L’assassinat fut abominable, et l’exécutif ne devait surtout pas paraître en retrait devant telle horreur. Et comme à la suite des attentats du Bataclan ou de Nice, comme à la suite de ceux sur Charlie Hebdo ou d’autres encore, les ministres se sont dressés, comme un seul homme, pour rappeler que la République ne se laisserait pas marcher dessus, scrogneugneu à la fin.
C’est ainsi que Gérald Darmanin, récemment promu ministre de l’Intérieur, s’est immédiatement empressé d’expulser plus de 200 personnes, zip, zoup, histoire de bien montrer qui commande, non mais des fois… En tout cas, c’est présenté ainsi par certains médias d’une presse dont on ne peut nier le talent pour présenter les faits d’une façon décidément favorable à l’actuel gouvernement.
Tout le monde aura bien évidemment compris que le frétillant ministre de l’Intérieur n’a fait qu’entériner une décision prise depuis un moment (comme en atteste cet article du Figaro daté du 13 octobre dernier) et que présenter cet acte administratif, aboutissement d’une longue, pénible et incertaine procédure, comme une décision musclée et rapide d’une institution au taquet pour faire revenir le calme et l’ordre dans le pays relève d’une de ces fables que plus personne de sensé, en France, n’est prêt à croire.
Soyons clair : l’émotion qui fait suite à ce nouvel acte abominable en France ressemble beaucoup à ces mêmes vagues d’indignations qu’on a connues lors des précédents douloureux ces dix dernières années. Et on ne tente guère le diable en prenant le pari que dans quelques semaines tout au plus, tout ceci sera largement oublié à la faveur des turbulences de l’actualité, depuis les élections américaines jusqu’aux différentes phases d’un reconfinement sanitaire qu’on voit se pointer doucement au rythme chaloupé des atermoiements grotesques de notre ministraille républicaine.
Alors oui, en effet, j’accorde sans mal qu’en parallèle de l’émotion suscitée, il semble que certaines langues se délient. Oui, apparemment, certains commencent à comprendre (enfin, serait-on tenté d’écrire !) qu’à l’Éducation Nationale, la hiérarchie ne fait globalement pas son job : à force de #PasDeVague, à force de poursuivre des profs pour avoir montré des caricatures de Mahomet, à force de compromis qui tournent à la compromission, puis à la soumission voire à la démission en rase campagne, on a non seulement offert un terreau à l’islamisme mais on a même copieusement arrosé les petites pousses.
Alors oui, en effet, certains admettent enfin comme des soucis de gestion de certaines populations turbulentes en France. Certains comprennent, encore confusément, qu’en ayant pendant si longtemps minimisé les problèmes de police et de justice, qu’en ayant choisi le déni, ça finissait par se retourner contre eux. Il est temps.
Alors oui, en effet, on peut espérer que s’étende ce mouvement dans lequel certains ouvrent enfin les yeux.
Mais voilà : le gouvernement a tout de même d’autres chats à fouetter et il ne faudrait pas que son petit agenda de mise en coupe réglée du peuple français en soit contrarié. C’est bien joli, ces attentats, cet islamisme, ces racailles qui font leur loi, ce communautarisme des uns et ce séparatisme des autres, mais n’oublions pas l’essentiel : si on laisse vraiment le peuple faire ce qu’il veut, cela va très mal se terminer pour toute la coterie de clowns, d’incompétents, de parasites et d’abrutis qui hantent les couloirs dorés de la République, de ses institutions et de ses médias grassement subventionnés.
Et ça, ce n’est pas du tout à l’ordre du jour.
Moyennant quoi, en parallèle du Darmanin qui exhibe la turgescence douteuse de ses petits muscles, on va bien vite faire monter au créneau les habituelles brochettes d’idiots inutiles pour mettre vite fait en place quelques mesures aussi indispensables qu’en rapport direct avec ce qui vient de se passer.
On parle d’incompétence et d’inutilité ? Vite, Bruno Le Maire rapplique et ouvre sa grande jatte alors même que le sang du professeur d’Histoire n’est pas encore nettoyé de la scène de crime pour réclamer… une régulation sur les cryptomonnaies.
Dans l’esprit brumeux de ce clown, le Tchétchène décapiteur aura probablement acheté son couteau avec des bitcoins, c’est aussi évident que stupéfiant de bêtise.
Comme le disait Chirac avec son légendaire sens de la formule, les merdes volent en escadrille. En France, elles forment souvent des gouvernements et c’est donc sans grande surprise qu’on découvre ceci :
Apparemment, quand ce n’est pas Bitcoin qui coupe des têtes, c’est Tweeter ou Facebook. C’est décidément très tranchant, ces petits octets quand on sait s’en servir ! Et puis rien de tel que protéger la liberté d’expression en la supprimant, progressivement, mais inexorablement !
Stratagème aussi grossier que putassier visant essentiellement à ramener la loi Avia sur la table, qui avait pourtant été salement démolie (à raison !) par le Conseil constitutionnel, rappelant que l’écriture de lois ne devrait jamais être confiée à des gastéropodes.
Ceci n’est qu’un échantillon, et on peut d’ores et déjà garantir l’exploitation de l’abomination pour pousser les lois les plus liberticides et au rapport le plus ténu avec l’acte, et ce, même au-delà des rangs du gouvernement et des députés de la majorité pourtant amplement dotés en matière de mollusques baveux.
Ainsi, même au sein de ce qui passe pour une opposition en France, on découvre les propositions de Xavier Bertrand, globalement du même acabit consternant que les précédentes : pour notre mammifère élu, cette affaire est l’occasion de demander la fin de l’anonymat sur internet, tant il est vrai que le tueur agissait sous pseudo, que les parents d’élèves aussi, que la mosquée qui a relayé leurs appels haineux était clandestine, que les prédicateurs et autres excités étaient tous inconnus des services de l’État et des réseaux sociaux.
C’est phénoménal, d’autant que parallèlement, ceux qui ont déversé des torrents d’injures et de menaces abominables à l’encontre de Mila sur ces mêmes réseaux sociaux sont connus… et pas poursuivis.
Alors oui, en effet, certains, dans la société, comprennent que nous avons encore franchi un palier. Mais lorsqu’on voit les réactions du gouvernement, des politiciens de différents bords, et, finalement, d’encore beaucoup trop de monde face à ce qui devrait relever de la liberté d’expression, on comprend qu’elle n’a jamais été aussi menacée et qu’elle vit vraisemblablement ses dernières heures en France.
Ce pays est foutu.
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