Ces ordres nationaux (médecins, kinés, pharmaciens et infirmiers) se sont donc fendu d’un intéressant petit communiqué dans lequel ils dénoncent ces vilains profiteurs de la grande distribution qui ont maintenant l’impudence de mettre en vente les protections que tout le monde réclame depuis plusieurs semaines.
Jouant sur la métaphore guerrière déjà lourdement utilisée par le Président de la République et le gouvernement et ne s’embarrassant guère de conditionnels ou de termes diplomatiques, les fiers représentants de ces ordres expliquent clairement que ceux qui se livrent à présent à la vente de ces produits sont ni plus ni moins que des profiteurs qui, au lieu de simplement donner leurs stocks lorsqu’ils en avaient la possibilité au début de l’épidémie, les ont cupidement gardés pour pouvoir les écouler à prix d’or une fois leur vente autorisée.
Oh. Les salauds de capitalistes ! Ils ont ainsi attendu le meilleur moment pour faire du profit au lieu d’aider le personnel soignant lorsque la situation était critique ! C’est honteux, ça, ma brave dame !
Bon, évidemment, une fois la stupeur retombée et l’émotion écartée, l’analyse des faits ne laisse guère de doute sur le culot assez phénoménal de ces ordres nationaux devant ce qui ressemble de plus en plus à une tentative maladroite de diversion de leur propre vacuité pendant la crise sanitaire.
Il apparaît en effet que les millions de masques en question ne sont pas en stock, ou du moins, pas encore : ces masques seront mis en vente au cours des jours et des semaines à venir, et correspondent à des stocks en cours d’approvisionnement et donc pas déjà constitués.
Rien que ceci fait largement tomber à plat les petites éructations grandiloquentes de ces ordres remontés comme des coucous de Prisunic, et les pousse à la limite du diffamatoire comme le rappelle d’ailleurs un communiqué de presse de la Fédération du Commerce et de la Distribution.
Par ailleurs, on ne pourra s’empêcher de noter qu’ils couinent pour un problème que la grande distribution est en train de résoudre alors que, dans le même temps et depuis deux mois, l’administration merdoie intensément pour le même problème.
Or, pourquoi diable le système administratif de soins français est-il à ce point dans la panade ? Un bref rappel des épisodes précédents permet de donner quelques éléments de réponse : une première étape aura consisté, pour l’État et ses administrations (et dans le silence compact des ordres de soin suscités) à interdire au privé de s’approvisionner et de vendre les masques en question en réquisitionnant tout et en confisquant ce qui pourrait arriver en douane.
Le privé, ayant une quantité limité de capital à cramer dans l’agitation cosmétique, arrête donc toute commande et toute vente. Le marché disparaît donc instantanément. L’approvisionnement de masques dans l’Hexagone dépend alors totalement de la capacité des administrations à faire correctement leur travail.
Pari risqué, pari perdu.
Dans un mélange d’incompétence olympique, de décisions contre-productives, de guerres aussi picrocholines qu’intestines, les régions, les départements, les collectivités territoriales et les administrations centrales se déchirent pour obtenir qui la production de masques en local, qui l’importation de productions étrangères, qui l’autorisation de récupérer les stocks d’une autre entité, fut-elle d’une région voisine, d’un pays membre de l’Union européenne ou de n’importe où ailleurs.
C’est donc un échec total, rendu visible par les discours emberlificotés des clowns télévisuels du gouvernement, forcés de proférer des âneries sur l’inutilité des masques pour rétro-pédaler sur leur monocycle coloré quelques jours plus tard en mode « ce qui était inutile va devenir obligatoire », amenant le degré de cohérence de l’ensemble des administrations de l’État français loin en territoire négatif.
Cette nouvelle obligation de port du masque contraint finalement les autorités à en libérer le commerce et dans les trois jours qui suivent, les grandes chaînes de logistique de distribution relèvent le défi et montrent à la fois leur maîtrise des réseaux d’approvisionnement et leur force de frappe pour en proposer, à très court terme, 500 millions dans leurs rayons.
C’est plus qu’un camouflet pour les idiots inutiles et dangereux qui nous gouvernent, c’est une fessée magistrale.
Et là, les ordres nationaux, qui ont été remarquablement silencieux pendant ces nombreuses semaines où la population a été mise en coupe réglée alors même que ni l’OMS, ni le bon sens ne demandaient de pareils sacrifices, se réveillent subitement au moment où la nullité crasse de l’État et de ses administrations est exposée au vu et au su de tous.
Coïncidence ? Je ne crois pas !
En fait, ils agissent en petits soldats du système en place qui, armés de leur vertu en carton et de leur baril de moraline sirupeuse, se mettent vent debout contre ceux qui savent régler les problèmes logistiques, en oubliant commodément ceux qui se sont jadis auto-désignés pour ce faire et ont pataugé dans un échec aussi scandaleux que minable (et dont, il faut bien le dire, ils font partie).
Malheureusement, en plus de la réaction épidermique ridicule consistant à accuser ceux qui réussissent là où eux ont échoué – en se trompant de cible qui plus est – cette réaction illustre trop bien le penchant naturel d’une grosse partie des Français à adouber le principe même de la réquisition qui n’est que du vol pur et simple.
Et pire encore, alors qu’on sait depuis des lustres que le planisme ne fonctionne jamais, que les réquisitions et le contrôle des prix ne font qu’amener des pénuries et le marché noir, que la situation actuelle a, encore une fois, illustré exactement ces mécanismes, ces ordres nationaux semblent désirer ardemment qu’aucune leçon ne soit tirée de ces échecs répétitifs passés et récents, garantissant ainsi qu’on remettra le couvert dès qu’on en aura l’occasion.
Mieux : ils encouragent les politiciens à se vautrer dans leurs penchants les plus minables : l’outrance ridicule des ordres nationaux a ainsi provoqué une pluie de réactions politiciennes toutes plus consternantes les unes que les autres, depuis un Muselier à l’égo suffisamment boursouflé pour croire s’autoriser à demander des comptes à la grande distribution, jusqu’au minustre Véran qui n’écarte pas de recourir à nouveau à des réquisitions (perseverare diabolicum) si les prix des masques venaient à ne pas suivre le Plan Quinquennal décidé par ses augustes services, en passant bien évidemment par toute la coterie collectiviste habituelle, aussi minable que prévisible, bien plus à même de fustiger la France industrielle qui tente de s’en sortir plutôt qu’apporter la moindre solution ou la moindre compétence dans cette crise historique.
Oui, vous l’avez compris : pour ces ordres nationaux, pour ces clowns gouvernementaux, pour toute la frétillante brochette de polichinelles politiciens, le problème n’est pas qu’il n’y ait toujours pas de masques disponibles pour les Français depuis deux mois contrairement aux autres pays européens. Non, décidément : le problème, c’est bien évidemment que la grande distribution résolve le problème en quelques jours…
Avec de tels bouffons aux commandes, ce pays est foutu.
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