Il est loin, le temps où la France pouvait user de son réseau d’influence en « Françafrique » pour orienter les esprits et les âmes contre ses opposants géopolitiques comme la Russie. Faut-il même évoquer la facilité avec laquelle la France se trouvait autrefois en mesure de réaliser des coups d’États en nombre incalculable pour protéger ses intérêts ? Au lieu de cela, le dirigeant de ce pays en est désormais réduit à insulter les dirigeants africains et à les qualifier de dictateurs impopulaires, alors même qu’ils disposent du soutien plein et entier de leur peuple, comme par exemple au Mali.
Macron, le « président » français, se trouve réduit à insulter la Russie et ses partenaires en Afrique dans une tentative désespérée de regagner une partie de l’influence perdue par la France sur le continent. Il y a quelques années à peine, Paris semblait encore en mesure d’exercer une influence de type soft power, mêlant économique et militaire, pour conserver sa « sphère d’influence » auto-proclamée sur l’ensemble des anciennes colonies qu’elle appelle « Françafrique », et pourtant, depuis que Moscou a commencé à pratiquer des percées impressionnantes sur le continent africain, on a l’impression d’avoir changé d’époque.
La Grande Puissance eurasiatique s’est présentée comme partenaire mutuellement bénéfique pour assurer les besoins stratégiques des pays d’Afrique, surtout dans les sphères des ressources et de la sécurité. La Russie a réaffirmé n’entretenir strictement aucun intérêt vis-à-vis des systèmes politiques et socio-économiques en place dans les autres pays, et se préoccuper uniquement de les aider à se défendre face à l’agression des Guerres Hybrides occidentales. Il s’agit d’assurer aux pays africains une souveraineté véritable et ainsi leur permettre de fonctionner comme acteurs plus importants dans la transition systémique globale vers la multipolarité qui va accélérer le déclin de l’hégémonie unipolaire étasunienne.
Cet objet s’aligne avec le manifeste révolutionnaire global du président Poutine, qu’il a laissé connaître à la fin du mois de juillet, dont Lavrov, ministre des affaires étrangères a affirmé quelques jours plus tard qu’il aidait les pays africains à terminer enfin leur processus de décolonisation, ce qui était l’une des raisons de son dernier voyage sur le continent. En résumé, la Russie est devenue un partenaire extrêmement attractif pour les États africains, ce qui explique que pas un seul d’entre eux ne s’est rallié aux exigences de sanctions étasuniennes contre elle, même au sein de la « sphère d’influence » de la France en Afrique de l’Ouest.
Au sujet de cette région, la France a très peur que l’exemple multipolaire et patriote montré par la junte malienne ne puisse produire des répliques dans d’autres États mandataires de Paris, et c’est pour cela que l’on peut supposer que la France soutient les mêmes terroristes de la mouvance Al Qaeda qu’elle avait précédemment combattus, pour qu’ils s’en prennent désormais à ce gouvernement et à ses nouveaux partenaires russes. Ceci explique également pourquoi Macron est tombé au niveau d’insulter Moscou et tous ceux qui coopèrent avec elle sur le continent, en affirmant qu’ils ne sont guère que des « puissances politiques affaiblies… sans légitimité ».
Il est loin, le temps où la France pouvait user de son réseau d’influence dans cette région pour orienter les esprits et les âmes contre ses opposants géopolitiques comme la Russie. Faut-il même évoquer la facilité avec laquelle la France se trouvait autrefois en mesure de réaliser des coups d’États en nombre incalculable pour protéger ses intérêts ? Au lieu de cela, le dirigeant de ce pays en est désormais réduit à insulter les dirigeants africains et à les qualifier de dictateurs impopulaires, alors même qu’ils disposent [contrairement à lui, NdT] du soutien plein et entier de leur peuple, comme par exemple au Mali. Que cette Grande Puissance en soit réduite à se plaindre et à fulminer démontre illustre le pathétique de sa situation.
Le nœud du problème réside en ce que la France ne constitue plus du tout un partenaire attractif pour les pays africains. Certes, ils bénéficient encore de certains liens commerciaux mutuellement bénéfiques, et leurs gouvernements apprécient que leur ancienne puissance coloniale laisse leurs ressortissants travailler en métropole, mais ils ne sont plus enclins à sacrifier unilatéralement leurs intérêts nationaux objectifs dans le simple dessein de faire plaisir à ce pays. L’entrée de la Russie dans le jeu géostratégique a débouché sur l’émergence d’une alternative crédible à la France, respectant véritablement leur souveraineté et ne s’ingérant pas dans leurs affaires [Pour être un partenaire intéressant envers des pays aspirant à la souveraineté, il convient d’être soi-même souverain chose que la France n’est plus depuis Maastricht, NdT].
La France ne peut pas lutter contre la Russie pour la place de partenaire privilégié des pays africains. Aucun pays ne pourrait consentir à sacrifier ses intérêts lorsqu’il n’en a plus l’obligation, et les dirigeants corrompus qui continuent d’agir ainsi ont intérêt de nos jours à surveiller leurs arrières, de crainte que leurs propres dirigeants militaires/de sécurité ne complotent pour émuler l’exemple malien et renverser ces dirigeants dans un avenir proche. L’ensemble des fondations dont dépend la « sphère d’influence » de Paris est attaqué au cœur depuis l’intervention géostratégique décisive de Moscou en « Françafrique » ainsi qu’ailleurs sur le continent.
Pendant que Macron insultait la Russie et ses partenaires africains, Lavrov négociait des accords et faisait croître l’influence de son pays. C’est jusque Borrell, le « chef » de la politique étrangère de l’UE, qui s’est senti obligé de se plaindre de l’attention médiatique mondiale accordée à ces percées russes durant son dernier voyage, ce qui montre à quel point ces deux « dirigeants » européens sont jaloux des percées pratiquées récemment par la Russie en Afrique. Ils ne peuvent pas comprendre que ce modèle de coopération multipolaire russe est bien plus attractif pour les pays africains que celui qu’ils ont à proposer, et c’est pour cela qu’ils sont dans l’incapacité de rivaliser avec Moscou, et perdent chaque jour un peu plus d’influence.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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