Le Parisien révèle les dessous du licenciement de l’actuel directeur général de la Santé de l’Institut Pasteur en 2012. Selon ses sources, le cumul de fonctions désigné comme raison de son départ n’est qu’un « artifice ». L’avocat de Jérôme Salomon souligne pour sa part le licenciement « fluide » de son client de l’institut.
L’affaire « longtemps restée secrète » survenue en 2012 éclate au grand jour dans Le Parisien. À l’époque, Jérôme Salomon – qui s’est depuis fait connaître du grand public comme directeur général de la Santé en pleine pandémie – est licencié de l’Institut Pasteur, officiellement pour « cause réelle et sérieuse », en raison du cumul de ses fonctions suite à sa récente nomination comme professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
Or, selon Le Parisien, les circonstances de son départ de l’institut posent question. Le quotidien évoque dans ce contexte une dénonciation calomnieuse et une lettre anonyme.
Reconduit « manu militari »
Dispensé de son activité rémunérée au prestigieux Institut, Jérôme Salomon doit se décider et opte pour son licenciement, indique Le Parisien, qui précise qu’après avoir remis badge, clés du bureau, chéquier et cartes bancaires, il est « reconduit manu militari par un agent de la sécurité de la fondation privée ». Finalement, M.Salomon est licencié avec des indemnités de rupture négociées pendant l’audience de conciliation prud’hommale.
Un courrier anonyme
Selon les informations du quotidien, deux chercheuses de l’Institut de Pasteur reçoivent dans le même temps une lettre anonyme dactylographiée, dont l’auteur, un salarié « aux services support », accuse un haut responsable de l’organisme de harcèlement sexuel, corruption et menace de mort.
« Je veux que ce cauchemar cesse !!! Je crois que je vais vraiment finir par craquer et sauter bientôt d’une terrasse du BIME [la biologie intégrative des maladies émergentes, NDLR] » indique l’auteur de la lettre consultée par Le Parisien. La victime supposée dénonce des faits de pédophilie, zoophilie et sadomasochisme.
Le corbeau de la lettre serait Salomon
Une enquête préliminaire est alors confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre les personnes (BRDP) suite au signalement d’Alice Dautry, la directrice générale de l’Institut Pasteur.
Lors d’une séance du Comité des directeurs (Codir), elle « était très mystérieuse », « n’a pas voulu dévoiler la nature des accusations » et a demandé « la plus grande confidentialité pour garantir l’efficacité de l’enquête », d’après les sources du quotidien.
Ensuite, en petit comité, les accusations contre le haut responsable concerné sont jugées « infondées et abjectes », poursuit Le Parisien. La lettre lui est montrée en accord avec la police.
L’accusé et un autre salarié travaillant auprès de la directrice générale croient « reconnaître le possible corbeau en la personne de Jérôme Salomon ». Les deux semblent le connaître « intimement ». Ils ont confirmé auprès de BRDP que « la graphie des lettres, le lignage et la mise en page du courrier dactylographié ainsi que l’utilisation de certaines formules de politesse et d’accusation désignent Jérôme Salomon », toujours selon Le Parisien.
« On a trouvé un artifice »
À l’époque où l’Institut Pasteur se sépare de Jérôme Salomon, le haut responsable accusé dans le courrier porte plainte contre X pour dénonciation calomnieuse.
« On a eu la conviction qu’il [Jérôme Salomon] était l’auteur de cette lettre, sans en avoir la preuve matérielle, et il était important qu’il ne fasse plus partie des effectifs. On a trouvé un artifice : le cumul des fonctions. Ceci a servi de prétexte », confie auprès du média une source proche du dossier.
Et d’expliquer :
« On ne pouvait pas licencier Salomon sur la seule base de nos soupçons, c’était trop risqué devant les prud’hommes en cas de classement de l’enquête par la justice ».
Jérôme Salomon nie être l’auteur de la lettre en question et, dans un courrier à Mme Dautry consulté par Le Parisien, se dit « surpris du fait que les auditions ont eu lieu juste avant le lancement d’une procédure de licenciement à [s]on égard au cours de laquelle des mesures d’allure disciplinaire ont été prises de façon inexpliquée et particulièrement brutale ».
En conclusion, il dit espérer « qu’il ne s’agit que d’une coïncidence ».
Enquêtes classées sans suite
Comme indiqué par le parquet de Paris, les deux enquêtes préliminaires (une relative aux accusations énoncées dans la lettre anonyme et l’autre ouverte pour dénonciation calomnieuse) ont été classées sans suite. Il précise qu’à l’époque, la BRDP n’a pas fait de perquisition chez Jérôme Salomon et son imprimante personnelle n’a pas été saisie.
L’avocat de Salomon réagit
Contacté par Le Parisien, l’avocat de Jérôme Salomon a commenté le licenciement de ce dernier de l’Institut :
« Au-delà des modalités administratives, qui se sont transformées en un départ fluide, sa collaboration avec l’IP n’en a jamais souffert », explique-t-il. Ce licenciement de l’Institut Pasteur date de l’époque « où il a été nommé professeur des universités au CNAM. Il avait naturellement informé l’Institut Pasteur de sa nomination et en retour il a reçu un courrier de licenciement », ajoute-t-il.
Son avocat l’assure : la lettre anonyme en question n’a « rien à voir avec » M.Salomon.
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