28 avril 2020

Airbus vole vers la faillite. Du sommet à la chute en 2 mois !


« Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéïenne ».Voilà une expression qui nous vient de loin, de très loin et qui parle d’une constante, vieille comme le monde.

Nous pourrions dire grandeur et décadence ou encore stupeur et tremblement.

Airbus, ce n’est pas rien.

C’est un monument.

Un monument économique, et aussi un symbole politique parce c’est l’emblème de la construction européenne, c’est l’étendard de l’excellence de l’Union, ce qu’il y a de meilleur. Bref, Airbus, c’est Airbus et aujourd’hui même Airbus vacille.

Voici ce qu’en dit le Figaro après les annonces faites par le président du groupe.

« Airbus a publié une sombre évaluation de l’impact de la crise du coronavirus, demandant aux 135.000 employés de la société de se préparer à des réductions d’emplois potentiellement plus importantes qu’annoncées et avertissant que sa survie est en jeu sans action immédiate ».

« Dans une lettre aux employés envoyée vendredi, le président exécutif de l’entreprise, Guillaume Faury écrit qu’Airbus « perd de l’argent à une vitesse inédite » et qu’une baisse d’un tiers ou plus des taux de production ne reflète pas le pire des scénarios pour la compagnie et serait maintenue à l’étude.

« Il se peut que nous devions prévoir des mesures supplémentaires», a dit Faury et de conclure que « la survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant ».

Voici à quoi ressemble le cours de bourse de l’action Airbus passé de 138 € avant le début de la crise en Février, à 51 euros aujourd’hui… C’est une débandade et je vous laisse imaginer la tête des PEE des aimables camarades salariés du groupe qui, pour l’essentiel, détiennent l’écrasante majorité de leur épargne d’entreprise sous forme d’action du groupe dans lequel ils travaillent, ce qui n’est jamais une bonne idée patrimoniale.

En effet, quand votre société s’effondre, vous perdez votre PEE donc votre épargne et vous perdez également votre boulot…

Vous me direz oui mais Charles, il y a l’abondement de l’employeur et l’absence d’impôt au bout de 5 ans…et oui. C’est super chouette comme principe quand le temps est calme et la mer d’huile; Quand c’est la crise, non seulement votre PEE ne vaut plus grand-chose, mais en plus votre argent est bloqué 5 ans, ce qui… dans une crise comme celle du coronavirus représente une éternité. Remarquez, la bonne nouvelle c’est que ceux qui seront licenciés pourront débloquer leurs fonds…


Il est inutile de vous précipiter vers l’action Airbus, car et c’est ce que j’avais expliqué il y a déjà quelques temps à mes abonnés à la lettre STRATEGIES, le secteur de l’aérien au sens très large est tout simplement mort.

D’Airbus à Safran, d’Air-France à EasyJet, il ne manque plus que les faire-parts de décès de ces compagnies qui au pire déposeront le bilan, au mieux seront nationalisées ce qui ne changera rien pour l’actionnaire qui perdra sa chemise.

7 Milliards pour sauver Air-France et ce n’est qu’un premier chèque. Il y a des milliers d’avions en trop puisque très peu volent… Nous n’avons plus besoin d’avions neufs pendant plusieurs années ou de manière marginale par rapport aux capacités de production. Il en va de même des moteurs qu’il faut mettre dedans ou des sièges des passagers, et c’est toute la chaîne, ce sont tous les sous-traitants qui seront rapidement en faillite.

Pour répondre à cette nouvelle réalité, le chômage partiel n’est pas la réponse. La réponse sera une réorganisation structurelle. Airbus va se réduire comme peau de chagrin et des milliers de personnes se retrouveront sur le carreau, l’immobilier à Toulouse baissera plus qu’ailleurs car le marché toulousain est tiré vers le haut par tous ces ingénieurs bien payés de chez Airbus, l’économie locale va en prendre un sérieux coup.

Il y a encore 3 mois, personne n’imaginait qu’un géant comme Airbus pouvait à ce point vaciller aussi vite.

Nous parlons d’Airbus.

Airbus ne déposera pas son bilan parce qu’Airbus est stratégique et symbolique. Airbus sera sauvé et recapitalisé, mais tout de même, rendez-vous compte, Airbus doit être sauvé et soutenu.

C’est vous dire la profondeur de la crise.

Terrible.

Terrible.

Airbus s’est effondré en deux mois seulement. Le choc est phénoménal.

Airbus est une superbe société, avec des gens de valeur, du compagnon aux ingénieurs et pourtant, « Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéïenne ».

De quoi nous rappeler à tous l’humilité nécessaire, la fragilité de la vie et la précarité des équilibres que l’on veut croire éternels, sans oublier la nécessité de profiter de la vie en la vivant pleinement.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous et désormais protégez-vous !

Charles SANNAT

Source Le Figaro.fr ici

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