04 juin 2022

Guerre d’Ukraine: Le nouvel ordre du monde se décidera entre la Mer Noire, la Mer Caspienne et l’Océan Indien

Alors que la bataille du Donbass suit son cours, l'armée russe semble continue à fixer des troupes ukrainiennes dans la région de Kharkov. La diplomatie américaine semble dépassée par le retour de la complexité dans les affaires du monde.

La Bataille d’Ukraine

Prenez le temps de regardez cette vidéo, diffusée par la partie russe: on n ‘est pas vraiment surpris d’entendre raconter que les Kiéviens mettent en scène des pseudo-combats, filmés pour la propagande en Ukraine et en Occident.  Ces images sont diffusées pour donner de la crédibilité aux “contre-offensives” annoncées par le Ministère de la Défense ukrainien. 

Revenons à présent à la réalité du champ de bataille – en analysant de manière critique les données collectées par Southfront.org

Après l’échec de l’armée ukrainienne à repousser les forces russes de la région de Kharkov et à tenir leurs positions près de la frontière, les militaires russes sont passés à l’offensive, en s’approchant de la périphérie de la ville de Kharkov.

Les combats d’artillerie se poursuivent à la périphérie de la ville. Les unités d’artillerie de l’armée ukrainienne ouvrent le feu depuis les zones résidentielles de la ville, en conséquence, les tirs de riposte russes menacent les civils.

Les troupes russes devraient bloquer la ville de Kharkov à partir de l’est et probablement se déplacer en direction du sud vers la ville de Tchougouev, l’une des principales bases de l’armée ukrainienne dans la région. Le contrôle ukrainien de Tchougouev menace – théoriquement, parce qu’en pratique les troupes ukrainiennes ne sont pas très mobiles –  les forces russes dans la région d’Izioum, qui visent l’offensive sur les villes de Slaviansk et Kramatorsk.

En réalité, les opérations militaires russes dans la région de Kharkov visent à détourner les militaires ukrainiens des combats sur les lignes de front du nord du Donbass. La contre-offensive russe pourrait marquer la reprise d’attaques massives dans la région d’Izioum, où des affrontements positionnels se sont poursuivis ces dernières semaines. L’armée ukrainienne a précédemment signalé le renforcement des positions russes à Izioum. Ainsi, la reprise de l’offensive russe vers Slaviansk peut être attendue prochainement.

Dans la ville de Sviatogorsk, presque toutes les zones résidentielles sont déjà sous le contrôle des forces dirigées par les Russes. Comme nous l’indiquions hier, les unités ukrainiennes ont battu en retraite presque sans combattre, traversé la rivière Severski Donets et elles ont établi leurs positions militaires dans la Laure (le monastère) Sviatogorskaya, 

La Laure de Sviatogorsk est l’un des lieux clés de l’orthodoxie. Et il s’agit, pour les Ukrainiens, d’accuser les Russes de s’en prendre à un  lieu sacré de la foi des Ukrainiens.  La scission entre les églises orthodoxes russe et ukrainienne a clairement démontré que le régime de Kiev n’a aucun scrupule à manipuler le facteur religieux.

Selon les rapports locaux, les moines ont été pris en otage par les militaires ukrainiens. Jusqu’à présent, trois victimes parmi eux ont été confirmées. Le 30 mai, deux moines et une nonne ont été tués. Trois autres ecclésiastiques ont été blessés. Le régime de Kiev a déjà affirmé que la mort des moines était une nouvelle action inhumaine de l’armée russe. 

La garnison de l’AFU à Sviatogorsk a été coupée des autres unités ukrainiennes. Kiev a confirmé le retrait des forces ukrainiennes de la zone située au sud de la ville. 

Dans la région de Krasni Liman, qui est récemment passée sous le contrôle de la République Populaire de Donetsk, les forces dirigées par les Russes doivent encore traverser la rivière Severski Donets près de la ville de Raïgorodok afin d’avancer vers la ville de Slaviansk depuis l’est.

La bataille pour Severodonetsk se poursuit. Presque toutes les zones résidentielles de la ville sont sous le contrôle de la LPR. L’AFU tient ses positions dans l’usine chimique Azot à Severodonetsk et sur les collines de Lisichansk. Des affrontements ont déjà éclaté dans la zone industrielle.

Selon les journalistes russes présents dans la région, les unités de l’armée ukrainienne, qui se cachaient sur le territoire de l’usine Azot à Severodonetsk, ont tenté de contre-attaquer afin d’éloigner les forces russes de la zone industrielle il y a deux jours. L’attaque a été accompagnée par le soutien de l’artillerie ukrainienne déployée dans la ville de Lisitchansk. En réponse, les troupes russes ont ouvert un feu massif d’artillerie, de MLRS et de mortiers, réduisant à néant les efforts de l’ennemi.

A cet égard, il faut noter que les Kiéviens ont transformé la ville de Severodonetsk en une véritable forteresse. Littéralement dans chaque cour, dans chaque rue, à chaque coin de la ville, des postes de tir, des abris et des tranchées ont été installés. Des fortifications ont été construites près des bâtiments résidentiels, aux carrefours et même sur les terrains de jeux des enfants. Les tranchées ont été creusées sans tenir compte des communications civiles et du risque pour la population civile.

Selon le témoignage d’un résident local, Youri : “Ils se sont retranchés là. Ils vivaient quelque part au bout de la maison, dans un coin de l’entrée. Notre 6ème entrée. C’est-à-dire qu’ils contrôlaient tout l’espace, allaient partout, regardaient ce dont ils avaient besoin et le prenaient. Ils passaient tout et l’emportaient. Ils cherchaient de l’argent, de l’alcool, de la drogue, etc.”.

L’armée ukrainienne tient toujours ses positions dans la zone de Zolotoïe, qui est presque encerclée par les forces dirigées par la Russie. .

Les forces dirigées par la Russie continuent d’avancer lentement mais sûrement vers la ville de Bakhmout/Artemiovsk.  Des affrontements violents se poursuivent sur l’autoroute Bakhmout – Lisichansk. 

Dans la région d’Avdeïevka, l’armée ukrainienne a lancé une contre-attaque mais a échoué et a perdu plusieurs véhicules blindés. Les affrontements se poursuivent à la périphérie sud et est de la ville. Le 1er juin, la route d’approvisionnement de l’AFU dans la zone d’Avdeïevka a été coupée.

Dans la région de Kherson, les tentatives de l’armée ukrainienne de lancer des attaques depuis les directions de Nikolaïev et de Krivoï Rog se sont soldées par de lourdes pertes. 
Le bombardement des zones résidentielles de la ville de Donetsk et de sa périphérie par les militants ukrainiens se poursuit. Rien que le 3 juin, un homme a été tué à Horlovka et un autre a été tué dans le village de Vladimirovka, une douzaine de civils ont été blessés.

Vers la fin de la diplomatie manichéenne?

+ L’équipe de Biden repousse le voyage que “46” devait effectuer en Arabie Saoudite au mois de juin. Un mélange de malaise au sein du parti démocrate (où l’on veut s’appuyer sur le monde chiite), de panne de communication (comment critiquer Poutine et absoudre MBS en même temps) et, surtout, d’incapacité à convaincre les Saoudiens de basculer dans le camp antirusse. 

+ Très clairement, l’administration Biden est devant un dilemme: courtiser trop assidument l’Arabie Saoudite pour qu’elle revienne vers Washington conduirait à sacrifier un accord sur le nucléaire iranien, pourtant un des points saillants de la campagne de “Sleepy Joe”. La russophobie emporte tout sur son passage à Washington. 

Il y a fort à parier que le gouvernement américain va perdre sur tous les tableaux: il va sacrifier l’accord iranien sans obtenir de nouveau les faveurs des Saoudiens. 

En réalité, la diplomatie mondiale redevient le lieu des nuances et de la complexité après trente ans de manichéisme néo-lib/néo-con (Trump avait provisoirement réhabilité la méthode Kissinger mais l’establishment américain, devenu incapable de rationalité, a violemment écarté cette possibilité). Entre un bloc transatlantique qui sombre dans des colères de vieillard impotent et un Extrême-Orient où la Chine fait peur à ses voisins, une vaste zone centrale se met en place, qui comprend la Russie, l’Asie Centrale, l’Iran, l’Inde, la Turquie et le Proche-Orient, où l’on maîtrise les subtilités de la diplomatie. C’est là, entre la Mer Noire, la Mer Caspienne et l’Océan Indien, que vont se définir les futurs choix politiques du monde.  C’est là que devrait être la diplomatie française…. 

+ “Vos problèmes ne sont pas nos problèmes” a déclaré Subrahmanyam Jaishankar, ministre des Affaires étrangères de l’Inde à l’adresse de l’Occident, quand on lui a reposé pour la n-ième fois la question du refus indien de sanctionner la Russie. 

+ Et quel est le problème des États-Unis et de l’Union Européenne? C’est le logiciel de gens comme Paul Massaro : 

Selon l’une des notices biographiques qui lui sont consacrées: “Paul Massaro travaille à la Commission sur la sécurité et la coopération en Europe, un organe bipartisan et bicaméral du gouvernement américain dirigé par neuf sénateurs et neuf représentants. Il y occupe le poste de conseiller politique responsable des questions relatives à la “deuxième dimension” de l’OSCE, ou politique économique et environnementale. Son portefeuille comprend des sujets tels que la lutte contre la corruption, les sanctions, les finances, le commerce, les questions arctiques et la sécurité énergétique. Il est également responsable de la Mongolie et des partenaires asiatiques de l’OSCE pour la coopération (Japon, Corée, Thaïlande, Australie et Afghanistan). Paul est titulaire d’un master en politique publique avec une spécialisation en sécurité internationale et en politique économique de la Maryland School of Public Policy, où il est sorti premier de sa promotion. Il est également titulaire de deux licences en gouvernement et politique et en études germaniques de l’université du Maryland, College Park, où il a obtenu le diplôme summa cum laude. Il parle couramment l’allemand”. Un homo washingtonus, donc.  Contrairement à ce qu’on lit beaucoup sur internet, je ne crois pas que la rationalité domine actuellement aux États-Unis, une rationalité froide visant à créer le chaos en Europe. Paul Massaro est l’un des quelques milliers d’influenceurs de la politique étrangère américaine qui entraînent les États-Unis vers la plus grande défaite stratégique de leur histoire. 

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