Après l’échec de la première tentative de poussée ukrainienne, l’Ukraine s’entête dans l’échec.
Voici comment je décrivais cette poussée :
La seule attaque » réussie » a eu lieu sur la rivière Inhulet, près d’Andriivka, en direction du barrage et du passage de la rivière qui ferme le réservoir du Dniepr de Kakhovka.
Les troupes ont été scindées et en grande partie détruites. Sur le côté ouest du saillant, une unité russe a traversé l’Inhulet vers le nord et a attaqué les Ukrainiens par ce côté. Ceux-ci ont rapidement dû battre en retraite en utilisant les traverses russes pour reprendre contact avec les unités isolées dans le saillant.
D’autres renforts ukrainiens ont été poussés dans le saillant où ils ne disposent que d’une faible protection naturelle contre les attaques de l’artillerie et de l’aviation russes.
Les dirigeants politiques de l’Ukraine sont donc déterminés à poursuivre ce massacre. C’est ce que rapporte le canal Telegram ukrainien nommé « Resident » :
Notre source dans le PO a déclaré que Zelensky tient une réunion tous les jours sur la contre-offensive dans le sud de l’Ukraine, en ce moment les forces armées de l’Ukraine ont la possibilité de créer une percée dans la direction de Krivoy Rog. Zalusky a fait état des lourds combats et des pertes subies par l’armée ukrainienne dans les steppes, mais le centre d’influence politique insiste pour poursuivre l’opération #Battle_for_Kherson.
Les réserves militaires du front oriental et de Kharkov seront transférées dans la région de Dnepropetrovsk, afin de donner l’avantage aux forces armées de l’Ukraine, aucune information ne sera officiellement publiée dans les médias jusqu’à la prise de territoires.
Plus tôt, un autre observateur de cette guerre notait :
La chaîne ukrainienne Legitimny rapporte que Zelensky est prêt à sacrifier jusqu’à 20K morts et 40k blessés dans l’offensive de Kherson, ce qui représenterait 6% de son armée. Les pertes actuelles étant de l’ordre de 2%, il va donc lancer une 2ème vague d’offensive.
Je crois que 60.000 hommes représentent plus de 10% de l’armée ukrainienne, mais là n’est pas la question.
« Resident » et « Legitimny » sont considérés comme des sources ukrainiennes faisant autorité. Malheureusement, je n’ai pas accès à leurs canaux Telegram et je ne peux donc pas vérifier les citations. Mais il semble clair que Zelenski est en train de jouer le tout pour le tout.
Zalusky, le chef militaire de l’armée ukrainienne, ne sera pas satisfait de cette décision.
Le seul espoir ukrainien est que les forces russes sur le côté ouest du Dniepr puissent être isolées de l’autre côté pour ensuite manquer de ravitaillement. Les ponts qui le traversent sont endommagés ou détruits, mais la Russie dispose de suffisamment de barges pour maintenir la ligne d’approvisionnement ouverte. La traversée de grands fleuves fait partie de chaque grand entraînement militaire russe. L’armée russe dispose du matériel et des troupes expérimentés pour le faire. C’est pourquoi je doute que l’espoir ukrainien puisse devenir réalité.
Pendant ce temps, l’armée russe joue sa tactique défensive habituelle. La ligne de front le long des régions de Kherson est actuellement tenue par des unités aéromobiles légèrement blindées. Lorsqu’une poussée ukrainienne devient trop forte, elles se retirent de la ligne de front, ou laissent la ville menacée, pour laisser l’artillerie et l’aviation faire leur travail. Ils font alors venir des renforts mobiles et repoussent les ukrainiens dans leurs anciennes positions. Rincer et répéter.
Si cette tactique entraîne quelques pertes du côté russe, les pertes les plus importantes sont du côté ukrainien.
L’ancien diplomate indien M.K. Bhadrakumar écrit :
Le « contrôle du terrain » par la Russie peut être mis en perspective : l’ennemi est, d’une part, pris dans une steppe dénudée et abattu par l’écrasante supériorité de l’artillerie et de l’aviation russes et, d’autre part, il se heurte à des lignes de défense bien fortifiées et retranchées.
Cela dit, Zelensky ne peut abandonner, car il a désespérément besoin d’un succès. Kiev espère toujours renverser la situation, mais il reste à voir comment cela est réalisable.
Dans ce sombre contexte, de plus en plus de voix sceptiques se font entendre aux États-Unis quant à la trajectoire politique de l’administration Biden. La dernière en date est un article d’opinion publié dans le Wall Street Journal par le général (retraité) Mark Kimmitt, ancien secrétaire d’État adjoint aux affaires politico-militaires de l’administration Bush. Kimmitt prédit qu'"une percée est peu probable" et que bientôt, "les lacunes logistiques" pourraient forcer un changement de la stratégie américaine. …
En principe, les options sont les suivantes : i) « puiser davantage dans les stocks de l’OTAN retenus pour les défenses nationales » ; ii) « combler les lacunes critiques » en invoquant la loi sur la production de défense et ses équivalents européens ; iii) intensifier le conflit en ciblant la Crimée et la Russie elle-même ; ou iv) forcer Zelensky à faire face à la triste réalité selon laquelle la « diminution des réapprovisionnements » en armements contient en fait « le message d’un soutien extérieur en déclin » pour la guerre elle-même.
Ce général à la retraite d’obédience républicaine conclut : « Entamer une résolution diplomatique serait déplaisant, et peut-être perçu comme défaitiste, mais comme il y a peu de chances de sortir du marasme actuel, il vaut peut-être mieux négocier maintenant que plus tard… Face à un avenir de guerre prolongée, de systèmes de haute technologie en déclin et de pertes croissantes, M. Zelensky et l’OTAN doivent faire face à des décisions difficiles avant que ces décisions ne leur soient imposées. »
De ces quatre options, la première sera rejetée par les militaires professionnels. La seconde est, du moins en Europe, actuellement impossible par manque d’énergie bon marché. Les fonderies et les forges en Europe sont en train de fermer leurs portes. La troisième option, l’escalade, est celle pour laquelle les néoconservateurs feront pression, probablement avec un certain succès. La quatrième option est celle que Joe Biden et d’autres ne sont pas encore prêts à prendre.
Je m’attends donc à ce que les États-Unis redoublent d’efforts, très probablement en lançant de nouvelles attaques contre la Crimée et le pont de Kerch.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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