Si les pourparlers entre parties belligérantes font toujours partie des conflits, la parodie à flux constant qui se joue actuellement entre les délégations russe et ukrainienne est particulièrement malsaine. Quand les Russes, et les Ukrainiens, annoncent des avancées significatives, alors que, au minimum, la délégation ukrainienne exige le départ des troupes russes, une partie de l'élite politique russe commence à sérieusement s'interroger sur la finalité réelle recherchée par les "négociateurs". Finalement, il semblerait que la guerre des clans, qui n'en finit pas en Russie, prenne ici une nouvelle forme et elle est d'autant plus dangereuse que les guerres ne se gagnent pas que sur les champs de bataille.
A peine l'armée russe lancée, des pauses sont annoncées pour des négociations, l'armée est posée au bord des villes et attend, les délégations qui se sont rencontrés au début avec une certaine tension (ce qui est normal et souhaitable vu les enjeux) papote désormais chacun chez soi par écrans interposés.
"Aujourd'hui est arrivé le moment, où chacun doit prendre conscience de sa responsabilité devant le pays. C'est un moment de vérité pour tous. C'est le moment, où l'on voit qui est qui."
"Il n'y a pas de marche arrière possible, c'est pourquoi il faut s'adapter à cette nouvelle réalité et construire une nouvelle économie de la Russie, comme le plus grand pays autonome et forte sur le Continent eurasien."
Construire l'autonomie, notamment économique, de la Russie, c'est aller à contre-pied de tout ce qui a été fait depuis la chute de l'Union soviétique, car c'est aller contre la globalisation économique, dans laquelle la Russie s'est engouffrée, préférant acheter plutôt que de produire. Volodine et Tolstoï ont posé le cadre de la nouvelle réalité politique et économique, qui est la seule voie possible pour la Russie aujourd'hui - l'autonomie et la force. Mais cette voie n'est possible, tout comme l'existence de la Russie, que si toutes les élites politiques ont le courage d'aller jusqu'au bout du processus de déglobalisation initié, sans négocier une "sortie honorable", sans retomber dans le piège des Accords de Minsk - en pire.
C'est Oleg Morozov qui a lundi tapé du poing sur la table, très concrètement au sujet de ces négociations particulièrement malsaines. Voici l'intégralité de son texte "Au sujet des pourparlers" :
"Ils se déroulent sur fond de :
1. La déclaration du Département d'Etat, affirmant que ce sont eux qui nous obligent à participer à ces pourparlers.
2. La déclaration du ministre des Affaires étrangères ukrainien Kuleba sur la nécessité de l'élimination physique de Poutine.
3. Les déclarations des négociateurs ukrainiens, selon lesquelles il faut tout d'abord sortir les troupes russes d'Ukraine, rendre tous les territoires, y compris la Crimée, et ensuite il sera possible de discuter de quelque chose.
4. Les remerciements de Zelensky à Meta, concernant l'appel à tuer les Russes.
5. Le tir du missile Tochka U dans le centre de Donetsk.
Cela donne l'impression que les troupes ukrainiennes sont aux abords de Moscou et que nous négocions la capitulation de la Russie. Les pourparlers sont inacceptables sur fond d'une telle rhétorique! Ils donnent l'illusion de notre faiblesse! Et le plus important : il faut clairement déterminer le cercle des questions que nous sommes prêts à discuter. Et celles proposées par les négociateurs ukrainiens n'y ont pas leur place et ne peuvent en faire partie.
C'est le bon moment de transmettre toutes les compétences de négociation à Ramzan Kadyrov. Et pas parce que nos négociateurs sont mauvais!
Mais parce qu'il faut un autre format et justement Kadrov sait mieux que quiconque de quoi et comment parler avec les terroristes."
Les pourparlers ont continué hier on line, tout le monde est très content. Mais hier aussi, Patruchev, le Secrétaire du Conseil de sécurité, était en Tchétchénie pour une renontre très cordiale avec Kadyrov.
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