La réaction de la Chine à la visite de Pelosi à Taïwan se poursuit :
Taipei, 6 août (CNA). Le ministère taïwanais de la Défense nationale (MD) a déclaré samedi que de multiples avions et navires militaires chinois avaient opéré près de Taïwan dans la matinée, dans ce qu’il pense être une simulation d’attaque contre l’île principale de Taïwan.
Dans un bref communiqué de presse, le ministère de la Défense nationale a déclaré que plusieurs avions et navires militaires chinois avaient mené des activités près de Taïwan samedi matin, certains d’entre eux franchissant la ligne médiane du détroit de Taïwan – une zone tampon non officielle normalement évitée par les avions et navires militaires taïwanais et chinois. Le MD a ajouté que les militaires chinois étaient probablement en train de « simuler une attaque contre l’île de Taïwan« .
La ligne médiane du détroit de Taïwan a été tracée en 1955 par le général Benjamin Davis, de l’armée de l’air américaine. Elle n’a plus aucune signification.
Le trafic maritime autour de Taïwan se poursuit sans trop de problèmes. Les ports de Taïwan sont toujours accessibles. Les navires évitent juste les zones que la Chine avait désignées comme cibles.
Certains, à l’agence de presse taïwanaise CNA, savent désormais à quoi ressemblerait un véritable conflit avec la Chine (traduction automatique) :
Les experts ont souligné que les exercices militaires à grande échelle sans précédent menés par la Chine autour de Taïwan donnent désormais un aperçu de la manière dont l’armée communiste bloquerait l’île de Taïwan si elle lançait une guerre contre Taïwan, et montrent également les capacités de l’armée chinoise.
Après le départ de Pelosi de Taïwan, l’armée communiste a émis un autre avertissement de navigation, et des tirs à balles réelles [seront] effectués dans la mer Jaune pendant 10 jours consécutifs… …
C’est la première fois qu’un exercice militaire chinois se déroule aussi près de Taïwan, certains exercices se déroulant à moins de 20 kilomètres de la côte taïwanaise.
Autre fait sans précédent, le lieu de l’exercice de l’armée communiste inclut la mer et l’espace aérien à l’est de Taïwan. Il s’agit d’une zone d’importance stratégique pour l’approvisionnement des troupes taïwanaises et pour d’éventuels renforts américains.
Le monde extérieur spécule depuis longtemps que l’une des stratégies préférées de la Chine pour attaquer Taïwan serait le blocus.
Cette action d’encerclement a pour but d’empêcher tout navire ou avion commercial ou militaire d’entrer ou de sortir de Taïwan, ainsi que d’empêcher la défense de Taïwan par les troupes américaines stationnées dans la région. Song Zhongping, un analyste militaire chinois indépendant, a déclaré que l’armée chinoise « a évidemment toutes les capacités militaires pour faire respecter un tel blocus« .
La Chine a en effet la capacité de bloquer complètement Taïwan. Comme toute la région est également couverte par les missiles balistiques terrestres chinois et à portée de son aviation, un blocus est facile à établir et difficile à briser.
L’armée chinoise n’est plus la force armée légère et non professionnelle que certains pensent encore qu’elle est :
Selon l’agence de presse Xinhua, l’armée chinoise a envoyé plus de 100 avions militaires et plus de 10 frégates et destroyers dans l’exercice, y compris le chasseur furtif J-20 et le destroyer Type 055, qui sont tous les deux des armes de pointe de l’armée de l’air et de la marine chinoises.
En outre, grâce à l’exercice, l’armée chinoise peut tester et renforcer les capacités de combat coordonnées des troupes participantes de divers services et armes, notamment les troupes terrestres, maritimes, aériennes et balistiques, ainsi que les capacités de soutien stratégique en charge de la cyberguerre.
En outre, l’exercice a également constitué un test majeur pour le commandement du théâtre oriental établi par le Parti communiste chinois en 2016. Ce théâtre est responsable des opérations militaires dans l’ensemble des mers orientales chinoise, et couvre donc Taïwan.
John Blaxland, professeur de sécurité internationale à l’Université nationale australienne, a déclaré aux journalistes que ce que la Chine avait montré jusqu’à présent était une « grande armée. »
« On ne peut pas les considérer comme une sorte d’armée peu expérimentée et peu puissante, ils sont clairement capables de coordonner des opérations terrestres et maritimes, et capables d’utiliser des systèmes de missiles et d’être efficaces« , a-t-il déclaré.
Selon M. Braxland, les exercices de l’armée chinoise ont montré à Taïwan, aux États-Unis et au Japon que la Chine « dispose des conditions nécessaires pour mener à bien les actions qu’elle a menacé de mener.«
Barxland n’est pas le seul expert « occidental » à être impressionné par cette démonstration de force bien coordonnée.
Si l’on compare une guerre potentielle à propos de Taïwan avec l’actuelle guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, on peut voir les problèmes des États-Unis. Les États-Unis voudraient probablement éviter un conflit direct sur Taïwan avec une Chine dotée d’armes nucléaires, tout comme ils évitent un conflit avec la Russie en Ukraine. C’est la raison pour laquelle Biden est en désaccord avec les législateurs qui veulent mettre en œuvre une loi délirante sur la politique taïwanaise, loi qui engagerait les États-Unis dans la défense des îles.
Les États-Unis devraient plutôt aider Taïwan par d’autres moyens. Mais comment ?
Un blocus aérien et maritime frapperait durement Taïwan. Environ 40% de son électricité est produite par du gaz naturel, qu’elle doit importer. Une autre grande partie est produite avec du charbon que Taïwan importe également. Il en va de même pour les produits pétroliers. Avant que Pelosi n’atterrisse à Taipei, les réserves de gaz de l’île étaient suffisantes pour 11 jours seulement. Le charbon et le pétrole sont plus faciles à stocker, mais ils seraient tout de même épuisés avant la levée d’un blocus.
Et puis il y a la nourriture :
En 2018, le taux d’autosuffisance alimentaire de Taïwan n’est que de 35 %. De plus, la production réelle de terres agricoles à Taïwan est d’environ 520.000 hectares, ce qui est loin de l’objectif des 740.000 à 810.000 hectares prescrit par le ministère de l’Intérieur. En tant que nation insulaire, l’approvisionnement alimentaire dépend du commerce international et est considéré comme dangereux.
Un blocus total de Taïwan la mettrait probablement à genoux en quelques semaines ou mois. Un temps qui pourrait être utilisé pour vaincre sa force aérienne, ses défenses anti-aériennes et ses missiles et empêcher les attaques de Taïwan sur les actifs continentaux de la Chine. La Chine n’a pas besoin d’envahir l’île. Elle n’a simplement qu’à attendre qu’on l’invite à y entrer.
En réponse à un blocus chinois de Taïwan, les États-Unis déclareraient probablement un blocus des importations énergétiques chinois, c’est-à-dire du pétrole et du GPL. Ils pourraient faire respecter cette mesure en empêchant les navires chinois de passer par le détroit de Malacca et d’autres goulets d’étranglement maritimes. (Le deuxième grand gazoduc que la Russie construit actuellement vers la Chine est l’une des contre-mesures à cette menace).
En cas de blocus et de contre-blocus, la question est de savoir qui pourra tenir le plus longtemps. Dans ce cas, la Chine a l’avantage de disposer de réserves plus importantes. Les États-Unis n’auraient également que peu d’alliés dans un tel conflit. La Chine, comme la Russie aujourd’hui, serait toujours en accord avec le reste du monde. Cela lui permettrait d’atténuer la plupart des conséquences.
Andrei Martyanov semble penser que la flotte sous-marine américaine, technologiquement supérieure, pourrait vaincre la marine chinoise en mer de Chine méridionale. Je doute que ce soit encore le cas. C’est également totalement hors de propos. Les sous-marins ne peuvent pas lever des blocus qui sont tenus par des missiles basés à terre et une force aérienne qui vole sous la couverture de la défense aérienne de la Chine continentale.
En plus de ces manœuvres, la Chine a pris des contre-mesures politiques contre les États-Unis :
Le ministère chinois des Affaires étrangères a, en réponse, annoncé vendredi les contre-mesures suivantes :
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Annulation de la discussion entre les commandements militaires opérationnels chinois et américains.
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Annulation des entretiens de coordination de la politique de défense (DPCT) entre la Chine et les États-Unis.
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Annulation des réunions de l’Accord consultatif militaire maritime (ACMM) entre la Chine et les États-Unis.
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Suspension de la coopération entre la Chine et les États-Unis sur le rapatriement des immigrants illégaux.
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Suspension de la coopération entre la Chine et les États-Unis en matière d’assistance juridique dans les affaires criminelles
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Suspension de la coopération sino-américaine contre les crimes transnationaux.
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Suspension de la coopération sino-américaine en matière de lutte contre les stupéfiants.
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Suspension des discussions entre la Chine et les États-Unis sur le changement climatique.
Les appels des chefs du Pentagone à la Chine restent désormais sans réponse.
Les États-Unis veulent provoquer encore plus la Chine en faisant passer des navires de guerre dans le détroit de Taïwan. Mais la Chine considère juridiquement qu’un passage militaire non invité dans sa zone économique n’est pas autorisé. Les États-Unis disent la même chose lorsqu’il s’agit de leur propre zone économique.
Comme la Chine a rompu toute communication militaire avec les États-Unis, les risques pour ce passage sont désormais beaucoup plus élevés. Il ne faudra pas s’étonner de la réaction de la Chine.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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