19 novembre 2019

Nous ne sommes pas dans un mouvement social mais dans une révolution !



Vous vous souvenez sans doute du printemps arabe, des événements qui ont secoué la Tunisie et précipité la chute de Ben Ali. Tout commence avec l’immolation d’un jeune homme du nom de Bouazizi au fin fond de la Tunisie.

La semaine dernière en France un jeune étudiant s’est immolé lui-aussi.


De Ben Ali à Macron.

Nous étions en 2011 et à l’époque j’avais écrit un édito intitulé « Karl Marx… la révolution tunisienne et la prochaine révolution française ». 8 ans après nous y sommes. En fait cela aura mis 7 ans puisque le mouvement des Gilets Jaunes, qui était à bout de souffle à force de s’essouffler, selon les mamamouchis qui s’époumonent à faire croire que le mouvement a disparu, a démarré il y a un an. Vous pourrez relire ces textes de 2001 et 2014 ici. Je poursuis cette réflexion aujourd’hui en 2019, nous pourrons donc ressortir ces textes d’ici 3 ans… pour les mettre à nouveau en perspective.

En réalité, dès 2011, ce qui allait se produire aujourd’hui, qui n’est pas fini et ne peut au rythme actuel que se finir par un terrible bain de sang, était prévisible.

Pour cela, il faut relire Marx. Karl Marx. Certes la mise en application de ses théories ne fut pas un franc succès avouons-le, mais ce garçon n’a pas dit que des sottises.

Notamment son explication entre l’infrastructure et la superstructure permet d’avoir un cadre intellectuel pour comprendre ce qu’il se passe dans le monde depuis 10 ans.

Partout, où que vous regardiez, les peuples sont actuellement en train de se révolter. Cela a commencé dans les pays arabes, mais l’Amérique latine est très touchée, de même que l’Asie. Regardez ce qu’il se passe à Hong-Kong, à Paris, au Chili, en Equateur, ou encore en Bolivie. Partout la situation est chaotique.

Que se passe-t-il donc ?

Un problème d’infrastructure et de superstructure


Notre cher Karl a, un jour, fait un constat d’une très grande acuité et d’une très grande justesse historique en expliquant la notion d’infrastructure économique et de superstructure politique. Afin de faire simple, pour Karl Marx, c’est l’infrastructure économique qui conditionne, à terme, la superstructure politique et les institutions.
C’est la vie quotidienne des gens, des entreprises et de tout ce qui constitue le corps social d’un pays, qui conditionne l’évolution des structures politiques (mais également religieuses, philosophiques, etc.).

En gros, notre vie de tous les jours c’est l’infrastructure. Quand l’infrastructure évolue rapidement, et c’est évidemment le cas depuis 20 ans avec la digitalisation, la mondialisation et la révolution Internet, alors les superstructures de gouvernance, politiques sont soumises à des forces terribles et doivent s’adapter.

La violence actuelle des peuples, qui n’est qu’un avant goût de ce qui va se déchaîner dans un avenir plus ou moins lointain, n’est rien d’autre que la matérialisation du refus des superstructures de changer et de s’adapter.

Ce n’est pas le peuple qui refuse le changement… ce sont les dirigeants !

Macron, pas parce qu’il est Macron, mais parce qu’il est le dernier avatar d’un système politique, d’une superstructure mourante, n’incarne pas le nouveau monde. Il est l’ancien monde. Celui qui ne veut pas changer parce que, pour ce système de façon générale, la soupe est bien bonne.

Ce système politique est hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale et globalement des années 50. Notre système de gouvernance est d’un autre âge.

Nous évoluons dans un monde où nous pouvons en temps réel, donner notre avis sur tout. Mais en politique, nous n’avons que bien peu de droits, si ce n’est celui de voter pour Bonnet blanc ou Blanc bonnet tous les 5 ans, pour conduire la même politique européiste, mondialiste, qui ne profite qu’à une toute petite minorité de globalistes qui s’empiffrent depuis 20 ans et qui ont commencé à partir de la chute du mur de Berlin il y a 30 ans.

Lorsque les Gilets Jaunes demandent le RIC, le référendum, ce n’est jamais rien que l’adaptation politique des avis que vous pouvez donner sur Internet ! Evidemment cela va considérablement changer la manière de penser et de faire de la politique. La démocratie peut désormais, parce qu’il y a les outils techniques le rendant possible, devenir aussi directe que participative.

La répression n’est pas une réponse et le préfet de police de Paris s’égare !

Le préfet de police de Paris a déclaré à une manifestante qu’il « n’était pas dans le même camp qu’elle ».

Surprenante déclaration, car un préfet de police n’a pas de camp.

Un policier, un gendarme, aucun d’eux ne doit avoir un camp, car à partir du moment où vous avez un camp, vous n’êtes plus un policier, un gendarme ou un préfet, mais un milicien qui représente, de facto, une faction. Cette neutralité des forces de l’ordre est ce qui fait la différence entre maintien de l’ordre et maintien au pouvoir. Ce n’est pas du tout la même chose, et c’est un glissement très dangereux.

Le maintien de l’ordre est nécessaire. Il est indispensable. Les populations, les plus faibles en particulier, n’ont jamais intérêt au chaos. Mais il ne faut pas confondre le maintien de l’ordre, sur le temps court, avec la réponse politique qui doit être apportée par la superstructure à l’infrastructure en ébullition.

Si la police devient la police d’un camp, elle devient milice, perd sa légitimité. Et au bout du processus de décomposition vous semez les germes évidents d’une guerre civile.

Or, depuis un an, en dehors des carabistouilles politiques et autres billevesées de communication présidentielles, agrémentées de « grand débat » et autres discours faisant paraître Fidel Castro et ses interventions fleuves pour un taiseux, rien. Pas une seule réponse politique à la hauteur des aspirations.

Résultat ?

Un mouvement des Gilets Jaunes toujours présent malgré une très forte répression y compris physique. Une colère intacte, une désespérance qui monte, un manque d’avenir et de vision.

Je vous disais un peu plus haut, que la « neutralité des forces de l’ordre est ce qui fait la différence entre maintien de l’ordre et maintien au pouvoir. Ce n’est pas du tout la même chose, et c’est un glissement très dangereux. »

Pourquoi est-ce très dangereux ?

Parce que dans les manifestations, sous les casques bleus quelques soit le corps, CRS ou gendarmes mobiles, vous avez des hommes, des citoyens, des pères, des fils ou des frères.

Il se passe la même chose dans tous les pays.

Il se passe la même chose dans toutes les armées.

Quand la répression est la seule solution, elle ne dure qu’un temps, car au bout d’un certains temps, la légitimité de l’usage de la force s’émousse, et petit à petit, les coups de matraques se font de moins en moins forts. Parce que la réponse doit être politique et non répressive.

Si le gouvernement « organise » les violences selon certains ou les « instrumentalise » au mieux selon les autres, c’est pour mieux justifier sa politique de répression d’un mouvement social composé au départ de millions de braves gens, en réalité, pacifiques. C’est en ce sens que le pacifisme est une arme redoutable, car elle prive l’Etat de sa justification pour mener une répression.

En attendant, au bout du compte, viendra un moment où, sans réponse politique réelle, les prétoriens du régime feront ce qu’on fait les soldats est-allemand le long du mur de Berlin. Ils baissèrent leurs armes.

Nous n’y sommes pas encore.

Nous ne sommes pas dans un mouvement social mais dans une révolution

Une révolution qui conduira à des changements majeurs de gouvernance, et à virer vraisemblablement à coup de pieds dans l’arrière train toute la clique de mondialistes qui s’est arrogée le pouvoir en oubliant l’essentiel, à savoir que l’action politique doit être centrée sur les braves gens, les électeurs, les peuples qui attendent qu’on les dirige vers de meilleurs lendemains.

Je disais en 2014 que nous allions « vers des régimes de plus en plus forts et répressifs avant le chaos révolutionnaire. Logiquement, les États et les superstructures actuelles iront jusqu’au bout de leur logique et de leur existence. Il s’agit d’organismes « presque » vivants et luttant pour leur survie. Aller au bout de leur logique d’existence signifie évidemment une radicalisation vers la violence et la répression accrue de ces institutions ».

Nous sommes dans cette phase. Celle de la radicalisation non pas des ultra-jaunes, ce n’est qu’un élément de langage et de communication, mais dans la radicalisation de la superstructure politique. Comprenez moi bien.

Lorsque la superstructure explosera, et c’est inévitable car même l’URSS avec son KGB a explosé, alors nous nous retrouverons face à nos divisions et à devoir trouver collectivement la manière de faire société ensemble.

A ce stade nous aurons la possibilité d’emprunter deux chemins.

Celui de la construction d’une nouvelle superstructure adaptée aux exigences modernes et convenant à tous et nous permettant de dépasser le communautarisme qui a été créé volontairement par la superstructure actuelle pour affaiblir l’infrastructure et se maintenir ainsi un peu plus longtemps au pouvoir.

Ou alors, nous serons incapables de nous dépasser en tant qu’agrégat de communautés et nous cheminerons sur la voie de la guerre civile.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

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