12 décembre 2020

EDF : le projet "Hercule"

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Ce sont deux journées de grève quasiment coup sur coup qui pourraient s'inscrire dans la durée. Après une première journée de mobilisation le 26 novembre, un peu moins d'un tiers des effectifs d'EDF a répondu jeudi à l'appel à la grève des syndicats pour protester contre le projet de réorganisation "Hercule".

  • Qu'est-ce que le projet "Hercule" ?

Le projet "Hercule" prévoit de scinder EDF en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (vert) cotée en Bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables et une troisième (azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques, dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles. "Total, Engie et les grands énergéticiens européens sont déjà en embuscade", selon Libération

  • Pourquoi les syndicats appellent à la grève ?

Pour les syndicats, le projet "Hercule" comporte de "multiples dangers". Ils craignent notamment un éclatement du groupe. Ils estiment également que cette réorganisation va permettre de privatiser les gains et de nationaliser les pertes, expliquent Les Echos, en particulier avec l'ouverture du capital pour l'entité verte, considérée comme la plus rentable, chargée de la distribution d'électricité et les énergies renouvelables. Selon les syndicats, les emplois et les conditions de travail pourraient être remis en question à l'avenir.  

Le 30 novembre dernier, les syndicats avaient exhorté le Premier ministre Jean Castex à les recevoir. "Dans cette perspective et afin de porter toute la puissance de la mobilisation des salariés à exiger le retrait d'"Hercule", l'intersyndicale demande une nouvelle fois au Premier ministre de la recevoir en urgence. Une proposition de rencontre de sa part est attendue avant le 7 décembre à 17 heures, sans quoi une nouvelle journée de mobilisation s'organisera le 10 décembre 2020", avait prévenu la CGT, la CFE-CGC Énergies, la FCE-CFDT et FO Énergie et Mines.  

  • Comment la grève est-elle suivie ?

Un agent d'EDF sur trois (32,4% de l'effectif total) était en grève jeudi à l'appel des syndicats de l'énergie, selon la direction. CGT, CFE-CGC, CFDT et FO avaient déjà mobilisé fortement le 26 novembre avec 31,56% de grévistes (sur l'effectif total) en fin de journée, selon la direction. Cela correspond à près de "40 000 salariés en grève sur la branche des industries électriques et gazières pour cette journée d'action", sur un effectif de 136 000 salariés, s'est réjouie la fédération CGT de l'énergie. 

  • Le mouvement va-t-il se poursuivre ?

Une intersyndicale doit décider de la suite à donner au mouvement, a indiqué la fédération CGT, qui défendra l'idée d'une nouvelle journée de mobilisation la semaine prochaine. Localement, certaines assemblées générales du personnel ont voté en faveur de la reconduction de la grève vendredi comme à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime). "La proportion de grévistes dans les équipes de conduite de la nuit et du matin des centrales nucléaires (environ 900 salariés) est de 90%", a indiqué à l'AFP Thierry Zehnder, coordinateur des luttes à la fédération énergie CGT. 

  • Quelle est l'avancée du projet ?

Pour l'heure, le projet "Hercule" n'a pas encore été officiellement enclenché. Cette réorganisation est liée à une réforme de la régulation du nucléaire avec un projet de nouveau mécanisme qui doit mieux garantir les revenus d'EDF. Le producteur historique est aujourd'hui contraint, par le mécanisme Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) de vendre une partie de son électricité d'origine nucléaire à prix fixe à ses concurrents. Il a été mis en place en 2011, précisent Les Echos. Le dossier de la régulation du nucléaire fait l'objet de discussions entre la France et la Commission européenne, qui doit donner son feu vert. Selon Libération, le projet "Hercule" a été entériné mercredi par l'Elysée.  

  • Qu'en dit le gouvernement et l'opposition ?

C'est le gouvernement qui avait demandé à la direction d'EDF de lui présenter un projet de réorganisation, baptisé "Hercule", pour mieux assurer ses investissements à la fois dans le parc nucléaire et les renouvelables. "Si ce projet aboutit, bien évidemment il nécessitera une loi et donc il passera devant le Parlement", avait assuré le 11 novembre dernier la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili lors d'une audition avec les sénateurs.  

De droite comme de gauche, les principales formations d'opposition à l'Assemblée nationale ont dénoncé à l'unisson mardi le projet "Hercule". Dans une rare unanimité, des députés des groupes socialiste, Les Républicains, La France insoumise et Liberté et Territoires se sont joints à une conférence de presse des élus communistes pour s'opposer à ce projet qu'ils jugent nuisible pour la souveraineté énergétique de la France et la pérennité du groupe. 

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