10 octobre 2021

Menaces de fermeture sur l'hôpital du Bailleul : les médecins "extrêmement inquiets"

 

La situation pourrait s'aggraver à l'hôpital du Bailleul (Sarthe), où les urgences sont régulièrement fermées par manque de personnel. Les médecins s'inquiètent d'une nouvelle loi.

À l’hôpital du Bailleul (Sarthe), les médecins alertent sur une loi qui pourrait mettre en péril l’établissement tel qu’il existe aujourd’hui.

Le Pôle santé Sarthe et Loir (PSSL) est déjà confronté à un problème de fermeture des urgences de nuit, et parfois de jour, par manque de personnel.

Une loi sur la rémunération des intérimaires

« On est extrêmement inquiets », lâchent les médecins, ce vendredi 8 octobre 2021.

D’ici la fin du mois, le 28 octobre, la nouvelle loi, dite « Rist », devrait entrer en vigueur dans les hôpitaux publics. Elle remplace un décret, datant de 2017, mais peu appliqué dans les faits.

La réglementation concerne les médecins intérimaires, en particulier les anesthésistes et urgentistes, « des spécialités en tension » selon les professionnels de santé du PSSL.

« Cette loi propose de diminuer la rémunération des médecins. » Pour le même travail, ils toucheront 75 % de leur salaire.

« Les urgentistes ne viendront plus »

Le PSSL en dépend en grande partie : pour exemple, à une exception près, « aujourd’hui on a que des intérimaires aux urgences », indique la communauté médicale. « Il faudrait 10 à 13 médecins sur place pour faire tourner les urgences 24 heures sur 24. »

Sur le fond, les médecins ne sont pas opposés à l’encadrement des salaires. Mais ils pointent un problème d’attractivité.
Dès le 28 octobre, « si la loi est appliquée telle quelle on sait que les anesthésistes qui viennent habituellement ne viendront plus, les urgentistes non plus. »

Ainsi un intérimaire, en effectuant simplement des heures supplémentaires dans son établissement d’origine, obtiendrait la même rémunération qu’à l’heure actuelle, sans les contraintes liées au déplacement (horaires, trajet…).

Plus d’urgences, de jour comme de nuit ?

De ce fait, certains services ne seraient plus assurés « pour des raisons de sécurité ».

« On ne peut pas opérer si on n’a pas d’anesthésistes, on ne peut assurer les urgences », soulignent les praticiens du Bailleul. « Il y a une prise de risque réelle, il y a des gens qui ne vont pas être pris en charge à temps pour certains types de pathologies. »

Dans cette hypothèse, les urgences seront fermées en continu, jour et nuit, tout comme la maternité : « les femmes qui sont censées accoucher chez nous devront être transférées au Mans et à Angers ».

Pas d’hôpital à moins de 45 minutes

Le scénario noir ne s’arrêterait pas là : « On ferme le bloc opératoire, on annule toutes les interventions qui sont prévues, les examens endoscopiques, les examens de dépistages… »

De même à l’unité de soins continus, où les patients nécessitent une surveillance rapprochée : « cette unité est gérée par un anesthésiste ».

Conséquence directe pour les habitants du sud Sarthe : « les malades n’auront plus accès à un service à moins de 45 minutes de chez eux. »

Même les urgences du Mans sont en tension

Comme celui du Bailleul, les autres hôpitaux, en dehors du Mans,  dont Saint-Calais et Château-du-Loir, connaissent des difficultés similaires pour maintenir leurs urgences ouvertes.

« Il y a déjà un retentissement sur les urgences du Mans où il y a un report de patients », affirment les médecins du PSSL. « Au Mans, ils ne sont pas aussi dépendants que nous, mais ils emploient aussi des intérimaires. »

Pour exemple, le bloc opératoire du Mans fonctionne « avec 6 à 7 intérimaires en anesthésie par jour ».

Avec un seul service d’urgences dans toute la Sarthe, la situation risque donc encore de s’aggraver : « les malades que nous ne pourrons pas opérer, ne pourront pas être opérés au Mans ».

Quelles solutions ?

Lors d’un entretien avec la rédaction, en septembre dernier, la présidente du conseil de surveillance, Nadine Grelet-Certenais, évoquait déjà cette fameuse loi Rist et ainsi que des solutions à la fermeture des urgences.

Ni l’Agence régionale de santé, ni la direction de l’établissement n’ont encore mis sur la table d’alternatives : « il n’y a aucun plan B », soufflent les praticiens.

« Pour l’instant, on n’a pas eu de retour sur des propositions autres que l’application pure et dure de la loi. » Mais cette dernière, selon eux, « ne va pas résoudre le problème de pénurie médicale ».

Source

Destruction contrôlée de l'Hôpital public...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.