14 mars 2021

Nous vivons dans un univers cyclique

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Voici un extrait du "grand virage" (partie la plus ardue) qui explique pourquoi je suis quasiment certain que nous vivons dans un univers cyclique, de type holographique :

Venons-en maintenant à la question de savoir si l’on peut relier cette définition de l’âme à la cosmologie. Si l’âme existe et que tout l’univers est animé à toutes ses échelles par la conscience, alors nous devrions pouvoir « retrouver » la fonction néguentropique essentielle de l’âme aux échelles les plus grandes, sans quoi le désordre qui finirait par régner aux grandes échelles ferait sombrer l’organisation régnant aux plus petites échelles, ce qui n’est manifestement pas le cas. Autrement dit et pour faire simple, adoptons l’hypothèse que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.

La physique des plus grandes échelles du cosmos, qui est celle du big-bang et des trous noirs, a considérablement évolué sous l’impulsion des théories de gravité quantique (cordes et boucles) et de la conjecture holographique de Maldacena, l’un des physiciens les plus respectés de la planète, dont la publication originale sur ce sujet a dépassé les 10.000 citations, ce qui en a fait l’article le plus cité de toute la littérature en physique théorique.

L’aspect le plus étrange de ce modèle holographique est qu’il propose une équivalence ou « passerelle » entre deux types de théories, la première décrivant notre espace-temps dans un volume en incluant la gravitation, la seconde réduisant toute son information à celle d’une surface mais sans la gravitation. Laissons reformuler cette affaire par notre physicien médaille d’or du CNRS Thibault Damour, qui s'est lui-même étonné de cette passerelle qu'il a qualifié de fascinante dans le Ciel et Espace n°548 de juillet/août 2016 :

« …la démonstration qu'une théorie physique dans un espace-temps à quatre dimensions mais sans gravitation - issue de la physique des particules - est mathématiquement équivalente à une théorie de la gravitation dans un autre espace-temps, à dix dimensions. Cette correspondance est fascinante ! »

Un autre aspect puissant de cette conjoncture est qu’elle interprète la théorie des cordes en répartissant les 10 dimensions de son cosmos en deux parties indépendantes à 5 dimensions chacune, situées de part et d’autre d’une surface frontière à 4 dimensions. Une des parties du cosmos ne serait autre que notre univers et l’autre partie se trouverait à l’intérieur ou plutôt au-delà de l’horizon des trous noirs, voire du big-bang lui-même si l’on considère aussi ce dernier comme un trou noir. Notre univers matériel aurait donc non pas 4 mais 5 dimensions, ce qui est anticipé depuis un siècle par la théorie de Kaluza Klein, qui a développé un modèle précurseur de la théorie des cordes permettant d’unifier électromagnétisme et gravitation.

Nous avons cependant vu que l’actuelle physique des équations baigne dans l’illusion du déterminisme temporel, c’est-à-dire dans l’idée que la seule connaissance des conditions initiales de l’univers suffirait à le déterminer entièrement. Ces conditions initiales étant idéalement exprimées sur la frontière correspondant à l’horizon même du big-bang, si je prends au sérieux les conclusions de mes propres travaux publiés dans « Annals of physics », il manquerait pour déterminer l’évolution de notre univers la description de ses conditions finales.

Pourtant, nous avons vu que, s’agissant de définir un seul univers au sein du multivers, la théorie des cordes est à priori tout à fait complète, grâce à l’ajout de ses 6 dimensions vibratoires compactifiées. Si je poursuis donc mon raisonnement en tachant d’éviter toute contradiction avec la physique avancée, cela voudrait dire qu’il faudrait attribuer trois des n dimensions compactifiées au sein des trous noirs, au-delà de leur horizon, à des conditions finales de notre univers ! 

Or c’est justement ce qui nous est suggéré par les contributions récentes de grands physiciens comme Ashtekar ou Rovelli. Ils nous montrent par leurs calculs que l’information au sein des trous noirs devrait être « catapultée » dans le futur jusqu’à réapparaître presque instantanément dans notre multivers, par le biais de trous blancs. Ces derniers recycleraient ainsi l’information dans un univers inconnu, mais qui selon notre interprétation du multivers correspondrait à l’une des branches de notre futur.

Et c’est ainsi que nous retrouvons notre troisième temps Aïon, qui semblerait ici nous proposer un mécanisme d’évolution en spirale, sous la forme d’une aspiration possible vers un futur susceptible toutefois de changer plusieurs fois de suite, à différencier d’un éternel retour au même cycle.

Nous pourrions alors rejoindre d’une certaine manière la théorie de l’univers cyclique de Roger Penrose, lequel propose que les hétérogénéités du fond diffus cosmologique soient des traces d’un univers antérieur, improprement appelé avant-big-bang, correspondant à des traces de notre futur le plus lointain.

Ces traces du futur lues dans le passé sont à ne pas confondre avec Aïon, s’agissant de traces d’un ancien futur déjà réalisé depuis bien longtemps, en recyclage au niveau du big-bang ou des trous noirs selon l’interprétation donnée plus loin. Le véritable Aïon serait plutôt la promesse d’un nouveau futur, qui ne peut toutefois se rendre réalisable que par l’intermédiaire d’un trou blanc, qu’il conviendrait d’ouvrir dans le futur par… la connexion au soi.

Revenons ainsi pour plus de clarté à notre échelle humaine, où il vaudrait mieux parler de micro trous noirs ou de micro trous blancs dans l’évolution cyclique de notre réalité, personnelle ou collective. On sait que les micros trous noirs peuvent exister, en lien avec le phénomène d’intrication dont j’ai moi-même identifié le lien avec le changement de ligne de temps.

Cette conception cyclique se justifie très bien lorsqu’on considère que le temps n’existe pas et que l’évolution véritable de l’univers se produit dans un autre temps que Chronos (le temps ordinaire) que nous avons appelé Kairos. Nous y voilà ! Car en effet, nous allons enfin pouvoir comprendre le travail de l’âme… du cosmos aussi bien que de la nôtre !

Revenons pour cela à une description de notre réalité prenant en compte non seulement le fait que le temps n’existe pas, mais aussi le fait que nous vivrions dans un hologramme de la conscience. Cela implique que nous ne devrions pas considérer que notre conscience se déplace réellement vers son futur à l’intérieur de son tunnel, mais plutôt que la conscience serait plongée dans un flux d’informations qui vient vers nous, en descendant du futur vers le passé (figure 35). Ces deux façons de voir les choses sont mathématiquement équivalentes, mais la description en termes de flux d’informations, un flux réel dans les deux cas, a l’avantage de ne pas requérir cette idée finalement inexacte d’un déplacement de la conscience qui a tout d’une illusion puisque l’espace n’existe pas en dehors de la conscience elle-même.

Ne serions-nous pas ainsi en train de ressusciter le temps sous la forme de plusieurs temps, sachant que nous venons d’identifier, bien en retard sur les grecs, le sens physique de leurs trois temps Chronos, Kairos et Aïon ?

Pour savoir si nous sommes sur la bonne voie, écoutons le physicien Carlo Rovelli, internationalement réputé pour ses travaux sur la gravité quantique, nous parler du temps :

« ... le temps est un effet de notre ignorance des détails du monde. Si nous connaissions parfaitement tous les détails du monde, nous n'aurions pas la sensation de l'écoulement du temps. J'ai beaucoup travaillé sur cette idée et sur l'idée mathématique qui la soutient ; celle-ci doit montrer comment des phénomènes typiques liés au passage du temps peuvent émerger d'un monde atemporel, lorsque nous en avons une connaissance limitée. »

Notre ignorance des détails du monde serait ainsi liée à notre incapacité à tous les observer ou encore mesurer. Mais pourquoi un tel effet d’engendrer le temps ?

Voyons cela en considérant l’épaisseur de notre conscience, dont nous savons qu’elle est intimement liée au temps. Qu’est-ce qu’un acte d’observation, si ce n’est un acte consistant par définition à agrandir cette épaisseur de temps, et ce faisant à y introduire des informations nouvelles ? Le problème est qu’on ne peut pas agrandir démesurément le champ d’informations accessible à notre conscience sans perdre des informations, puisque la conscience ne peut pas tout embrasser. Nous avons donc une épaisseur de conscience qui fait entrer de nouvelles informations tout en en perdant d’autres, devenues anciennes : or c’est exactement ce que produit la vague épaisse du temps (figure 19). Le « passage » du temps peut ainsi être compris comme n’existant pas autrement que par un acte d’observation de la conscience.

Voilà ainsi confirmée toute la pertinence du lien entre épaisseur de conscience et temps, ce qui nous permet maintenant de définir le second temps Kairos d’une façon qui coule de source, c’est à dire d’une nouvelle ligne de temps observée dans l’épaisseur de la conscience :
  • Tant que nous restons sur la ligne du même futur, nous suivons Chronos.
  • Dès que nous changeons de ligne de temps, nous suivons Kairos.
  • Lorsqu’une nouvelle ligne de temps apparaît dans le futur, nous aspirons Aïon.
« Aspirer Aïon » signifie que nous avons capté un nouveau futur potentiel en nous connectant au soi (joie, foi ou intuition activées) et que nous aspirons à sa réalisation. Mais pour qu’il se réalise vraiment, encore nous faut-il changer une ou plusieurs fois de ligne de temps en suivant Kairos. Ce dernier est ainsi le guide qui nous conduit vers Aïon.
Nous découvrons ainsi le sens de la vie.
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Légende de la figure :

Schématisation d’un univers cyclique qui ne reproduit jamais le même cycle mais sans cesse de nouvelles variantes préparées par Aïon et réalisées à travers Kairos, le temps Chronos correspondant au futur inchangé. A noter que la communication émotionnelle entre le soi (maître d’Aïon) et le moi (maître de Kairos) y est symbolisée par une vibration (sinusoïde) qui traduit la seule interaction possible entre le monde créateur du soi et le monde créé du moi, de nature gravitationnelle (à une échelle infinitésimale).

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Philippe Guillemant

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