L'info de la semaine
Les BRICS vont créer une monnaie alternative au pétro dollar.
Le président Poutine a déclaré cette semaine que la question de la création d’une nouvelle monnaie de réserve internationale adoptée par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) était en cours d’élaboration. Des réseaux et mécanismes alternatifs à SWIFT, fiables pour les paiements internationaux, existent déjà (à l’instar du CIPS chinois) et d’autres sont en cours de développement. La Russie a également ouvert son système de transmission des messages financiers pour connecter les banques des cinq BRICS. Cette monnaie de réserve internationale serait basée sur un panier de devises, les « 5R » : Real, Rouble, Roupie, Renminbi et Rand.
Cet évènement intervient quelques jours seulement après que le dollar est passé sous la barre des 53 roubles à la Bourse de Moscou, et l’euro sous les 55 roubles, l’euro et le dollar, les deux monnaies-dette imprimées à outrance depuis 2020 pour « sortir » du Covid, s’effondrant désormais ensemble vers la parité (avantage au dollar quand même). D’autres pays comme l’Argentine, l’Iran ou encore le Mexique ont déjà manifesté leur intérêt pour cette monnaie qui signe la fin de l’hégémonie du dollar et de la monstrueuse extraterritorialité du droit américain (c’est-à-dire la possibilité pour la CIA de mettre le nez dans n’importe quelle transaction faite en US$).
Si la caste mondialisée continue à toiser les BRICS, elle va finir par se mettre à dos plus de 3 milliards de personnes dans le monde, qui pèsent déjà le quart du PIB mondial et des investissements directs à l’étranger (nous ne sommes plus en 2008) et le cinquième du commerce international.
On attend encore la réaction du grabataire locataire de la Maison-Blanche. Mais peut-être préférera-t-il une nouvelle fois jouer au golf comme lors du déclenchement fin février de l’opération spéciale russe ?
Le chiffre de la semaine
Depuis la crise des subprimes en 2007, les banques de la zone euro sont en apparence plus stables, ayant effectué d’importants efforts d’assainissement de leurs bilans, notamment sous la pression des règles internationales du Comité de Bâle. En réalité, la politique de ZIRP (Zero Interest Rate Policy, que nous vous expliquons dans un article de notre mensuel sur abonnement Finance & Tic) les a rendues moins rentables que leurs concurrentes américaines et asiatiques (de l’ordre de 3 à 5 pts de %), mais surtout, et c’est flagrant, que leurs homologues européennes hors zone euro (Royaume-Uni, Suède). L’indice des banques de la zone euro (voir graphique du SX7E) a ainsi dévissé de 85% depuis 2007. Or, sans un secteur bancaire solide et viable, ni des monnaies nationales plus stables susceptibles d’attirer les investisseurs du monde entier, aucun des défis du continent européen ne pourra être relevé, au moment même où les besoins de transformation, notamment ceux liés à la crise énergétique, sont pourtant les plus pressants.
Nous rappelons qu’en septembre 2019, la FED avait déjà injecté en catastrophe 270 Mds $ en 4 jours (comme en 2009) pour éviter un krach bancaire impliquant notamment les géants français (BNP, SG) à court de dollars. Si la planche à billets covidienne les a sauvés une fois, pas sûr que le miracle se reproduise
La déclaration de la semaine
« L’inflation dans la zone euro devrait rester indésirablement élevée pendant un certain temps.» Christine Lagarde
Les semaines se suivent et Christine squatte cette rubrique ! La présidente de la BCE a en effet souligné cette semaine un changement d’ère radical pour l’économie mondiale, après des décennies de désinflation… Rien que ça.
Après avoir minimisé le phénomène pendant des mois, les banquiers centraux se sont enfin lancés – mais trop tard à notre sens – dans un contre-la-montre (c’est d’actualité) pour tenter de calmer l’inflation. En Espagne, celle-ci a atteint 10,2 %, près de 8% en Allemagne, plus de 9% chez Boris Johnson (il échappe au moins à ça) et 22% en Estonie !
Christine Lagarde a par ailleurs confirmé une première hausse de 0,25 pt de % du taux directeur le 21 juillet, puis +0,5 pt en septembre. Certains gouverneurs souhaitent un relèvement plus rapide. Selon elle, des changements structurels profonds ont modifié le paysage économique, dont la baisse du chômage, la perturbation des chaînes d’approvisionnement ou le choc énergétique. L’inflation en zone euro, ce n’est pas donc fini, pour encore – admirons la précision de Mme Lagarde – « un certain temps ». Ou un temps certain ?
L'actif de la semaine
Le fiasco des entreprises dont l’État est actionnaire…
Le coup de grâce. Après une baisse continue du cours de l’action pendant plus d’une décennie, le titre d’EDF va enfin être retiré de la Bourse. L’État français, qui détient déjà aujourd’hui en direct 84% du fournisseur d’énergie auxquels s’ajoutent 14% via ses partenaires institutionnels (soit la bagatelle de 98%), injecte encore régulièrement du capital pour aider l’entreprise. On ne peut donc voir qu’un coup de bluff dans l’annonce faite par Élisabeth Borne dans son discours de politique générale de porter la participation de l’Etat au capital de l’énergéticien à 100%. En réalité, seuls les 2% de capital détenu par les salariés vont être rachetés !
Selon de nombreuses études, les résultats financiers d’EDF cette année vont être catastrophiques, le parc nucléaire français produisant 25% en moins pour des problèmes de maintenance (vraiment impossibles à anticiper ?) qui tombent bien mal…
L’État a évidemment une part énorme de responsabilité dans l’échec cuisant de ce qui eût pu devenir un fleuron national : relance in extremis du nucléaire par celui qui a « en même temps » fermé Fessenheim, scandale Areva (Anne Lauvergeon, encore et toujours la Mitterrandie), sans parler du marché européen de l’énergie (qui indexe le prix de l’électricité sur celui… du gaz !), ni du « bouclier tarifaire » qui n’a fait qu’envenimer les choses. Coût total de l’opération sur les deniers que nous n’avons déjà plus : 6 à 8 Mds €. À vot’ bon cœur m’sieurs dames.
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Sources : Banque de France, Investing
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