11 septembre 2021

Les pays du Golfe face au spectre d’un climat invivable

Vers la fin du siècle, certaines localités du Golfe pourraient connaître des épisodes de «stress thermique incompatible avec la survie humaine», selon un chercheur.

Sameer sillonne péniblement les rues de Dubaï sur sa petite moto aux heures les plus chaudes de l’été. Il fait 45 degrés à l’ombre et avec le réchauffement climatique, les températures dans le Golfe risquent de devenir invivables, suscitant une tardive prise de conscience.

«Je travaille de 9 heures à 16 heures sous cette chaleur» avec «une pause toutes les trois heures», explique avec un sourire gêné ce livreur pakistanais, employé d’une application mobile de livraison dans cette grande ville des Émirats.

Températures écrasantes

À Dubaï, où la chaleur est accentuée par une forte humidité, Emiratis et expatriés fuient en nombre les températures estivales écrasantes. Ceux qui restent passent leur temps dans des lieux ultraclimatisés et se reposent sur un bataillon de livreurs pour minimiser leurs sorties.

Et la situation risque de devenir de plus en plus critique. Avec le réchauffement climatique, «le niveau de stress thermique va augmenter de manière significative» dans plusieurs villes du Golfe, affirme Elfatih Eltahir, professeur d’hydrologie et climat au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Au-delà des 50 degrés

Vers la fin du siècle, avec la combinaison de températures toujours plus chaudes -- au-delà des 50 degrés -- et de l’humidité, certaines localités pourraient connaître des épisodes de «stress thermique incompatible avec la survie humaine», dit ce chercheur à l’AFP.

Directement concernés, les Émirats arabes unis ont lancé une stratégie écologique à l’horizon 2050 qui vise notamment à faire passer la part des énergies propres de 25 à 50% et à réduire de 70% l’empreinte carbone de la production d’électricité.

Prendre le sujet à cœur

«Il y a de plus en plus d’intérêts pour ce sujet aux Émirats, mais nous attendons encore de voir les grandes entreprises prendre cette question à cœur», déclare à l’AFP Tanzeed Alam, directeur de Earth Matters Consulting, un cabinet de conseil spécialisé dans l’environnement basé à Dubaï.

Aux Émirats, depuis plusieurs années déjà, des avions sont utilisés pour ensemencer des nuages, avec pour objectif de provoquer puis capter la pluie. Et bientôt, des drones pourraient être utilisés pour la même fin.

Le Giec a estimé dans un rapport publié début août que le seuil de +1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle sera atteint autour de 2030, dix ans plus tôt que dans les précédentes projections, menaçant l’humanité de nouveaux désastres «sans précédents». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que ce rapport devait «sonner le glas» des énergies fossiles.

Mauvaise presse

Les pays du Golfe, très dépendants de l’exploitation des hydrocarbures, ont longtemps eu mauvaise presse sur la question environnementale, mais cherchent ces dernières années à modifier leur discours pour redorer leur image internationale, mais aussi diversifier leurs économies. L’émirat d’Abou Dhabi a par exemple construit une centrale solaire, présentée comme l’une des plus grandes de la planète.

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