Six semaines après avoir gelé la contribution financière des États-Unis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Donald Trump a confirmé le divorce vendredi, en annonçant “mettre fin” à la relation de son pays avec l’agence onusienne.
La décision était redoutée mais attendue : après avoir gelé son financement en avril, puis l’avoir sommée, mi-mai, de se réformer en profondeur dans les 30 jours, Donald Trump a finalement coupé les ponts avec l’OMS, en pleine pandémie de Covid-19.
“Face à son incapacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires que nous avons demandées, nous allons mettre fin aujourd’hui à notre relation avec l’OMS et rediriger ces fonds vers d’autres besoins urgents et internationaux de santé publique”, a déclaré le président américain depuis la Maison-Blanche, selon NBC News.
Les États-Unis sont le plus gros financier de l’OMS, ayant contribué à hauteur de 20 % de son budget en 2018 et 2019, soit environ 400 millions de dollars par an. Mais Donald Trump accuse l’OMS d’être inféodée à la Chine et de ne pas avoir su gérer la pandémie.
Pour le New York Times, la décision de Donald Trump constitue “une escalade majeure” dans sa croisade contre Pékin et l’OMS, qu’il veut “rendre responsables de la propagation du virus, pour détourner l’attention de sa propre gestion de la crise, qui a tué plus de 100 000 personnes aux États-Unis”.
Le Washington Post rapporte que l’annonce a immédiatement suscité “un torrent de critiques” dans le monde médical, et cite notamment Patrice Harris, président de l’American Medical Association. Selon lui, quitter l’OMS “n’a aucune logique”. “Nous ne pourrons pas vaincre cette pandémie, ou toute autre à l’avenir, sans être solidaires, sans partager nos informations et sans coordonner nos actions”, dit-il.
“Résurgence de la polio et de la malaria”
Le magazine Nature observe que la contribution financière américaine à l’OMS “couvre 27 % de son budget pour l’éradication de la polio, 19 % de son budget pour la lutte contre la tuberculose, le VIH, la malaria et les maladies évitables par la vaccination comme la rougeole, et 23 % de son budget pour les opérations d’urgence”.
Selon les experts cités par le magazine, le retrait américain pourrait donc entraîner “une résurgence de la polio et de la malaria”, mais aussi “bloquer l’échange d’informations sur le Covid-19”, faire perdre aux États-Unis leur “influence sur les initiatives mondiales de santé publique” et mettre en péril de nombreux “partenariats scientifiques”.
D’autres experts anticipent également une contribution financière plus grande de Pékin, pour combler le vide laissé par les États-Unis, avec pour conséquence de “donner à la Chine plus d’influence au sein de l’organisation”, note le Wall Street Journal.
Au-delà des annonces, tourner définitivement le dos à l’agence onusienne ne sera peut-être pas simple. The Hill précise ainsi que “le Congrès, qui a déjà voté le financement de l’OMS dans le budget en cours, pourrait contester la décision de Trump devant les tribunaux” – promesse d’une “longue bataille légale”.
Si les experts s’accordent globalement sur le caractère inadéquat de la décision américaine, l’OMS n’en reste pas moins l’objet de nombreuses critiques, rappelle CNN. Au début de l’épidémie, elle se serait trop “appuyée sur les chiffres officiels du gouvernement chinois” alors que beaucoup “doutaient de leur exactitude”.
Dans une colonne d’opinion pour le magazine Foreign Policy, Salvatore Babones, professeur à l’Université de Sydney, souligne que “plus de 110 pays ont réclamé une enquête sur la gestion de la crise du coronavirus par l’OMS”, afin d’établir si l’organisation avait été “complice de la tromperie de la Chine, ou simplement crédule”.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.