C'est un paradoxe qui ne laisse pas d'interroger et suffit seul, peut-être, à expliquer l'état de la France et l'empire toujours plus grand de la déraison et de l'inversion des valeurs à laquelle le plus grand nombre semble désormais s'accommoder. D'un côté, Greta Thunberg, une adolescente suédoise qui voit le CO2 à l'œil nu, sèche l'école depuis plus d'un an pour donner des leçons d'écologie au monde entier et prévenir des lendemains qui déchantent. Emmanuel Macron, le président de la République, reçoit la prophétesse de malheur en grande pompe à l'Élysée. Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, lui déroule le tapis rouge et lui fait les honneurs des jardins du Palais-Bourbon pour une causerie pleine de déférence sous le regard noir et inquiet de ce Prix Nobel de la peur.
De l'autre côté, Didier Raoult, 68 ans, un CV long comme sa barbe qu'il torture lorsqu'on le questionne, des longs cheveux jaunes et argent de sage qui lui donnent des airs de druide. Mais le directeur de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, à Marseille, n'est pas plus Panoramix que Merlin ou Gandalf à qui on le compare volontiers. Didier Raoult se moque des caricatures que la presse fait de lui comme de sa première chemise à carreaux. Il s'en amuserait presque s'il ne devinait pas les arrière-pensées qu'elles dessinent, la volonté de certains de l'enfermer dans un mauvais rôle. « J'imagine qu'il y a des zozos qui me voient de manière caricaturale mais, vous savez, je suis d'une famille où je suis la quatrième génération d'officier de la Légion d'honneur, se défend-il auprès de David Pujadas. Je ne suis pas un voyou, je suis au service de ce pays. »
Il lui importe davantage que les babillages médiatiques de poursuivre ses travaux. Envers et contre tous s'il le faut. Didier Raoult est médecin, chercheur. Il insiste. « Médecin et chercheur. » C'est dans cet ordre qu'il convient de le définir. « Moi, je suis d'abord un docteur. Un docteur se donne pour règle de ne pas faire à ses patients ce qu'il ne ferait pas à ses enfants », confie-t-il en avril au Figaro Magazine. Et, dans la catégorie, il est l'un des plus brillants de sa génération. L'un des plus atypiques aussi. L'infectiologue marseillais appartient à ce petit cercle de Français que le monde entier nous jalouse. Si bien que, lorsqu'une rumeur l'annonce ces derniers jours sur le départ pour la Chine, on s'en étonne à peine, malgré le démenti immédiat de l'intéressé. Son nom est l'un des plus cités dans les revues scientifiques. On lui doit la découverte de virus géants, le séquençage du génome de Mimivirus, la découverte de Spoutnik, le premier virophage, capable d'infecter un autre virus pour se reproduire. Avec son équipe, il a identifié et décrit une centaine de nouvelles bactéries pathogènes — deux d'entre elles portent son nom, la Raoultella planticola et la Rickettsia raoultii —, contribué à des avancées majeures dans la connaissance de certaines maladies comme la fièvre Q ou la maladie de Whipple. Didier Raoult est tout sauf un hurluberlu tombé de son nid en même temps qu'apparaissait le nouveau coronavirus.
Tollé quasi-général après la révélation de sa première étude
« Cela fait des années qu'il est nobélisable », assure son ami Renaud Muselier.
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