Le gouvernement belge s'est entendu sur un accord prévoyant la fin des réacteurs nucléaires actuels en 2025. Il ne tourne toutefois pas le dos à cette énergie, et va même investir 100 millions d’euros dans la recherche sur les petits réacteurs.
Dans la matinée du 23
décembre, le gouvernement fédéral belge est parvenu à l’issue d’une nuit
de discussions à un accord sur la sortie du nucléaire – qui est à
l'origine de 39% de l'électricité produite en Belgique, selon la Fédération Belge des Entreprises Electriques et Gazières.
La sortie progressive du nucléaire est inscrite dans la loi belge depuis 2003, mais les gouvernements successifs ont tardé à développer les capacités susceptibles de compenser l'arrêt des sept réacteurs répartis dans les deux centrales de Doel et de Thiange, d'une puissance cumulée de six gigawatts et gérés par le français Engie.
Le gouvernement actuel – composé de libéraux, de socialistes et d'écologistes – a convenu de fermer les réacteurs actuellement en fonctionnement d'ici 2025. Le Mouvement réformateur (MR), un parti francophone d'inspiration libérale, plaidait toutefois pour le maintien en activité des deux réacteurs les plus récents, selon Challenges.
Comme l'explique la RTBF, l'accord stipule que la sécurité de l'approvisionnement énergétique du royaume doit être garantie. Il est ainsi prévu d'ouvrir une nouvelle centrale au gaz – également gérée par Engie – à Vilvorde, près de Bruxelles. La ministre flamande de l’énergie, Zuhal Demir, refuse cependant d’octroyer le permis qui permettrait de la construire. Le gouvernement belge se laisse jusqu'au 15 mars pour étudier d'autres sites mais, si cette option échoue, les réacteurs nucléaires pourraient continuer à fonctionner.
100 millions d'euros dans les centrales de nouvelle génération
L'accord prévoit toutefois que la Belgique ne tourne pas le dos au nucléaire. Le pays va en effet investir 100 millions dans dans le nucléaire du futur, en particulier dans les petits réacteurs modulaires (SMR), présentés comme «plus sûrs».
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue plus tard dans la matinée, le premier ministre Alexander De Croo a rappelé l'objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050 auquel doivent aussi contribuer les énergies renouvelables (solaire, éolien offshore) et s'est exprimé en ces termes, rapportés par l'AFP : «C'est avec un regard ouvert vers l'innovation et les nouvelles technologies que nous envisageons le futur énergétique [...] Nous avons prévu plusieurs moments d’évaluation pour vérifier que nous sommes sur la bonne voie.»
Le chef du MR, Georges-Louis Bouchez, n'a de son
côté pas déposé les armes et est même allé jusqu'à affirmer que «la
sortie du nucléaire n'a pas été décidée», en évoquant le délai de trois
mois et le «filet de sécurité» que représenterait le maintien de
certains réacteurs. Il a aussi rappelé que l'autorité belge de sûreté du
nucléaire (AFCN) aurait son mot à dire début 2022. «Si ça ne tenait
qu'à nous, on ne ferait que du nucléaire et il n'y aurait pas de
centrale au gaz, parce que c'est une absurdité sur le plan climatique», a-t-il affirmé plus tard dans la journée lors d'un débat télévisé.
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