26 octobre 2020

L’incertaine réélection de Donald Trump



Tandis que la presse française, coincée entre des affaires louches pas trop favorables à Biden et les récents succès de Trump sur la scène internationale, commence à montrer quelques signes de fébrilité alors que les élections américaines approchent, il semble nécessaire d’analyser la situation électorale américaine tant son résultat aura d’impact sur les prochaines années dans le monde, France comprise.

En préambule et comme je le faisais remarquer dans un précédent billet, il est important de noter le décalage entre ce que la presse rapporte de l’actuelle campagne électorale et la réalité de terrain : cette presse, largement acquise à la cause démocrate, a largement perdu sa crédibilité et a même démontré, ces dernières semaines, une volonté farouche de grandement favoriser son candidat de choix comme en témoigne le silence assourdissant qui accompagne les révélations pourtant fracassantes entourant la famille de l’ancien vice-président.

 

Dès lors, les informations en provenance de cette presse, qui présentent systématiquement Biden comme grand gagnant de l’actuelle course à la Maison-Blanche, doivent absolument être prises avec le recul nécessaire et tenir compte du biais énorme de confirmation que les médias développent sans la moindre vergogne. Partant de là, on se rend compte en collectant différents éléments que l’actuel président américain est bien mieux placé dans la course que ce que laissent croire les journaux des deux côtés de l’Atlantique.

Parmi ces éléments, on pourra par exemple noter qu’au contraire d’autres élections et pour d’autres présidents, plusieurs États enregistrent actuellement un regain d’intérêt des citoyens pour s’inscrire sur les listes électorales et dans les partis (démocrates ou républicains). C’est notamment le cas en Floride et en Pennsylvanie, deux États clés pour obtenir une majorité de Grands électeurs, où le nombre d’électeurs officiellement enregistrés chez les Républicains a bondi, alors qu’il s’est effondré chez les Démocrates.

De la même façon, les sondages portant sur les groupes d’électeurs « Latinos » montrent une augmentation du soutien à Trump de façon persistante, à tel point que ce groupe lui donne une majorité (50%) contre Biden (46%). Chez les Afro-américains, on note là encore une augmentation notable des soutiens à Trump (45%), alors que Trump n’avait que 8% des votes de cette communauté en 2016. Rien que cette différence laisse songeur.

En outre, Trump apparaît clairement (et notamment après le dernier débat qu’il a tenu avec Biden il y a quelques jours) comme un président voulant diminuer les impôts, là où Biden ne cache pas vouloir les augmenter (à tel point que le rappeur 50 Cent a officiellement apporté son soutien à l’actuel président). Or, de façon historique, le président qui promet des augmentations d’impôts (mêmes ciblées, mêmes partielles) tend à perdre : ce fut le cas pour Carter ou Mondale contre Reagan, pour Dukakis contre Bush père (qui perdit lui-même après avoir augmenté les impôts), Bush fils contre Gore et John Kerry, Obama contre McCain, et enfin Trump contre Clinton…

Enfin, signalons trois éléments, plus subjectifs mais qui confirment la tendance :

1/ Gallup a récemment établi le niveau de satisfaction des Américains après les quatre années de présidence Trump pour aboutir au résultat qu’une franche majorité d’entre eux estimaient être mieux lotis à présent qu’avant l’arrivée de l’actuel président.

2/ À ceci s’ajoute l’enquête de satisfaction de Rasmussen qui montre un taux d’approbation de 52% en faveur de Trump ; il est généralement admis qu’un président se doit d’obtenir une telle majorité pour espérer l’emporter.

3/ À la différence de 2016 où Trump, véritable OVNI politique, devait convaincre que voter pour lui n’était pas un gaspillage d’énergie et qu’il avait bel et bien une chance réelle d’accéder à la présidence, l’actuel président a montré qu’il pouvait parvenir à ce poste; psychologiquement, la barrière qu’un électeur indécis pourrait avoir est maintenant passée.

À ces différents éléments et au contraire de 2016, on doit maintenant aussi tenir compte de son bilan contrasté : s’il a créé de l’emploi, c’est au prix d’un endettement record du pays et de facilités monétaires qu’il faudra bien payer un jour, douloureusement. Il a plutôt fait œuvre de protectionnisme tout au long de son mandat, tout en parvenant à conserver une certaine indépendance énergétique américaine.

Enfin, signalons que c’est au plan international, où il était le moins attendu, que son bilan est largement le plus flatteur : n’ayant déployé de troupes sur aucun nouveau terrain, au contraire de ses nombreux prédécesseurs, il est même parvenu à certaines victoires diplomatiques avec la normalisation des relations diplomatiques de plusieurs pays avec Israël (dont, très récemment, le Soudan), il a calmé la Corée du Nord, a tenu tête aux Chinois et a fait en sorte que les industries américaines relocalisent ailleurs qu’en Chine (et préférablement aux État-Unis).

Ce bilan et l’atmosphère américaine générale, volatile, rendent bien évidemment les pronostics difficiles mais, comme il y a quatre ans, je pense qu’il sera réélu.

Ceci posé, cette élection ne ressemblera probablement pas aux précédentes : pour qu’elle se passe dans un calme relatif, il faudra rien de moins qu’une victoire écrasante et sans le moindre doute. Toute autre configuration dans laquelle Biden et Trump se retrouvent au coude-à-coude pourrait bien transformer la nation américaine en véritable poudrière, prête à exploser à la moindre étincelle : entre les dépouillements tardifs des votes par correspondance, les possibilités très réelles de fraudes, les médias partisans et la volonté farouche de certains de ne surtout pas admettre la victoire de l’autre camp, tous les ingrédients sont réunis pour que la soirée électorale se transforme en semaine de rebondissements douloureux voire pire si la situation s’envenime vraiment.

Parallèlement, les marchés, qui abhorrent de telles incertitudes, pourraient bien dévisser, rendant la présidence suivante (qu’elle soit pour Biden ou pour Trump) particulièrement épineuse.

Indépendamment, si Trump gagne (comme je le pense), on peut s’attendre à plusieurs choses, à commencer par beaucoup d’atermoiements et de larmes des bien-pensants qui rempliront plusieurs piscines olympiques à n’en pas douter, avec la promesse de quatre nouvelles années d’une mémétique aussi hilarante qu’humide.

Pour le reste, on sait de quel bois l’homme est fait et on ne peut donc pas s’attendre à une politique économique qui redresse les comptes catastrophiques de l’Amérique. Le risque est même grand de voir le dollar partir en sucette comme jamais. Donald Trump s’ingéniera donc peut-être à continuer de faire une grande Amérique (« Keep America Great ») mais à quel coût ? La facture finale promet d’être très salée et probablement pas circonscrite aux seuls États-Unis.

Mais enfin, cela veut aussi dire que le gouvernement chinois se trouvera en face d’un dirigeant américain qui, au contraire d’un Biden totalement vendu aux intérêts de Pékin (au sens littéral), n’entend pas se laisser faire.

Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose : l’absence de fermeté finit par coûter bien plus cher que ce que peut entraîner une position claire et ferme, comme l’a amplement démontré la République française vis-à-vis des islamistes…

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