Alors qu'il a été question de la malheureuse pénurie de médecins à maintes reprises, on a très peu fait de cas de celle, tout aussi regrettable, des psychologues du secteur public. Pourtant, elle est autant, sinon plus, préoccupante. Encore cette année, ce sont plus de 200 postes de psychologues qui resteront vacants dans les Centres de santé et de services sociaux, les milieux scolaires et les cliniques externes des hôpitaux.
La pénurie de psychologues qui sévit présentement dans le système public a débuté lorsque l'Ordre des psychologues du Québec (OPQ) a décidé, en 2006, de rendre obligatoire le doctorat pour ceux voulant pratiquer à titre de psychologue.
Sans surprise, cela a découragé un grand nombre de bacheliers à poursuivre dans cette discipline. En effet, leur intérêt a été refroidi par le nombre de places disponibles, le contingentement du programme et par le nombre d'années d'étude reliées à ce dernier.
Rajoutons que les futurs psychologues doivent compléter 1600 heures d'internat pour lesquelles ils ne reçoivent pour la plupart aucune rémunération. Le Québec étant, avec le Nouveau-Brunswick, la seule province à être exclue de la rémunération à l'internat en Amérique du Nord.
Pour assombrir davantage le tableau, notons que l'obligation d'obtenir le doctorat pour pratiquer à titre de psychologue ne s'est accompagnée d'aucune augmentation de salaire. À l'heure actuelle, les psychologues du réseau public gagneront en moyenne au cours de leur carrière moins d'argent que plusieurs bacheliers (les travailleurs sociaux par exemple), malgré une scolarité universitaire de 7 à 10 années.
Cela fait près de deux ans que l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) demande au gouvernement de réviser substantiellement à la hausse la rémunération des psychologues du réseau public afin qu'elle tienne compte de leur formation académique et de leurs responsabilités croissantes, mais le ministre Yves Bolduc continue à faire la sourde oreille. De par l'inertie du gouvernement, un grand nombre de psychologues se retrouve à migrer vers le secteur privé, les revenus y étant jusqu'à deux fois plus élevés que dans le réseau. Le pire est toutefois à venir, puisque le gouvernement se verra ensuite contraint de les engager comme sous-traitants pour répondre à la demande criante du secteur public, la belle affaire!
Considérant que la première cause d'absence au travail est la maladie mentale et qu'une personne sur cinq va souffrir d'un trouble mental au cours de sa vie, il est impératif d'assurer l'accès aux interventions psychologiques dans les établissements publics de la province. Le gouvernement ainsi que l'OPQ devront bien se rendre à l'évidence que de prompts ajustements sont nécessaires. Il en va de la santé psychologique des Québécois.
Étienne Boudou-Laforce
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