Voilà une fête nationale au goût un peu étrange, amer sans doute. Jamais la devise française ne fut aussi galvaudée : la liberté a disparu, l’égalité s’est évaporée, quant à la fraternité, on fait absolument tout pour la contrarier. Avec succès.
C’est ainsi que le traditionnel et très républicain défilé du 14 juillet sera sous cloche pour éviter les méchants clusters festifs qui, au contraire des cluster familiaux ou dépressifs, sont âprement combattus par notre vénéré gouvernement : pour assister aux parades, il faudra un masque et être muni de la carte du parti pardon du pass sanitaire.
Eh oui, les choses s’emballent (et les Français, dans du papier cerfa).
Juste après les élections pendant lesquelles le Président avait judicieusement desserré l’étau administratif pour tenter de sauver les meubles d’un suffrage tendu pour son parti, le variant indien pardon delta se met à fondre sur le pays entraînant une évidente panique médiatique. Si les réanimations sont vides, les plateaux-télé sont pleins et pépient d’une même clameur : on va tous mourir, et c’est la faute à ceux qui ne sont pas vaccinés.
Et là, il faut se rendre à l’évidence : puisque l’aspect purement sanitaire n’est plus à même de déclencher la prise de conscience que le gouvernement est là pour nous, indispensable, indépassable, alors le politique peut revenir sur le devant de la scène.
Et comme on ne pourra pas – sauf à se dédire violemment – rendre le miraculeux vaccin obligatoire, on va rendre la vie des non vaccinés si insupportable qu’ils vont vite s’aligner : pass obligatoire pour à peu près toutes les activités, y compris celles du quotidien, et petit à petit, le Français non-vacciné va se trouver dans la situation étrange d’avoir moins de droits dans son propre pays que l’immigrant en situation irrégulière.
Incroyable ? Allons ! On les a traité comme des veaux jusqu’à présent et cela a toujours bien marché, pourquoi pas encore cette fois-ci ? Le multipass se met donc joyeusement en place, sous les applaudissements des politiciens, chroniqueurs et libéraux à la citoyenneté subitement chinoise.
Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter qu’alors que la France, pas même victime d’une vague de morts, se claquemure dans l’apartheid sanitaire, la Grande-Bretagne décide, elle, le chemin strictement inverse.
Le contraste de la perfide Albion avec l’Hegaxone hystérique promet d’être intéressant dans les prochains mois. On peut cependant déjà garantir l’assaut des chroniqueurs les plus affûtés pour expliquer dans quelques semaines, quelques mois, pourquoi le pari de Boris Johnson est perdu (peu importe les données réelles, il sera perdu), pourquoi la Grande-Bretagne n’aurait jamais dû faire confiance à ses citoyens adultes, pourquoi la France a eu raison et pourquoi elle doit même, vite, vite, en remettre une couche.
Moyennant quoi, on va pousser le pass sanitaire devenu pass vaccinal partout histoire de brimer les Français (et les touristes) qui auraient eu l’impudence de ne pas se faire vacciner.
Accessoirement, cela va grandement aider ces filières dont l’activité actuelle, pétulante, avait bien besoin d’une petite claque. On attend donc avec gourmandise la réaction enjouée des restaurateurs, des cafetiers, des directeurs de cinéma ou de salles de spectacle lorsqu’il s’agira de contrôler tout ça alors que, logistiquement, tout indique qu’il n’y aura pas assez de créneaux et de doses pour tous les petits bras potelés du cheptel français d’ici août. Mieux : les enfants (dont la vaccination n’est ouverte que depuis mi-juin) ne pourront matériellement pas être prêts dans les jours qui viennent et ne pourront donc pas profiter pleinement de leurs vacances (en tout cas, sur le papier).
Amusons-nous des décrets et autres bricolages administratifs improbables qui vont se succéder à présent dans une cacophonie formidable. L’administration française, déjà au taquet, promet des moments truculents alors que la torpeur de l’été a déjà gagné les bureaux assoupis de toutes nos institutions, et on peut parier sur des moments épiques de bureaucratie et de cerfas tamponnés n’importe comment.
Plus amusante encore sera la réaction des soignants dont on prétend maintenant qu’ils vont être virés par trouzaines s’ils s’opposent. Soudainement, virer des fonctionnaires devient rapide et facile.
Parions cependant qu’il y aura des soucis et que ce bluff aura du mal à survivre à l’épreuve du temps : épidémie de grossesses et d’arrêt maladies, de dépressions longues et autres accidents du travail, on peut garantir que les choses ne se passeront pas exactement comme prévu… Ou disons, quasiment pas : comme on continue à diminuer le nombre de lits hospitaliers, et que, par la force des choses, on va se retrouver avec moins de personnel soignant disponible à l’automne, tout est ainsi prêt pour que le moindre frémissement épidémique (parfaitement routinier à cette période) se transforme immédiatement en débordement des urgences.
On aurait tout fait pour qu’on ne s’y serait pas pris autrement. On n’ira pas jusqu’à se demander pourquoi faire ainsi durer le plaisir de ces vagues, ce serait complotiste.
Notons que si les personnels soignants sont malins, les réfractaires iront s’inscrire à la police et à la gendarmerie dont les troupes sont, elles, dispensées de vaccins (pratique pour garantir que l’ordre règne encore dans le pays, malgré tout).
Encore une fois, tout se déroule comme prévu, c’est à dire mal et même de plus en plus mal.
Le glissement administratif du pass sanitaire en pass vaccinal n’est qu’une étape vers le « pass citoyen », apte à tracer et corriger les petits prurits des plus agités. Rappelons que notre bon maître Emmanuel a très peu goûté l’épisode des Gillets Jaunes et qu’il entend faire payer, chèrement, ce peuple de Gaulois réfractaires pour la peur bleue qu’il a ressentie alors.
Aussi, le glissement sémantique du gouvernement au sujet du vaccin lui-même est significatif : on ne se vaccine plus trop pour lutter contre un débordement dans les urgences (eh non, il n’y en a plus), on ne se vaccine pas plus pour éviter la maladie (on sait que le vaccin ne permet guère d’affirmer une telle chose), on se vaccine tout simplement pour pouvoir partir en vacances, voir une toile ou manger au restaurant. Comme la liberté et l’égalité, l’aspect sanitaire s’est complètement évaporé.
Ah ce 14 juillet sera indubitablement un 14 joyeux !
Après dix huit mois de restrictions qui n’ont servi à rien, après un creusement historique d’une dette abyssale, et après avoir consciencieusement mis en place la guerre de tous contre tous, voilà donc qu’on propose un défilé et des réjouissances nationales juste après avoir passé la démultipliée totalitaire en transformant le pays des droits de l’Homme en pays des droits de l’Homme Vacciné Courbé Sous les Injonctions de l’État.
Y a-t-il encore quelque chose à fêter en France ?
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