30 juillet 2020

Folie ambiante : Faute de malades du covid, innoculation du virus à des cobayes humains pour essayer de développer un vaccin



Inoculer le virus à des cobayes humains, une technique controversée qui pourrait être déjà utilisée pour accélérer les essais de vaccins contre le Covid-19.

Seriez-vous prêt à vous faire injecter le Sars CoV-2 pour quelques milliers d'euros ? C'est la proposition formulée par plusieurs géants pharmaceutiques pour accélérer la mise au point de leur potentiel vaccin. La course mondiale au profit est lancée pour découvrir le premier vaccin contre le virus responsable de l'épidémie de Covid-19. Plus d'une centaine de candidats vaccins sont en cours de développement et les laboratoires pharmaceutiques tentent, tant bien que mal, de raccourcir leurs délais. Dans ce contexte, certains pourraient recourir au "challenge infectieux". Franceinfo vous explique en quoi consiste cette technique et pourquoi elle fait l'objet de nombreuses critiques, notamment de la part du Conseil scientifique français.

Un moyen de gagner du temps...

Le "challenge infectieux" consiste à

Après avoir vérifié l'absence d'effets secondaires, le dosage optimal et le développement d'anticorps lors des deux premières phases, cette étape, qui consiste à vérifier l'efficacité du vaccin, est la plus longue. Elle peut durer plusieurs années. Pendant cette phase d'essais, les volontaires sont divisés en deux groupes : les premiers reçoivent le vaccin, les seconds un placebo. Après plusieurs mois, les deux groupes se soumettent à des tests et les résultats sont comparés. Si le vaccin est efficace, le premier groupe aura mieux été protégé. Pour que le résultat soit pertinent, il faut toutefois que le virus ait suffisamment circulé pour que les deux groupes y aient été confrontés.

"Les essais sur l'homme peuvent fournir des informations beaucoup plus rapidement que les essais d'efficacité classiques"

... mais qui pose des problèmes éthiques

Les partisans de la technique rappellent que les

Les "challenges infectieux" sont délaissés depuis les années 1970 pour des raisons éthiques. Car infecter volontairement un individu ne correspond pas au principe fondamental de la médecine, qui est de soigner. Quel que soit le profil clinique du volontaire et la dangerosité du virus inoculé, la pratique présente des risques pour la santé. "Exposer des volontaires à ce virus présente pour eux des risques sévères, possiblement mortels", reconnaissent Nir Eyal, Marc Lipsitch et Peter Smith dans un article publié dans la revue scientifique The Journal of Infectious Diseases. Les trois médecins recommandent donc de réaliser ces "challenges" sur des "jeunes adultes en bonne santé, qui présentent un risque relativement faible de maladie grave". Pour eux, la prise de risque est pertinente, à condition qu'elle soit éclairée et volontaire.

Une technique risquée dans la lutte contre le Covid-19

Mais cette position est loin de faire l'unanimité. Pour d'autres scientifiques, les "challenges infectieux" sont bien trop dangereux pour être mis en place dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Les connaissances sur le SARS-CoV-2 et sur l'évolution de la maladie sont limitées, et les jeunes peuvent également être sujets à des formes graves, rappelle William Haseltine (lien en anglais), ancien professeur à l’école de médecine de Harvard et président du think tank Access Health International. "L'infection peut endommager de façon permanente le cœur, les poumons, le cerveau et les reins, chez les jeunes comme chez les personnes âgées. De plus, une fois qu'une personne est infectée, il n'existe aucun médicament connu qui ne guérisse complètement ou même améliore le Covid-19", souligne-t-il.

Quand bien même les jeunes ne présenteraient aucun risque d'aggravation de la maladie, la stratégie serait problématique, avance le Journal International de Médecine. Les critères de jeunesse et de bonne santé sont "une entrave à une bonne représentativité de la population, alors que le Covid-19 est principalement un danger chez les plus âgés (et chez des sujets atteints par certaines pathologies chroniques comme l'obésité) dont la réponse spécifique du système immunitaire pourrait être une clé importante pour l’élaboration d’un vaccin efficace", relève le journal médical. Un avis que partagent le Conseil scientifique français, le Comité scientifique Covid-19 et le Comité analyse recherche expertise (Care) dans leur avis du 9 juillet (PDF) sur la stratégie de vaccination. Il estime, que les résultats obtenus via ces "challenges infectieux" "ne seraient pas plus transposables, que ceux des modèles animaux, aux personnes vulnérables, principales cibles de la protection".

Le Conseil scientifique y est "défavorable" pour l'instant

"Le comité est défavorable au recours au 'challenge infectieux' de volontaires sains comme étape de développement clinique des vaccins anti-SARS-CoV-2", tranche le groupe de réflexion après avoir évoqué les "raisons à la fois scientifiques et éthiques" pour lesquelles le recours aux "challenges infectieux" apparaît "discutable". Une position qui tranche avec celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a émis le 6 mai une note dans laquelle elle expose les "critères pour rendre acceptable un 'challenge infectieux'". L'OMS prône un encadrement strict des essais cliniques et de la sélection et prévention des volontaires, sans refuser la tenue de ces "challenges". Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le débat sur le sujet est ouvert et animé. "Et on suspecte les Chinois de s'y préparer", rapporte Le Monde.

La décision française est animée par la volonté des autorités sanitaires

D'après : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-on-vous-explique-ce-qu-est-un-challenge-infectieux-et-pourquoi-le-conseil-scientifique-s-oppose-a-cette-technique_4060187.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20200730-[lestitres-coldroite/titre1]

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