Emmanuel Macron est le plus grand faux-monnayeur des Lumières. Il adorerait restreindre la liberté d'expression sur Internet, qui ruine tant l'édifice de la caste mondialisée. Mais, pour un parangon de la démocratie libérale, il est compliqué de renier officiellement les valeurs fondatrices d'un régime dont il est aujourd'hui le premier fossoyeur. Donc, on explique qu''une commission des Lumières va combattre l'obscurantisme complotiste sur Internet pour faire triompher la vérité. Ou comment le totalitarisme pervertit les anciennes valeurs pour s'imposer. Macron a déclaré la guerre à la pensée des Lumières, qu'il prétend représenter.
Il faut absolument lire le discours d’introduction à la commission “Les Lumières à l’ère numérique” (dite commission Bronner) prononcé par Emmanuel Macron, pour comprendre quelle opération de transformation de la réalité est à l’oeuvre dans cette opération. Cette commission, dont le seul objectif est de légitimer des restrictions à la liberté d’expression avance bien entendu sous les traits plus présentables d’une défense des Lumières. Elle en constitue pourtant la négation complète.
Commission des Lumières, commission de l’obscurité
Dans la pratique, Emmanuel Macron face à Internet se trouve aujourd’hui dans la même position que Louis XVI et sa Cour face aux sociétés scientifiques et à la franc-maçonnerie. D’un côté, des certitudes, un pouvoir, un dogme. De l’autre côté, des doutes, des “dissidents” et de la contestation. Louis XVI faisait face aux Lumières qu’il avait rebaptisés “libertins”, Macron fait face aux sceptiques qu’il a rebaptisés “complotistes”. Dans les deux cas, le mensonge du pouvoir est le même, et l’inconfort aussi bien partagé.
En réalité, cette commission aura pour seule fonction de mettre à l’index, c’est-à-dire de désigner du doigt les ennemis du régime. Et, pour parvenir à les faire taire, elle proposera probablement toutes les mesures de fichage et de harcèlement que pratique déjà l’un de ses membres, Rudy Reichstadt, dont l’obsession est de dresser la liste de tous les suspects.
Voilà une commission qui sent la Terreur et la répression, en mode embastillage des opposants.
Macron, le faux-monnayeur des Lumières
Macron, pour légitimer sa démarche liberticide, met bien entendu en avant la “protection” de la démocratie contre les méchants complotistes qui la menacent. On sait tous que la démocratie n’est jamais menacée par une caste qui détient tous les leviers dans un appareil d’Etat, mais par quelques fous qui professent des théories extravagantes. C’est un grand classique du totalitarisme que d’expliquer que le pouvoir en place dépasse les limites de l’Etat de droit à cause de quelques fous qui imposent leur loi.
On retiendra cette phrase révélatrice du Président :
"Nos sociétés sont confrontées à une fragmentation du débat, un phénomène de bulles où s’enferment des individus qui ne se parlent plus, à une résurgence de discours de haine, à un recul du savoir et de la science dans certaines circonstances."
On ne pouvait pas mieux désigner la dissidence : “un phénomène de bulles”… qui “fragmentent” le débat et mettent la société en danger en faisant reculer le savoir. Il faut donc percer les bulles pour fédérer le débat autour de quelques consensus que plus personne ne contestera. On mesure ici la sémantique totalitaire : il faut un grand groupe homogène de pensée, plutôt que des bulles qui ne pensent pas comme les autres.
Dans cette vision même, il y a une négation de la pensée des Lumières, qui fut d’abord un phénomène de contestation individuelle contre le dogme collectif. C’est pour cette raison que l’Ancien Régime les appelait les “libertins” : ceux qui prônaient la liberté individuelle contre les certitudes de l’époque.
Sur le fond, nous retrouvons bien ici un combat entre un régime et un mode de pensée. Mais les Lumières ne sont pas celles que l’on croit.
Eloge du doute face au dogme
On comprend bien ce que veut Emmanuel Macron : face à des réseaux sociaux qui constituent une menace politique, il préfèrerait une opinion homogène, docile, obéissante, qui se contente d’avaler tout cru les pseudo-vérités distillées par la caste qui l’a choisi. Telle est la vision du monde selon l’énarque moyen (ce qu’est Emmanuel Macron) : une élite qui discute les vérités dont elle est détentrice, et une masse de citoyens dociles qui les prend pour argent comptant.
Ah ! si une loi pouvait interdire aux Gaulois réfractaires de “réfracter”, et pouvait limiter l’utilisation du cerveau aux seuls habitants des beaux quartiers ! comme tout irait bien mieux. Que les gens intelligents pensent, et que les imbéciles obéissent dirait Reichstadt. Au fond, les Lumières selon Macron, c’est le règne des certitudes faciles.
Or, et malheureusement pour lui, la recherche du dogme, c’est précisément ce que les Lumières ont combattu. La philosophie des Lumières était celle du doute, de la remise en cause de tout, dans la foulée du “tabula rasa” de Descartes. Et si une vérité fut celle de cette pensée, elle tient à l’aversion au “consensus des experts”, soupe informe qui nous est présentée aujourd’hui comme le substitut de la pensée authentique. Pourtant, que cela soit dit, la pensée des Lumières fut celle du scepticisme, de l’irrévérence et de la contestation de l’ordre ambiant.
Bref, les Lumières furent l’inverse du macronisme.
Renverser les mots, le propre du totalitarisme
Face à cette subversion typique du macronisme, consistant à appeler “Lumières” ce qui n’est qu’une démarche dogmatique, et consistant à transformer l’esprit critique en complotisme, il faut relire la Route de la Servitude de Hayek. On y lira la précieuse description du processus totalitaire qui consiste à combattre le doute démocratique pour proclamer la supériorité des certitudes, et à instaurer des dogmes au nom de la liberté de penser.
Hayek montre très bien comment un régime totalitaire reprend à son compte les anciens dieux et les anciennes valeurs pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils disaient. Ainsi fait Emmanuel Macron avec les Lumières. Les Lumières signifiaient tolérance, droit à la divergence d’opinion, liberté d’expression et esprit critique. Sous Macron, elles sont encore portées au pinacle, mais en signifiant le contraire : certitudes dogmatiques, bannissement des dissidents, culpabilisation de toute divergence de pensée.
C’est bien à un processus pré-totalitaire que le faux-monnayeur Macron s’attèle. Faut-il lui rappeler que le premier des Lumières, Voltaire, fut enfermé à la Bastille à cause de son irrévérence pour le pouvoir ?
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