L’état réel de la guerre en Ukraine, comme je le décrivais il y a deux mois, est maintenant décrit par les médias grand public. Le régime de Zelensky s’en sert pour supplier l’« Occident » de lui fournir davantage d’armes et de munitions.
- L’Ukraine risque de perdre la guerre contre la Russie : Un responsable militaire – Newsweek
- La pénurie de munitions d’artillerie sape le moral de la ligne de front ukrainienne – New York Times
- Nous sommes presque à court de munitions et nous dépendons des armes occidentales, dit l’Ukraine – Guardian
- L’Ukraine manque de munitions alors que les perspectives s’assombrissent sur le champ de bataille – Washington Post
et bien d’autres …
Extrait du dernier lien :
[Les chances de succès des Ukrainiens commencent à gravement diminuer, a déclaré M. Danylyuk, conseiller du gouvernement.
« Les Russes utilisent de l’artillerie à longue portée contre nous, souvent sans pouvoir y répondre, car nous n’avons pas les moyens », a-t-il déclaré. « Ils peuvent attaquer depuis des dizaines de kilomètres de distance et nous ne pouvons pas riposter. Nous connaissons toutes les coordonnées de toutes leurs cibles importantes, mais nous n’avons pas les moyens d’attaquer. »
L’Ukraine n’a presque plus de munitions pour les systèmes d’armes de l’ère soviétique, qui constituaient le pilier de son arsenal, et les pays d’Europe de l’Est qui entretenaient ces mêmes systèmes n’ont plus de surplus à donner, a déclaré M. Danylyuk. L’Ukraine doit de toute urgence passer à des systèmes occidentaux plus sophistiqués et à plus longue portée, mais ceux-ci n’ont été promis que récemment, et en quantités insuffisantes pour faire face à l’immense puissance de feu de la Russie, a-t-il ajouté.
La Russie tire jusqu’à 50.000 obus d’artillerie par jour sur les positions ukrainiennes, et les Ukrainiens ne peuvent riposter qu’avec 5.000 à 6.000 obus par jour, a-t-il ajouté. Les États-Unis se sont engagés à fournir 220.000 munitions, ce qui n’est suffisant que pour faire face à la puissance de feu russe pendant environ quatre jours.
The Independent affirme avoir vu un rapport des services de renseignement indiquant des chiffres encore pires :
Les troupes ukrainiennes subissent des pertes massives car elles sont dépassées par les forces russes à raison de 20 contre 1 pour l’artillerie et de 40 contre 1 pour les munitions, selon de nouveaux renseignements qui dressent un sombre tableau du conflit sur la ligne de front.
Un rapport établi par des responsables des services de renseignement ukrainiens et occidentaux révèle également que les Ukrainiens éprouvent d’énormes difficultés à répondre aux bombardements russes, leur artillerie étant limitée à une portée de 25 kilomètres, alors que l’ennemi peut frapper depuis 12 fois cette distance.
Pour la première fois depuis le début de la guerre, on s’inquiète de la désertion. Le rapport, consulté par The Independent, indique que l’aggravation de la situation dans le Donbass, avec jusqu’à cent soldats tués par jour, a « un effet sérieusement démoralisant sur les forces ukrainiennes ainsi qu’un effet matériel très réel ; les cas de désertion augmentent chaque semaine ».
Cette situation était facilement prévisible. Comme je l’écrivait mi-avril :
Sans carburant, l’armée ukrainienne ne peut pas se déplacer et sans un approvisionnement constant, en particulier de grandes quantités de munitions d’artillerie, elle ne peut pas contrer l’artillerie russe qui sera fortement utilisée contre elle.
Ces photos d’une ancienne position ukrainienne montrent le résultat dévastateur d’une telle situation.
La quasi-totalité des réserves ukrainiennes de munitions et de carburant ont été bombardées et détruites. Ce qui passe par les frontières occidentales a du mal à atteindre le front oriental et n’est de toute façon pas suffisant pour approvisionner une armée qui se bat et manœuvre activement.
Pour égaler les 50.000 tirs par jour de la Russie, chaque obus pesant 50 kilogrammes, il faudrait transporter chaque jour quelque 2.500 tonnes de munitions de la frontière occidentale de l’Ukraine vers l’est. Après avoir atteint une première destination à l’est, elles devraient être chargées sur environ 350 camions pour être distribuées sous le feu des armes russes à longue portée, avec une fréquence quotidienne.
Les États-Unis disposent de grands dépôts de munitions, mais même ceux-ci seraient vidés en quelques mois si aucune production à grande échelle de nouvelles munitions n’avait lieu. La production de munitions se fait généralement à une échelle réduite mais régulière de quelques centaines de missiles par semaine. L’Occident devra augmenter sa production pour permettre à l’Ukraine de s’approvisionner à hauteur de la Russie.
Selon le ministère russe de la défense, l’artillerie ukrainienne a perdu 506 systèmes de roquettes à lancement multiple et 1.859 pièces d’artillerie de campagne et mortiers depuis le début de la guerre. Le nombre quotidien de pièces touchées a évolué au fil du temps, passant de plus de 50 par jour à un nombre à un chiffre.
Les chiffres totaux figurant dans le rapport russe sont trop élevés (comme ils le sont généralement dans les rapports « occidentaux » similaires). Ils représentent plus que ce que l’Ukraine avait au début de la guerre. Mais nous pouvons supposer sans risque que plus de 90 % des canons et des systèmes de missiles de l’Ukraine ont été détruits. Entre-temps, l’Occident a promis à l’Ukraine quelque 200 canons et 50 systèmes de missiles. La moitié de ces systèmes sont d’anciens types soviétiques. L’autre moitié est plus récente et nécessite des munitions « occidentales ». Ces armes semblent n’arriver qu’au compte-gouttes.
Les États-Unis ont envoyé une centaine d’obusiers légers M-777. Seuls quelques-uns ont été vus sur le front à l’est et certains y ont déjà été détruits. D’autres sont utilisés pour tirer sur des cibles non militaires comme la ville de Donetsk. On peut deviner où se trouve le reste. Le M-777 est léger (4,2 tonnes métriques) parce qu’il est en grande partie fabriqué en titane, dont la valeur à la casse est dix fois supérieure à celle de l’acier. Certains entrepreneurs de l’ouest de l’Ukraine semblent avoir trouvé que le recyclage des armes (ou leur revente) a plus de valeur que de les envoyer à l’est où elles seraient sûrement détruites en quelques jours.
Il y a dix jours, le comédien et président ukrainien Zelensky avait admis qu’environ 60 à 100 soldats ukrainiens se faisaient tuer chaque jour. Ce chiffre était très sous-estimé et un conseiller de Zelensky l’a maintenant doublé :
Un haut conseiller du président ukrainien a déclaré à la BBC qu’entre 100 et 200 soldats ukrainiens sont tués chaque jour sur la ligne de front.
Mykhaylo Podolyak a déclaré que l’Ukraine avait besoin de centaines de systèmes d’artillerie occidentaux pour faire jeu égal avec la Russie dans la région orientale du Donbass.
Les chiffres réels sont certainement plus élevés que ce que le régime Zelensky n’admettra. Dans un conflit dominé par l’artillerie, comme l’était celui de la Première Guerre mondiale (mais sans attaques au gaz), le rapport entre le nombre de blessés et le nombre de morts est historiquement de 4 pour 1, l’un des blessés succombant plus tard à ses blessures. Ce taux historique de « morts sanitaires », c’est-à-dire de blessés qui meurent ensuite de leurs blessures, a depuis été réduit de moitié grâce à l’utilisation d’antibiotiques. Mais en Ukraine, ce taux pourrait bien être plus élevé que d’habitude dans les guerres modernes, car l’infrastructure médicale est en très mauvais état et de nombreux membres du personnel médical ont fui le pays.
Supposons donc que les chiffres réels soient d’environ 300 morts par jour plus 1.200 blessés. Un huitième des blessés, soit 150 hommes, mourront plus tard de leurs blessures. Ce taux de pertes est le même chaque jour depuis début avril, lorsque Zelensky a rejeté toute nouvelle négociation et que la guerre est entrée dans sa phase d’usure. Cela signifie qu’au cours des deux derniers mois, l’armée ukrainienne a perdu plus de 18 000 hommes, auxquels s’ajoutent 70.000 blessés. Certains d’entre eux sont morts à l’heure qu’il est, tandis que d’autres sont complètement rétablis. L’armée ukrainienne comptait au départ quelque 200.000 soldats. Plus tard, quelque 30 à 100.000 hommes des forces de défense territoriale ont été appelés et envoyés sur la ligne de front. Selon certains rapports, certaines de ces unités non entraînées ont eu un taux de pertes de 65 %.
Aucune armée ne peut utiliser tous ses hommes sur la ligne de front. Il faut toujours beaucoup de troupes logistiques et de soutien.
Le rapport entre le front et l’arrière (T3R) dans une armée peut être compris entre 1 à 10 et 1 à 2,5. La ligne de front ukrainienne est probablement tenue par environ 20 % de l’armée ukrainienne (200 000 hommes moins les morts et les blessés, plus les forces territoriales et un T3R de 1 à 4). Cela fait environ 40 000 hommes sur une ligne de front actuelle d’environ 1 000 kilomètres. Cela représente 40 hommes par kilomètre ou 64 par mile. C’est un front assez mince. Il ne faut plus beaucoup de semaines avant que cette ligne ne se brise de manière décisive.
Zelensky pourrait raccourcir la ligne de contact de moitié et doubler son pouvoir de défense s’il était prêt à autoriser une retraite vers la ligne du Dniepr. Mais il a jusqu’à présent rejeté toute demande de retraite. Cela scelle le destin de son armée.
J’ai déjà écrit sur les effets des tirs d’artillerie sur le moral d’une armée :
Le moral ne peut pas remplacer la puissance de feu. Le moral est détruit lorsque les soldats sont soumis à des tirs d’artillerie concentrés. C’est ce que fait la Russie.
Le rapport de The Independent cité ci-dessus fait état de désertions de plus en plus nombreuses. Ce n’est encore qu’un filet d’eau, mais il se transformera en rivière dès que la ligne de front s’effondrera. Je m’attends maintenant à ce que cela se produise à la fin de ce mois.
Alors que les soldats meurent par centaines chaque jour, les responsables ukrainiens poursuivent leur propagande (traduction automatique) :
Sur les médias sociaux, les Ukrainiens ont été scandalisés par un événement organisé par la Kyiv School of Economics et son président Tymofiy Milovanov, aux États-Unis.
Les participants sont invités à se « plonger » dans l’atmosphère de la guerre, notamment en visitant une zone de filtration et en dîner dans le cadre d’un abri antiatomique.
Milovanov lui-même a annoncé l’événement, qui aura lieu le 25 juin à New York au Harvard Club.
« Cet événement va vous changer. Vos priorités dans la vie vont changer. Vous comprendrez et accepterez la responsabilité du monde entier comme la vôtre, pour gagner cette guerre et arrêter la Russie. Il y aura une zone de filtration, un dîner sous les bombes et une immersion dans l’expérience de la guerre et des crimes de guerre », a-t-il déclaré.
Une « zone de filtration » est l’endroit où les prisonniers de guerre sont interrogés et triés avant d’être transférés dans des camps de prisonniers. L’armée ukrainienne a utilisé de telles zones pour torturer des prisonniers.
Il y a deux jours, je notais que le jeu du « à qui la faute » pour la défaite commençait. Zelensky sera celui à qui on renverra la patate chaude. Le président Biden donne le ton :
Le président Joe Biden, s’adressant à des donateurs lors d’une collecte de fonds Démocrate, a déclaré que le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy « n’a pas voulu l’écouter » lorsque les services de renseignement américains ont recueilli des informations selon lesquelles la Russie se préparait à envahir le pays.
Ces remarques ont été faites alors que M. Biden parlait de son travail pour rallier et solidifier le soutien à l’Ukraine alors que la guerre entre dans son quatrième mois.
« Rien de tel ne s’est produit depuis la Seconde Guerre mondiale. Je sais que beaucoup de gens ont pensé que j’exagérais peut-être. Mais je savais que nous avions des données pour soutenir qu’il – c’est-à-dire le président russe Vladimir Poutine – allait entrer dans le pays, passer la frontière ».
« Il n’y avait aucun doute », a dit Biden. « Mais Zelenskyy n’a pas voulu l’entendre. »
Bien que Zelenskyy ait inspiré les gens par son leadership pendant la guerre, sa préparation à l’invasion – ou son manque de préparation – est restée une question controversée.
« Zelensky ne nous a pas écoutés et il ne nous a pas informés de la gravité de la guerre », deviendra la ligne standard dès que l’armée ukrainienne sera en déroute.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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