05 février 2021

Plongée chez Hoist Finance, l’allié des banques qui ne vous veut pas forcément du bien...

Méfiez-vous des amis qui vous veulent trop de bien. C’est ainsi que se présente Hoist Finance quand cette société prend contact avec vous. Tapez le nom de l’entreprise dans un moteur de recherche, voici ce qui s’affiche : « Nous vous aidons à remettre vos finances sur la bonne voie. Laissez-vous guider ».

Le site propose des outils pour vous permettre de mieux gérer votre budget. Jouant la transparence, il vous incite à évaluer ses fonctionnalités avec ces fameuses étoiles qui expriment la satisfaction client. Celle-ci semble excellente : 4,5/5. Sauf que… est-ce vraiment vous le client ? Ne seriez-vous pas plutôt le produit ? Voire la proie ?

38 % des comptes en banque sont à découvert tous les mois

C’est ce que Mathieu Robert démontre dans une enquête, en trois volets, pour « Cash Investigation », consacrée à « Nos très chères banques ». Le premier s’intéresse à ces frais qui font exploser les factures bancaires des Français. Si les comptes des familles aisées se vident moins en ces temps de consommation freinée par le Covid, 38 %, en temps normal, sont à découvert tous les mois. Et ceux qui jouent avec la limite de découvert autorisé accumulent les commissions d’incident bancaire. Le virement de 19,90 euros pour régler votre abonnement téléphonique ? Il peut être rejeté et vous coûter 19,90 euros de frais de rejet. Ce qui double votre note alors qu’a priori, vous êtes déjà à l’étroit dans votre budget. Votre banque devrait alors vous proposer une « offre client fragile » pour vous protéger, mais le fera-t-elle alors que ces frais rapporteraient au total 6,5 milliards d’euros par an au secteur ? Le chiffre est contesté, mais la profession n’en apporte pas d’autre. Le troisième volet rentre dans les détails du rôle de conseiller bancaire.

Etre insistant, lancinant, harcelant n’est pas considéré comme être désagréable

C’est le deuxième qui a donc le plus retenu notre attention. Un enquêteur de « Cash Investigation » s’est fait embaucher chez Hoist Finance. C’est en réalité une société de recouvrement de créances d’un style un peu particulier. Elle achète aux banques, à prix cassé, des portefeuilles de crédits impayés. Si les banques les gardent dans leur bilan, cela leur coûte de l’argent en obligations réglementaires. Elles cherchent donc à s’en débarrasser. L’établissement suédois les en déleste et embauche ensuite des « conseillers » pour récupérer l’argent. Ils ont un mot d’ordre : être bienveillant, toujours aimable, ne pas accabler la personne qui doit de l’argent mais au contraire se présenter à elle comme une solution.

Si vous devez 2 000 euros, on peut vous faire cadeau d’une partie de la somme et on vous propose d’étaler le paiement du reste. Hoist aura sans doute acheté votre créance 100 ou 200 euros. Si vous remboursez 1 000 euros, elle tient son bénéfice. Elle doit donc être persuasive et le salarié qui élève la voix est privé de prime. Etre insistant, lancinant, harcelant n’est pas considéré comme être désagréable. Beaucoup de clients finissent pas rembourser des dettes que, parfois, ils ne doivent plus. Comment est-ce possible ? Lorsqu’on cesse de rembourser un crédit, si une décision de justice n’intervient pas dans les deux ans qui suivent le manquement d’échéance, la dette est dite « forclose » : on ne peut pas vous contraindre en justice de la rembourser, mais rien n’empêche Hoist de vous en persuader. Hoist n’est pas le numéro un du secteur. Intrum (qui s’appelait encore il y a queqlues années Intrum Justitia) est encore plus grand. Mais c’est chez Hoist que « Cash Investigation » a réussi à s’infiltrer pour mieux nous éduquer. A chacun, citoyens et banques, ses droits et ses devoirs.

Jeudi 4 février à 21h05 sur France 2. « Cash Investigation - Nos très chères banques » : Une enquête de Mathieu Robert (2021). 2h. (Disponible en replay sur france.tv).

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