23 avril 2020

Le préfet de Seine-Saint-Denis redoute une pénurie alimentaire qui pourrait provoquer des émeutes


Le préfet de Seine-Saint-Denis s'inquiète. Dans un mail du 18 avril adressé à son confrère d’Île-de-France, intercepté par le Canard enchaîné, Georges-François Leclerc redoute des «émeutes de la faim», conséquences d’une potentielle pénurie alimentaire dans le département.

«Devant les soupes populaires, les files d’attente ne diminuent pas, et ce ne sont pas des habitués, ce sont des salariés», confirme un élu local au Canard.

Selon Georges-François Leclerc, entre 15.000 et 20.000 personnes qui sont dans «des bidonvilles, des centres d’hébergement d’urgence et des foyers de travailleurs migrants» vont être touchées par cette pénurie. Les enfants et les collégiens sont aussi menacés: les écoles ayant fermé, les enfants n’ont plus accès à la cantine, qui est indispensable à certaines familles pour s’assurer d’au moins un repas complet. Une situation que connaissent depuis un certain temps les acteurs de terrain, comme en atteste le témoignage de ce policier à l’un de nos confrères:

Un policier en poste dans le 93 : “Ne pas sous-estimer le risque d’émeutes de la faim. Des familles nourrissent leurs enfants habituellement pris en charge dans les cantines. Ça parait dingue, mais ça les met dans une difficulté financière que les autorités peinent à imaginer” — William Molinié (@WilliamMolinie) April 7, 2020

En effet, le confinement a réduit de façon importante les revenus de certains habitants de Seine-Saint-Denis, notamment ceux qui travaillaient en intérim, ainsi que ceux qui participent à «l’économie souterraine, de rapine» ou à l’uber-économie. Tous se voient dorénavant en grande difficulté, et «ce qui était jouable sur un mois de confinement ne le sera pas sur deux», s’inquiète le préfet dans son mail.

Si l’État alloue des bons alimentaires, à hauteur de 7 euros par jour et par personne, à ceux qui vivent dans les conditions les plus précaires (hébergées dans les hôtels, bidonvilles), ces bons seront également donnés aux habitants de foyers et résidences sociales, mais un problème persiste:

«À chaque vague, nous ne pouvons distribuer les tickets, pour quinze jours, qu’à 9.500 personnes, quand il faudrait en nourrir de 15.000 à 20.000», déplore le préfet dans son mail du 18 avril.

De fait, il insiste sur la nécessité «de doubler» la dotation de l’État pour le département. Des inégalités se creusent avec le confinement et les alertes se multiplient. Mais ces dernières semblent avoir été prises en compte, puisque la Caisse nationale d’allocations familiales (CAF) va verser près d’un milliard d’euros pour aider les familles les plus modestes. Cependant, cette aide sera versée une seule fois, à hauteur de 150€ par foyer et 100€ par enfant à charge. Les récipiendaires devront toutefois s’armer de patience jusqu’au 15 mai prochain. Une opération qui vise 4,1 millions de foyers.

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