Table des matières - (I) La bataille d'Ukraine -(II) Un exemple de propagande pro-ukrainienne mal conçue - (III) Johnson fait réintégrer symboliquement les Britanniques à une UE qui se désintègre dans un chaos occidental grandissant - (IV) Corsaires de l'information? (V) Zelenski mécontent: le Pape ne parle pas sous sa dictée - (VI) Le doute s'insinue chez les dirigeants américains. - (VII) - Olaf Scholz sous la pression de l'aile gauche du SPD qui veut une négociation réaliste avec la Russie. (VIII) Le grand basculement géopolitique expliqué par M.K. Bhadrakumar.
La Bataille d’Ukraine
Un compte twitter intéressant pour suivre la guerre.
Je recommande le compte twitter @JacquesFrre2: points sobres et clairs, réguliers, sur le conflit. J’ai mis ci-dessus deux échantillons consacrés au sud de l’actuelle ligne de front. Il se confirme que les Russes attaquent désormais à la fois à Kharkov, dans le Donbass et à Nikolaïev.
Les Russes attaquent désormais au nord, dans le Donbass et au sud
Que se passe-t-il réellement en Ukraine ?
(Un point de vue perspicace sur Telegram, certainement la meilleure plateforme avec des sources d’informations vérifiées pour suivre la guerre)
“Les troupes alliées convergent lentement vers des cibles multiples sur l’ensemble de la ligne de front. [Naguère] l’armée russe semblait ne pouvoir rassembler qu’une, voire deux opérations offensives (au mieux) en même temps. Maintenant, ça chauffe à Kharkov, Slaviansk, Kramatorsk, Artiomovsk, Avdeïevka, Nikolaïev… Qu’est-ce qui a changé exactement ? Certains d’entre vous diront qu’il y a plus de troupes alliées maintenant, et vous aurez tort. Le changement est qualitatif pour les Russes et quantitatif pour l’Ukraine. Premièrement, les Russes ont l’approche qui apporte les résultats. Lente, mais terriblement efficace. L’artillerie laboure le terrain. Ce qui reste des troupes ukrainiennes fuit, se rend ou dans le pire des cas, continue à résister jusqu’à l’anéantissement total. Premièrement, l’armée ukrainienne est en grande partie détruite. Ce qui reste est conservé pour les “jours sombres”. Ou pour le dire simplement, pour le combat ultime, si jamais on en arrive là. Les bataillons nationalistes ont également subi de lourdes pertes. Bien qu’ils soient directement engagés dans le combat à certains endroits, ils sont surtout utilisés maintenant comme détachements de blocage, pour empêcher les troupes régulières d’abandonner leurs positions. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas aussi pris pour cible avec des résultats mortels. Ce qui a changé, c’est que l’Ukraine n’est plus en mesure de se reconstituer ses troupes après toutes ses pertes. Nous avons entendu parler de vagues de mobilisation… La mobilisation est constante maintenant. Mais ces troupes sont mal entraînées, sous-équipées, mal ou pas du tout dirigées… Comment résistent-elles alors ? Elles se retranchent, tout simplement. La Russie les élimine lentement, mais maintenant, elle intensifie le jeu. L’élimination de l’adversaire est mise en œuvre sur tous les fronts. Nous devons attendre et voir combien de temps ils peuvent supporter ce rythme. Peut-être 2 mois, peut-être 3. C’est sans importance. Ils sont en train de craquer. Et, ne vous fiez pas aux histoires d’une super arme “miracle”. Les miracles n’arrivent que dans les contes de fées. Pour l’Ukraine, c’est de l’horreur. (…)”
23-24 août 2022
Le 23 août, les ministres de la Défense des pays membres de l’Organisation de la Coopération de Shanghai se sont réunis. La question des laboratoires biologiques américains à éventuel usage militaire a été ouvertement abordée par les participants.
+ Selon southfront.org:
Le 24 août, les médias ukrainiens ont accusé l’armée russe d’une nouvelle attaque présumée contre des civils en Ukraine. Des missiles russes Iskander ont frappé un train dans la région de Dniepropetrovsk.
L’attaque a touché le train dans la gare de Chaplino. Le régime de Kiev a accusé la Russie d’avoir attaqué un train avec des civils. Le même jour, le président ukrainien Zelensky a affirmé dans son discours au Conseil de sécurité de l’ONU qu’au moins 15 personnes avaient été tuées et qu’une cinquantaine d’autres avaient été blessées, que quatre wagons de passagers étaient en feu.
Le 25 août, le ministère russe de la défense a révélé la cible de l’attaque dans son briefing quotidien. Il s’est avéré que des missiles russes Iskander ont frappé un train militaire avec des équipements militaires et des réservistes en route vers les lignes de front du Donbass.
En conséquence, 200 militaires des forces armées ukrainiennes ont été tués et 10 pièces d’équipement militaire ont été détruites.
Les médias ukrainiens n’ont publié que des photos de voitures particulières brûlées, cachant l’échelon militaire. Cependant, des vidéos prises sur place confirment qu’il s’agissait d’un train militaire transportant du matériel militaire et des militaires.
Compléments pour la journée du 24 août:
– 5 avions ukrainiens détruits dans la région de Poltavska; 3 avions et 2 dépôts militaires dans la région de Dnipropetrovsk
- Des équipements et une installation de réparation d’armes blindées dans la région de Khmelnitsky ont été pulvérisés par une frappe de missiles russes ;
– l’infrastructure militaire près de Kiev a été la cible de plusieurs tirs russes ;
– près de Kharkov, les Russes ont détruit une caserne servant d’hébergement à des combattants nationalistes ;
– 64 combattants ukrainiens ont été tués et 7 pièces d’équipement militaire ont été anéantis suite à la destruction d’un poste de commandement de missiles dans l’oblast de Nikolaïev ;
Zoom sur l’efficacité des tirs de précision russes:
La
base aérienne de la 831ème Brigade d’aviation tactique des Forces
Armées d’Ukraine à Mirghorod, dans l’oblast de Poltava, a été
complètement détruite lors d’une attaque par des missiles Kh-22 lancés
par des bombardiers stratégiques Tu-22MZ.
Les attaques ont
causé de graves dommages, entraînant la destruction des avions utilisés
par les Forces armées ukrainiennes pour attaquer avec des missiles
antiradar AGM-88A américains, qui n’ont pas pu être sauvés, bien qu’ils se soient
trouvés dans des abris spéciaux en béton armé.
En effet, les
missiles Kh-22 sont capables d’atteindre des vitesses de plus de 4.000
km/h, difficiles à contrer pour les pays de l’OTAN qui disposent
de systèmes de défense aérienne modernes.
Le Raduga Kh-22
est un missile antinavire à longue portée développé par l’Union
soviétique. Il a été conçu pour être utilisé contre les porte-avions
américains et leur groupe d’escorte, et peut porter une ogive ou une
tête conventionnelle ou nucléaire.
Sa charge militaire peut
contenir 1.000 kilogrammes de RDX (explosif ayant une puissance
d’environ 150 % de celle du T.N.T.) ou une charge nucléaire de 350 à 1
000 kilotonnes.
Le Kh-22 a une portée de combat de 600 km et développe une vitesse maximale de Mach 4,6.
Pour
l’instant, on ne sait pas combien d’appareils de l’armée de l’air
ukrainienne ont été détruits à la suite de ces attaques, mais avant
cela, on a appris que 4 chasseurs MiG-29, capables de lancer des
missiles de croisière américains AGM-88, avaient été modernisés pour les
besoins des forces armées ukrainiennes. Tout cela est parti en fumée.
Jeudi 25 août 2022 :
Dans la région de Koursk, une tentative de sape de la voie ferrée a été effectuée sur la ligne Klioukva-Koursk.
Dans le nord de la région de Kharkov, les forces armées russes ont frappé une concentration d’effectifs et d’équipements ennemis à Bohodukhov, Merefa, Tsirkouni et d’autres localités.
À Soledar, le 6e régiment de cosaques de la milice populaire de la République de Lougansk se bat aux abords de l’usine Belokamenskiy et de la rue Zalevskoho.
Les unités ukrainiennes ont échoué dans leurs tentatives de contre-attaque dans plusieurs zones près de Bakhmout (Artiomovsk), subissent des pertes et se replient.
Dans la partie est de Bakhmout (Artiomovsk), les unités du PMC de Wagner combattent dans les zones urbaines.
Les formations ukrainiennes ont lancé des frappes massives sur les villes de l’agglomération de Donetsk. Des civils dont des enfants ont été blessés et tués.
Les forces aérospatiales russes poursuivent leurs frappes contre les points de tir et les fortifications identifiés de l’armée kiévienne près de Marinka, Krasnogorivka et Nevelskie.
Près d’Ougledar, les forces alliées ont repoussé une autre contre-attaque des forces ukrainiennes, ce qui a entraîné des pertes pour les Kiéviens et leur repli sur leurs positions antérieures.
Près de la centrale nucléaire de Zaporojie, une autre frappe de l’armée ukrainienne a provoqué un fort incendie. La centrale a été déconnectée du réseau électrique. L’alimentation en électricité des zones russes dans les régions de Zaporojie et de Kherson a été perturbée.
Dans la région de Kryvoï Rog du front, les unités ukrainiennes ont une nouvelle fois échoué à prendre d’assaut les positions des forces armées russes à Vysokopillya, ont subi des pertes et ont battu en retraite.
+ Dans la ville de Tchougouïev, région de Kharkov, un grand dépôt de munitions a été détruit, qui approvisionnait en obus tout le groupement sud-est des Forces armées ukrainiennes en direction de Kharkov.
Tirs ukrainiens sur la centrale nucléaire de Zaporojie
Lu sur Clandestine”s Newsletter: ”Les tirs d’artillerie des forces armées ukrainiennes sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia provoquent des incendies et ont déconnecté la centrale du réseau électrique ukrainien à plusieurs reprises, ce qui fait craindre une défaillance des systèmes de refroidissement, qui entraînerait une surchauffe du cœur et une catastrophe nucléaire qui paralyserait l’Eurasie et tuerait des dizaines de milliers de civils.
La Russie a depuis rétabli le courant sur le réseau et le cœur est stable, mais la Russie prévient que si les forces ukrainiennes ne cessent pas de provoquer la centrale, elle ne pourra rien faire pour empêcher les systèmes de refroidissement de tomber en panne.
Même les pays de l’OTAN commencent à admettre que cette réalité ne peut être ignorée, ce qui a conduit le ministre français de la Défense à contacter le ministre russe de la Défense pour discuter de la situation actuelle à la centrale de Zaporizhzhia. Aucun rapport n’a été publié sur le contenu de cet appel téléphonique, (…) qui pourrait être un point tournant pour les pays de l’OTAN qui commenceraient à se retourner contre l’Ukraine et les États-Unis. Les médias rapportent désormais que la crise est causée par les bombardements des forces ukrainiennes. Même CNN a dû l’admettre. Ils disent que les “incendies” sont à l’origine de la déconnexion dans le titre, mais doivent admettre dans l’article que les bombardements ukrainiens sont à l’origine d’une catastrophe potentielle de type Tchernobyl.”
+ Une bombe placée dans la voiture d’un officiel ukrainien de la région de Zaporojie qui s’était rallié aux Russes.
+ Citons par ailleurs pour réflexion ce billet d’Erwan Castel sur l’auteur présumé de l’attentat contre Daria Douguine:
D’autres détails confirment cette présomption de culpabilité pesant sur Natalia Vovk (…). Mais maintenant l’enquête s’intéresse prioritairement à son réseau sans lequel l’attentat était impossible. Et les regards de se tourner vers Kiev et bien au delà vers les services actions travaillant pour l’OTAN”.
Vendredi 26 août 2022:
+ Selon @rybar:
Les forces armées russes ont frappé les concentrations d’effectifs et d’équipements militaires ennemis dans les régions de Soumy et de Tchernigov.
Dans le nord de la région de Kharkov, des combats de position ont lieu près de Peremoha ; et à l’ouest d’Oudi et de Veselie.
Le commandement ukrainien a transféré des véhicules blindés à Pytomnyk pour tenter de renforcer la défense dans cette zone du front.
L’armée kiévienne a lancé une frappe de missiles sur Kadiivka et a détruit l’hôtel Donbass abritant un hôpital de campagne pour les militaires et les civils dans l’un des étages.
À Soledar, les forces de la milice populaire de la République de Lougansk poursuivent les combats à la périphérie sud de la ville près de l’usine Belokamenskiy.
Les unités d’assaut du PMC de Wagner, soutenues par l’aviation et l’artillerie, ont pris pied dans la partie orientale de Bakhmout (Artiomovsk).
L’armée ukrainienne a de nouveau bombardé massivement les villes du Donbass. En conséquence, plusieurs civils ont été blessés et tués à Donetsk, Gorlovka et Iasinouvata.
Les frappes ukrainiennes sur Kamïanka (Koubichevo) ont détruit plusieurs immeubles d’habitation à plusieurs étages, faisant des victimes dont un enfant.
Une autre attaque terroriste a eu lieu à Berdiansk. À la suite d’une explosion, le chef adjoint de la police de la circulation de Berdiansk a été tué.
Les frappes d’artillerie sur la centrale nucléaire de Zaporojie se poursuivent. Plusieurs obus ont été tirés sur l’installation de stockage des isotopes radioactifs.
Les forces armées russes ripostent contre des positions d’artillerie ukrainiennes identifiées sur l’autre rive du Dniepr et frappent des positions d’obusiers M777 à l’ouest de Marganets
+ Au lieu d’alimenter leurs obsessions sur les difficultés présumées de l’armée russe, les commentateurs du décret de Vladimir Poutine sur l’augmentation d’effectifs de l’armée russe de 137.000 hommes ont-ils pensé que cela préparait sans doute l’intégration des armées des républiques populaires de Lougansk et Donetsk à l’armée russe?
+ L’armée russe a en particulier localisé et détruit un centre de commandement ukrainien à Slaviansk.
+ 10 tirs depuis un Himars sur la ville de Lougansk.
+ Les Ukrainiens font-ils feu de tout bois pour rendre impossible les négociations? Selon l’agence Tass: “Le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien Alexis Danilov a déclaré que les autorités du pays se préparaient à un conflit militaire avec la Russie depuis décembre 2019, lorsque le président ukrainien Vladimir Zelenskyi a rejeté toutes les options de compromis pour résoudre la situation dans le Donbass lors du sommet du quartet Normandie à Paris.
“Nous nous sommes préparés à la guerre, de manière très puissante. Et le fait que nous ayons maintenant dépassé 180 jours de guerre et que nous soyons sur notre territoire, que nous ne l’ayons pas rendu, cela montre simplement que nous nous préparions à la guerre. Et nos préparatifs de guerre ont commencé après les 8-9 décembre 2019. <…> Lorsque notre président [Vladimir] Zelenski n’a pas accepté à Paris les conditions que la Russie, la France, l’Allemagne nous ont offertes les 8 et 9 décembre 2019, pour ne pas dire plus, il a déclaré : “Non, mes amis, il n’y aura pas de Minsk-3, nous défendrons notre pays”, nous avons commencé à comprendre le lendemain qu’une grande guerre avec la Russie était imminente“, a déclaré M. Danilov sur la chaîne de télévision NTA.
+ Taïwan a fait passer 800 drones capables de larguer des explosifs (Revolver) à l’Ukraine en les vendant à la Pologne.
+ Est-on à la fin de l’épisode dramatique de la Centrale de Zaporojie? Une visite d’inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique est prévue pour le début de la semaine du 29 août.
Par ailleurs, les Russes ont annoncé hier avoir localisé et détruit l’un des M777 servant aux Ukrainiens pour tirer sur la centrale de Zaporojie.
Un manuel de la Bundeswehr (1992) stipule :
“Les objectifs militaires ne doivent pas être situés à proximité d’ouvrages et d’installations contenant des forces dangereuses, sauf si cela est nécessaire pour la défense de ces ouvrages.”
Le manuel de la défense anti-aérienne du Royaume-Uni (2004) stipule :
“Afin d’éviter les risques pour la population civile, les parties au conflit ont l’obligation de s’efforcer d’éviter de localiser tout objectif militaire à proximité des ouvrages ou installations contenant des forces dangereuses. Elles peuvent installer des armes telles que des missiles anti-aériens ou antimissiles uniquement pour la défense de ces installations et ces armes sont également protégées contre les attaques tant qu’elles ne sont pas utilisées à des fins offensives”.
Les pays de l’OTAN se déconsidèrent en laissant l’Ukraine jouer avec la possibilité d’un accident à la centrale de Zaporojie.
L’armée russe aurait détruit 60% des Himars livrés par les USA
+ Selon le canal Telegram Legitimny:
“Notre source rapporte que plus de 60% des Himars, ont été détruits.
La
stratégie des Russes consistait à surveiller les mouvements et le
déploiement des Himars pendant une longue période. Au cours des premiers
jours d’application, les véhicules ont été cachés dans différents
endroits pendant 12 heures maximum, puis l’endroit a été changé. De
plus, au début, ils ont tout placé à différents endroits. Puis ils ont
cru que les Russes “ne pouvaient pas voir” et ont commencé à les placer
en groupes, ce qui était une erreur. (…)
En outre, les
Russes ont partiellement modifié leur tactique de surveillance de déploiement dans les dépôts
et renforcé la défense aérienne. Bien sûr, l’armée ukrainienne parvient
à percer les défenses et à infliger des dégâts occasionnellement, mais ils ne sont pas importants.
L’affaire du pont Antonovski est
considérée comme un échec par tous les militaires. Après un mois et demi
de frappes constantes, le pont est debout, beaucoup de missiles et de
forces ont été dépensés, et les Russes n’ont toujours pas perdu leur
artère de transport vers l’autre côté du Dniepr. Cette affaire ne vise
que les relations publiques et la création de “bruit” pour distraire les
masses, mais stratégiquement, militairement, elle a échoué“.
Samedi 27 août 2022:
+ On apprend que le Pentagone commence à s’inquiéter officiellement de la non-arrivée à destination d’une partie des armes livrées à l’Ukraine.
Centrale nucléaire de Zaporojie – Dernières nouvelles
Deuxième unité de puissance de la centrale nucléaire de Zaporojie connectée au réseau – Energoatom
Pas besoin de l’arrêter, elle fonctionne normalement – Alexander Volga, chef d’Energodar
Les bombardements de l’armée ukrainiennesur Zaporojie et sa centrale continuent depuis Marganets -fait savoir le Ministère russe de la Défense.
La situation des radiations à la centrale nucléaire de Zaporojie est inférieure aux seuils d’alerte.
Un exemple de propagande pro-ukrainienne mal conçue
Un auteur, sur Wikipedia, a voulu absolument donner corps à la (fictive) contre-offensive ukrainienne dans la région de Kherson, annoncée depuis des semaines et qui ne s’est jamais produite.
L’auteur n’a cependant aucune notion de la réalité militaire : il est tout à fait impossible que, lors d’une offensive, si elle avait eu lieu, l’armée ukrainienne n’ait eu aucun tué et seulement 26 blessés quand l’armée russe aurait eu 1.049 soldats tués ! Vu que l’Ukraine n’a que très peu de missiles de précision, est très inférieure en artillerie à l’armée russe, n’a plus beaucoup d’aviation, la seule possibilité d’une contre-attaque victorieuse reposerait dans un engagement massif d’hommes bien entraînés. Avec une supériorité en effectifs, disons de 3 pour 1 sur le point du front où aurait porté l’attaque. .Et des pertes qui auraient forcément été élevées.
Que diront les historiens de l’effondrement intellectuel occidental, de la perte de la culture militaire? A vrai dire, ce que les historiens écriront un jour, beaucoup le pensent déjà en Amérique latine, en Afrique, en Asie – et en Russie.
Johnson fait réintégrer symboliquement les Britanniques à une UE qui se désintègre dans un chaos occidental grandissant
+ Boris Johnson n’arrive pas à quitter la scène – au risque de ruiner sa réputation
Bien que sur le départ, Boris Johnson a pourtant rendu visite à Zelenski à Kiev pour le jour de l’Indépendance ukrainienne. Le brillant artisan de la victoire électorale définitive du Brexit, fin 2019, fait visiblement tout pour dévisser sa propre statue du piédestal où l’on avait penser, légitimement, pouvoir l’installer. Non seulement la possibilité de pouvoir continuer à soutenir Zelenski au moment où l’Ukraine tente le diable d’un accident à la centrale de Zaporojie signe une béante faille personnelle chez Johnson; mais elle le rend complice, au premier chef, d’un éventuel malheur. Et puis revenons à cette déclaration: “Les Britanniques doivent payer le prix pour l’Ukraine”: Boris aime-t-il le peuple qu’il a émancipé de la bureaucratie de l’Union Européenne? Comment peut-on à ce point aliéner une souveraineté que l’on vient de rétablir? En réalité, il existe un grand malentendu entre le peuple britannique et ses dirigeants. Les Britanniques ont voulu retrouver leur liberté, avec le Brexit. Johnson et la plus grande partie des Brexiteers ont mené la sortie de l’Union Européenne avec l’ambition de réaffirmer, grâce à la sortie de l’UE, le rôle de Londres comme meilleur élève de l’Empire américain.
Les contorsions douloureuses de l’Union Européenne
Un point utile de Drago Bosnic:
“Le soutien de l’Union européenne est essentiel au maintien du régime de Kiev. Sans le bloc bureaucratique, [le pouvoir ukrainien] n’aurait jamais pu survivre aussi longtemps. Les États membres de l’UE, qui sont presque tous également membres de l’OTAN, continuent d’apporter un soutien crucial au régime de Kiev. Toutefois, ce soutien n’est pas inconditionnel et illimité et il reste à voir comment l’UE agira à long terme. Les responsables de l’UE admettent qu’il y aura probablement un “point critique” à l’automne ou au début de l’hiver, lorsque les membres commenceront à ressentir une véritable douleur économique résultant des sanctions anti-russes, tout en devant puiser toujours plus profondément dans leurs coffres et fournir leurs ressources (désormais encore plus maigres) pour soutenir le régime de Kiev.
Pour préparer le public à cette situation, les dirigeants de l’UE ont commencé à avertir que le conflit durera plus longtemps que prévu et que les conséquences que l’on subit actuellement ne sont que le début. Emmanuel Macron, par exemple, a déclaré que la France continuera à soutenir les forces du régime de Kiev “jusqu’à ce que la victoire soit acquise”. Pourtant, derrière ces déclarations publiques de soutien se cache un bras de fer discret entre l’Allemagne, la France et (auparavant) l’Italie d’une part, et la Pologne, les pays baltes et nordiques d’autre part.
La France et l’Allemagne sont particulièrement préoccupées par l’escalade potentielle avec la Russie, car elles se rendent compte que le régime de Kiev ne peut pas gagner sans impliquer l’OTAN plus directement, ce qui entraînerait certainement la réponse de la Russie. Il convient donc de faire une distinction claire entre les déclarations publiques et les opinions réelles d’Emmanuel Macron, d’Olaf Scholz ou d’autres hauts dirigeants de l’UE, qu’ils ne peuvent divulguer qu’en privé. Néanmoins, il est clair que tant que les États-Unis continueront à soutenir le régime de Kiev, il est peu probable que Berlin et Paris remettent publiquement en question les opinions des membres d’Europe de l’Est de l’UE, qui sont presque tous sous le contrôle ferme de Washington.
Cette réalité géopolitique se fera sentir plus directement dans le débat sur les sanctions anti-russes, car les États membres les plus belliqueux, tels que la Pologne, les pays baltes et les pays nordiques, continueront à faire pression en faveur de nouvelles restrictions. Bien que l’empire bureaucratique de Bruxelles n’ait pas encore atteint l’amplitude de ses sanctions, des signes de fatigue se font déjà sentir, car les principaux membres s’inquiètent des conséquences que leurs économies subiront si l’UE étend l’embargo pétrolier, en plus de cibler les exportations russes d’énergie nucléaire et de gaz naturel. Il sera donc beaucoup plus difficile de parvenir à un consensus sur toute nouvelle sanction.
L’UE devra trouver des alternatives pour continuer à soutenir le régime de Kiev, comme l’augmentation des prêts et d’autres formes de soutien financier, y compris la promesse de fournir des fonds supplémentaires de plus de 9 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. Il s’agit d’un élément crucial pour le régime de Kiev, car il est au bord du défaut de paiement depuis des mois, avec un] déficit de financement de 5 milliards d’euros par mois, ce qui compromettrait la capacité [du régime Zelenski] à poursuivre les combats. Cela inclut également un soutien direct sous la forme d’une “aide létale”. En outre, des discussions sont en cours sur l'”intégration” du régime de Kiev dans les structures de l’UE, puisque le statut de “candidat” lui a été accordé en juin, bien que cette démarche ait été largement symbolique.
Compte tenu de l’histoire de l’expansion de l’UE et du temps qu’il faut pour qu’un pays rejoigne le bloc bureaucratique, les négociations d’adhésion prendront non seulement beaucoup de temps, mais resteront symboliques, puisque le régime de Kiev n’est pas vraiment en mesure de mettre en œuvre des réformes significatives. Bruxelles espère toutefois entretenir l’illusion de la cohésion et de l’unité intra-européennes en maintenant en vie au moins un semblant de perspective européenne du régime de Kiev.
Les idées de Macron pour une “Communauté politique européenne”, un concept plus large et plus géopolitique/sécuritaire que l’UE elle-même, en sont la preuve, car l’UE vise à garder les pays européens restants dans son orbite sans leur donner une véritable adhésion. Les principaux dirigeants de l’UE ont ignoré les préoccupations relatives à la trajectoire de l’opinion publique, Macron encore plus que Scholz. [Au mois de juin], en raison de la frustration liée à la “fatigue de l’Ukraine” et à de nombreuses autres questions intérieures, provenant notamment des extrêmes du spectre politique, Macron a perdu la majorité absolue au Parlement français.
Avec le temps, cependant, l’UE est condamnée à perdre même l’illusion de sa confiance en soi mal placée. Alors que le régime de Kiev ne cesse de subir des défaites militaires, et malgré une campagne médiatique massive visant à le présenter comme vainqueur, l’opinion publique européenne est de moins en moins enthousiaste, d’autant plus que les problèmes intérieurs se font sentir. Depuis que les sanctions ont commencé à toucher l’UE plus que la Russie elle-même, les dirigeants de Bruxelles tentent de détourner l’attention en affirmant que les sanctions n’ont soi-disant pas d’effet boomerang, mais que “l’invasion brutale et non provoquée de la Russie” est la raison des problèmes de chacun. Cependant, l’opinion publique européenne n’est pas très réceptive à ce mythe et il semble qu’elle ne le sera jamais“.
+Confusion occidentale, chaos américain, nihilisme ukrainien, moment de tous les dangers
Justement, comme le souligne Thomas Röper, c’est le moment de tous les dangers:
“L’enthousiasme de l’Occident à soutenir l’Ukraine par tous les moyens diminue. Si, après le début du conflit, des milliards ont été injectés par l’Occident dans le régime de Kiev sous forme d’aides financières et de livraisons d’armes, ce flux s’est désormais sensiblement réduit. Les nouvelles promesses de l’Occident se font plus rares, les livraisons d’armes encore plus. Lorsque le gouvernement allemand, par exemple, promet pompeusement de nouvelles munitions de précision, il est question de munitions qui doivent encore être fabriquées et qui ne seront donc pas disponibles de sitôt. C’est la situation actuelle presque partout. (…)
A cela s’ajoute le fait que les gouvernements occidentaux, en raison de leurs propres sanctions, sont de plus en plus confrontés à leurs propres problèmes et aux conséquences des sanctions. L’enthousiasme des gouvernements occidentaux à imposer à leur propre population des privations supplémentaires en plus de celles déjà à venir s’amenuise. Même si le chef de la diplomatie de l’UE, M. Borrell, a entre-temps ouvertement déclaré que l’on était en guerre et que les gens devaient payer le prix de la défense de la liberté, et que d’autres politiques sont d’accord, la résistance augmente, comme l’a par exemple montré la lettre ouverte d’associations d’artisans, dans laquelle il a été ouvertement dit au chancelier Scholz que les clients des artisans ne pensaient pas que c’était leur guerre et qu’ils n’étaient pas prêts à sacrifier leur prospérité pour l’Ukraine.
Le fait que le ministre des Affaires étrangères Baerbock ait ouvertement mis en garde contre les soulèvements qui menacent l’Allemagne à l’automne montre que la nervosité grandit. Le fait que l’armée allemande soit désormais autorisée à fournir une assistance administrative à la police, c’est-à-dire à intervenir apparemment contre des manifestations en Allemagne, est une preuve supplémentaire de la nervosité du gouvernement. Et dans de nombreux autres pays occidentaux, l’ambiance est similaire.
A Kiev, on le sait et on le sent bien sûr, la pression augmente donc pour que l’attention internationale se concentre sur les événements en Ukraine. Pour cela, il faut de nouvelles horreurs. Mais celles-ci ne sont à attendre que si Kiev parvient à provoquer la Russie à agir plus durement.
Si l’on considère la situation sous cet angle, même le bombardement de la centrale nucléaire de Zaporojie a un sens. Kiev peut espérer provoquer un “petit” accident nucléaire, par exemple en endommageant un entrepôt de combustible usé. Mais le risque de tirs est incalculable.
Les médias occidentaux jouent toutefois le jeu et accusent la Russie de tirer elle-même sur la centrale nucléaire sous contrôle russe. Le public occidental est préparé à un éventuel accident nucléaire et le coupable est – dans l’esprit de Kiev – déjà désigné à l’avance par les médias occidentaux. Pour Kiev, c’est un laissez-passer pour poursuivre sa folie.
(…) Celui qui veut mettre fin aux combats(…) doit veiller à ce que Kiev cesse de tirer sur la centrale nucléaire, sur des cibles civiles dans le Donbass et a fortiori sur le territoire russe. De telles actions obligent la partie russe à repousser davantage l’armée ukrainienne afin d’empêcher les tirs sur ces cibles.
L’Occident fait toutefois le contraire et fournit au contraire à Kiev des armes à la portée de plus en plus longue, qui permettent à Kiev de poursuivre ces tirs. La Russie a qualifié de ligne rouge les attaques sur son territoire et sur des cibles civiles, ce que Kiev considère sans doute comme une motivation pour mener précisément ces attaques.
(…) Qu’on le veuille ou non, la Russie considère la Crimée comme son territoire. Ces lignes rouges s’appliquent donc aussi et surtout à la Crimée. Si l’Occident voulait éviter une nouvelle escalade, il empêcherait Kiev de lancer des attaques contre la Crimée.
Or, c’est le contraire qui se produit. Une porte-parole du Pentagone a été interrogée à ce sujet il y a quelques jours et sa réponse a été claire :
“Il ne fait aucun doute que la politique américaine considère la Crimée comme ukrainienne. Je veux être claire sur ce point. Nous apportons notre soutien à l’Ukraine. Vous avez mentionné les HIMARS, mais les États-Unis transmettent également des informations de renseignement pour que l’Ukraine puisse défendre l’ensemble de son territoire”.
En clair, cela signifie que les Etats-Unis approuvent explicitement et soutiennent même les attaques ukrainiennes contre la Crimée.
Le fait que les Etats-Unis transmettent à l’Ukraine des données de reconnaissance, y compris des images satellites, en temps réel, a déjà été confirmé à plusieurs reprises aux Etats-Unis. Du point de vue du droit international, cela fait déjà des Etats-Unis une partie belligérante dans le conflit. De plus, les Etats-Unis ont le dernier mot en ce qui concerne le choix de la cible des lanceurs de missiles HIMARS, l’Ukraine ne tire pas avec ces armes sur une cible qui n’a pas été approuvée par les Etats-Unis.
Il existe différents missiles de portée variable pour les HIMARS. Officiellement, les Etats-Unis n’ont livré à l’Ukraine que des missiles d’une portée d’environ 80 kilomètres, mais dans le Donbass, on rapporte que des missiles HIMARS d’une portée maximale de 300 kilomètres seraient déjà arrivés en Ukraine. Jusqu’à présent, cela a été rejeté et contesté comme étant de la propagande russe.
Il est donc d’autant plus intéressant que ce soit justement le Spiegel qui écrive un long article sur les attaques ukrainiennes en Crimée :
“Les officiels ukrainiens et américains ont récemment démenti les livraisons de munitions d’artillerie à portée augmentée, mais avec prudence. Il pourrait par exemple s’agir d’artillerie à roquettes de type ATACMS, dont la portée peut atteindre 300 kilomètres. Les États-Unis avaient déjà livré en sous-main des missiles AGM-88 et des obus d’artillerie Excalibur, ce qui n’a été confirmé officiellement que plus tard”.
Les ATACMS sont les missiles HIMARS mentionnés, d’une portée de 300 kilomètres, et l’article du Spiegel fait état d’une explosion dans une base militaire russe en Crimée :
“Dans le cas de la base aérienne de Saki, même les experts ne savent pas si les explosions ont été provoquées par des troupes au sol ou par des missiles balistiques”.
Les missiles HIMARS sont difficiles à intercepter et constituent donc un problème pour la Russie. J’ai déjà écrit dans mon analyse sur les explosions en Crimée que je suppose que ces missiles ont également été utilisés à cette occasion. Le fait que ce soit justement le Spiegel qui le confirme – du moins prudemment – est remarquable.
Manifestement, les Etats-Unis aident Kiev à contraindre la Russie à une réaction militaire ferme en autorisant des attaques sur des cibles en Crimée qui représentent des lignes rouges pour la Russie.
(…) Après la réunification de la Crimée avec la Russie, cette dernière a construit à une vitesse record le pont de Crimée, qui relie la Russie à la Crimée. Le pont est traversé par une autoroute et une liaison ferroviaire. Ce pont est extrêmement important pour l’approvisionnement de la population de Crimée. Et d’ailleurs aussi pour la population des parties de l’Ukraine contrôlées par la Russie, car leur approvisionnement est assuré par des liaisons ferroviaires via la Crimée.
Les militaires ukrainiens affirment ouvertement que la “cible numéro 1” pour eux est le nouveau pont de Crimée. Une attaque contre le pont déclencherait certainement une réaction russe très violente. Le 11 août, le député ukrainien Alexeï Gontcharenko, membre du groupe parlementaire du parti de Porochenko, a déclaré sur Telegram avoir discuté dès le mois de juin avec le ministre britannique de la Défense Ben Wallace d’un plan de destruction du pont de Crimée. De telles discussions avec la participation active de la Grande-Bretagne, membre de l’OTAN, constitueraient à elles seules une nouvelle participation directe de l’OTAN à la guerre.
Dans l’article déjà cité, le Spiegel s’exprime également sur le pont de Crimée :
“En Crimée, les sirènes d’alerte aérienne hurlent presque tous les soirs, et le fait que le pont qui relie la Russie continentale et la Crimée explose n’est plus depuis longtemps un fantasme”.
(…) Il ne fait guère de doute que c’est Kiev qui a tiré sur la centrale nucléaire. C’est ce que montrent également les déclarations de Kiev, qui accusent tantôt la Russie d’avoir elle-même tiré sur la centrale nucléaire sous contrôle russe, mais qui déclarent ensuite ouvertement que la centrale nucléaire est une cible légitime pour Kiev parce qu’elle abriterait des armes russes.
Dans les médias russes, les déclarations de Kiev selon lesquelles la Russie se bombarde elle-même ne provoquent plus qu’un rire amer, car s’il est impossible de nier les tirs sur des cibles civiles à Donetsk, on prétend que la Russie tire sur ses propres civils ou largue elle-même des mines antipersonnel sur Donetsk, ce qui est contraire au droit international. Il en va de même pour la centrale nucléaire : la Russie se tire constamment dessus, c’est du moins ce qui est annoncé depuis Kiev et repris par les médias occidentaux.
Je vais énumérer ici – sans prétendre à l’exhaustivité – des exemples récents de tirs ukrainiens sur la centrale nucléaire de Zaporizhia. Le 13 août, neuf obus d’artillerie sont tombés dans la zone de la centrale nucléaire. Le 15 août, la ville d’Energodar, près de laquelle se trouve la centrale nucléaire, a été bombardée par l’artillerie pendant plus d’une heure. Des infrastructures civiles ont été endommagées et une explosion a eu lieu sur le site de la centrale nucléaire. Le 20 août, le site de la centrale nucléaire a été bombardé par de l’artillerie à longue portée livrée par l’Occident.
Le 20 août également, la Russie a donné des détails sur un incident survenu le 31 juillet. Ce jour-là, plusieurs soldats russes ont été hospitalisés dans un hôpital militaire dans la zone de la centrale nucléaire, présentant de graves symptômes d’intoxication. Le 20 août, l’armée russe a annoncé que les experts de l’Institut central de médecine militaire de Saint-Pétersbourg avaient détecté chez les soldats une toxine organique d’origine artificielle. Il s’agirait de la toxine botulique de sérotype B.
(…)
Certains
incidents en Crimée semblent être dus à des cellules dormantes qui sont
devenues actives en Crimée. Il s’agit de la stratégie Gladio,
développée par les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. A
l’époque, les Etats-Unis avaient mis en place des armées secrètes dans
tous les pays d’Europe de l’Ouest pour semer la terreur en cas de
besoin. Comme on le sait depuis 1990, elles ont été responsables des
plus graves attentats terroristes en Italie, auparavant attribués au
groupe terroriste des Brigades rouges.
C’est exactement le principe que Kiev semble appliquer en Ukraine – certainement avec l’aide de l’expérience de la CIA. Dans les régions contrôlées par la Russie, on assiste à des tentatives d’assassinat de fonctionnaires gouvernementaux pro-russes et de destruction de biens civils. Certains incidents en Crimée semblent également être le fait de telles cellules. Ces actions n’ont pas de but militaire, elles visent uniquement à répandre la terreur et la peur.
Il en va de même pour le lâche assassinat de la journaliste russe Darja Douguina, qui a sauté samedi avec une voiture piégée. Cela a provoqué une grande vague d’indignation en Russie et est depuis le sujet numéro 1 de tous les journaux télévisés. La pression sur le gouvernement russe pour qu’il réagisse en durcissant éventuellement sa position en Ukraine s’en trouve encore accrue.
Ce meurtre a également pour seul objectif de semer la terreur parmi tous ceux qui travaillent comme journalistes en Russie. Le fait que les journalistes russes dans le Donbass soient des cibles légitimes pour l’Ukraine n’est plus un secret depuis longtemps. Plusieurs journalistes ont déjà été blessés ou tués du côté russe, mais pas du côté ukrainien. C’est une preuve supplémentaire de la différence d’approche entre l’armée ukrainienne et l’armée russe : L’Ukraine tire délibérément sur les journalistes, pas la Russie. (…)
Jusqu’à présent, la Russie réagit avec retenue à tous ces incidents, bien que j’aie entendu, lors de discussions à Moscou, que tous les experts s’attendent à ce que la Russie réagisse prochainement par une riposte forte. J’avais déjà pressenti cette évolution fin juillet. Jusqu’à présent, la réaction russe dure n’a pas eu lieu, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne viendra pas.
La Russie est dos au mur, car elle est obligée de protéger son propre territoire contre les attaques ukrainiennes, sans parler des risques liés aux tirs sur la centrale nucléaire. Avec l’escalade délibérée à laquelle se livre l’Ukraine, et qui est manifestement soutenue par les Etats-Unis, la Russie est de plus en plus mise sous pression pour réagir durement.
Militairement, ces attaques ukrainiennes n’ont aucun sens, elles visent simplement à répandre la terreur et à irriter le gouvernement russe. On ne sait pas si, quand et comment la Russie réagira, mais une nouvelle escalade semble presque inévitable“.
+ Entraîner la Russie dans une guerre avec l’un des pays baltes?
Question inquiète de Scott Ritter:
“Il ne s’agit pas nécessairement d’une escalade militaire de la part des États-Unis et de l’OTAN.
Regardez ce que font les gouvernements de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie en ce qui concerne la langue russe et la démolition des monuments aux soldats soviétiques tombés pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela provoque une flambée des tensions ethniques dans les trois États baltes.
La Lituanie a essayé de bloquer Kaliningrad (deux fois) jusqu’à ce que l’UE ait un moment de bon sens et parvienne à y mettre un terme. Je ne sais pas combien de temps cela va durer.
Mon hypothèse cynique est qu’il s’agit de tentatives visant à entraîner la Russie dans une confrontation militaire avec l’un ou les trois pays. Il y a eu quelques gouttes de propagande sur le thème “si Poutine prend l’Ukraine, les États baltes seront les prochains” pour préparer la population à une nouvelle guerre en Europe. J’espère vraiment, vraiment, me tromper.
Pour donner raison à Scott Ritter, on remarquera aussi que, depuis une visite du Secrétaire d’Etat américain, les autorités de la province du Kosovo semblent vouloir raviver les tensions avec Belgrade.
“Comme pour l’Allemagne nazie après la bataille de Koursk en 1943, tout le monde sait que l’Ukraine a perdu”.
De Scott Ritter, toujours: (entretien avec Sputnik, le 20 août 2022)
“Scott Ritter, analyste militaire et ancien officier de renseignement du Corps des Marines des États-Unis, [nous ] a déclaré que la politique de l’OTAN consistant à donner à l’Ukraine des milliards de dollars d’armes qui sont rapidement détruites est “inefficace et contre-productive” tant du point de vue politique que de celui de la sécurité nationale. La première, et je pense la plus importante, est que l’Europe a mis en faillite sa propre capacité militaire en transférant des équipements militaires à l’Ukraine sans aucune restriction. Il devient clair pour tous que l’Ukraine est confrontée à une période très difficile sur le champ de bataille. Des armes sont fournies par l’Europe, par les États-Unis, par l’OTAN, et ces armes ne sont pas absorbées de manière cohérente par les forces armées ukrainiennes. Au lieu de cela, il est reçu et envoyé en urgence sur le front où il n’est pas utilisé efficacement et où il est de plus en plus détruit par les Russes. C’est très coûteux, très inefficace. Elle est préjudiciable non seulement à la capacité militaire de l’Ukraine, mais aussi aux pays qui fournissent l’équipement. De nombreux dirigeants politiques européens vont devoir faire face à des électeurs de plus en plus hostiles, exigeant des réponses sur les raisons pour lesquelles leurs dirigeants ont commis : a) un suicide économique en se joignant à un effort de sanctions qui a échoué ; b) une nouvelle faillite de la nation en dépouillant leurs propres arsenaux, les obligeant à dépenser de l’argent pour se réapprovisionner. C’est une proposition coûteuse. Et c) ils soutiennent ce qui est de plus en plus documenté comme un régime très corrompu et, franchement parlant, ignoble à Kiev. Ritter a noté comment le président ukrainien Volodymyr Zelensky “n’est plus considéré comme le sauveur” par les Occidentaux. “Il a notamment rappelé qu’un documentaire accablant de CBS sur le conflit a été partiellement retiré au début du mois après avoir révélé que quelque 70 % du matériel fourni à l’Ukraine n’atteint jamais le champ de bataille, soit parce que les Russes le détruisent, soit parce qu’il est vendu au marché noir. On peut également s’attendre à ce que les procès à venir à Marioupol fassent tomber les mythes occidentaux selon lesquels le Régiment Azov et d’autres unités néo-nazies sont tout sauf des fascistes. C’est aussi un régime qui est lié à une idéologie odieuse, l’ancienne idéologie de Stepan Bandera – une idéologie néonazie, d’extrême droite, ultra-nationaliste, responsable des meurtres de centaines de milliers de personnes pendant les années de la Seconde Guerre mondiale et la décennie suivante, des gens qui ont terrorisé, assassiné, violé des Russes ethniques à la suite du coup d’État de Maidan qui a eu lieu en 2014”, a noté Ritter.Ritter a rejeté l’idée que Berlin et Paris puissent continuer à envoyer des armes à Kiev au même rythme qu’ils l’ont fait. Dans ce domaine aussi, ils seront bientôt éclipsés par Washington : “Les équipements militaires ne sont pas produits en claquant des doigts. Il nécessite un processus budgétaire. Il nécessite une coordination minutieuse avec la base industrielle, et les équipements sont acquis sur plusieurs années. Ce que l’Europe a fait en fournissant cet équipement à l’Ukraine, c’est que d’un seul coup, en quelques mois, elle a pris des décennies d’achats militaires et les a transférés à l’Ukraine sans plan de remplacement. Vous ne pouvez pas simplement prendre le téléphone et dire “donnez-moi cent chars de plus”, “donnez-moi cent pièces d’artillerie de plus”. Ça ne marche pas comme ça. Ils ont littéralement détruit le tissu même de leur sécurité nationale en mettant à nu leur couverture sans aucun moyen de la remplacer. Ils se sont déjà ruinés. Il ne leur reste vraiment pas grand-chose à donner à l’Ukraine”, a-t-il expliqué. “Cela ne peut être résolu que politiquement” Ritter a déclaré que le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, est “hors de son niveau de compétence” lorsqu’il s’agit de commenter les affaires militaires, en particulier lorsqu’il fait des affirmations telles que “Cette guerre sera gagnée sur le champ de bataille. “M. Ritter a déclaré que l’Allemagne et la France, les deux principales nations de l’OTAN en Europe continentale, “paient un prix économique horrible” et un prix politique pour leurs efforts visant à ramener fermement les États-Unis dans le giron de l’OTAN, après quatre années de vacillation de l’ancien président américain Donald Trump.M. Ritter a rappelé que Berlin et Paris étaient également les principaux garants des accords de Minsk, qui étaient censés régler le conflit du Donbass dans le cadre de l’autonomie des régions russophones. Elles sont très exposées ici en termes de politique. Mais la réalité est la réalité. Et la réalité est que le cadre actuel de la sécurité européenne, dominé comme il l’est par les intérêts de la sécurité nationale américaine, n’est pas viable pour l’Europe”, a-t-il déclaré. “Ils paient un prix économique horrible et ils paieront probablement un prix politique. Certains de ces dirigeants qui sont au pouvoir aujourd’hui ne le seront plus dans les mois à venir, car leurs citoyens se lèvent par le biais du processus démocratique et les destituent pour incompétence et pour avoir mené de mauvaises politiques” “Le dernier problème est que la Russie possède en quelque sorte la notion de cadre de sécurité européen, l’ayant défini, ainsi que ses besoins et ses exigences, en décembre de l’année dernière, par le biais de deux projets de traités partagés avec l’OTAN et les États-Unis. Pour l’Allemagne et la France, poursuivre un nouveau cadre de sécurité européen signifierait qu’elles s’éloignent des États-Unis et se rapprochent de la Russie. C’est très difficile à faire sur le plan politique, aussi justifié que cela puisse être.” “Quelqu’un d’autre devra rechercher la paix pour eux” Ritter a déclaré que, comme pour la Seconde Guerre mondiale après la bataille de Koursk, tout le monde sait que l’Ukraine a perdu. La question est de savoir si le gouvernement de Kiev est capable ou non de faire la paix ; il prédit que non. “Ce sera une victoire en fonction de toutes les conditions préalables accomplies – démilitarisation, dé-nazification et retrait de l’OTAN de l’Ukraine. Je pense qu’il devient clair que l’on ne peut pas confier au régime actuel de l’Ukraine le soin de gouverner de manière responsable, et je pense que la Russie a intégré dans sa politique le fait qu’elle protégera les Russes ethniques à l’avenir, ce qui signifie qu’elle va probablement acquérir des territoires supplémentaires en Ukraine où vivent des Russes ethniques. Cela prend du temps. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Même si la Russie est en train de gagner la guerre, il y a toujours une armée ukrainienne très forte sur le terrain qui reçoit une aide militaire des États-Unis et de l’OTAN. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire”“.
Corsaires de l'information?
Le monde du journalisme d’investigation et de l’information sont en train d’être révolutionnés. Plongée, à titre d’exemple, dans le monde aux frontières incertaines où des enquêteurs indépendants coopèrent avec des hackers que les Occidentaux s’obstinent à voir comme de simples bras armés des services russes. Alors q’on a plutôt affaire à des “corsaires de l’information” – des pirates qui servent une cause, comme naguère Jean Bart ou Duguay-Trouin :
“L’équipe Rybar félicite le groupe de hackers Beregini pour sa puissante victoire commune : Le Kazakhstan a officiellement annoncé la suspension des exportations d’armes militaires à l’étranger jusqu’à la fin de 2023 après le scandale que nous avons créé.
Grâce à notre travail commun, il a été possible de prouver que les Kazakhs fournissaient activement des armes à l’Ukraine, soutenant ainsi une agression ouverte contre leur propre allié [russe] de l’OTSC.
Le gouvernement du Kazakhstan a dû annoncer une suspension complète des exportations d’armes à l’étranger pour compenser les conséquences du scandale.
Rappelons la chronologie de nos publications :
Le groupe de pirates informatiques Beregini a publié des informations sur des expéditions d’APC, d’ATGM et de munitions du Kazakhstan vers l’Ukraine, via des intermédiaires jordaniens, en vertu d’une commande du Royaume-Uni. Technoexport était le contractant.
Le ministère de l’industrie et du développement des infrastructures de la République du Kazakhstan a tenté de démentir ces informations, déclarant que la société “Technoexport” n’avait demandé aucune licence. Et il est hors de question qu’il n’y ait pas de livraisons.
L’équipe Rybar a publié un document confirmant directement les mensonges de la partie kazakhe. Technoexport possède toutes les licences pour fournir des équipements militaires inutilisés ou stockés. Et les licences sont fraîches.
L’équipe Rybar a trouvé la confirmation de la façon dont la société kazakhe Technoexport fournit des armes à l’Ukraine par le biais d’une entreprise jordanienne, Blue Water Supplies.
Le groupe de hackers Beregini a découvert que Technoexport n’est pas la seule entreprise impliquée. Par le biais d’une entreprise prétendument bulgare appartenant à des Ukrainiens, un accord a été conclu avec Kazspetsexport sur l’achat d’avions kazakhs Su-27, de moteurs d’avion et d’hélicoptères Mi-24. D’après les documents, ces produits devaient être livrés aux États-Unis, mais en fait, ils devaient finir en Ukraine...”
Zelenski mécontent : le pape François ne parle pas sous sa dictée
+ Durant son audience du mercredi 24 août, le pape François a dénoncé “la folie de la guerre.Je pense à cette pauvre fille [NDLR : Daria Douguine] soufflée par une bombe qui se trouvait sous le siège de sa voiture à Moscou. Les innocents paient pour la guerre. Et ceux qui gagnent de l’argent grâce à la guerre et au commerce des armes sont des criminels”
La pression du gouvernement ukrainien sur le Vatican se poursuit en silence. Le président ukrainien Zelensky souhaiterait que le pape vienne à Kiev, éventuellement avant le voyage du pontife au Kazakhstan (qui aura lieu le 13 septembre). Francis n’a pas pris sa décision. Il préférerait une mission à la fois à Kiev et à Moscou pour encourager les pourparlers de paix. C’est un bras de fer qui se déroule en coulisses depuis des mois. Le pape François est clair et direct dans sa solidarité avec le peuple ukrainien. Il a dénoncé les massacres et les souffrances infligés par l’armée russe au peuple ukrainien et a envoyé ses cardinaux pour apporter une aide humanitaire et exprimer sa proximité avec la douleur de cette nation.
Mais le pontife argentin ne souscrit pas à la ligne politique de Zelensky. François, qui a exhorté le patriarche russe à ne pas être “l’enfant de chœur” de Poutine, est tout aussi déterminé à ne pas être “l’aumônier de l’Occident”. Il l’a fait écrire noir sur blanc dans l’Osservatore Romano. Du point de vue du Vatican, Zelensky voudrait enrôler le pape sous la bannière d’un récit qui ne voit que l’Ukraine comme lésée (ce qui est tout à fait vrai), Poutine comme une bête démoniaque métaphysique, et la Russie comme un État à réduire à un état tel qu’une initiative militaire comme celle du 24 février ne pourra jamais se répéter (Lloyd Austin, secrétaire américain à la défense, dixit).
C’est le récit qui, avec de forts relents de marketing, circule dans les capitales de l’OTAN et de l’UE. Une partie de ce récit consiste à éliminer toute analyse de l'”avant”, c’est-à-dire des mouvements géopolitiques qui ont conduit à la guerre actuelle, et toute réflexion sur les effets qu’une guerre totale menée au bord du conflit nucléaire pourrait provoquer en Europe, en Asie et dans le monde.
François ne partage pas cette approche. Il est clairement hors du chœur. Comme hors du chœur, le grand nombre d’États qui représentent la majorité de la population de la planète et qui n’ont pas l’intention de se ranger du côté de la Russie ou de l’Occident. Parce qu’ils ne sont pas convaincus par un récit qui dépeint une tragédie internationale comme un film de western, dans lequel le shérif et ses hommes doivent exterminer la bande de méchants.
La guerre actuelle est un conflit entre l’Occident et la Russie et doit être évaluée comme telle. Le “système du petit chaperon rouge” doit être mis de côté”, a déclaré explicitement François en juin. Il est inutile de prétendre que l’OTAN ne s’est pas étendue dans les décennies qui ont suivi la fin de l’URSS, amenant le poids du bloc politico-militaire aux frontières de la Russie. Il est inutile de cacher que Washington, à l’époque de George W. Bush – dans les années du délire de toute-puissance qui a conduit les États-Unis à croire qu’ils pouvaient occuper l’Afghanistan et l’Irak en même temps – avait pensé à inclure l’Ukraine dans le système de l’OTAN. Il a été bloqué par l’Allemagne d’Angela Merkel, qui revendique toujours la justesse de son “non”, et par la France en 2008. Cependant, l’élan expansionniste se poursuit. L’Occident a commencé à “aboyer aux portes de la Russie”, se souvient Francis. Elle voulait oublier l’indication réaliste d’Henry Kissinger selon laquelle l’Ukraine devait être une zone neutre entre la Russie et l’Occident. En conséquence, la Russie a été géopolitiquement “encerclée et humiliée”, comme l’a immédiatement souligné l’historien Andrea Riccardi.
Rompre le charme de l’oubli, telle est la clarté du débat dans les milieux politiques ou militaires américains. “L’OTAN s’est établie dans l’espace qui, il y a 30 ans, appartenait à l’Union soviétique”, déclare sans passion Elbridge Colby, assistant adjoint du secrétaire à la Défense sous l’administration Trump. Tout cela ne justifie en rien la guerre infligée par Moscou à “l’Ukraine tourmentée”, selon les termes de François. Mais le Vatican ne perd jamais la vue d’ensemble d’une affaire à la fois historique et géopolitique.
Le dernier appel téléphonique entre Zelensky et François a été suivi d’un tweet du président ukrainien, déclarant que “notre peuple a besoin du soutien des chefs spirituels du monde, qui doivent transmettre au monde la vérité sur les actions horribles commises par l’agresseur en Ukraine”. C’est un tweet qui représente plastiquement les différents rivages sur lesquels se trouvent le Pape François et les politiciens de Kiev. Le Vatican n’aime pas qu’on lui dise ce que le pontife doit faire, tout comme il n’aime pas que les autorités de l’État ukrainien aient censuré à la télévision le chemin de croix du pape parce qu’il avait appelé à la paix entre Ukrainiens et Russes…
François a déjà dénoncé à plusieurs reprises les horreurs de l’invasion russe. Mais son point de vue va au-delà. Le pontife n’est pas d’accord avec une politique visant la “victoire”, aux contours indéfinis, qui se traduit par une escalade continue. Le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Parolin, a clairement indiqué à plusieurs reprises que la défense armée contre un agresseur est légitime, mais il a également répété qu’elle doit être “proportionnée”. En d’autres termes, une stratégie qui conduit à une spirale incontrôlable d’actions militaires de plus en plus dangereuses pour le monde entier est irresponsable.
Il n’échappe pas au Vatican que les actions de sabotage ukrainiennes sur le territoire russe (avec le temps, on saura si la tentative d’assassinat de la fille de l’idéologue panrusse Douguine en fait partie) semblent presque avoir pour objectif de pousser la Russie à faire un faux pas afin d’impliquer directement l’OTAN dans la guerre. Au printemps déjà, Zelensky a tenté d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du ciel ukrainien, mise en œuvre par les avions de l’OTAN. François veut une tentative sérieuse de parvenir à un cessez-le-feu. Zelensky a réaffirmé que les armes ne peuvent être réduites au silence que si la Russie se retire complètement de tous les territoires ukrainiens occupés (même la Crimée, qui a été annexée en 2014 et n’a jamais été ukrainienne dans son histoire, sa culture et sa tradition). C’est sur cette profonde divergence géopolitique que reposent les difficultés d’un voyage papal à Kiev sans une mission équivalente à Moscou. De son côté, Poutine est convaincu que sans un signal clair de Washington en faveur des négociations, il n’y a guère d’intérêt à traiter avec Zelensky.
En fin de compte, c’est Françoius qui décidera personnellement comment et quand bouger. Mais son idée que le temps est venu d’un nouvel ordre mondial, accepté par tous, reste inchangée.”
+ Sur 34 convois de grain qui ont quitté Odessa, un seul a eu pour destination l’Afrique! Le Pape est suffisamment à l’écoute de son pays natal et des pays non occidentaux pour ne pas prendre pour argent comptant tout ce que lui raconte Zelenski.
Le doute s'insinue dans les milieux dirigeants américains
Un article de Joshua C. Huminski directeur du Mike Rogers Center for Intelligence & Global Affairs at the Center for the Study of the Presidency & Congress.
Le 24 août marque le jour où le Conseil suprême de l’Ukraine a voté pour quitter l’Union soviétique en 1991. Cette fête de l’indépendance marquera également le sixième mois du début de l’invasion élargie du pays par la Russie. Le conflit est loin d’être terminé et son issue n’est pas plus claire qu’au début de la guerre.
Tant la Russie que l’Ukraine ont subi de lourdes pertes, les résultats de la première étant bien pires que prévu, et ceux de la seconde – avec le soutien massif de l’Occident – bien plus importants que prévu. Le soutien de l’Occident s’avère essentiel pour la défense soutenue de Kiev et les éventuelles contre-offensives futures – et pourrait bien être le pivot des perspectives à long terme de l’Ukraine.
En l’état actuel des choses, ni la Russie ni l’Ukraine ne semblent capables de remporter une victoire décisive sur le champ de bataille ou de créer des conditions favorables à Moscou ou à Kiev pour entamer des négociations. Il semblerait donc que l’issue la plus probable à court terme soit que la guerre en Ukraine s’arrête, mais qu’elle ne prenne pas fin. Il s’agit d’une distinction clé et importante. La facilité avec laquelle les termes “victoire” et “gain” sont utilisés dans les discussions populaires masque le fait qu’il est peu probable que l’une ou l’autre issue se produise au niveau opérationnel ou stratégique, certainement pas tant que la Russie est disposée à dépenser beaucoup de sang et de trésor pour atteindre ses objectifs et tant que l’Ukraine n’est pas disposée à renoncer à son indépendance.
Au niveau opérationnel, tant Moscou que Kiev semblent se diriger vers un état d’épuisement. Avec l’arrivée de l’hiver, on peut s’attendre à ce que les deux parties continuent à se battre, mais en adoptant une position défensive, en cherchant à se réarmer et à se regrouper, avant de chercher à reprendre le conflit au printemps. Ici, le problème le plus important, au-delà de l’approvisionnement et de l’unité de l’Ouest, était clairement le personnel. La nécessité de retirer le personnel ukrainien de la ligne de front, de lui offrir du repos et de la détente, de le former et de l’envoyer à l’avant est une question urgente pour le Royaume-Uni et ses formateurs, ainsi que pour d’autres. L’Occident peut fournir toute l’aide du monde, mais ne peut pas créer plus d’Ukrainiens.
À un niveau politique et plus stratégique, il est peu probable que la Russie, sous la direction du président Vladimir Poutine, se rétracte ou revienne sur son point de vue selon lequel l’Ukraine fait inextricablement partie de la Russie. L’Ukraine, pour sa part, n’abandonnera pas (et ne devrait pas abandonner) son indépendance politique et territoriale. La force imparable de la Russie rencontre l’objet inamovible de l’Ukraine.
Il est de plus en plus difficile de maintenir l’unité de l’Europe et de ses alliés dans les conditions actuelles en raison de facteurs multiples et interdépendants. Chaque partie semble avoir une définition différente d’un résultat satisfaisant. Pour les États-Unis et le Royaume-Uni, il s’agit de ce que Kiev définit pour lui-même. Pour les États baltes, qui ont depuis longtemps mis en garde contre les ambitions territoriales de la Russie, rien de moins qu’une défaite catastrophique n’est acceptable (quelle que soit la forme qu’elle prenne dans la pratique). La France et l’Allemagne semblent désireuses de résoudre la situation rapidement et diplomatiquement et sont plus enclines à éviter une défaite humiliante pour Poutine et la Russie.
Et ce, avant même que les complexités et les dynamiques individuelles n’apparaissent. Bien qu’il soit beaucoup trop tôt pour dire comment l’hiver se manifestera en Europe, s’il s’avère être une saison froide et rude, la pression pour réengager l’énergie russe pourrait devenir significative.
L’Allemagne, en raison de son découplage énergétique avec Moscou, s’est engagée sur la voie de la récession économique. La volonté de Berlin d’encourir et de supporter une telle douleur économique à un moment où elle était déjà sceptique quant au soutien de l’Occident à l’Ukraine pourrait s’avérer de plus en plus intenable. Les élections italiennes de septembre pourraient bien être un indicateur de l’évolution de la situation en Europe. La Turquie, pour sa part (et malgré les récents commentaires du président Recep Tayyip Erdoğan sur la Crimée), tente de se présenter comme une partie neutre en quelque sorte, en recherchant une solution diplomatique et en maintenant des relations avec la Russie (en aidant éventuellement Moscou à échapper aux sanctions), tout en fournissant des armes à Kiev. Aux États-Unis, les prochaines élections de mi-mandat pourraient donner lieu à un changement de pouvoir politique au sein du Congrès, balayant les républicains sceptiques quant au soutien à Kiev, et présageant un changement politique plus large avant l’élection présidentielle de 2024.
Tout aussi important, si le conflit s’arrête effectivement, mais ne prend pas fin, dans quelle mesure l’unité occidentale est-elle durable ? Si le conflit adopte une apparence similaire à celle qui a suivi l’annexion de la Crimée et du Donbas par la Russie en 2014, dans quelle mesure l’Occident sera-t-il disposé à continuer à fournir des armes et des munitions ? Le maintien de cette unité à long terme s’avérera difficile compte tenu de la dynamique interne des États-nations, mais aussi de la nature “gelée” du conflit.
C’est ce que certains analystes soupçonnent Poutine d’espérer : faire traîner le conflit aussi longtemps que possible pour créer et exploiter des failles dans le soutien de l’Occident à l’Ukraine. Plus le conflit s’éternise, plus son coût politique et économique est élevé et plus d’autres problèmes plus urgents apparaissent, plus il est probable que la Russie atteigne ses objectifs (quelle que soit la façon dont elle les définit face à la pression ukrainienne), quel qu’en soit le coût. En effet, Moscou a récemment exclu la possibilité d’un accord de paix pour mettre fin à la guerre.
Pouvons-nous discuter honnêtement de nos Pères fondateurs, au lieu de les annuler ?
La religion sur la place publique
Ces
tendances devraient susciter des discussions plus approfondies sur les
objectifs de l’Occident en matière de soutien à l’Ukraine et sur ce que
pourrait être une issue acceptable. Il ne s’agit pas de “gagner” ou de
“vaincre” en Ukraine, mais de savoir quelle est l’issue militairement
réalisable et politiquement acceptable pour Kiev et l’Occident. Un
conflit sans fin conduira certainement à l’érosion du soutien occidental
à la guerre, surtout si d’autres pressions se font sentir. La gestion
des attentes au niveau politique est un précurseur de la gestion des
attentes de l’opinion publique dans les pays qui fournissent un soutien
essentiel à l’Ukraine.
Cela est d’autant plus important que le conflit se poursuit au-delà de la capacité d’attention de 240 caractères de la plupart des citoyens (et des politiciens), au-delà des six mois de combat jusqu’à présent et bien au-delà de 2023. En effet, si l’on se fie à 2014, l’Occident sera-t-il prêt à soutenir l’Ukraine pendant les huit prochaines années, voire plus ?”
+ On notera qu’une résolution non contraignante présentée par l’Ukraine mercredi 24 août pour condamner la Russie n’a reçu que 58 soutiens sur 193 Etats souverains représentés à l’ONU. Pour un texte similaire en mars, ils avaient été 141 Etats.
+ La Russie devrait exporter cette année, en particulier vers l’Afrique, un record de 56 millions de tonnes de blé.
L'aile gauche du SPD fait pression sur Scholz pour une négociation réaliste avec la Russie
Selon France 24: Panique sur le marché de l’énergie en Europe. Les prix français de l’électricité ont dépassé 1.000 euros le mégawattheure (MWh) vendredi 26 août, alors qu’ils atteignaient environ 85 euros/MWh il y a un an. Pour décembre prochain spécifiquement, le mégawattheure d’électricité française s’échange déjà à plus de 1.600 euros, un niveau extraordinairement élevé. Tous les pays européens sont frappés par cette envolée notamment l’Allemagne, avec des prix qui dépassaient vendredi 850 euros contre 85 euros/MWh il y a un an. La République tchèque n’est pas en reste : son Premier ministre a annoncé vendredi que son pays convoquerait une réunion de crise.
Cette situation résonne avec les mots d’Emmanuel Macron, qui a appelé mercredi à l'”unité” et a prôné la “sobriété énergétique” devant la fin de “l’abondance”. Dans ce contexte, les marchés ne sont pas les seuls à s’affoler : des dizaines de milliers de clients migrent de fournisseurs privés d’électricité vers l’énergéticien public, EDF, et son tarif fixe. Mais compte tenu de cette explosion des prix de l’électricité, la facture pourrait être salée pour les consommateurs, y compris pour les détenteurs d’un tarif réglementé.
+ Les voix se multiplient au Parlement allemand, à commencer par le parti d’Olaf Scholz lui-même, pour demander un “ralentissement” des livraisons d’armes à l’Ukraine et même une négociation avec la Russie.
Le magazine Der Spiegel s’en étrangle:
“Des milliards pour l’armée allemande, le découplage de la Russie, des armes lourdes pour Kiev – ce que le chancelier allemand a inscrit au printemps dans le cadre du changement d’époque face à la guerre en Ukraine a eu du mal à passer pour beaucoup au sein du SPD. Le désarmement et la politique de détente avaient déterminé le cours du parti pendant des décennies.
Certains
membres du SPD ne veulent pas accepter que tout soit désormais
différent. Un groupe de la gauche du parti a rédigé un appel dans lequel
il demande une offensive diplomatique afin de stopper la guerre. Titre :
“Les armes doivent se taire” !
Parmi les signataires
figurent plusieurs députés du Bundestag, du Parlement européen et des
Länder, ainsi que l’ancien chef du gouvernement de Brême Carsten Sieling
ou le maire de Dortmund Thomas Westphal. Le document a été présenté au
SPIEGEL.
“Une poursuite de la guerre n’aura pour conséquence que davantage de morts et de destructions”, écrivent les auteurs. “Nous avons besoin d’un cessez-le-feu le plus rapide possible comme point de départ pour des négociations de paix globales”.
Certes, une amélioration fondamentale des relations avec la Russie ne sera possible que dans une “ère post-Poutine”. “Mais en attendant, il faut trouver avec le gouvernement russe, sur la base de la reconnaissance de réalités qui ne plaisent pas, un modus vivendi qui exclut une nouvelle escalade de la guerre”. A la fin, “il devra y avoir un accord entre l’Ukraine et la Russie”.
Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral avait toujours exclu une “paix dictée” par la Russie et indiqué qu’il ne voulait pas donner de directives à Kiev. C’est à l’Ukraine de décider dans quelles conditions elle négocie avec la Russie.
Les troupes russes occupent actuellement de grandes parties de l’est et du sud de l’Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Selenskyj a réaffirmé mercredi l’objectif de libérer l’ensemble du pays.
Si l’on en croit la gauche du SPD, l’UE et ses États membres devraient désormais intensifier leurs efforts diplomatiques. Les échanges avec plusieurs pays devraient être intensifiés “afin de les convaincre de jouer un rôle de médiateur entre les belligérants”, peut-on lire dans le document. Les auteurs citent explicitement la Chine, qui entretient des liens étroits avec Moscou.
Dans l’appel, les camarades mettent en garde contre la livraison de matériel de guerre lourd à l’Ukraine et évoquent le risque d’une guerre nucléaire. “La spirale de l’escalade doit être stoppée”, écrivent-ils, “c’est pourquoi il convient de peser soigneusement chaque livraison d’armes et de réfléchir à la ‘ligne rouge’ qui pourrait être perçue comme une entrée en guerre et provoquer les réactions correspondantes”. La mise en place de zones d’exclusion aérienne, la livraison de chars de combat ou d’avions de combat “franchiraient certainement cette ligne”.
Les signataires sont ainsi en contradiction ouverte avec certaines composantes du parti qui poussent plutôt à un soutien militaire accru de l’Ukraine. La semaine dernière, le “Monsieur Défense” du SPD Kristian Klinck et deux autres députés de la coalition “feu tricolore” (rouge jaune verte) au pouvoir ont plaidé dans une tribune du SPIEGEL pour une “augmentation significative” des livraisons d’armes allemandes à Kiev, même au détriment de la Bundeswehr. Il faut s’attendre à ce que le conflit dure encore longtemps.
Selon les auteurs de l’appel à la paix, il faut plutôt “un nouveau départ pour une politique de détente globale”. La sécurité et la paix “ne peuvent pas s’armer mutuellement”. Ils sont “sceptiques, voire opposés” aux plans de réarmement“.
Extraits de l’entretien accordé par Vaclav Klaus à Seznam Zpravy: :
“Le fait que nous ayons une inflation énorme et des augmentations énormes des prix de l’énergie était déjà en place bien avant le 24 février. Nous l’avons provoqué, l’Ouest l’a provoqué lui-même. L’invasion russe n’était qu’un ajout. (…)
Si nous nous débarrassons de notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, nous serons indépendants sur le plan énergétique, mais notre économie cessera de fonctionner. Méfiez-vous de ces affirmations fortes. Nous n’avons nulle part où obtenir des ressources énergétiques très rapidement, et encore moins à des prix abordables pour nos consommateurs. (…)
La Russie est un fournisseur majeur, mais le marché mondial de l’énergie n’est pas un marché russe, la Russie n’est qu’un des acteurs. Et il y a un certain nombre d’autres raisons pour lesquelles les prix évoluent comme ils le font. Et je ne comprends pas pourquoi la cause numéro un n’est pas mentionnée – les fanfaronnades vertes et la soi-disant lutte contre le changement climatique et le contrat vert de l’UE, qui sont une cause majeure de la hausse des prix. (…)
Nous vivons un gigantesque désordre économique, qui est l’inflation. Et tant que nous ne nous en débarrasserons pas, ces prix continueront à augmenter. (…)
Je dis qu’il faut trouver une solution, qu’il ne suffira pas que les représentants de l’Ukraine et de la Russie se rencontrent, mais qu’il est nécessaire que l’Occident, en particulier l’Amérique, commence à négocier avec la Russie. Toute personne un peu réfléchie doit le savoir. Cherchons des solutions, ça va être de pire en pire. Ils doivent arrêter de tirer et commencer à négocier. (…)
Il a toujours été nécessaire de parler à la Russie et je n’ai jamais été un porte-parole extrême à ce sujet. (…)“
Et quand la journaliste lui demande: Cela ne vous gêne-t-il pas d’être considéré comme la voix de la Russie de Poutine ?, l'”ancien président tchèque répond: “Seul un idiot pourrait dire ça. Et de ce point de vue, je ne peux pas être offensé par une telle déclaration“.
+ La ville de La Haye fait savoir que si elle doit se passer du gaz russe elle n’a pas trouvé de fournisseur de remplacement. La Bulgarie souhaite reprendre des négociations avec Gazprom.
+ Après avoir quitté la Russie, l’entreprise IKEA s’y réinstalle!
Le grand basculement géopolitique expliqué par M.K.Bhadrakumar
L’Iran est en train de briser un demi-siècle d’étau américain grâce à la Russie…. et à l’Arabie Saoudite
“La nouvelle qui a fait la une aujourd’hui est que l’administration Biden s’est peut-être rapprochée de la reprise de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran. Pendant ce temps, il a échappé à l’attention que le ministre iranien du pétrole, Javad Owji, a déclaré un jour plus tôt à Téhéran, à la suite d’une réunion avec Igor Levitin, le principal collaborateur du président russe Vladimir Poutine, que les deux pays ont finalisé leurs discussions sur “l’achat et l’échange de gaz” et qu’un contrat va être signé à Moscou.
M. Owji a révélé que l’Iran et la Russie négociaient un protocole d’accord pour le développement de 14 autres champs pétroliers et gaziers iraniens, en plus des sept pour lesquels des contrats existent déjà, comme décidé en juillet dans un précédent protocole d’accord, selon lequel la Russie a accepté d’investir 40 milliards de dollars dans l’industrie pétrolière iranienne. Les points forts du protocole d’accord de juillet comprenaient le développement des champs gaziers iraniens de Kish et de North Pars et de six champs pétroliers, ainsi que la réalisation de projets de GNL – et, surtout, l’échange de gaz et de produits pétroliers, et la construction de gazoducs de transfert.
M. Owji a ajouté que la commission économique mixte Iran-Russie se réunira à Moscou au cours des deux prochains mois pour poursuivre les discussions sur l’expansion de la coopération dans les domaines de l’énergie, des transports et du commerce, entre autres.
Un discours occidental s’est répandu selon lequel la Russie s’oppose à l’accord nucléaire irano-américain, car l’Iran remplacera le pétrole russe sur le lucratif marché européen et, ce faisant, fera baisser le prix élevé du pétrole en inondant le marché mondial de sa production accrue de pétrole, ce qui érodera les revenus de Moscou provenant des exportations de pétrole, le pilier de son économie.
En réalité, il n’y a pas de contradiction en ce qui concerne l’Iran et la Russie. Les experts s’accordent à dire que l’on est loin d’une situation où l’Iran remplacerait complètement le pétrole russe sur le marché mondial de l’énergie. Il est concevable que l’Iran puisse augmenter sa production de 900.000 barils par jour dans les trois mois suivant l’assouplissement des sanctions et qu’il puisse pomper près de sa pleine capacité d’environ 3,7 millions de barils par jour dans les six mois.
Selon Goldman Sachs, même si un accord était conclu, l’Iran aurait besoin d’environ 12 mois pour augmenter complètement sa production de pétrole. La banque estime également que l’Iran augmenterait sa production à 3,7 millions de barils par jour, mais que la reprise des exportations prendrait probablement plusieurs mois. Au mieux, le retour de l’Iran sur le marché aura un effet temporaire à court terme, car une partie du pétrole iranien est déjà disponible sur le marché. (…)
Trois facteurs clés entrent en jeu ici. Premièrement, les attentes doivent être tempérées, étant donné que l’entente entre la Russie et l’Iran n’a jamais été aussi bonne et qu’il est difficile d’imaginer Téhéran défier les intérêts fondamentaux de la Russie dans les conditions géopolitiques actuelles – sans parler de la collaboration avec une entreprise occidentale.
L’Iran comprend que toute amélioration significative de ses relations avec l’Europe ou les États-Unis sera un travail de longue haleine, alors que d’autre part, la durée de vie d’un accord nucléaire pourrait s’avérer limitée, puisque tous les paris sont ouverts dans la politique américaine au-delà de 2024. Pour le marché européen de l’énergie également, l’époque actuelle est une période de transition vers les énergies vertes.
Compte tenu de ces paramètres, l’Iran intensifie rapidement sa coopération économique avec la Russie, l’énergie et les transports étant les deux principales plaques tournantes. L’Iran a annoncé mardi que le système de paiement rial contre rouble a commencé à fonctionner et qu’il est géré par le système Mir de la Banque centrale russe. Le mois dernier, la Bourse de Téhéran a lancé les transactions en rial contre rouble. L’intention stratégique est clairement de contourner le système financier mondial dominé par les États-Unis.
Deuxièmement, il est fort possible que l’Iran augmente ses exportations de pétrole vers l’Europe par le biais d’un mécanisme de “swap” avec la Russie. Un accord d’échange est tout à fait viable : le pétrole russe répond aux besoins des régions iraniennes du nord de la Caspienne, tandis que l’Iran exporte (pour le compte de la Russie) le surplus de pétrole libéré pour répondre à ses besoins internes. Les responsables russes et iraniens ont développé l’idée d’un accord d'”échange”.
Aujourd’hui, étant donné que leur système de paiement ne fait plus partie du système SWIFT et du commerce du dollar, les personnes extérieures ne peuvent que s’interroger sur un éventuel accord d’échange russo-iranien. L’UE n’est pas en mesure de rejeter le pétrole iranien. Encore une fois, le pétrole iranien présent sur le marché aujourd’hui est presque entièrement sous forme de mélanges, qui sont souvent transportés par des pétroliers d’autres États.
Troisièmement, l’Iran a une convergence d’intérêts avec la Russie (et avec l’Arabie saoudite) en ce qui concerne les prix sur le marché mondial. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’Iran ne rejoigne l’OPEP+ (l’alliance pétrolière dont le noyau est constitué par l’Arabie saoudite et la Russie) sous une forme ou une autre.
L’Arabie saoudite s’aligne de plus en plus sur la Russie plutôt que sur les États-Unis sur la scène mondiale. Et tous deux ont besoin de prix du pétrole plus élevés. Le ministre saoudien du pétrole, le prince Abulaziz bin Salman, a récemment évoqué le “cercle vicieux auto-entretenu d’une liquidité très mince et d’une volatilité extrême des prix” sur les marchés pétroliers, et la façon dont il a été “amplifié par le flux d’histoires non fondées sur la destruction de la demande, les nouvelles récurrentes sur le retour de grands volumes d’approvisionnement, et l’ambiguïté et l’incertitude sur les impacts potentiels des plafonds de prix, des embargos et des sanctions”.
Le prince saoudien faisait allusion à l’intervention effrénée de l’administration Biden sur les marchés pétroliers. Du point de vue saoudien, les politiques du président Biden axées sur le climat ont contrarié les investissements en amont depuis son entrée en fonction au début de 2020. (…)
Les remarques du prince saoudien ont été encore plus éloquentes lorsqu’il a été interrogé par Bloomberg sur l’avenir de l’OPEP+. Il a déclaré dans une réponse écrite :
“Au sein de l’OPEP+, nous avons connu un environnement beaucoup plus difficile par le passé et nous en sommes sortis plus forts et plus soudés que jamais. L’OPEP+ a l’engagement, la flexibilité et les moyens, dans le cadre des mécanismes existants de la Déclaration de coopération, de faire face à de tels défis et de fournir des orientations, y compris la réduction de la production à tout moment et sous différentes formes, comme cela a été clairement et à plusieurs reprises démontré en 2020 et 2021 “.
“Bientôt, nous allons commencer à travailler sur un nouvel accord au-delà de 2022 qui s’appuiera sur nos expériences, réalisations et succès précédents. Nous sommes déterminés à rendre le nouvel accord plus efficace qu’auparavant. Le fait d’assister à cette récente volatilité néfaste qui perturbe les fonctions de base du marché et sape la stabilité des marchés pétroliers ne fera que renforcer notre détermination.”
En clair, Riyad, l’un des principaux régulateurs du marché mondial du pétrole, prévoit de maintenir, voire d’accroître, les restrictions sur la production et l’offre totale de pétrole pour le marché mondial et, à cette fin, œuvrera en faveur d’un nouvel accord OPEP+, qui limite la production des pays participants.
Les implications sont les suivantes : premièrement, la Russie peut considérer que ses revenus provenant des exportations de pétrole sont relativement protégés dans un avenir prévisible ; deuxièmement, si un nouvel accord OPEP+ est élaboré pour le rendre “plus efficace qu’auparavant”, l’Iran devra vraisemblablement y être associé. Du point de vue de l’Iran également, il sera souhaitable de faire partie du cartel de l’OPEP+ avec la Russie et l’Arabie saoudite.
Fondamentalement, les Saoudiens comprennent que l’éviction de la Russie des marchés asiatiques ne peut avoir lieu, étant donné les positions de la Chine et de l’Inde. En d’autres termes, toute augmentation de la présence du pétrole du Golfe en Europe se fera d’elle-même, car les approvisionnements russes se tournent vers l’est – et il n’y a donc aucune raison de ruiner l’OPEP+ avec la Russie. Le ministre du pétrole, le prince Abulaziz bin Salman, a été très clair à ce sujet.
Il ne faut donc pas s’attendre à une baisse significative des prix mondiaux en raison de la croissance de la production en Iran. L’Arabie saoudite et l’Iran se soucient avant tout du bien-être de leurs États, c’est pourquoi leur position sera formulée de manière à ce que les prix actuels restent confortables et que leurs entreprises continuent à augmenter leurs bénéfices trimestriels.
L’OPEP+ a été l’idée du président Vladimir Poutine et du prince héritier saoudien, Mohammed bin Sultan, un dimanche à Hangzhou, en Chine, il y a six ans (voir mon article Pay heed to the butterfly effect of Putin-Salman oil deal in Hangzhou, Asia Times, 7 septembre 2016)”.
La position de Zelenski est de plus en plus fragile
“En lisant et en relisant la déclaration faite lundi dernier par le président américain Joe Biden à l’occasion de la fête de l’indépendance de l’Ukraine, on se souvient du vers immortel du poète anglais John Keats : “Les mélodies entendues sont douces, mais celles qui ne sont pas entendues le sont encore plus”. Trois choses sont frappantes.
Biden a invoqué à plusieurs reprises la nature durable de la relation entre les États-Unis et le peuple ukrainien. Mais dans toute sa déclaration, il n’a pas mentionné une seule fois le gouvernement ukrainien ou la direction du président Volodymyr Zelensky. Une omission négligente ?
Deuxièmement, Biden a sous-estimé au point de l’ignorer l’intense partenariat entre les États-Unis et l’Ukraine au niveau de l’État. Le régime de Kiev est impensable sans un solide soutien américain. Troisièmement, et c’est le plus important, M. Biden n’a pas parlé de la guerre en tant que telle, qui se trouve actuellement à un stade décisif.
Pas plus tard que le 18 août, vingt éminents professionnels américains de la sécurité nationale ont exhorté l’administration Biden à “produire un récit stratégique satisfaisant qui permette aux gouvernements de maintenir le soutien de l’opinion publique à l’engagement de l’OTAN sur le long terme… (et) d’agir plus rapidement et stratégiquement pour répondre aux demandes ukrainiennes de systèmes d’armes”.
Mais Biden a soigneusement éludé tout cela. Même lorsqu’il a parlé de la dernière tranche d’armes pour l’Ukraine, d’une valeur de 2,98 milliards de dollars, Biden a exprimé l’espoir que les systèmes d’armes puissent garantir que l’Ukraine “puisse continuer à se défendre sur le long terme.” (C’est nous qui soulignons.)
Les analystes américains estiment que le paquet d’armes de 2,98 milliards de dollars est radicalement différent dans son mécanisme de dispensation. Ainsi, alors que l’aide militaire était jusqu’à présent puisée dans les stocks préexistants d’armements et d’équipements américains, cette fois-ci, le paquet d’aide sera acheté ou commandé à des entrepreneurs de la défense.
John Kirby, le porte-parole du Conseil national de sécurité, a admis devant les journalistes qu’une partie de l’aide du dernier paquet pourrait être distribuée plus lentement que d’autres parties du paquet, en fonction des stocks actuels des entrepreneurs de la défense. Il a vaguement déclaré : “Cela va dépendre, très franchement, de l’article dont nous parlons. Certaines choses auront probablement encore besoin d’un certain temps de production pour être développées.”
En fait, le complexe militaro-industriel a peut-être plus à célébrer dans l’annonce de Biden que Zelensky. L’administration Biden s’éloigne de l’épuisement des stocks actuels des États-Unis, comme le font également les alliés européens.
Selon Mark Cancian, conseiller principal, Programme de sécurité internationale au CSIS, le dernier paquet de 2,98 milliards de dollars de Biden “soutiendra l’armée ukrainienne à long terme, mais il faudra des mois, voire des années, pour le mettre pleinement en œuvre… Ainsi, ce (paquet) soutiendra l’armée ukrainienne à long terme, probablement après la guerre, plutôt que d’augmenter ses capacités à court ou moyen terme…
“Cela signifie que la capacité des États-Unis à fournir rapidement des équipements pourrait diminuer… L’administration pourrait devoir demander plus d’argent au Congrès prochainement. Bien que le consensus bipartisan pour le soutien à l’Ukraine reste fort, il pourrait y avoir un combat avec la gauche progressiste et la droite isolationniste sur la sagesse d’envoyer de l’argent à l’étranger alors qu’il y a des besoins pressants chez nous.”
Ce sont presque les mêmes dilemmes auxquels sont confrontés les alliés européens des États-Unis. Le prestigieux think tank allemand, l’Institut Kiel pour l’économie mondiale, a rapporté la semaine dernière : “Le flux de nouveaux soutiens internationaux à l’Ukraine s’est tari en juillet. Aucun grand pays de l’UE, comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, n’a fait de nouvelles promesses significatives.”
La Commission européenne fait pression pour que l’Ukraine reçoive des aides plus importantes et plus régulières, mais l’enthousiasme fait défaut au niveau des pays membres : “Les grands pays de l’UE comme la France, l’Espagne ou l’Italie ont jusqu’à présent fourni très peu de soutien ou restent très opaques quant à leur aide.”
L’affaiblissement du soutien interne est le principal facteur. Même en Pologne, il y a une “fatigue des réfugiés”. L’inflation est la préoccupation majeure de l’opinion publique. Le magazine allemand Spiegel a rapporté que le chancelier Olaf Scholz est confronté à des dissensions dans les rangs de son propre parti, de la part de ceux qui veulent que Berlin cesse de fournir des armes à Kiev et souhaitent au contraire que le chancelier engage un dialogue avec la Russie.
Jeudi, le chancelier Scholz a fait une remarque importante lors d’un événement public à Magdebourg : Berlin ne fournira pas à Kiev des armes qui pourraient être utilisées pour attaquer la Russie. M. Scholz a expliqué que l’objectif de Berlin en envoyant des armes est de “soutenir l’Ukraine” et “d’empêcher une escalade de la guerre vers quelque chose qui serait très différent.” Il a dit qu’il se faisait l’écho de la pensée de Biden.
En effet, si d’une part, les États-Unis continuent d’exercer une pression militaire sur la Russie, dans l’espoir de briser la résistance de leur adversaire stratégique de longue date, d’autre part, au cours des deux derniers mois, Washington a signalé à plusieurs reprises qu’il ne cherchait pas la victoire, mais une solution définitive au problème ukrainien par le biais de négociations pacifiques.
Comme en Allemagne, il existe une énorme pression anti-guerre aux États-Unis également, en particulier au sein du parti démocrate et de l’élite universitaire, ainsi que parmi les hauts fonctionnaires et les cadres d’entreprise à la retraite, qui demandent à l’administration de cesser d’attiser les tensions autour de l’Ukraine. si les démocrates perdent les élections de mi-mandat, ou si les républicains arrivent au pouvoir en 2024, alors la guerre pourrait prendre une tournure fondamentalement différente. Au fil du temps, il est fort probable que des changements similaires se produisent également en Europe.
Déjà, la diminution constante de l’intensité de l’impact des sanctions européennes et américaines contre la Russie parle d’elle-même. The Economist, qui est un critique virulent du Kremlin, a admis cette semaine que le coup de grâce attendu des restrictions anti-russes “ne s’est pas matérialisé.” Le magazine écrit : “Les ventes d’énergie vont générer un excédent de la balance courante de 265 milliards de dollars cette année (pour la Russie), le deuxième plus important au monde après la Chine. Après une crise, le système financier russe s’est stabilisé et le pays trouve de nouveaux fournisseurs pour certaines importations, notamment la Chine.”
Sur une note plus sombre, The Economist écrit : “Le moment unipolaire des années 1990, où la suprématie de l’Amérique était incontestée, est révolu depuis longtemps, et l’appétit de l’Occident pour le recours à la force militaire s’est émoussé depuis les guerres en Irak et en Afghanistan.”
Encore une fois, sur le plan international, le soutien à l’Ukraine en dehors du bloc occidental a chuté de façon spectaculaire au cours des derniers mois. La proposition de Kiev, mercredi, de condamner la Russie n’a reçu le soutien que de 58 des 193 États membres des Nations unies, alors que, lors de la session de l’Assemblée générale des Nations unies du 2 mars, 141 pays membres avaient voté en faveur d’une résolution non contraignante condamnant Moscou.
De même, la couche de téflon de Zelensky s’écaille. Sa toxicomanie est visible au grand jour. Le régime vacille, comme le montre la vague de purges dans l’establishment sécuritaire ukrainien. Selon le président turc Recep Erdogan, qui a récemment rencontré Zelensky à Lvov, ce dernier semblait peu sûr de lui et ne savait pas s’il était pleinement informé de la situation sur le terrain.
Le comportement erratique de Zelensky n’est pas non plus très sympathique. Le Pape François est la dernière figure en date à être réprimandée par Kiev – parce que le Pontife a fait remarquer que Darya Dugina était “innocente”. L’ambassadeur du Vatican a été convoqué au ministère des affaires étrangères pour recevoir la protestation de Kiev.
Le quotidien allemand Handelsblatt a écrit aujourd’hui que la “cohésion interne” du gouvernement ukrainien “est en danger. De graves allégations pèsent sur le président… À l’intérieur, le président ukrainien, célébré à l’étranger comme un héros de guerre, est sous pression… Le comédien est devenu un chef de guerre… Jusqu’à présent, l’homme de 44 ans a pu échanger et agir librement avec son équipe, composée en partie de collègues de sa société de production télévisuelle. Mais le délai de grâce semble maintenant avoir expiré”. Le quotidien prévoyait un bouleversement politique imminent d’ici l’hiver.
Biden a soigneusement pris ses distances avec le régime de Kiev et s’est concentré sur les relations interpersonnelles. Même si les Américains connaissent les couloirs byzantins du pouvoir à Kiev, ils ne peuvent pas se permettre d’être explicites comme l’ancien président russe Dmitri Medvedev qui a prédit la semaine dernière que les militaires ukrainiens pourraient organiser un coup d’État et entamer des pourparlers de paix avec la Russie“.
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