19 mars 2022

Grande ruée vers les supermarchés au Maghreb

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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, où se trouvent les fournisseurs de blé du Maghreb, les prix de ces produits connaissent dans la région une flambée accentuée par une frénésie d’achats.

Au Maghreb, depuis quelques jours, c’est la grande ruée vers les supermarchés. Dans un magasin de l’Ariana, au nord de Tunis, pas un sachet de farine ni de semoule sur les étagères, et seulement trois paquets de sucre derrière l’étiquette : « SVP pas plus de 1 kg ». Houda Hjeij, femme au foyer de 52 ans, accuse l’État de n’avoir « pas su anticiper la guerre en Ukraine… Ça fait deux semaines que je n’ai ni riz ni farine dans ma cuisine ».

Cette frénésie, avec une consommation journalière de semoule qui « a bondi de 700 % », celle de sucre qui a triplé, vient du fait qu’en temps de crise, le Tunisien achète plus pour stocker, selon le représentant des propriétaires de supermarchés, Hédi Baccour. Hédi Bouallegue, retraité de 66 ans, fait en effet le tour de son quartier chaque jour et achète un litre d’huile ou un kilo de semoule dès qu’il en trouve, conservés chez lui, quitte « à payer le double du prix ».

Des stocks pour trois mois en Tunisie

Face à des entrepôts dévalisés, Slim Talbi, propriétaire d’une boulangerie privée, se retrouve obligé d’acheter au supermarché de la farine à gâteau à 18 dinars (5,5 euros) les 10 kg, trois fois plus cher que chez ses grossistes habituels. « Tout cela alors que nous ne subissons pas encore les répercussions de la guerre », dit-il, « inquiet » de la dépendance tunisienne aux importations de blé tendre ukrainien.

Pour le moment, la Tunisie assure avoir des stocks pour trois mois, et les produits de base (café, sucre, pâtes, semoule) sont largement subventionnés, avec un prix de la baguette inamovible depuis dix ans à 6 centimes d’euro. Ce système, destiné à éviter des émeutes du pain comme dans les années 80, existe aussi en Algérie qui veut le supprimer mais ne l’a pas encore démantelé.

Deuxième consommateur africain de blé derrière l’Égypte (10 millions de tonnes par an), « elle n’importe pas de blé tendre de Russie ni d’Ukraine », selon l’office des céréales OAIC. « Il n’y aura pas de pénurie, des céréaliers continuent d’acheminer d’importantes cargaisons vers le port d’Alger », assure un responsable de la capitainerie du port. Malgré cela, à Tizi Ouzou et Bejaïa, en Kabylie (est), les réserves de semoule ont été récemment dévalisées, provoquant une pénurie. « La guerre en Ukraine et tous les dépôts de semoule pris d’assaut ! », déplore sur Facebook, Mouh Benameur, un habitant de Mechtras.

Grève des routiers au Maroc

En réalité, dans tout le Maghreb, les prix alimentaires grimpaient bien avant l’invasion russe en Ukraine. Cela s’explique « par la reprise inattendue dans le monde (après la récession provoquée par le Covid-19, ndlr) qui s’est traduite par une hausse du prix des céréales et des produits pétroliers sur le marché international », rappelle Fouzi Lekjaa, ministre délégué au Budget au Maroc.

Dépourvu d’hydrocarbures, le Maroc a été touché de plein fouet par la flambée des prix des carburants. Elle a entraîné une grève des transporteurs routiers ces dernières semaines. La Libye a aussi vu les prix s’envoler, notamment pour la farine, le lait, l’huile, les conserves et le sucre.

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