Là-dessus, je vous dirais que j’apprécie beaucoup Max Keiser, qui officie à RT.com. Quel rapport ? diriez-vous ; évident ! répondrais-je. J’ai en effet l’intention d’introduire ci-après un excellent petit texte où l’on interroge Keiser sur cette journée mythique où l’on vous vendit le baril de brut “– $37,62”.
(Depuis, ouf et puis dernières nouvelles ; les prix ont rebondi, ils ont tenu et se sont confirmés “positifs” ce matin, – avant de rechuter “négatif”. Montagnes russes, Poutine suspecté.)
J’aime bien Keiser parce que c’est un drôle de loustic qui déteste mâcher ses mots. Ancien trader, investisseur, conseiller, etc., tout ça à Wall Street, donc grand connaisseur de Wall Street avec toutes ses arnaques et ses sales coups fourrés, il ne cesse de cracher avec délice et ardeur sur Wall Street. Vous direz qu’il crache dans la soupe et je répondrais pour lui : et comment ! Et il a bien raison, qu’il crache encore et encore, l’immondice monstrueuse qu’est Wall Street se trouve en substance de connaissance.
Keiser a le verbe imagé, comme tous les commentateurs un peu machos de Wall Street, mais on sent chez lui une véritable rage et une ironie grinçante. En plus, il ne se perd pas trop dans ses explications et moi-même, un “non-professionnel” complet en matière de finance et une véritable super-nullité en matière de “sciences économiques”, je m’y reconnais à peu près. On dirait qu’il pense à moi lorsqu’il remarque :
« Intuitivement, l’observateur non-professionnel n’en croit pas ses oreilles lorsqu'il entend que le prix du pétrole est devenu négatif et il a raison de penser que quelque chose est fondamentalement faussé dans ce marché. Des prix pétroliers négatifs signifient que vous payez quelqu'un pour qu’il prenne votre pétrole. »
Les quelques mots qu’il dit, rapportés ci-dessous, vous rassurent finalement, dans tous les cas c’est mon cas : nous sommes bien dans une maison de passe reconvertie en maison de repos pour hystériques ésotériques-érotiques, dystopiques, schizophréniques, suiveurs infatigables du déterminisme-narrativiste. La Grande Crise d’aujourd’hui, la GCES, leur va comme un gant, ou disons comme un masque de tissu portant comme décoration des $ et des $. Max Keiser rigole bien en répondant aux questions de son employeur, la grande chaîne de désinformation et de FakeNewsisme RT.com ; il est comme un croque-mort joyeux qui vous fait visiter la morgue municipale aux mille odeurs faisandées :
« La chute dramatique du prix du pétrole en territoire négatif n’est qu’un “spasme” de la “bête bancaire” en train de mourir, résume Max Keiser, le chroniqueur de RT. Il explique que les retombées à long terme du crash financier de 2008 ont privé l’évolution des prix de toute signification par rapport à la réalité.
» Les contrats à terme sur le brut, ou ‘West Texas Intermediate’ (WTI), – la principale référence américaine en la matière, – ont connu une chute sans précédent lundi, s’établissant à un niveau historique de – $37,63[“moins $37,63”] par baril et s’aventurant ainsi pour la première fois depuis l’ouverture de la New York Mercantile Exchange (NYMEX) en 1983 sur le territoire des “prix négatifs”. Si Keiser reconnaît bien sûr que cette chute libre a été favorisée par la dissolution de la demande dans le contexte de la pandémie mondiale de coronavirus et des conséquences de la guerre des prix entre la Russie et l'Arabie Saoudite, il estime que le problème trouve sa racine beaucoup plus loin dans le temps, essentiellement dans les fractures structurelles très profondes de l’économie mondiale.
» “Intuitivement, l’observateur non-professionnel n’en croit pas ses oreilles lorsqu’il entend que le prix du pétrole est devenu négatif et il a raison de penser que quelque chose est fondamentalement faussé dans ce marché”, observe Keiser. “C’est simple, des prix pétroliers négatifs signifient que vous payez quelqu'un pour qu’il prenne votre pétrole”.
» Le même observateur pourrait également avoir du mal à saisir le concept de taux d'intérêt négatifs, – où les bons du Trésor à court terme ont brièvement sombré à la fin du mois dernier, – a poursuivi Keiser, notant que cet effondrement des taux est une preuve supplémentaire que le système financier mondial a été “irrémédiablement détruit” lors du crash de 2008, lorsque les banques ont été “écrabouillées à mort” sous le poids de $200 000 milliards de dettes non garanties.
» Nous devrions considérer les prix négatifs du pétrole et les taux d'intérêt négatifs comme les débris du corps déchiqueté et démembré de la “bête bancaire”, qui traînent sur le sol de l’abattoir de la financiarisation que nous avons créé avec de l’argent sans valeur et une dérégulation sans fin.
» En espérant soutenir les banques insolvables avec $500 000 milliards constituant “un village de Potemkine” d’argent en papier-monnaie imprimé, les remèdes monétaires offerts par les gouvernements du monde entier depuis l'effondrement de 2008 n’ont pratiquement rien soigné, explique Keiser.
» “Désormais, en 2020, les cadavres pourrissants des banques mondiales, – mortes depuis 2008, – se désintègrent sous nos yeux et tous les prix provenant des mécanismes de tous les marchés sont sans la moindre signification”.
» La chute vertigineuse des prix du brut est due au fait que l'espace de stockage s’amenuise dans un contexte d’offre excédentaire au niveau mondial, les négociants n’ayant tout simplement plus de place pour stocker du pétrole supplémentaire. Le président américain Donald Trump a annoncé lundi que 75 millions de barils seraient ajoutés à la réserve stratégique de pétrole, en achetant du pétrole à son niveau de prix historiquement bas afin de “compléter” le stock de réserve en cas d’urgence.
» “C’est le moment idéal pour acheter du pétrole et nous aimerions que le Congrès l'approuve”, a déclaré M. Trump aux journalistes lundi, ajoutant qu’“au minimum”, le gouvernement ferait payer l’espace de stockage temporaire dans la réserve.
» Le WTI a rebondi en territoire positif lundi soir, suite aux remarques du président, bien qu’on ne sache pas très bien si les marchés réagissaient aux nouvelles concernant les achats de pétrole du gouvernement. »
J’ai cité ce texte jusqu’au bout parce que je trouvais que la réaction de Trump valait la peine d’être mentionnée. Vous le voyez, clignant de l’œil, levant le pouce, faisant son bon sourire, type-“les gars, c’est le moment ou jamais, faites votre plein de barils de poche et empochez le fric pour aller miser quelques tunes grandioses à Vegas. Ensuite, faites comme moi, bâtissez une tour à Pékin et installez un laboratoire à virus pour faire chanter Xi !”.
Il n’y a pas le moindre souffle de réalité, pas la moindre vérité-de-situation dans tout cela, pas une seule trace d’ontologie. Même le simulacre paraît être de papier-mâché par une équipe de sans-dents logée comme des sans-abris, avec réparations de fortune, fuites un peu partout, constellé de rustines improbables, comme une sorte de simulacre du néant fonctionnant à la manière d’une usine à gaz cosmique... Même un virus n’en voudrait pas, et c’est pour cette raison que le président-bouffe se porte comme un charme.
Le Système, demanderez-vous ? Il n’y a pas d’abonné au numéro que la NSA vient de localiser.
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