29 août 2022

La catastrophe du vide


Je lis ce livre et je tombe sur cette double page où l'auteur astrophysicien Jean Pierre Luminet donne son point de vue sur l'une des plus grandes énigmes de la physique : la catastrophe du vide.
Ce point de vue m'a beaucoup ému,
car il éclaire et même confirme un point de vue personnel très audacieux mais que je n'osais pas exprimer, ne m'estimant pas assez compétent pour le faire. Disons que je suis peut-être « intuitivement » compétent, mais ça ne veut rien dire.
Cette catastrophe, c'est l'écart épouvantable entre l'immense énergie théorique du vide calculée d'après la théorie quantique des champs et la très faible énergie du vide observée au travers de la mesure de la constante cosmologique, liée à l'énergie noire et l'expansion accélérée de l'univers.

En bref et en gros, le vide n'est pas vide mais exerce une pression qui engendre une gravité négative que l'on peut calculer de deux manières totalement incompatibles, selon que l'on fait appel à la physique de l'infiniment petit (mécanique quantique) ou de l'infiniment grand (relativité générale).

Ma façon intuitive (mais jusque là non dite) de résoudre le problème a été de penser que la mécanique quantique permet de mesurer l'énergie du multivers, c'est à dire de tous les potentiels simultanément présents en un point, alors que l'observation ne permet de mesurer que l'énergie d'un seul univers, celui qui est observé.

Les physiciens « académiques » sont censés rejeter cette interprétation, soit qu'ils rejettent le multivers, soit qu'ils l'acceptent mais le considèrent comme un ensemble d'univers totalement séparés, c'est à dire contenus dans des bulles d'univers totalement disjointes, situées au plus proche à des dizaines d'années lumière l'un de l'autre. Dans ce cas la théorie des champs s'applique à un seul univers, et non à leur ensemble.

Or Jean-Pierre nous explique que selon certains physiciens, et notamment selon un point de vue qui semble le séduire : la « quintessence », ce cinquième élément lié à la pression du vide (et donc à la constante cosmologique), pourrait fort bien varier au cours du temps, avoir été extrêmement élevée peu après le big-bang et être extrêmement faible aujourd'hui. Pourtant la théorie le considère comme constant dans les équations, du big-bang à aujourd'hui, en faisant ainsi une énigme.

Mais Jean-Pierre de s'étonner que, je cite : « Un grand nombre de conditions initiales différentes lors du Big-Bang conduiraient au même univers actuel – celui qui est précisément observé. Un joli tour de passe passe ». Il montre ainsi qu'il doute de ce qui néanmoins le séduit.

Désolé Jean-Pierre, mais selon moi ce n'est pas un tour de passe-passe, et à mon avis selon toi aussi, si je me fie à ton point de vue négatif mais de bon sens sur le multivers de Brian Greene et Max Tegmark. Car tu n'oses peut-être pas le dire, mais c'est exactement ce qui arriverait si tous les univers étaient reliés à l'origine (comme le tronc d'un arbre de vie), cumulant ainsi leur énergie colossale dans un même espace commun (illusoire, mais ceci est une autre histoire) c'est à dire inclus dans une même bulle, puis finissaient par se séparer en une myriade de réalités distinctes constituant le multivers, qui serait donc un ensemble de réalités issues du même Big-Bang (je n'ai pas dit créées par) plutôt que de bulles ou Big-Bangs totalement séparés.

Çà change tout, car comme vous vous en doutez, c'est une des clés du libre arbitre et de l'introduction de la conscience en physique, si bien entendu, on reconsidère tout cela à notre échelle humaine en prenant le cas du multivers appartenant à chacun d'entre nous.

Comme déjà précisé dans mon premier livre « La route du temps », la réalité aurait selon moi deux statuts ontologiques, et non un seul :
 
(1) Celui de réalité physique « objective », multiple et non observable dans son ensemble.
(2) Celui de réalité vécue subjective, unique et observée (et même créée au sens de sélectionnée).

Les lois physiques porteraient sur le premier statut, alors que les fonctionnalités de la conscience porteraient sur le second statut.

Paradoxalement, la science considérerait donc comme objectif ce qui est en réalité subjectif (bien que réel). Mais pour peu qu'elle change son point de vue (matérialiste), redonnant à la conscience le premier rôle, la science redeviendrait objective, avec en prime la capacité retrouvée de travailler sur l'invisible réel, c'est à dire l'indétectable !

Philippe Guillemant

 

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