20 août 2022

Le Mali accuse l’armée française de soutien aux jihadistes

Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU pour demander l’organisation d’une réunion d’urgence. Dans ce courrier, le Mali accuse la France de violations de son espace aérien et de soutien aux groupes terroristes. Il serait temps d'enquêter d'un peu plus près sur la désastreuse politique africaine d'Emmanuel Macron, qui aboutit non seulement à un humiliant retrait des troupes françaises alors que nous avons perdu plusieurs dizaines de soldats dans la région mais aussi à une querelle diplomatique d'envergure où le gouvernement français se montre sous son pire jour: parlant du gouvernement malien avec condescendance, comme s'il était incapable de définir sa politique de manière souveraine; et s'abandonnant à l'obsession russophobe, qui devient si omniprésente qu'elle commence à poser question sur la lucidité et les capacités des gens actuellement au pouvoir à Paris.

Après 9 ans de présence au Mali, lundi 15 août, les militaires français de la force "antijihadiste" Barkhane ont quitté la dernière base française située dans la ville de Gao. L’opération Barkhane qui a succédé à l’opération Serval en 2013 est une opération de grande envergure en partenariat avec le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) où 3.000 militaire français ont été déployés pour repousser la menace djihadiste. Mais malgré l’élimination de plusieurs chefs djihadistes, l’État malien semble ne pas reprendre la main dans les zones auparavant contrôlés par les groupes que sont l’État islamique au grand Sahara (EIGS), le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). À l’issue des deux coups d’État, le 18 août 2020 renversant le président Keita et le 24 mai 2021, les relations entre la France et le Mali se sont détériorées. Le Premier ministre malien avait accusé la France d’un « abandon en plein vol », justifiant la nécessité de « chercher d’autres partenaires ». La junte au pouvoir s’est en effet rapprochée petit à petit de Moscou. Poussés vers la sortie par la junte au pouvoir, le 17 février, la France et ses partenaires européens ont confirmé leur retrait progressif du Mali . La France a fixé un délai de quatre à six mois”, mais la junte hostile a demandé à Paris de retirer ses soldats « sans délai ». Le 15 mai, le Mali a annoncé son départ du G5 Sahel. Conformément aux engagements, le 15 aout, les derniers soldats français ont quitté le Mali. Mais l’armée française reste déployée au Tchad et au Niger, qualifiés de « partenaires essentiels » par le ministère des Armées.

Violations de l’espace et soutien aux jihadistes

La bataille diplomatique entre la France et le Mali continue. Le ministre des Affaires étrangères malien a décidé de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans une lettre datée du 15 août adressée au président (tournant) du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur chinois Zhang Jun,  le ministre Abdoulaye Diop demande une réunion d’urgence face à la recrudescence des actes de terrorisme dans son pays.

Dans cette lettre, le chef de la diplomatie appelle à la cessation des « actes d’agression » de la France sous forme de violation de sa souveraineté. Bamako accuse Paris de soutenir les terroristes en « leur larguant des armes et des munitions ». Il a aussi dénoncé les nombreuses violations de l’espace aérien de son pays par la France. 

M Diop a indiqué dans son courrier qu’il détient des preuves crédibles et qu’il est prêt à les remettre à l’ONU. Dans sa lettre, le chef de la diplomatie malienne menace même d’user de la « légitime défense » si les agissements français continuent, conformément à la Charte des Nations unies.

Notons que le 7 août, l’État islamique au grand Sahara (EIGS) a attaqué les forces armées maliennes (Fama). Ces attaques simultanées auraient causé 21 décès et plusieurs blessés. Dans un communiqué, la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) a indiqué que les terroristes ont bénéficié d’une aide extérieure.

Des accusations non fondées selon la France

Face à ces accusations du chef diplomatique malien contre les forces françaises, l’Élysée « dément des accusations évidemment sans fondement ».  Pour le chef de Barkhane, le général Baratz, “ces accusations de soutien au terrorisme sont insultantes pour la mémoire de 59 des camarades (soldats français), des forces maliennes et des soldats de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme”. Depuis 2013, l’armée française a perdu officiellement 58 soldats au Sahel, dont 48 au Mali.

La France dénonce une « campagne de désinformation », sans doute orchestrée par les nouveaux alliés russes du Mali.  En effet depuis l’arrivée des membres du groupe Wagner dans le pays, ces mercenaires russes auraient une grande influence sur les colonels au pouvoir à Bamako. En tout cas c’est ce qu’affirme Paris – où visiblement on est incapable d’imaginer que le Mali puisse formuler lui-même sa politique. 

Mercredi, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères avait déclaré la présence d’environ 20 ou 30 personnes, probablement des Russes en uniforme, en train de décharger un avion à l’aéroport de Gao le jour du départ français.

Pour rappel, lors d’une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen au mois de février, Emmanuel Macron avait déjà déclaré : “Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités…qui ont recours à des mercenaires de la société [russe] Wagner aux ambitions prédatrices”.

En avril, l’armée française dit avoir filmé des mercenaires russes enterrer des corps près d’une ancienne base militaire occupée par l’armée française, et ce, en vue d’accuser les soldats français d’en être responsables.

En fait, lors de l’opération militaire entre le 27 et 31 mars à Moura, l’armée malienne  dit avoir tué plus de 200 djihadistes. Le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères parlait “d’une victoire importante contre le terrorisme”. L’ONG Human Rights Watch évoquait quant à elle,  l’exécution en masse de civils perpétrés par des soldats maliens et des combattants étrangers présumés être des Russes.

Sur France 5, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a mis en doute la version des autorités maliennes et a même demandé “une enquête des Nations unies “.

Néanmoins, Bamako nie être en contact avec le groupe paramilitaire russe Wagner, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole de la junte au pouvoir, a même reproché au président français une “posture néo-coloniale”. Ce dernier l’accuse d’attiser la haine ethnique par ses critiques contre l’armée malienne.

Dans tous les cas, il est peu probable qu’une telle réunion d’urgence ait lieu, car le Mali n’est pas membre du Conseil de sécurité et sa demande doit être relayée par un État membre.

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