L’ex numéro 1 mondial de l’acier subit à son tour les conséquences de la pénurie de semi-conducteurs. Ses deux lignes de galvanisation de Florange, qui laminent principalement pour l’automobile, seront arrêtées en novembre.
L’inauguration en grandes pompes a eu lieu il y a un mois à peine, pourtant Galsa2 va s’arrêter au 1er novembre 2021. La nouvelle ligne de galvanisation d’ArcelorMittal à Florange était opérationnelle depuis le printemps 2020. Cet investissement de 89 millions d’euros est progressivement monté en charge, bien aidé par la reprise post Covid. Aujourd’hui elle tourne en cinq équipes, à feu continu: 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mais la pénurie actuelle de semi-conducteurs, ces composants indispensables au fonctionnement des appareils électroniques, vient frapper de plein fouet la vitrine du groupe sidérurgique dans la vallée de la Fensch: les deux lignes de galvanisation du site de Florange seront mises à l'arrêt total en novembre.
A l'arrêt
"Lors du dernier conseil économique et social mardi 19 octobre 2021, la direction avait évoqué la possibilité d’arrêter temporairement les lignes du fait de la baisse des commandes de l’industrie automobile, mais apparemment la situation s’est dégradée très rapidement depuis" précise Jérôme Baron, délégué CFDT (majoritaire).
Les deux lignes de galvanisation de Florange fournissent aux constructeurs automobiles des bobines d’acier revêtues d’une fiche couche d’aluminium et de silicium, qui leur garantit une protection contre la corrosion et de meilleures propriétés mécaniques. Cet acier constitue la carrosserie mais aussi une partie du châssis des automobiles. Incapables de se fournir en semi-conducteurs, la plupart des grands constructeurs mettent leurs lignes à l’arrêt.
Stocks
Conséquence : moins de commandes d’acier pour la sidérurgie et des stocks qui restent dans les parcs. "La baisse de charge devrait tourner autour de 40%" estime Lionel Burriello, secrétaire général CGT ArcerlorMittal Florange. "C’est un scénario assez désagréable pour Mittal et les grands groupes, qui vont se retrouver avec du stock sur les bras, et des prix qui vont chuter. Or Mittal, plus que tous, tient à maintenir ses prix coûte que coûte, quitte à fermer des installations et à réduire sa production, comme on l’a vu lors de la dernière crise de l’acier il y a dix ans" explique un bon connaisseur du secteur.
Chômage
A Florange, l’impact social devrait rester mesuré dans un premier temps : "la direction nous a assurés qu’elle n’aurait pas recours au chômage partiel avant le premier trimestre 2022" selon la CFDT, qui ajoute "qu’elle sera attentive au maintien du salaire pendant cette période".
Selon nos informations, la direction locale va demander aux salariés des lignes concernées par les arrêts de prendre tous leurs congés annuels et leurs RTT avant la fin de l’année.
Le syndicat majoritaire et la CGT demandent également à ce que la maintenance prévue traditionnellement en fin d’année démarre dès l’arrêt des outils, "et que les investissements dont les budgets ont été votés soient mis en œuvre rapidement, de manière à pouvoir redémarrer les installations dans les meilleures conditions" selon Lionel Burriello. Oui mais quand ? Silence radio du groupe ArcelorMittal pour l’instant.
Packaging
Florange trop dépendant de l’automobile ? Le laminage pour le secteur
automobile représente une grande part des profits d’ArcelorMittal à
Florange. Son procédé Usibor® lui
assure de bonnes marges. Les installations de la vallée de la Fensch
fournissent également des tôles d’emballage pour l’industrie et
l’agro-alimentaire. Pour cette dernière, le packaging, les lignes
tournent à pleine charge, et devraient permettre d’amortir l’arrêt des
autres lignes : "si l’arrêt de la galvanisation se poursuit au-delà
de 2021, nous demanderons à ce que les salariés des lignes impactées,
puissent, sur la base du volontariat, aller renforcer les équipes du
packaging" affirme Jérôme Baron. "Notre direction centrale
affirme qu'elle veut plus de clients sur l'industrie pour compenser mais
ça ne se fait pas comme ça ! Encore faut-il les trouver..." râle Lionel Burriello, "on sait déjà que le premier trimestre 2022 sera compliqué".
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