La France a lancé lundi 20 juin son système d'alertes subtilement baptisé FR-Alert. En cas de situations d’urgence, de catastrophes naturelles, d’accidents pétrochimiques, d’incendie ou d’attentat, l’État pourra ainsi alerter toute la population, directement sur les téléphones portables de (presque) tous les Français — qui n'auront pas vraiment le choix, avec une sonnerie et une vibration accompagnée d’un message "Alerte d'urgence".
Ces alertes, requises par l'Union européenne au travers de la directive européenne du 11 décembre 2018, viendront compléter les habituelles sirènes, les messages télévisuels ou la radio. Sans besoin de s’inscrire sur un site ou de télécharger une application, toutes les personnes se situant dans la zone affectée recevront la notification d'alerte grâce aux données de géolocalisation du réseau de télécommunications.
Alertes à gogo ?
Les situations d’urgence qui pourraient faire l’objet d’une telle alerte comprennent des événements naturels (comme les inondations, tempêtes et cyclones, incendies, tsunamis, éruption volcanique), les accidents biologiques et chimiques (pollution, fuite de gaz, incident nucléaire), des dangers sanitaires (épidémie, pandémie, incident agro-alimentaire), des incidents technologiques et industriels (panne des moyens de télécommunication, accidents graves sur les réseaux routiers, ferroviaires ou aériens, incident industriels), ou encore des événements graves de sécurité publique et attentats terroristes. Déjà, les internautes craignent des notifications à tout-va et se plaignent du bruit infernal de l'alerte :
D'ores et déjà habitués aux "états d'urgence" anxiogènes et contraints à la résilience permanente, nous recevrons via ces messages différentes marches à suivre selon les situations annoncées. Comme l'explique France info, "l'alerte sera envoyée même en mode silencieux, mais pas si le téléphone est en mode "avion" ou éteint".
Un système "cell broadcast" exclusif
Les détenteurs d’un Android sous 4G ou 5G n'ont rien à faire, et les utilisateurs d'un iPhone devront juste faire une mise à jour. Les messages d'alerte seront diffusés sous la forme d'ondes radio par les antennes de télécommunication, et non pas par SMS, afin d'éviter de saturer le réseau en cas d'envoi massif. La diffusion cellulaire fonctionne sur la 4G (bientôt 5G), ce qui exclut automatiquement les téléphones classiques, pas assez smart.
Autrement dit, ceux qui n'ont pas de smartphone, que ce soit pour des raisons pratiques, financières ou idéologiques, seront épargnés (ou exclus).
Selon le site du service public, les téléphones équipés de la 3G et la 2G pourront recevoir des SMS géolocalisés, mais ultérieurement. Cependant, Orange a déjà annoncé la suppression des réseaux 2G et 3G d'ici à 2030, avec l’objectif de libérer des fréquences pour mettre en place une plus grande couverture 4G et 5G. Si les adeptes de la low tech et les résistants numériques ne sautent pas le pas d'ici là, cela amplifiera donc encore la fracture numérique (et sociale) qui existe déjà entre les Français.
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