Cette publication avait fait parler d’elle dans les milieux scientifiques en raison de la dangerosité de cette manipulation et du double usage qui peut en être fait, à savoir l’amélioration du vaccin contre la variole et la création artificielle d’un virus de la variole. Le premier objectif passe par le second, au moins en créant un « bout » de virus. Grâce à la biologie de synthèse, il a été possible d’établir des fragments d’ADN de la variole du cheval (horsepox). La plupart des pays occidentaux communiquent sur les dangers d’une attaque terroriste utilisant des agents pathogènes comme la variole et financent des recherches sur ces pathogènes sous couvert de santé publique. Ces recherches sont loin d’être toutes pacifiques.
Nous avons évoqué dans un article précédent la possibilité d’utilisation d’une technique de biologie moléculaire qui permet de synthétiser les séquences d’ADN d’un virus : la TAR (transformation-associated recombination).
Cette technique utilisée sur de longues séquences permet tout simplement de recréer des virus pathogènes. C’est ce qu’à réaliser une équipe nord-américaine de scientifiques financée par une société de biotechnologie pour proposer un vaccin contre la variole qui serait moins toxique que celui actuellement utilisé même si cette vaccination est peu pratiquée en raison de l’éradication de la variole à la fin des années 70 (officiellement en 1980, dernier cas de variole recensé en 1977).
La création artificielle de chimères pathologiques
En 2017, une équipe de scientifiques a été financée par une société de biotechnologie pour synthétiser le génome complet du virus de la variole du cheval, un virus infectieux. Les chercheurs justifient leur travail pour modifier les souches de la vaccine moderne (VACV) contre la variole (humaine) qui partagent une ascendance commune avec la variole du cheval (HPXV). Le HPXV disponible n’a pas été transmis à ces chercheurs qui l’ont donc partiellement synthétisé, c’est-à-dire façonné artificiellement en laboratoire.
Les auteurs précisent leur travaux : « Dix grands fragments d’ADN (10 à 30 kb) ont été synthétisés sur la base de la séquence HPXV ainsi que deux séquences terminales VACV de 157 nt, et ont été recombinés en un HPXV chimérique synthétique vivant (scHPXV) dans des cellules infectées par le virus du fibrome de Shope (SFV). Le séquençage du scHPXV de 212 kpb a confirmé qu’il encodait une copie fidèle de l’ADN d’entrée. Nous pensons qu’il s’agit de la première synthèse complète d’un poxvirus utilisant des approches de biologie synthétique ».
Outre la performance scientifique et le fait que le vaccin créé à partir de cette souche serait moins virulent que le VACV ; cette expérience montre qu’il est possible de façonner des virus de la variole, de les recombiner avec d’autres virus, et ce en moins d’un semaine comme indiqué par Kouprina et Larionov.
Des recherches critiquées par la communauté scientifique
Gregory D. Koblentz écrit en mars 2018 dans la revue American Society for Microbiology que les avantages revendiqués de l’utilisation du virus de la variole comme vaccin contre la variole reposent sur une base scientifique faible et une analyse de rentabilisation encore plus faible selon laquelle ce projet conduira à une contre-mesure médicale agréée. La combinaison d’avantages douteux et de risques connus de cette recherche à double usage soulève de sérieuses questions quant à la sagesse d’entreprendre des recherches qui pourraient être utilisées pour recréer le virus de la variole. Cette analyse soulève également des questions importantes sur la propriété d’une entreprise privée qui parraine une telle recherche à double usage sans surveillance appropriée et met en évidence une lacune importante dans la réglementation américaine sur la recherche à double usage.
Tous les scientifiques ne tiennent pas un discours de langue de bois et ceux travaillant sur le virus de la variole ne sont pas naïfs sur la finalité de certaines recherches comme celle publiée par Noyce et al.
Diane DiEuliis et Gigi Kwik Gronvall, dans un autre article intitulé A Holistic Assessment of the Risks and Benefits of the Synthesis of Horsepox Virus, dénoncent les problèmes de biosécurité à fournir une information publique permettant à des biologistes mal intentionnés de recréer un virus de la variole synthétique. Ils remettent aussi en question la détention de telles connaissances par une entreprise de biotechnologie maître d’ouvrage de ces recherches.
Un système de biosécurité fantoche
Qu’il s’agisse du système de biosécurité américain, canadien ou n’importe où dans le monde, on comprend à travers cette expérience qu’il s’agit d’une « passoire », c’est encore plus vrai lorsque les auteurs de cette manipulation biologique publient dans une revue à comité de lecture qui ne semble pas voir qu’il y a un problème. Il n’y a pas de biosécurité parce que les biotechnologies utilisées par les Etats pour créer des armes biologiques (cf. dossier Origines du Covis et armes biologiques) sont aussi utilisables par des sociétés privées ou des biologistes disposant des connaissances suffisantes pour créer des pathogènes existants ou nouveaux grâce à la biologie de synthèse. Lorsqu’en plus le mode d’emploi est rendu public pour le virus de la variole dans une revue scientifique, cela montre qu’il n’y a en réalité pas de réel contrôle en matière de biosécurité et que des personnes mal intentionnées et qualifiées peuvent produire en grande quantité des virus mortels (le taux de létalité de la variole humaine est de 30%). Gerd Sutter, un autre virologiste explique que si c’est possible (de créer un virus) avec la variole du cheval, c’est aussi possible avec la variole humaine.
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