Avant de le montrer, passons en revue non pas des faits, mais des échos qu’on en a et des controverses dont ils sont le prétexte. Depuis la mi-février à peu près, les réseaux sociaux puis la presse se sont emparés du sujet pour en tirer une conversation frénétique. En fait partie la valse-hésitation du gouvernement français, confinement ou pas confinement, masque ou pas masque. N’étant pas médecin, j’ignore ce qu’il aurait fallu faire, mais chacun constate que nos princes ont varié dans leur doctrine et dans les règlements qu’ils imposent aux Français. L’avenir nous dira si c’était important. Beaucoup de médecins spécialistes des maladies infectieuses ont varié autant que le gouvernement. Les journalistes n’ont pas mieux fait leur travail. Dès qu’on a pu comparer des données provenant de plusieurs pays, les différences de taux de mortalité apparent ont tiré l’œil. En Corée, puis en Italie, puis en Allemagne. La presse a mis des jours, des semaines, à se demander pourquoi.
L’affaire de l’hydroxychloroquine, maintenant. Dès janvier, le professeur Raoult, tenu à l’étranger pour l’un des meilleurs infectiologues français, et une équipe chinoise, avaient éprouvé, semble-t-il, la relative efficacité d’une variété de cet antipaludique associé à un antibiotique pour réduire la charge virale tout en empêchant la surinfection bactérienne. Il a été montré depuis, par l’expérimentation sur le terrain, que le remède était plutôt efficace (2 morts sur plus de 1700 personnes infectées et traitées, soit 0,5 pour mille environ). Or, le gouvernement n’a cessé de traîner les pieds pour en autoriser l’utilisation. Premier argument, les études ne respectent pas le protocole scientifique. Exact, mais, quand les gens meurent, le médecin soigne d’abord. Quant aux effets secondaires, ils existent, mais le médicament est connu depuis des décennies et utilisé par un milliard de patients chaque année. Il suffit qu’il soit prescrit par un médecin responsable. Pour éviter l’automédication, il suffit de ne l’autoriser que sur ordonnance.
Le gouvernement français a tout fait pour en retarder l’utilisation. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a bien fait classer la chloroquine dans les substances vénéneuses, en janvier 2020. Et son époux, Yves Lévy, directeur de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), est bien un ennemi de Didier Raoult (une concurrence entre laboratoires ?), comme l’avouent les décodeurs du Monde. Si Agnès Buzyn n’était fille de juif souffrant, cela aurait déclenché un scandale national. Aujourd’hui, l’hydroxychloroquine est utilisée du Maroc aux Etats-Unis en passant par l’Italie, et un collectif de médecins connus, dont un ancien ministre de la Santé, réclame la même chose en France.
Didier Raoult vient de publier une brochure disponible sur internet en PDF que je vous recommande de lire. Elle donne l’autorité d’un médecin à des remarques de bon sens que nous nous sommes tous faits, pour certaines. Il note que la tuberculose tue encore 1,2 million de personnes dans le monde, souligne le rapport entre la faible mortalité du Covid-19 et son énorme retentissement médiatique, raconte l’exploitation politique de la peur des pandémies depuis l’anthrax, Ebola, la grippe aviaire, le SRAS, H1N1, le MERS, le Chicungunya, Zika, etc, en des termes simples, avec « le calme des vieilles troupes ». Il explique pourquoi les modèles mathématiques se trompent toujours dans la prédiction des épidémies et avoue les limites de la médecine : « il existe des mystères concernant la transmission des maladies infectieuses […] l’élément de lutte essentiel contre ces maladies reste l’observation […] Nous ne sommes pas encore à l’heure des théories ni des modèles ». Il déplore que les recommandations de vaccinations ne soient pas « scientifiques mais politiques ». Il note que le mythe du réchauffisme a empêché de traiter correctement le choléra à Haïti, détournant l’attention du facteur infectieux, les déjections de soldats népalais de l’ONU dans une rivière. On apprend beaucoup de choses, et, ce que l’on savait, on le met en ordre. Raoult nous préserve par exemple de l’optimisme politique. Quand sous Mitterrand l’invasion devint une feuille de route affichée du système, je me réjouis de la chienlit qu’elle amenait : sans le chômage et l’insécurité, elle eût été indolore, mais la catastrophe évidente allait susciter l’insurrection des Français, vive donc la crise qui devait leur ouvrir les yeux. Tu parles. Il n’y eut pas plus d’insurrection que de beurre en broche. De même aujourd’hui beaucoup d’entre nous attendent-ils monts et merveilles de dévoilement de la réalité. Ils seront déçus. Quant à la grippe aviaire, Raoult observe que la formation et la transmission doivent beaucoup à la promiscuité, celle des volailles élevées en confinement ou celle des chauves-souris serrées en colonies dans leurs cavernes. On aurait donc dû au moins en finir avec l’élevage en batterie, dangereux et cruel pour les bêtes, produisant une viande dégoûtante pour les hommes : il n’en a rien été.
Revenons à l’actualité. A la fin de la semaine dernière, les médecins ont constaté une surmortalité en hausse de 63 % dans le département de la Seine-Saint-Denis. Exceptionnel. Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, celui dont la casquette tombe sur les oreilles, a donné son explication : « ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, il y a une corrélation très simple. » Frédéric Adnet, directeur médical du Samu de Seine-Saint-Denis, jugeant ces propos “scandaleux”, a demandé la “démission” de Lallement. Celui-ci a dû faire ses excuses publiques. Or, que lui reproche-t-on ? Une inexactitude (la corrélation n’est pas « très simple », une partie des hospitalisés d’aujourd’hui a été contaminée plus tôt) ? Pas du tout. Le nombre de bourdes qu’ont dites depuis le début médecins, fonctionnaires, politiques et journalistes comporte six ou sept zéros et ne suscite guère de tollé. On lui reproche de toucher une question taboue : le rapport entre la pandémie et l’immigration. Question pourtant primordiale en France, en Espagne, en Italie. Ce silence sur l’invasion est une urgence capitale. Le coronavirus détourne l’attention du public pendant que la révolution arc-en-ciel continue sa marche, c’est l’une de ses fonctions. Pendant le coronavirus, la mutation du régalien continue. Le nouvel emploi de l’armée, de la gendarmerie et de la police se répand. Les gendarmes contrôlent si je me trouve du bon ou du mauvais côté de la piste cyclable qui longe la dune, et les parachutistes ou les chasseurs alpins de sentinelle, qui ne sont pas habilités à vérifier la validité des attestations dérogatoires, restent en soutien, derrière la police qui procède. Ces exercices de domination des peuples sur toute la planète sont une pleine réussite : je crie mais je change de côté, je ne cours pas assez vite éviter l’amende. Et les Parisiens applaudissent les “soignants” le soir sur leur balcon. Pendant ce temps-là Blanquer remplace le bac par le contrôle continu, à la grande satisfaction des fayots et des polars. Là aussi, il s’agit de domination pure. « Ce qui est acquis, c’est que les épreuves n’auront pas lieu », nous dit-il. Sans explication, sans l’ombre d’un débat. Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas (je le veux, je l’ordonne ; la raison, c’est ma volonté). Il dit, nous acquiesçons. Les spécialistes savent, point. Ô extension du domaine de la sagesse indiscutée ! Le gouvernement des sages avance.
Pendant le coronavirus, tout semble arrêté, nous sommes arrêtés, et en même temps tout continue. La révolution arc-en-ciel est en marche d’un bon pas. Le ministre de la Santé Olivier Véran s’assure que les Françaises peuvent exercer leur droit inaliénable à l’avortement pendant le confinement. Madame Diallo nous parle d’un « autre virus, le privilège blanc ». On supprime Pâques et les Rameaux, et les vacances en prime. Cent soixante mille policiers, gendarmes et autres, tous les gens d’armes de France sur pied de guerre coupent la route des résidences secondaires et des locations d’été. Tous nos portables sont géolocalisés. En même temps quatorze députés demandent la « régularisation des sans-papiers ». Un monsieur confinement est nommé, et en même temps un monsieur déconfinement, qu’on ne dise pas que le pouvoir n’est pas prévoyant. Yahoo se demande si Donald Trump est responsable de la crise qui touche les Etats-Unis. Michel Boujenah et Patrick Bruel vont mieux. Hélas, les sponsors du PSG et d’autres clubs rechignent un peu pour payer des joueurs qui ne jouent pas. Pendant le confinement, il n’y a plus que des Neymar. L’OMS recommande d’utiliser la carte bancaire pour tout paiement. L’ordre règne à Hong-Kong, les gilets jaunes locaux se taisent, les gilets bridés. La Chine, qui hier inondait le monde de pacotille dangereuse, nous envoie des masques, on oublie que le PC chinois a caché pendant des semaines l’existence du coronavirus, facilitant ainsi sa dispersion, et l’on cite en modèle la « gestion de crise » de la Chine. En même temps, l’arc-en-ciel se réjouit du rééquilibrage du monde, le blanc n’a plus le privilège du savoir et de l’aide.
C’est le moment de poser la question à laquelle songeait l’autre jour François-Xavier Rochette sur Facebook. Le sens était à peu près celui-ci, si je déforme sa pensée, il me le dira : les nationalistes, les “complotistes”, autrement dit les non-veaux, ceux qui ne prennent pas pour argent comptant ce dont le système les abreuve, sentent bien, savent, que, quelle que soit exactement la réalité médicale du COVID-19 sur laquelle on épiloguera plus tard, une volonté consciente organise l’exploitation politique de la chose. On peut la nommer complot, ou révolution, ou comme on veut, mais quelle est cette volonté consciente, qui la porte, que veut-elle, c’est sur quoi les non-veaux ne sont pas d’accord, et même se déchirent. Rochette a raison, mais cet état de fait, que le Covid-19 amplifie, aggrave, ne date ni ne découle de lui, il existait avant : c’est même pour cela que je me suis pelé d’écrire la révolution arc-en-ciel, pour nommer proprement ce qui nous tombe sur le coin de la figure. Les noms antérieurs ne convenaient pas. Le NOM (nouvel ordre mondial) est trop étroitement lié aux Américains, à Bush, au capitalisme, et puis ce prétendu ordre est un désordre. Il fallait dire et montrer que c’est une révolution, fille d’autres révolution, fusion d’idéologies. Quant à cosmopolitisme, le mot est à la fois mal compris et insuffisant : l’arc-en-ciel montre la réalité en partant des communautés et des subversions qui se combinent, leur porosité, leur synergie. Je ne vais pas vous la faire longue, j’aurais l’air de vendre ma soupe, mais l’effort de conception et de synthèse nécessaire à penser l’arc-en-ciel trouve dans le coronavirus une application : on ne peut pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui si l’on reste dans les schémas classiques repris du marxisme, la critique du libéralisme, etc. La révolution arc-en-ciel est du point de vue économique un socialisme mondial utilisant le profit, mais que son objectif étant l’homme nouveau, son effort est surtout sociétal et spirituel, de sorte que les questions économiques sont à la fois un détail et un moyen, comme l’est aussi le grand remplacement.
Deux exemples tout récents avouent, au plus haut niveau, comme l’arc-en-ciel se sert du coronavirus pour avancer. Le premier nous vient de Gordon Brown, ancien ministre travailliste britannique et envoyé spécial de l’ONU, qui réclame dans le Guardian, le grand quotidien de gauche anglais, un « gouvernement mondial » pour gérer le coronavirus, un « exécutif provisoire » qui mettrait au point « une réponse globale coordonnée ». Il assurerait la mise au point d’un vaccin et régulerait l’économie en coordonnant les efforts des banques centrales et les dépenses publiques nécessaires à relancer la croissance, le tout alimenté par le FMI, lui-même alimenté par les pays les plus riches au profit des pays les plus pauvres. Un peu plus tard, le 31 mars, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a présenté le dernier rapport de l’ONU où il demande au monde de consacrer 10 % de son PIB à la crise dans une « réponse massive, coordonnée, englobante et multilatérale ». Après une peinture uniformément noire et proprement terroriste de la pandémie afin d’en faire « l’ennemi commun de l’humanité », Guterres a évoqué une happy end arc en-ciel si les nations répondent à l’appel de l’ONU : « La pandémie COVID-19 pourra marquer un processus de renaissance (rebirthing) de la société telle que nous la connaissons aujourd’hui en une société où nous protégeons les générations présentes et futures. » On nous dit que le coronavirus est la fin du monde pour organiser la fin de notre monde et le remplacer par le monde que prépare l’arc-en-ciel. Le mot rebirthing fut inventé par le Californien Leonard Orr dans les années 1970, c’est, selon Jeanne Smits, « une méthode de développement personnel visant à revivre le “traumatisme” de la naissance par la “respiration consciente” en vue de libérer son propre potentiel ». C’est furieusement New Age. L’arc-en-ciel est une mystique à goût de chamallow. Pour la « famille humaine », Guterres détaille l’urgence de « l’approche globale ». Nous vivons un « moment déterminant » pour installer « sur le plan géopolitique » un « leadership politique fort » multilatéral. En prime, après la pluie, le beau temps, il propose, pour profiter de la catastrophe, de « mettre en œuvre l’appel du secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. Les belligérants du monde entier doivent déposer les armes pour soutenir le combat plus vaste contre le COVID-19, l’ennemi commun qui menace aujourd’hui l’humanité tout entière. » On peut bien en sourire, cela reste notre dernière ressource : mais lorsqu’on regarde combien d’illusions d’optique et de rhétorique arc-en-ciel ont pris corps en contraintes proprement diaboliques depuis cinquante ans, ça coupe l’envie de rire. A propos, permettez-moi de terminer par un dernier salut au docteur Dor.
HANNIBAL.
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