Si la pandémie de coronavirus a confirmé le pouvoir d’influence des médecins, la population a aussi découvert leur capacité de désaccord et de haine. Les médecins jouissent de fait du prestige de savoir soigner et leur opinion a toujours bénéficié d’une grande considération. Leur indépendance et leur capacité d’influence ont toujours été craintes par les gouvernants qui redoutent à juste titre des prises de position corporatives susceptibles de déstabiliser leur pouvoir.
C’est la raison pour laquelle les gouvernements issus de la Cinquième République ont tous cherché à diviser la corporation des médecins afin que celle-ci ne puisse peser sur les élections.
Pour cela, les ministères de la Santé n’ont jamais manqué de créativité pour instaurer des rivalités au sein de la communauté médicale. En 1971, l’instauration d’un numerus clausus extrêmement sélectif à l’entrée des études médicales crée de fait deux catégories de médecins : ceux issus de la caste des étudiants issus du numerus clausus et les plus anciens qui ont eu la chance d’y échapper. L’accès aux spécialités par la voie royale élitiste du concours d’internat ou par la voie universitaire des CES (Certificat d’études spécialisées) a constitué non seulement deux types de médecins, les généralistes et les spécialistes, mais aussi deux types de spécialistes, les anciens internes des hôpitaux universitaires et les autres. La réforme de l’internat pour tous présentant la médecine générale comme une «spécialité» n’a en rien atténué l’opposition toujours active entre généralistes et spécialistes.
Une excellente façon de diviser consiste à accorder des privilèges à certains sous-groupes et pas à d’autres. L’accès au secteur 2 des honoraires libres est par exemple aujourd’hui réservé à certains médecins pouvant attester de certains titres hospitaliers alors que chaque médecin pouvait auparavant exercer en secteur 2 par simple choix. Des médecins peuvent aujourd’hui fixer librement leurs honoraires alors que d’autres, non moins diplômés, sont assignés à des honoraires fixes sans espoirs de dépassement. Il n’en faut pas plus pour générer et attiser des jalousies entre médecins : anciens contre jeunes, spécialistes contre généralistes, publics contre privés, médecins AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) contre médecins des hôpitaux de province…
La stratégie de gestion de la pandémie basée sur les restrictions de liberté imposées à la population et la vaccination généralisée a délibérément ignoré le rôle des médecins et aggravé leurs divisions : nominations au «conseil scientifique» du gouvernement de médecins sans compétences en coronavirus ou en évaluation des mesures de santé publique, ronds de serviette sur les plateaux des médias publics aux médecins relayant la propagande du gouvernement, légions d’honneur aux médecins courtisans, recommandation d’éviter de voir son médecin au premier symptôme de Covid, accès direct au laboratoire sans ordonnance pour les tests, vaccination par les pharmaciens, limitation de la liberté de prescription de produits considérés insuffisamment évalués comme l’hydroxychloroquine et l’azythromycine, etc.
L’exemple le plus démonstratif de la division du corps médical français est probablement la haine entretenue contre le professeur Didier Raoult de l’lnstitut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille de la part de nombreux médecins de l’AP-HP et autres praticiens issus de spécialités diverses. Etablissements de formation et recherche de très haut niveau crées sous le mandat de Nicolas Sarkozy en 2009, les IHU regroupent sur un même site, les meilleurs chercheurs et médecins d’une spécialité donnée. Il existe 6 IHU en France : trois à Paris (métabolisme, neurologie, maladies génétiques), un à Bordeaux (cardiologie) et un à Marseille (maladies transmissibles). Disposant d’un bâtiment ultra moderne de 27 000 m2, du plus grand et mieux équipé laboratoire microbiologie de France et de 700 salariés, L’IHU de Marseille constitue le seul pôle d’expertise d’étude des risques épidémiques de France et un des rares au monde. Ignoré des cercles de la médecine parisienne, c’est la survenue brutale de la pandémie qui a fait connaître l’existence de l’IHU de Marseille au grand public. La réputation internationale et la personnalité de son directeur n’ont pas fini d’aggraver la rivalité Paris-Province et d’agacer les médecins proches du pouvoir exécutif. Oubliant leur serment et leur déontologie la plus élémentaire, certains confrères n’appréciant pas être contredits dans leurs prises de position inconditionnelles en soutien à la stratégie du gouvernement, n’ont pas hésité à menacer et insulter en public Didier Raoult, qui bien entendu ne manque pas de répondre point par point et d’écraser sans vergogne par ses discours ses détracteurs qui ne disposent bien entendu pas des capacités colossales de son institut spécialisé dans la lutte contre les épidémies. Les Français assistent stupéfaits à une polémique par médias interposés d’une violence inédite dans le monde classiquement feutré de la recherche médicale. Il faudra longtemps au Conseil de l’Ordre des médecins pour instruire les très nombreuses plaintes déposées par toutes les parties…
Il n’est pas certain que les chauves-souris et autres créatures sauvages accepteront aussi facilement que les Français le chantage à l’accès aux bars, cinémas et salles de sport pour consentir à se faire vacciner
Pendant que les spécialistes s’étrillent en public, le gouvernement a le champ libre pour contourner la médecine libérale à coups de décrets et de lois d’urgence restreignant la pratique et la liberté de prescription historique des médecins. Les tentatives de prise en charge précoce à domicile des patients symptomatiques au Covid sont réprimées par les autorités. Pourtant la promotion de la médecine ambulatoire aurait été un bon moyen pour soulager les hôpitaux comme cela est organisé couramment pour certaines dialyses ou chimiothérapies. En effet l’oxygénothérapie, les anti-inflammatoires et antibiotiques prescris à domicile par le médecin traitant sont des moyens qui, adaptés au cas par cas, peuvent permettre d’éviter un certain nombre de complications par détresse respiratoire, et donc d’éviter des hospitalisations simples et même en réanimation. Les autorités sanitaires en ont décidé autrement : la stratégie repose uniquement sur l’hôpital et la vaccination de masse.
Le nouveau «pass vaccinal» ayant pour objectif non dissimulé d’inciter la totalité de la population à la vaccination, les pouvoirs publics seraient bien inspirés de se souvenir que le SARS-CoV-2 est un coronavirus à réservoir animal et qu’une fois que la totalité de la population sera vaccinée, il faudra donc créer ensuite un nouveau «pass animal» pour éviter les épidémies à nouveaux variants. Il n’est pas certain que les chauves-souris et autres créatures sauvages accepteront aussi facilement que les Français le chantage à l’accès aux bars, cinémas et salles de sport pour consentir à se faire vacciner…
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