Le week-end dernier, Scotland Yard aurait procédé à une opération de surveillance en utilisant la technologie de reconnaissance faciale sur plus de 36.000 personnes à leur insu. Certains députés ont pris connaissance de cette action et ils pensent que c’est un sujet à discuter impérativement au sein du Parlement. Une porte-parole du Big Brother Watch, une organisation de campagne britannique à but non lucratif pour les libertés civiles et la vie privée, dénonce l’utilisation des tactiques « orwelliennes » par la police pour rechercher des suspects.
Comme dans les grandes villes asiatiques, avec ces 627.000 caméras installées dans ses rues, Londres est la capitale européenne la plus surveillée. Il ressort de cette estimation qu’il y aurait 73 caméras pour 1.000 habitants. Avec la pandémie du Covid, la surveillance de masse par la reconnaissance faciale s’est vite répandue avec la bénédiction des gouvernements du monde entier. Si la crise sanitaire a banalisé et justifié la généralisation des moyens de contrôle social. Ces derniers temps, entreprises et gouvernements occidentaux ont utilisé massivement, en catimini, le recours à l’intelligence faciale, avec en toile de fond, le Forum Economique mondial de Davos toujours bon conseiller dans le développement de ces outils. Les défenseurs des droits de l’homme et certains législateurs craignent que les gouvernements n’exploitent ces données bien au-delà des besoins de la pandémie.
Une technologie dystopique
Les députés ont découvert que la police de Londres exploite abusivement la technologie de reconnaissance faciale. En effet, le weekend dernier, dans le cadre d’une opération spéciale, la police londonienne aurait utilisé les caméras de surveillance installées dans l’une des plus grandes zones commerciales à Oxford Circus.
Selon les parlementaires, les caméras du Scotland Yard ont
scanné 36.420 personnes pour vérifier si elles correspondaient à la
liste de 6747 suspects. Des milliers de passants ont eu leur visage
filmé sans leur consentement. En effet, Scotland Yard avise le public
sur Twitter ou les caméras seront déployées. Avant l’opération de samedi, la police n’avait donné
qu’un préavis de cinq minutes.
L’association de défense des libertés Big Brother Watch a déclaré que le MET (Metropolitan Police Service) met en application la tactique « orwellienne », une méthode de surveillance généralisée des citoyens. L’organisation appelle les députés à mettre un frein à cette “technologie dystopique”.
Un système non fiable
Selon un porte-parole du MET, la police se sert de la technologie de reconnaissance faciale pour de nombreuses façons. On cite entre autres la prévention et la détection des crimes, la recherche des criminels ainsi que la protection des personnes vulnérables. Autrement dit, leur objectif est d’assurer la sécurité des citoyens. Par ailleurs, ce porte-parole du MET a indiqué que les caméras sont toujours « focalisées sur une zone spécifique ». En effet, des panneaux seraient érigés autour des zones de surveillance.
Ces équipements de reconnaissance faciale peuvent scanner les visages et transformer les images en « modèles biométriques », comme les empreintes digitales. En cas de correspondance, une alerte est envoyée aux agents qui procèdent à des arrestations.
Mais les résultats sont loin d’être à la hauteur, le système n’est pas si fiable. En effet, après avoir scanné plus de 36.000 visages le weekend dernier, la police de Scotland Yard n’a trouvé aucune correspondance correcte.
En cas de correspondance, les agents de la police reçoivent une alerte. Une procédure d’arrestation est alors entamée. L’algorithme a malheureusement identifié à tort une personne, qui s’est avérée innocente.
Sur les 105.000 visages scannés, ce mois-ci, quatre personnes ont été arrêtées. Son efficacité n’est pas vraiment garantie. Selon, les chercheurs du National Institute of Standards and Technology (NIST), un centre affilié au gouvernement américain, les systèmes de reconnaissance faciale actuels ne sont pas toujours fiables. Ils identifient à tort les personnes asiatiques ou noires cent fois plus souvent que les personnes blanches.
Les députés estiment que cette situation ou plutôt cette mesure prise par le MET doit faire l’objet d’un débat au sein du Parlement. Son usage met en péril la liberté et l’intimité de milliers d’individus à Londres.
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