On dit que l’espoir meurt en dernier, et aujourd’hui il semble que tout espoir que nous aurions pu avoir soit mort. Une série de négociations d’une semaine n’a apparemment rien donné. Si certaines voix saines d’esprit plaidaient en faveur d’une solution négociée, elles ont été noyées dans l’immense chœur des politiciens russophobes hystériques qui, se sentant en sécurité par leur nombre, ont dit à l’ours russe d’aller se faire voir.
C’est un triomphe pour les néoconservateurs américains et pour leurs protégés de l’UE.
Alors, où allons-nous maintenant ?
C’est assez évident : La Russie va entamer une politique d’actions unilatérales visant à promouvoir les intérêts nationaux vitaux de la Russie. Bon nombre de ces actions feront monter la pression sur les États-Unis, l’UE et l’OTAN. Plutôt que d’essayer de deviner ce qui va se passer, je préfère attendre que ces actions unilatérales soient rendues publiques.
Une bonne nouvelle est que le missile Zircon est maintenant officiellement accepté pour le service. Cela tombe bien, c’est sûr.
Je conclurai ce court billet en disant que, selon mon opinion strictement personnelle, le moment est venu pour la Russie de rompre toutes ses relations diplomatiques avec au moins les pires pays de l’Occident, à commencer par les États-Unis eux-mêmes, bien sûr. Pourquoi ?
Parce qu’avoir des relations diplomatiques avec des amis, des partenaires ou des homologues généralement civilisés et dignes de confiance a du sens. La plupart des pays occidentaux ne remplissent pas ces conditions, alors à quoi bon ?
77 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Occident a bouclé la boucle et est revenu à son homéostasie messianique habituelle : mégalomanie raciste, illusions sur sa propre invulnérabilité et son invincibilité.
Cela envoie un message puissant et important à toute la zone B, en particulier à la Chine.
La Russie a-t-elle eu raison de s’engager dans ces négociations ?
Oui, absolument. Un pays qui a perdu 27 millions de ses citoyens à cause de la mégalomanie occidentale avait le devoir moral d’essayer de tout faire pour éviter une autre guerre. Oui, les chances de succès étaient infinitésimales. Mais moralement, la Russie devait essayer et elle l’a fait.
Maintenant que ses mains ont été déliées, elle peut faire ce qu’elle juge nécessaire.
C’est bien ainsi.
La principale question qui se pose maintenant est la suivante : à combien s’élèvera cette fois le prix à payer pour ramener l’Occident messianique à la réalité ?
Nous le saurons bientôt.
J’ajouterai simplement que penser que l’hiver en Russie peut empêcher les militaires de se battre est d’une stupidité à couper le souffle. Cependant, puisque le Telegraph peut afficher de telles absurdités, cela montre que le grand public occidental a également été complètement hypnotisé et peut donc être nourri de n’importe quelle connerie sans que cela lui fasse froncer les sourcils.
Alors que les dirigeants de l’Empire (déjà mort) consultent des météorologues (ou même des astrologues ?), ils passent complètement à côté de la réalité fondamentale de la guerre moderne. Ils semblent particulièrement ignorants de trois faits fondamentaux :
La guerre moderne est principalement menée à distance, avec des armes à longue portée, ce qui rend la manœuvre par le feu beaucoup plus importante que la manœuvre par les forces.
La guerre moderne accorde une importance considérable aux défenses aériennes intégrées qui travaillent ensemble dans le cadre de systèmes automatisés de gestion de la bataille. Les missiles de défense aérienne modernes peuvent abattre des cibles situées à plusieurs centaines de kilomètres. Aucun système de défense aérienne occidental ne peut arrêter les armes hypersoniques.
La guerre moderne est avant tout non linéaire, c’est-à-dire qu’elle ressemble plus au football classique qu’au football américain : chaque joueur (disons chaque groupe tactique de bataillon) « suit/bloque » un autre joueur plutôt que d’essayer de tenir une ligne pour défendre un territoire.
Ceux qui pensent que Poutine prépare une attaque de type Seconde Guerre mondiale ne comprennent tout simplement pas du tout la guerre moderne.
Je voudrais conclure par deux petites notes :
Mobilité stratégique vs opérationnelle/tactique
Les États-Unis peuvent déployer très rapidement une force militaire à peu près n’importe où sur la planète, tant que cet endroit n’a pas de défenses aériennes modernes. Cela signifie qu’en termes de mobilité stratégique, les États-Unis restent le leader du déploiement d’une force légère très loin de chez eux.
Les forces mobiles russes sont beaucoup plus lourdes que leurs homologues américaines. Une division aéroportée russe est entièrement mécanisée et dispose de sa propre artillerie, de ses propres blindés, de ses propres moyens de guerre électronique, etc. En raison de ce poids, il est impossible pour les Russes d’utiliser, par exemple, des IL-76 ou des An-124 pour déployer une telle division aéroportée (ou une brigade ou même un bataillon) quelque part en Afrique ou en Amérique latine. Toutefois, en sacrifiant ainsi la mobilité stratégique, la Russie obtient une mobilité opérationnelle/tactique dont les pays de l’OTAN et des États-Unis ne peuvent que rêver. En termes simples, la Russie n’a pas les moyens de déployer un bataillon d’infanterie complet quelque part dans le lointain Paraguay, mais elle a les moyens de transporter une importante force aéroportée (jusqu’à plusieurs divisions) n’importe où à l’intérieur de la Russie (cela s’applique particulièrement aux forces désignées comme « réserve du commandant en chef ») ou, très approximativement, dans un rayon d’environ 1000 km de la frontière russe. Une fois débarquée, cette force disposera non seulement d’une puissance de feu que les forces occidentales mobiles ne peuvent même pas espérer acquérir un jour, mais elle pourra également se déplacer rapidement étant, comme je l’ai mentionné, totalement mécanisée (le déplacement de la Rusbat de Bosnie à Pristina a bien illustré bien ce type de capacité).
Tout cela pour montrer à quel point toutes les discussions sur la présence de forces russes à 100, 200 ou même 400 km de la frontière ukrainienne sont totalement stupides. Si nécessaire, la Russie pourrait facilement déplacer une très grande force (encore une fois, entièrement mécanisée) vers la frontière ukrainienne ou même dans l’Ukraine contrôlée par les nazis. Je ne crois pas qu’ils aient de tels plans (car la Russie a de bien meilleures options) mais la Russie a certainement la possibilité de renforcer très rapidement les 100 000 soldats qui seraient actuellement à 400 km de la frontière ukrainienne.
Cuba, Venezuela, Nicaragua, etc.
J’entends beaucoup de spéculations sur le déploiement de missiles (ou de forces) russes dans le style de la « crise des missiles de Cuba », soit à Cuba, au Venezuela, au Nicaragua ou dans d’autres pays amis d’Amérique latine. Je ne dirais jamais jamais (Poutine aime surprendre), mais à mon avis, à part la réouverture de la base de renseignement russe à Lourdes, la Russie ne déploiera pas réellement de missiles dans aucun de ces pays. Il y a plusieurs raisons à cela :
La Russie n’a pas besoin de déplacer ses missiles, car elle a maintenant les moyens de frapper l’ensemble du territoire continental des États-Unis avec un large éventail d’armes à longue portée.
Ces pays sont tous plus ou moins instables, et la question de la protection des systèmes d’armes (ou des forces) russes avancés contre d’éventuels troubles politiques est un casse-tête dont personne en Russie n’a besoin.
Le déploiement de systèmes d’armes ou de forces dans un pays souverain nécessite des consultations et des négociations étroites avec le pays hôte (y compris une SOFA). Pourquoi ces casses têtes si la Russie peut agir unilatéralement sans consulter qui que ce soit ?
Enfin, non seulement la Russie peut menacer les États-Unis continentaux sans impliquer aucun pays tiers, mais elle peut également menacer les intérêts américains là où ils sont les plus vulnérables : à l’étranger (notamment au CENTCOM et dans la région de l’Extrême-Orient et du Pacifique). Personnellement, j’espère vraiment voir des livraisons de systèmes d’armes russes importants à l’Iran et à la Chine. Cela étant dit, aider les pays d’Amérique latine comme Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie, le Chili ou tout autre pays luttant pour sa souveraineté serait une très bonne idée. Cuba bénéficierait tout particulièrement des défenses aériennes russes modernes et des capacités de guerre électronique.
Pour l’instant, parlons plutôt des « sanctions infernales » et même des « sanctions personnelles contre Poutine » ou de l’incapacité des chars russes à faire face à la neige (ou à la boue) à l’endroit exact où l’URSS a vaincu l’Europe unie sous Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale ou, avant cela, l’Europe unie sous Napoléon.
Franchement, il me semble que les fous de 3B+PU ont totalement pris le contrôle de l’Empire, et l’histoire montre comment cela se termine chaque fois que ces « génies » et « hyènes » s’impliquent dans la politique internationale.
Enfin, j’espère vraiment que la Russie parviendra à protéger la LDNR contre les Ukronazis, mais SANS intervention militaire directe en Ukraine (je n’ai aucun problème avec des efforts indirects niables pour aider la LDNR). Une telle non-invasion serait le cauchemar ultime des Anglo-sionistes et j’espère vraiment qu’ils y parviendront !
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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