31 juillet 2021

Laissez-passer sanitaire : des parcs de loisirs «en détresse totale»

Selon Arnaud Bennet , il y a «une chute très forte de fréquentation, de 20 à 50 % selon les sites, et jusqu’à 70 % chez certains», depuis l'instauration du pass sanitaire. LP/Jean-Baptiste Quentin 

Arnaud Bennet, président du syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels, annonce une saison «massacrée», bien pire que l’été dernier.

Arnaud Bennet, à la tête du parc zoologique et d’attractions le PAL en Auvergne, classé au 5e rang en nombre de visiteurs en 2020, est en colère. Le mot est faible. Inquiet au lendemain des annonces présidentielles, le président du Snelac (Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels), qui regroupe 2 600 entreprises du secteur, a pu vérifier ces derniers jours ce qu’il redoutait : pour lui, le pass sanitaire imposé depuis le 21 juillet a d’ores et déjà gâché la saison. Et met en danger de nombreux sites.

L’instauration du pass sanitaire, mercredi, a-t-elle fait plonger la fréquentation des parcs de loisirs ?

ARNAUD BENNET. Globalement il y a une chute très forte, de 20 à 50 % selon les sites, et jusqu’à 70 % chez certains. Plus le site est petit, plus l’achat est impulsif, la veille ou le matin même, et moins on vend de tickets à cause du pass sanitaire. Il y a une désaffection très nette dans tous nos parcs à cause d’une mesure inutile dans ces espaces en extérieurs, où le protocole de sécurité avait très bien fonctionné l’été dernier. Si le pass sanitaire avait été effectif le 1er ou le 15 septembre, on aurait fait un bon été, il avait bien commencé. Là, on est très près de tuer la saison sur beaucoup de sites. Je suis consterné par l’imprévoyance politique. Sur les gros sites, on aurait pu mettre en place un système de tests sur les parkings, mais le décret, qui le permet pour les discothèques, n’a même pas été élargi aux parcs. Ce qui signifie que tous les frais seraient à notre charge. J’ai des adhérents en détresse totale. Des gens qui ne savent même pas s’ils vont rester ouverts. Qui pleurent en m’appelant. Sur des petits sites, des patrons ont payé le dernier salaire de leur poche. On nous parle d’urgence sanitaire, mais ce n’est pas le sujet.

Comment cela ?

Bien sûr que nous y sommes sensibles mais l’été dernier a démontré que les parcs n’étaient pas une zone de contamination. Décider de mettre en place ce pass du jour au lendemain, ne nous aide même pas à accompagner le mouvement, puisque, compte tenu des délais entre les deux doses de vaccin, même ceux qui le font maintenant ne pourront pas venir chez nous. On est en train de massacrer la saison et des entreprises alors qu’il n’y a jamais eu un cluster dans un parc.

Comment réagit votre public ?

On se fait insulter sur les réseaux sociaux. Les gens nous disent qu’on leur impose un pass sanitaire et qu’ils ne viendront plus jamais dans nos parcs, alors que ce n’est pas nous qui l’avons décidé. Sans parler des visiteurs qui arrivent en voiture après deux ou trois heures de route et ne sont même pas au courant de la mesure. Vous leur dites quoi ? Le dimanche, tout est fermé, ils le font où leur test antigénique ? Dans le meilleur des cas, ils perdent encore 1h30. Au PAL, le parc que je dirige, on perd 40 % de la fluidité à l’entrée. Le contrôle est long, les explications, les conseils, cela crée de la tension, des attroupements énormes à l’entrée. Et c’est trop tard pour recruter du personnel en pleine saison. On n’en trouve pas. On n’a eu aucun délai pour mettre en place ce pass. Là, on s’est senti trahis par le gouvernement, alors que lors des étapes précédentes, nos interlocuteurs étaient plutôt à l’écoute. C’est fou d’entendre un responsable vous dire avec légèreté : C’est quand même presque rien d’aller se faire vacciner. Ils ne connaissent pas les vrais gens, la vraie vie, tous les milieux sociaux, dont les plus populaires, qui forment une partie importante de notre clientèle.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.