Parlant d’un “virus de l’esprit” ou d’un “virus spirituel” qui était activé secrètement et qui aurait été mis à jour par Covid19, l’“activiste” et auteur Martin Winiecki écrit dans KosmosJournal.org : « La raison pour laquelle nous pouvons accepter un système économique célébrant la plus grande dévastation possible du monde naturel comme un “succès” est due à notre propre infection par le virus... » Aujourd’hui, nous nous apercevons de cela, et nous comprenons la nécessité de cette gigantesque crise, pour tenter de terrasser cette infection par une sorte d’effet de souffle.
De cette façon, l’on pourrait saluer Covid19 comme Andersen célébrait le petit enfant qui, seul dans la foule avec son ingénuité comme unique compagne, s’écriait : « Mais le Roi est nu ! » Effectivement, Covid19 ne cesse de mettre en lumière de tragiques faiblesses, des distorsions monstrueuses, des comportements absurdes, des mécanismes insensés. Le Système se défait comme un tricot dont l’on a saisi le fil de laine qui ouvre la voie de la déstructuration. Cette idée générale doit dominer et influer tout jugement et analyse partiels d’un événement, même extraordinaire par sa seule et propre puissance de déstructuration.
Oubliez ce “mardi de dingue”
La dernière chose en date, c’est la tragédie-bouffe du pétrole avec ces chiffres incroyables en mode négatif, avec ses blocages de possibilités de stockage, et c’est ce qui nous intéresse ici comme chapitre en cours des événements et comme introduction à la réflexion. Voici les premières lignes de l’article bouclé hier soir (ce matin pour nous) sur ZeroHedge.com.(Pour cette fois, les Chinois ne sont pas impliqués, enfin pas directement.)
« Oubliez ce mardi de dingue. Le pétrole est un “marché dangereux pour le commerce en ce moment”, déclare Pierre Andurand, fondateur d'Andurand Capital Management LLP, dans une interview télévisée sur Bloomberg. “Le marché doit être fermé immédiatement”, dit-il.
» “Cela a tout changé”, a déclaré Monica Malik, économiste en chef de la Banque commerciale d'Abu Dhabi. “Une grande partie de la récente relance était basée sur le fait que le pétrole dépasserait 50-60 dollars, apportant un soutien à l’activité économique, et cela vient d’être pulvérisé”.
» Cette “chute des prix est psychologiquement très importante”, a déclaré Eugen Weinberg, responsable de la recherche sur les matières premières à la Commerzbank AG. “Il est possible que cela change à jamais les perceptions”.
» Le meilleur résumé du chaos d’aujourd’hui est venu du journaliste de Bloomberg spécialisé dans l’énergie, Javier Blas, qui a dit simplement : “Hier, c’était effrayant. Aujourd’hui, c’est beaucoup, beaucoup plus effrayant. L’ensemble du marché du pétrole hurle simultanément devant l’excès d’offre qui le noie littéralement. Le WTI de juin, qui arrive à échéance dans quatre semaines, vient d’atteindre 6,5 dollars le baril. Le marché va imposer d’énormes réductions de production non pas en mai ou en juin, mais immédiatement”. »
Une “chute du Niagara crisique”
Aussitôt, l’on dresse le bilan structurel de la terrible embardée de ce début de semaine “de dingue”. Bien entendu, il est crépusculaire, tant le jugement est aujourd’hui emporté et sollicité pratiquement heure par heure par le déferlement de cette espèce de “chute du Niagara crisique”. The Moon of Alabama (MoA) résume l’ensemble de cette affaire par ce terrible constat, qui concerne “l’économie du pétrole” et la géopolitique qui en dépend, et par l’hypothèse de rien de moins que nous nous trouvons peut-être, sans doute, à la fin de l’“âge du pétrole”...
Donc, résumé en principe juste mais en réalité incomplet parce que d’autres événements aussi déstructurants se sont produits et continueront à se produire parallèlement et entretemps, pour d’autres domaines aussi importants :
« L’âge de pierre ne s’est pas terminé par manque de pierres. L’âge du pétrole ne se terminera pas par manque de pétrole. La demande de pétrole a probablement atteint son maximum à l’échelle mondiale. Des alternatives ont été développées. La pandémie sera probablement présente pendant environ deux ans. Elle changera le comportement de nombreuses personnes.
» Il n’y a aucune raison de s'attendre à ce que le pétrole brut atteigne à nouveau son précédent pic de plus de $100/bl.
» Les dettes totales des producteurs US de pétrole de schiste sont estimée à plus de $200 milliards. Aucune ne sera remboursée. Ce carnage pourrait bien conduire à l’effondrement du système bancaire.
» Tous les pays dont le budget dépend de la vente de pétrole sont désormais en grande difficulté. À mesure qu’ils perdront leur importance en tant que producteurs, les politiques mondiales qui les concernent vont également changer.
» La pandémie ne fait qu’amplifier les problèmes structurels et les déséquilibres existants sur nos marchés et dans nos sociétés. Il est probable qu'elle laissera des traces permanentes. »
Grâce aux USA, l’Iran est prêt
Il est effectivement évident que la première industrie pétrolière concernée est celle des USA, avec le risque d’effondrement de cette industrie, et l’effet-domino sur d’autres domaines comme le secteur bancaire qui a financé les pétroliers dans leur aventure du “fracking”. Là-dessus, il y a aussi des paradoxes, des surprises bien révélatrices.
Le principal paradoxe du jour se trouve dans la situation iranienne, telle qu’elle est exposée par le premier vice-président iranien, Es'haq Jahangiri. C’est le réseau PressTV.com qui rapporte ses déclarations... (Bien entendu, on s’empressera de noter que cette source est hautement suspecte pour toutes les vertueuses vigies de la bienpensance du bloc-BAO, mais les informations données, soumises à la perception courante, ont le caractère de l’évidence, – aussi s’autorise-t-on à les citer...)
« Selon le premier vice-président Es’haq Jahangiri, les sanctions sévères imposées par les États-Unis à l’économie et au secteur énergétique iraniens ont aidé la République islamique à s’adapter au krach historique du marché pétrolier, qui a vu les prix à terme du brut US plonger sous zéro pour la première fois de l’histoire. » “Les crises et les sanctions [imposées par]les USA nous ont permis de développer la préparation nécessaire pour gérer les affaires du pays dans les circonstances actuelles”, a déclaré Jahangiri lors d'une réunion mardi avec les hauts responsables du ministère iranien des routes et du développement urbain.
» Téhéran a élaboré des plans spéciaux et a réussi à ajuster son budget à un revenu pétrolier nul, a ajouté M. Jahangiri. »
Le même Jahangiri développe des réflexions sur les effets de cette situation pétrolière catastrophique, donnant un aperçu vu de l’Iran de l’imbrication des situations dans différents secteurs, des effets à la fois psychologiques et opérationnels, directs et indirects, de la pandémie Covid19. On observe ainsi les caractères extrêmement marqués des dépendances et des enchaînements, dans un environnement complètement conditionné et en quelque sorte “régulé” par la situation de la crise sanitaire agissant comme détonateur sans fin...
« Les contrats à terme du pétrole américain ont continué à s'échanger en territoire négatif mardi, après avoir clôturé à près de – 40 dollars lundi lors de leur toute première plongée sous zéro, car les craintes se sont accrues que les États-Unis ne soient à court de stockage en raison d’une surabondance causée par les diverses dispositions imposées par le coronavirus.
» Le brut de référence mondial Brent a également fortement chuté en réponse à l’effondrement de la demande suite à la réduction de l’activité économique.
» Cet effondrement est survenu après que les producteurs de pétrole aient manqué de place pour stocker l’excédent de brut occasionné par la pandémie de coronavirus, qui a frappé presque toutes les nations du monde.
» Jahangiri a ajouté que l'économie américaine, qui possède 25 % du produit mondial brut (PGM), a vendu ses contrats à terme de pétrole brut en territoire négatif depuis la nuit dernière et “cela indique que les autres pays du monde ne resteront pas insensibles aux conséquences économiques de la pandémie de coronavirus”.
» Il a ajouté que les pays producteurs de pétrole, tels que l'Arabie Saoudite, vont certainement rencontrer de sérieux problèmes avec le brut négocié à moins de 70 dollars le baril.
» Le vice-président iranien a noté que même l’accord annoncé de la semaine dernière entre l’OPEP et les producteurs indépendants pour réduire la production d'environ 10 millions de barils par jour à partir de mai n'a pas réussi à empêcher la chute des prix du pétrole.
» Il a averti que d’autres secteurs industriels dépendants du pétrole, tels que les industries pétrochimiques et métallurgiques, subiraient les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, demandant aux universités et centres scientifiques iraniens de présenter des solutions scientifiques à cet égard. »
Dévastation de la psychologie
Bien... On notera l’étrange effet de la politique “de dingue” des USA, dans le chef des sanctions, essentiellement contre l’Iran. Pas un seul fonctionnaire américaniste, et encore moins un Trump, un Pompeo ou un Ester, et pas davantage un vulgaire sénateur ou un superbe commentateur du New York Times ne sera capable d’entrevoir même par une simple allusion en forme d’interrogation, la complète absurdité de cette politique des sanctions en plus des habituelle lâcheté et cruauté qui la caractérisent.
Force est de constater, trait d’ironie dans cette lugubre dynamique apocalyptique, que cette politique aboutit à faire de l’Iran, considérable producteur de pétrole, l’un des pays sinon le pays le mieux préparé du monde à une situation de l’effondrement de la vente de pétrole qui va heurter la plupart, sinon tous les pays du monde. Nous sommes bien, en effet, dans cette crise fondamentale, – certes, une “crise fondamentale” de plus, – qui met en cause “l’âge du pétrole” selon MoA, comme l’on parle de l’âge de pierre. Et voilà que l’un des pays les plus fameux pour ses réserves de pétrole et ses revenus d’exportation du pétrole, est parfaitement préparé, – même si dans la douleur, mais qui pourrait espérer aujourd’hui y échapper, – à une telle crise.
Sans nul doute, la direction américaniste, et Trump encore plus que les autres qui est à cet égard le plus américaniste des présidents, -ne peut envisager la fin de “l’âge du pétrole”. Dans la psychologie US, le pétrole tient la même place que le dollar, Hollywood, Wall Street, l’American Dream, et autres gâteries du genre. Il est absolument hors de question d’attendre des USA qu’ils révisent leurs conceptions symboliques sinon oniriques à cet égard. Par contre, il est à attendre que l’effet d’un tel événement (la fin de l’“ère du pétrole”) dans la mesure où il a des chances de se concrétiser, aura, outre ses effets économiques et financiers, un effet absolument dévastateur sur la psychologie américaniste.
Une terra incognita torturée
S’il fallait une très sérieuse indication que nous sommes bien entrés, à partir de la crise-Covid19, dans ce territoire torturé et incompréhensible, et complètement terra incognita, de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES), c’est bien cette situation dynamique, et à quelle vitesse, avec effets-domino exercé sur un château de cartes décoré comme un “village Potemkine”. Il nous paraît certain que l’Amérique, une fois de plus, mène la danse, qu’elle est le numéro-un à l’image de l’argument répété sans cesse par son président ; elle l’est par le nombre de cas d’infection au Covid19, et par le nombre de décès, elle l’est par le nombre de chômeurs dans un temps si court, qui envoie la Grande Dépression à la catégorie des incidents de passage... Elle dispose, l’Amérique, de toutes les potentialités d’être encore en position de leader dans d’autres domaines :
• pour les troubles sociaux pouvant déraper jusqu’à des émeutes insurrectionnelles, comme on a pu le voir dans un certain nombre d’États déjà, et notamment en Pennsylvanie avec la présence de milices armées (protestation de groupes extrémistes ou conservateurs pro-Trump exigeant la fin du confinement, lequel devient aussitôt une cause “politisée” évidemment jusqu’aux extrêmes) ;
• pour les troubles institutionnels, avec une élection présidentielle cruciale, avec deux concurrents âgés, chargés chacun à sa façon de défauts extrêmement dommageable, chacun poussé vers des positions extrémistes reflétant l’antagonisme mortel entre les deux partis, aucun ne possédant une vision d’ensemble et unificatrice susceptible de rassembler le pays, etc. Les conditions générales ne permettent pas aujourd’hui d’écarter la possibilité que cette élection soit gravement perturbée, ou bien retardée voire annulée, avec des possibilités de troubles politiques ;
• pour des troubles militaires extra-constitutionnels, avec de réelles possibilités d’interventiondes militaires si la situation actuelle ne se dénouait pas, mais au contraire continuait à s’aggraver, et notamment si la situation politique se compliquait comme on l’a vu ci-dessus au moment de l’élection présidentielle. D’ores et déjà, il existe, à cause de la pandémie Covit19, la mise en route discrète d’un mouvement de repli des forces vers l’espace continental national, ce qui conduit les militaires à être d’autant plus attentifs à la situation intérieure.
La Grande Crise est une pandémie...
Gardant évidemment à l’esprit notre hypothèse fondamentale selon laquelle nous entrons dans la phase finale de la GCES, nous constatons que la situation générale provoquée par la pandémie Covid19, suit elle-même un schéma et une dynamique s’inspirant d’une pandémie, – mais une pandémie irrésistible, dont l’efficacité est proche d’être totale. Il y a une dynamique d’infection générale se transmettant d’un domaine à l’autre, une véritable situation de “solidarité négative” faisant en sorte qu’aucun domaine d’importance pratiquement n’est épargné.
Il s’agit d’une situation crisique complètement nouvelle qui, justement, nous donne une indication de plus qu’il s’agit bien de l’effondrement du Système. Le déchaînement du Système (“déchaînement de la Matière”) a été remplacé par l’enchaînement de sa destruction sous la force de l’effet-domino de la pandémie. D’une façon générale, comme nous l’avons déjà remarqué, la pandémie Covid19 joue le rôle d’une force d’encerclement, enfermant la crise dans son expansion interne, parce que les impératifs et les nécessités de la sécurité sanitaire exercent une pression contraire à la résolution de tel ou tel aspect de la crise. L’exemple nous vient encore des USA : alors qu’un mouvement populaire pour un “déconfinement” se développe ces derniers jours en même temps que les décès causés par Covid19 semblaient se réduire, un nouveau chiffre marquant une aggravation importante (plus de 2 700 décès ces dernières vingt-quatre ans) pourrait marquer un écart de tendance et contrarier ce mouvement en affichant à nouveau les nécessités de la sécurité sanitaire.
C’est une bataille au jour le jour qui se livre, avec une rapidité extraordinaire dans l’évolution de la situation, entre deux pandémies qui se neutralisent l’une l’autre dans leur logique destructrice : la pandémie sanitaire Covid19 qui, pour l’essentiel, n’est pas vraiment sous contrôle, et la pandémie de l’extension de la Grande Crise, qui ne se contrôle que pour poursuivre son œuvre d’autodestruction.
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