain conquis de haute lutte début août par les unités républicaines emmenées par les groupes d’assaut du 11ème régiment et les chars du bataillon Somali, l’ennemi ukrainien a lancé au cours des derniers jours pas moins de 5 assauts mécanisés pour tenter de reconquérir ce point d’appui perdu et essentiel à la défense du front d’Avdeevka
Ce 20 septembre, les forces ukrainiennes ont lancé un 5ème assaut contre les positions défensives alliées. Cette attaque des forces de Kiev qui est la plus importante réalisée sur ce secteur est partie à la fois du village de Pervomaïske et du village de Vodyane, ces 2 localités faisant partie (avec Opitnoe plus à l’Est) de la principale ligne de défense extérieure située au Sud du bastion ukrainien d’Avdeevka. plus de 10 blindés (chars et véhicules de combat d’infanterie) et plusieurs compagnies d’infanterie, sont partie dans des assauts convergents vers la rue Stepnova qui permet d’accéder aux quartier des immeubles de grande hauteurs situés au Nord du village.
Ce double assaut ukrainien, repéré dès ses sorties de Pervomaïske et Vodyane a tout d’abord subi des tirs de barrage de l’artillerie alliée avant d’arriver dans le secteur de la rue Stepnov, ce qui a contraint leurs unités non détruites à se replier puis contourner le polygone de l’artillerie pour tenter de varianter leur attaque plus au Nord avant d’être à nouveau écrasées par l’artillerie alliées, cette fois une saturation de zone réalisé avec des lance roquettes multiples.
Le bilan de cette nouvelle offensive ukrainienne sur Peski est pour Kiev un nouvel échec cinglant et sanglant car les pertes de ce nouveau fiasco devant Donetsk s’élèvent à plus de 100 soldats tués ou blessés et plusieurs véhicules blindés détruits.
Ailleurs ce sont des assauts alliés qui n’aboutissent pas comme à Marinka par exemple mais avec des pertes incomparablement moins importantes que celles subies par les ukrainiens devant Peski. C’est ainsi de toutes les guerres de haute intensité, où se vivt une alternance de succès et de revers tactiques, surtout dans des combats de zones urbaines fortifiées où l’avantage est important pour celui qui défend,
Mais ce que l’on peut retenir de l’écrasement des assauts ukrainiens sur Peski, c’est l’efficacité remarquable de la défense républicaine qui s’appuie sur:
- Une observation permanente de l’ennemi, notamment par des drones, ce qui permet d’anticiper et réagir à toute action offensive
- Une réactivité et précision efficaces des couvertures de l’artillerie qui réalise aussi bien des tirs de barrage que des appuis lors des contre attaques
- Une défense de la première ligne qui a repoussé les unités d’infanterie qui accompagnaient les blindés
- Une contre attaque blindée finale qui a su exploiter la désorganisation ennemie pour achever sa destruction avant son repli à Vodyane.
24 septembre 2022
“Du côté de Kiev, l’Etat-Major ukro-atlantiste est confronté à 2 situations différentes et un choix cornélien :
- Sur le front Sud (Kherson), la “grande offensive” kiévienne, promise mi-juillet, ordonnée début août et déclenchée le 28 du même mois (après la visite le 20 du britannique B.Jonhson) est en panne sèche avec des pertes humaines et matérielles frisant l’hécatombe, et ce ne sont pas les quelques localités agricoles capturées et probablement temporairement qui peuvent être capitalisées sur le plan politico-militaire. Les seules réussites incontestables des forces ukro-atlantistes sur ce front Sud sont les multiples destructions de ponts, dépôts de munitions, bases et états majors russes réalisées grâce aux systèmes HIMARS de l’OTAN et à leur guidage par les satellites étasuniens les assistant.
- Sur le front Nord (Kharkov), la zone conquise est importante mais sa valeur stratégique a été éventée par le retrait des forces russes qui dépendaient de la colonne vertébrale logistique Koupiansk / Izioum, et le joker unique de l’effet de surprise ayant été joué à Balaklaïa les forces ukro-atlantistes n’ont plus assez de réserves pour sécuriser les frontières Nord, le territoire conquis et poursuivre une percée significative à l’Est de Koupiansk. Preuve en est que l’Etat-Major ukro-atlantiste a dû prélever des unités du corps de défenses de Kiev pour les envoyer renforcer le nouveau front de Kharkov; et donc il ne lui reste plus que le secteur de Krasni Liman où pouvoir exercer une pression offensive importante.
- c’est un bastion de la ligne de front russe, courant vers l’Est le long de la rivière Donets et aujourd’hui remontant vers le Nord le long de la rivière Oskol Sur les flancs de ce secteur sont deux points d’appui essentielles: Drobishevo à l’Ouest et Yampol à l’Est et qui sont aussi menacés par des attaques ukrainiennes,
- c’est un carrefour important, routier et ferroviaire à partir duquel les forces de Kiev peuvent engager une progression le long de la rive gauche (Nord) de la Donets vers l’Est, les frontières de la République Populaire de Lougansk et ses villes de Severodonetsk et Lisichansk,
- Politiquement et symboliquement pour Kiev, Krasni Liman, si elle été réoccupée même provisoirement, serait la première ville importante située sur le territoire de la République Populaire de Donetsk a être reprise aux forces alliées, et si possible en y capturant sa garnison. Une sorte de revanche de Marioupol,
C’est pour cela, entre autres raisons, que l’Etat Major russe s’accroche à Krasni Liman en attendant la mise en place de son nouveau format stratégique, pour les opérations duquel, dans ce secteur, Krasni Liman reste la base arrière Nord idéale de la libération de Slaviansk.
- Au Nord Ouest, sur Drobishevo qui est le point d’appui droit de la défense de Krasni Liman empêchant sont encerclement Sur place les volontaires de la “Légion russe” (BARS 13) y décrivent une “situation très tendue” selon leur commandant Sergei Fomchenkov Plus au Nord le village de Novoselovka est devenu un champ de ruines que traverse la ligne de front
- Au Sud Est, venant de la tête de pont d’Ozerne les forces ukrainiennes ont atteint la périphérie Sud de Krasni Liman, défendue par les cosaques de Kuban (BARS 16) qui alternent bouchons antichars et contre attaques, avec les forces spéciales russes du groupe “O” qui opèrent des incursions sur les arrières de l’ennemi.
Sur l’ensemble du front de Krasni Liman, les assauts de Kiev sont appuyés par drones et des tirs des systèmes de l’OTAN HIMARS qui frappent notamment les installations des défenses de Krasni Liman et Drobishevo.
Le point de vue de Paul Craig Roberts : Vladimir Poutine vient de prendre les mesures nécessaires pour éviter une troisième guerre mondiale.
Moon of Alabama – l’un des meilleurs blogs pour suivre le conflit en Ukraine – s’interrogeait, le 20 septembre (avec une bonne anticipation du contenu du discours de Vladimir Poutine) sur l’accélération du côté russe:
“Si la LNR et la DPR votent pour faire partie de la Russie, et si la Russie l’accepte, toute attaque contre elles sera un acte de guerre contre la Russie. L'”opération militaire spéciale”, que la Russie mène actuellement, se transformerait alors en quelque chose de beaucoup plus sérieux. La Russie pourrait déclarer que le conflit est une guerre. Elle pourrait alors utiliser des conscrits dans des fonctions de guerre, mobiliser des réserves et utiliser tout son arsenal contre l’Ukraine. Potentiellement aussi contre ceux qui la soutiennent avec des armes et d’autres matériels de guerre.
Je trouve ce processus apparemment précipité atypique par rapport à la manière habituelle de Poutine.
Mon intuition est que la Russie a reçu des informations sur certains systèmes d’armes que les États-Unis fournissent secrètement à l’Ukraine. Il pourrait s’agir de missiles d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres ou d’autres types d’armes susceptibles de menacer sérieusement les villes russes.
Si tel est le cas, la Russie doit agir maintenant pour mettre fin à la guerre avant qu’elle ne devienne plus qu’une nuisance pour la Russie et son peuple. Mettre fin à la guerre signifie bien sûr la gagner.
L’entraînement d’une force de mobilisation prend environ trois mois. Elle serait sur le front au milieu de l’hiver, une saison pendant laquelle les forces russes peuvent très bien opérer“.
A l’inverse, après le discours de Vladimir Poutine, Paul Craig Roberts, ancien de l’administration Reagan, et aujourd’hui l’un des critiques les plus féroces de la politique étrangère américaine, disait, après le discours du président russe, son soulagement que la Russie éloigne le risque d’une guerre nucléaire:
“Poutine en est arrivé à la conclusion que j’avais formulée il y a huit ans, à savoir que la seule façon d’éviter une guerre dangereuse entre l’Occident et la Russie, susceptible de se terminer en Armageddon, est d’incorporer le Donbass et les zones libérées de l’Ukraine à la Russie.
Cela signifie “game over”, comme l’a dit Paolo Raffone, directeur de la fondation belge CIPI. Une fois que les zones font partie de la Russie, le conflit ne peut plus se poursuivre sans que l’Occident ne commette une agression directement contre la Russie“.
Le point de vue de Paolo Raffone est rapporté par Sputnik (consultable avec un VPN) :
“Une fois que les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, les régions de Zaporozhye et de Kherson seront intégrées à la Fédération de Russie, la partie sera terminée”, a déclaré Paolo Raffone, directeur de la Fondation CIPI, un groupe de réflexion géopolitique basé à Bruxelles. “En fait, le président américain a répété à plusieurs reprises que son pays n’est pas en guerre contre la Russie et qu’il ne veut pas engager des troupes américaines sur le terrain pour combattre la Russie ni utiliser des armes non conventionnelles. En raison des problèmes intérieurs des États-Unis, il serait difficile de revenir sur cette approche, au moins jusqu’aux élections présidentielles de 2024” (…)”Le discours de Poutine a été accueilli par “l’hystérie formelle de l’Occident”, selon M. Raffone. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et l’ambassadeur américain à Kiev ont tous deux affirmé que la mobilisation partielle de la Russie et les référendums sont des “signes de faiblesse”. Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a déclaré que cette évolution était “mauvaise et erronée”, tandis que le ministre britannique de la défense, Ben Wallace, a supposé que le discours de Poutine indiquait que l’Ukraine était “en train de gagner.” Pour sa part, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que Varsovie “ne peut pas être d’accord” avec la décision russe.Quelle que soit la réaction des dirigeants occidentaux au discours de Poutine, il est désormais clair que toute activité militaire contre les régions en question signifierait automatiquement une “guerre contre la Russie”, selon Raffone. “C’est une forte dissuasion qui a déjà fonctionné dans le cas de la Crimée”, a fait valoir le directeur du think tank. “Si les États-Unis ou certains États de l’UE ne comprennent pas ce point, l’escalade de la guerre est une certitude”. Selon M. Raffone, l’impasse actuelle est bien plus large qu’un conflit russo-ukrainien. La crise découle de l’intention de Washington de préserver sa domination mondiale déclinante, explique l’universitaire. Le directeur du groupe de réflexion observe que dans ce schéma, l’Ukraine a été utilisée par les États-Unis comme un “cheval de Troie” contre l’UE et la Russie.Dans le même temps, la mobilisation partielle annoncée par Poutine aurait un effet stabilisateur sur le conflit, l’empêchant de s’intensifier, selon Raffone. “De plus, le déploiement de troupes russes supplémentaires dans les régions de la LPR, de la DPR, de Zaporozhye et de Kherson crée les conditions de sécurité nécessaires à la tenue du référendum”, a souligné le directeur du groupe de réflexion”.
Le vrai contenu de l'entretien entre Vladimir Poutine et Xi Jinping selon Pepe Escobar
Selon Pepe Escobar, si Xi Jinping s’est plaint d’une chose auprès de Poutine, c’est que la Russie n’ait pas encore “mis le paquet”. En réalité, contrairement à ce que croient beaucoup d’experts occidentaux, la Chine est demandeuse de “puissance russe” pour pouvoir faire face aux menaces américaines en Asie-Pacifique.
“La stratégie réorientée de Moscou porte la maskirovka – masquer, feinter, tromper l’ennemi – à un autre niveau, en laissant tomber le masque et les gants de velours. Maintenant, tout est clair : c’est du Sun Tzu turbo-chargé (“Que vos plans soient sombres et impénétrables comme la nuit, et quand vous bougez, frappez comme l’éclair”).
Il y aura beaucoup d’éclairs sur le champ de bataille ukrainien. C’est l’aboutissement d’un processus qui a débuté à Samarkand, lors du sommet de l’OCS la semaine dernière. Selon des sources diplomatiques, Poutine et Xi Jinping ont eu une conversation très sérieuse. Xi a posé des questions difficiles – comme dans “tu dois en finir” – et Poutine a expliqué de manière argumentée comment les choses allaient passer au niveau supérieur.
Yoda Patrushev s’est rendu en Chine immédiatement après – rencontrant son homologue Yang Jiechi, chef de la Commission des affaires étrangères, et le secrétaire du Comité politique et juridique central, Guo Shengkun.
Après Samarkand, Patrushev a expliqué comment Moscou aidera militairement Pékin lorsque l’Empire tentera quelque chose de bizarre sur le prochain champ de bataille : l’Asie-Pacifique. Cela devrait se faire dans le cadre de l’OCS. Il est important de noter que les réunions de Patrushev ont été demandées par les Chinois.
Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine est donc sur le point d’aboutir à une coopération à part entière avant que les choses ne se compliquent en mer de Chine méridionale. C’est comme si la Russie et la Chine étaient sur le point de créer leur propre OTSC.
Et cela se produit alors même que les dirigeants chinois continuent d’affirmer – principalement en privé – que la guerre dans les régions frontalières occidentales de la Russie est très mauvaise pour les affaires (BRI, EAEU, SCO, BRICS+, tous) et qu’il faut y mettre fin dès que possible.
Le problème, c’est qu’il n’est pas question d’y mettre un terme rapidement. Le ministre des affaires étrangères Lavrov, à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies, a souligné comment.
“L’Ukraine a fini par devenir une sorte d’État totalitaire nazi” – soutenu inconditionnellement par l’Occident collectif.
L’OTAN a, comme on pouvait s’y attendre, doublé sa tactique depuis la non-réponse à la demande russe d’une discussion sérieuse sur l’indivisibilité de la sécurité, fin 2021 : il s’agit toujours de bombarder le Donbass.
Cela ne pouvait plus être toléré par le Kremlin et l’opinion publique russe. D’où la mobilisation partielle – proposée avec force par les siloviki et le Conseil de sécurité depuis un certain temps déjà, avec en première ligne Kostyukov au GRU, Naryshkin au SVR et Bortnikov au FSB.
Le symbolisme est fort : après tant d’années, Moscou s’engage enfin pleinement à soutenir le Donbass jusqu’à ce que les bébés ours viennent définitivement chez maman.
Des rumeurs – non confirmées – circulent à Moscou selon lesquelles la décision a été accélérée parce que le GRU dispose d’informations sur le transfert prochain par les Américains à Kiev de missiles à longue portée capables de frapper les villes russes. Il s’agit là d’une ligne rouge pour le Kremlin, d’où la déclaration expresse de Poutine selon laquelle toutes les armes disponibles dans le puissant arsenal russe seront utilisées pour protéger la patrie.
La ligne rouge est encore plus pertinente que la contre-offensive totale de Kiev, tant annoncée, qui ne pourrait avoir lieu qu’au printemps 2023. Avec la mobilisation partielle, la Russie peut compter sur un nouveau lot de troupes fraîches prêtes pour la guerre d’ici la fin de l’année. L’avantage numérique ukrainien tant vanté sera bientôt réduit à néant.”
Le point de vue de M.K. Bhadrakumar
Les Etats-Unis vont sortir de l’ambiguïté à leur détriment
Paru dans The Indian Express. On remarquera la sévérité des critiques adressées à la France et le mépris qui s’exprime vis-à-vis de l’Union Européenne. Bhadrakumar nous indique en creux que l’inexistence de “l’Europe” dans la préhistoire du conflit et sa soumission à Washington depuis le 24 février sont très mal ressenties dans toute une partie du monde où l’on avait cru à la solidité et la cohérence de l’Union Européenne.
“Moscou a décidé d’attirer au grand jour les États-Unis dans la guerre par procuration peu coûteuse qu’ils mènent contre la Russie sur le sol ukrainien depuis un quart de siècle. Le discours prononcé mercredi par le président Poutine a souligné qu’il s’agit d’une lutte existentielle et que le Kremlin est déterminé à défendre la patrie, quoi qu’il en coûte. Il a explicitement averti Washington, Londres et Bruxelles que Moscou “fera certainement usage de tous les systèmes d’armes dont nous disposons” dans la période à venir.
Les faux-fuyants du récit occidental – il s’agit d’agression, de souveraineté nationale, de la Charte des Nations unies, de démocratie contre autoritarisme, etc. Une lutte de pouvoir titanesque se profile à l’horizon. Les deux parties se préparent à se battre bec et ongles, et l’issue de ce combat aura une incidence phénoménale sur la politique mondiale et modifiera fondamentalement l’ordre mondial. Pour la Russie, la lutte n’est rien de moins que sa survie en tant qu’État civilisationnel, tandis que pour les États-Unis, elle se résume à la préservation de leur hégémonie mondiale – l'”ordre fondé sur des règles”.
Le fait est que Washington n’a jamais accepté la résurgence de la Russie dans l’ère de l’après-guerre froide. Son programme est resté cohérent tout au long de l’insurrection tchétchène dans le Caucase dans les années 1990, du démembrement de la Yougoslavie, de l’expansion de l’OTAN vers l’est depuis 1999 et des révolutions de couleur en Géorgie et en Ukraine, jusqu’au coup d’État de Kiev en 2014, orchestré par l’administration Obama, dont le responsable était le vice-président de l’époque, Joe Biden. Ce programme consiste à encercler la Russie avec des États hostiles sous la bannière de l’OTAN.
Les déploiements de l’OTAN contre la Russie parlent d’eux-mêmes – 40 000 soldats sur l’axe oriental de l’alliance, sans compter environ 1 00 000 soldats américains déployés dans le cadre d’accords bilatéraux à travers l’Europe, le niveau le plus élevé depuis 2005. Les États-Unis disposent également d’environ 100 bombes à gravité nucléaire B-61 qui sont déployées en avant dans les bases de l’OTAN. Avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, la longueur de la frontière terrestre directe entre l’OTAN et la Russie double pour atteindre environ 2 500 km.
La Russie n’a pas d’autre choix que de renforcer ses ressources militaires à un coût économique important et d’améliorer son dispositif de surveillance pour assurer sa sécurité territoriale. L’accès de la Russie à son enclave de Kaliningrad devient plus difficile, et les activités de sa marine sont sévèrement limitées. La sécurité aérienne de l’OTAN se diversifie, ce qui a des répercussions importantes sur les opérations des forces aériennes russes en mer Baltique également. En outre, les capacités de guerre hybride de la Russie dans les nouveaux domaines opérationnels que sont l’espace, le cyberespace et les domaines cognitifs seront fortement affectées. Imaginez qu’un déploiement menaçant analogue ait lieu dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique. Washington s’énervera !
Un point chaud se dessine en Ukraine, où les puissances de l’OTAN encouragent désormais ouvertement Kiev à lancer des attaques contre la Crimée et d’autres régions russes, alors même que l’alliance fournit à l’Ukraine des renseignements en temps réel sur les régions méridionales de la Russie et que son personnel prend part aux combats. La rhétorique occidentale menace la Russie de la possibilité d’utiliser des ADM contre elle. M. Poutine a indiqué dans son discours de mercredi que les États-Unis et le Royaume-Uni ont sapé l’accord conclu lors des pourparlers d’Istanbul, sous médiation turque, en avril, entre la Russie et l’Ukraine. Il est clair que l’OTAN souhaite que ce conflit se poursuive afin d’épuiser la capacité militaire russe.
La guerre par procuration est un pari politiquement sûr pour le président Biden puisqu’aucun sac mortuaire ne retourne au cimetière d’Arlington. La fourniture d’armes s’inscrit dans le cadre d’un accord de prêt-bail en vertu duquel l’Ukraine est censée rembourser la dette en espèces ou en nature. (Zelenskyy a annulé le moratoire foncier de 2001 en Ukraine qui permet aux entreprises du cartel des OGM de posséder les riches terres agricoles de l’Ukraine et de contrôler son commerce de céréales. Ces sociétés contrôleraient déjà 16,7 millions d’hectares de terres agricoles ukrainiennes de premier choix en terre noire).
Les guerres sont connues pour générer des affaires lucratives pour le complexe militaro-industriel américain. Les groupes d’intérêt manipulent les politiciens corrompus. Wall Street, également, est une réalité incontournable. Ce nœud gordien est difficile à trancher, comme le montre le solide soutien “bipartisan” au Congrès pour un tel flux massif d’armes vers l’Ukraine. Par conséquent, aucune tierce partie n’est capable de servir de médiateur entre la Russie et les États-Unis aujourd’hui. Quant au président français Emmanuel Macron, bien que faisant partie des Quatre de Normandie et travaillant avec la Russie à une solution constitutionnelle dans le Donbas, la France a agi diaboliquement pour encourager Kiev en catimini à enterrer l’accord de Minsk ! Par ailleurs, les Européens sont cantonnés à un rôle subalterne et l’autonomie stratégique est difficile pour les puissances en déclin.
Notamment, l’annonce de Poutine sur la mobilisation est intervenue immédiatement après le retour de Nikolaï Patrushev, secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie, de Chine où il a tenu une consultation stratégique sur la sécurité le 19 septembre avec Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du PCC et directeur du Bureau de la Commission centrale des affaires étrangères. Le compte rendu chinois mentionne que les parties ont “échangé des vues approfondies” sur l’Ukraine, entre autres sujets. Depuis, le ministère chinois des affaires étrangères a maintenu sa position constante lorsqu’il a été interrogé sur la mobilisation russe, signalant ainsi sa neutralité.
Le discours de Poutine indique qu’un règlement négocié est désormais improbable. La mobilisation de trois lakh réservistes suggère que Moscou n’a aucun espoir de dialogue – du moins, pas tant que le régime de Kiev reste sous la coupe des Américains. Nous pouvons donc nous attendre à un déploiement russe beaucoup plus important sur le champ de bataille, dans un effort concerté pour endiguer le conflit et mettre l’OTAN devant le fait accompli. Le référendum du 23 au 27 septembre dans les régions de Donbas, Kherson et Zaporozhye sur l’adhésion à la Fédération de Russie est un signe précurseur de la forme des choses à venir.
La Russie a mis en échec la soi-disant “contre-offensive” de Kiev. Avec les averses d’automne, le sol devient mou et boueux dans les steppes sillonnées de rivières, et les véhicules à chenilles deviennent inutiles. L’avantage va à la Russie lorsque l’hiver impitoyable s’abat sur cette partie du monde. D’ailleurs, Poutine avait fait allusion au sort d’Hitler et de Napoléon mercredi
Les 4 référendums représentent un point de basculement majeur
Sur son blog, Indian Punchline, M.K. Bhadrakumar revient sur les conséquences à long terme des référendums dans le sud et l’est de la Crimée.
“Le référendum organisé du 23 au 27 septembre dans le Donbass et dans les régions méridionales de Kherson et de Zaporozhye en Ukraine sur leur adhésion à la Fédération de Russie est, à première vue, un exercice du droit à l’autodétermination par la population autochtone qui rejette le changement de régime soutenu par l’Occident à Kiev en 2014 et l’ascension des forces nationalistes extrêmes à tendance néonazie dans la structure du pouvoir.
Mais il a aussi d’autres dimensions. Selon toute probabilité, le référendum optera massivement pour l’adhésion à la Fédération de Russie. Dans le Donbass, la question est simple : “Êtes-vous favorable à l’entrée de la RPD dans la Fédération de Russie en tant que sujet de la Fédération de Russie ?”. Pour Kherson et les Cosaques de Zaporozhye, le référendum constate trois décisions séquentielles : la sécession de ces territoires de l’Ukraine ; la formation d’un État indépendant ; et son entrée dans la Fédération de Russie en tant que sujet.
En 2014, toutes les procédures légales pour l’admission de la Crimée et de Sébastopol dans la Fédération de Russie ont été achevées en quatre jours. On peut s’attendre à un processus expéditif cette fois-ci également. Il existe un énorme soutien de masse en Russie en faveur de la réunification avec les populations russes ethniques des régions orientales et méridionales de l’Ukraine qui ont subi de graves persécutions au cours des huit dernières années, y compris des violences brutales, aux mains d’éléments nationalistes ukrainiens extrémistes qui contrôlent l’appareil d’État. Il s’agit d’une question très sensible pour le peuple russe.
Dans l’ère de l’après-guerre froide, le génie de l’autodétermination a été libéré pour la première fois de la bouteille par l’Occident lors du démembrement de l’ex-Yougoslavie. Bien que les États-Unis aient orchestré la sécession du Kosovo de la Serbie dès 1999-2008, l’entité n’a toujours pas été reconnue par les Nations unies. La Serbie rejette la sécession malgré la pression occidentale soutenue.
Cela dit, le précédent du Kosovo n’empêchera pas les puissances occidentales de condamner l’adhésion de régions d’Ukraine à la Fédération de Russie.
La grande question aujourd’hui est celle du calcul russe. Le président Vladimir Poutine a certainement tenu compte du fait que l’adhésion des “régions russes” de l’est et du sud de l’Ukraine est une décision immensément populaire dans l’opinion intérieure. Il n’a jamais caché qu’il était extrêmement sensible aux espoirs et aux aspirations de sa nation. Les commentaires les plus révélateurs (et faisant autorité) sur ce sujet sont venus de l’ancien président Dmitri Medvedev.
Medvedev a écrit dans son canal Telegram : “Les référendums dans le Donbass sont d’une grande importance non seulement pour la protection systémique des habitants de la LNR, de la DNR (Donbass) et des autres territoires libérés, mais aussi pour le rétablissement de la justice historique.”
De l’avis de Medvedev, ces plébiscites “changent complètement le vecteur du développement de la Russie depuis des décennies.” Il ajoute : “Et pas seulement notre pays. Parce qu’après qu’ils (les référendums) auront eu lieu et que les nouveaux territoires auront été acceptés par la Russie, la transformation géopolitique du monde deviendra irréversible.”
Plus important encore, Medvedev prévient : “Un empiètement sur le territoire de la Russie est un crime, dont la commission vous autorise à utiliser toutes les forces d’autodéfense.”
En outre, dit-il, une fois le processus d’annexion des nouveaux territoires achevé, “pas un seul futur dirigeant de la Russie, pas un seul fonctionnaire ne sera en mesure de revenir sur ces décisions. C’est pourquoi ces référendums sont si redoutés à Kiev et en Occident. C’est pourquoi ils doivent être menés à bien”.
Ce qui ressort, c’est que la Russie a abandonné tout espoir d’un règlement négocié. Moscou était initialement optimiste quant à la volonté de Kiev de négocier, mais l’expérience amère a montré que le président Zelensky n’était pas un agent libre. Le tandem américano-britannique a sapé l’accord négocié par les responsables russes et ukrainiens à Istanbul en avril, sous la médiation de la Turquie. L’administration Biden tient le chronomètre de la guerre par procuration. Et le calendrier de Washington est lié à l’affaiblissement et à la destruction de l’État russe, qui a été l’objectif ultime des États-Unis. N’oublions pas que Joe Biden a joué un rôle déterminant dans l’installation du nouveau régime à Kiev en 2014 et dans la transformation de l’Ukraine en un État anti-russe.
Il suffit de dire que le référendum de mercredi est le seul plan d’action disponible pour la Russie dans les circonstances, tandis que Kiev maintient une position maximaliste conseillée par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Pologne.
L’adhésion du Donbass, de Kherson et de Zaporozhye crée une nouvelle réalité politique et la mobilisation partielle de la Russie sur une voie parallèle est destinée à lui fournir une base militaire. L’adhésion signifie un changement de paradigme dans la mesure où toute nouvelle attaque contre ces régions peut être interprétée par Moscou comme une attaque contre l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Russie.
Il est certain que les attaques gratuites de Kiev contre les civils et les infrastructures civiles du Donbass, de Kherson et de Zaporozhye déclencheront une réaction russe. Toute attaque sera considérée comme une agression et Moscou se réserve le droit de répondre “de manière adéquate”. Le fait que le déploiement russe dans ces territoires sera considérablement accru et amélioré signale la volonté d’utiliser la force.
Parallèlement, les opérations militaires spéciales de la Russie se poursuivront jusqu’à ce que les objectifs fixés soient pleinement atteints. Cela signifie qu’un nombre encore plus grand de territoires pourrait passer sous le contrôle de la Russie, créant des faits toujours plus nouveaux sur le terrain, alors que la voie du dialogue s’est éteinte. Et, bien sûr, tout cela se déroulera à un moment où l’Europe sombre dans la récession, les sanctions contre la Russie ayant un effet boomerang. Il est improbable que les citoyens européens soutiennent leurs gouvernements dans une guerre avec la Russie au sujet de l’Ukraine. Kiev et ses mentors à Washington et à Londres doivent prendre tout cela très au sérieux.
Le porte-parole du Pentagone, Patrick Ryder, a réagi comme suit : “Personne ne prendra au sérieux de tels référendums bidons, et les États-Unis ne reconnaîtront certainement pas leurs résultats. Comment cela affectera-t-il notre soutien et celui de la communauté internationale à l’Ukraine ? Cela n’affectera en rien, nous continuerons à travailler avec l’Ukraine et nos partenaires internationaux pour leur fournir l’aide nécessaire à la protection de leur territoire.”
C’est une déclaration suffisamment évasive couchée dans des mots courageux. Ni le Pentagone ni le commandement militaire russe ne se risqueront à la politique de la corde raide. Il est probable que l’adhésion des nouveaux territoires à la Fédération de Russie ne sera pas contestée militairement par les États-Unis ou l’OTAN.
Cela dit, la Russie est de toute façon en guerre contre l’OTAN, comme l’a déclaré le ministre de la défense Sergey Shoigu, même si ce n’est pas en termes de fournitures d’armes américaines, que “nous trouvons des moyens de contrer”, mais dans les systèmes occidentaux existants – systèmes de communication, systèmes de traitement de l’information, systèmes de reconnaissance et systèmes de renseignement par satellite.
Le fait est que l’adhésion des régions du Donbass, de Kherson et de Zaporozhye à la Fédération de Russie est une mesure irrévocable qui ne peut être et ne sera pas annulée tant que la Fédération de Russie restera un État indépendant, comme l’a souligné M. Medvedev. Les États-Unis – ainsi que l'”Occident collectif” et l’OTAN – le savent. En clair, l’algorithme de guerre par procuration de l’OTAN est obsolète et devient une pièce de musée.
L’analogie de la CIA avec le djihad afghan des années 1980 n’est plus valable, si tant est qu’elle l’ait jamais été. En effet, la Russie a évité un “bourbier” en Ukraine et est en passe de retourner la situation contre l’OTAN.
Dans son discours national de mercredi, Poutine a déclaré : “En cas de menace contre l’intégrité territoriale de notre pays et pour défendre la Russie et notre peuple, nous utiliserons certainement tous les systèmes d’armes à notre disposition. Ce n’est pas du bluff”. M. Poutine a également déclaré que la Russie disposait d’une capacité de frappe nucléaire supérieure.
Pour être doublement sûr que le message est bien passé, Moscou a levé le voile aujourd’hui sur son tout dernier ICBM, Sarmat. Les résultats du référendum doivent être déterminés au plus tard 5 jours après le dernier jour de vote (27 septembre), et la question de l’adhésion à la Russie est considérée comme approuvée si plus de 50 % des participants au plébiscite votent en sa faveur. Il est important de noter que la Douma d’État russe doit tenir des sessions plénières à Moscou les 27 et 28 septembre“.
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