Bien que le YPG puisse espérer lutter contre une invasion turque, il a peu de chance de réussir. Le terrain est plat et les forces du YPG ne disposent que d’armes légères. Il n'y a qu'une solution pour eux. Ils devront appeler le gouvernement syrien et lui demander de revenir dans le nord-est. Cela dissiperait les inquiétudes turques et empêcherait probablement d'autres mouvements turcs.
Après que Trump a discuté avec le président turc Erdogan, l’armée américaine a retiré quelques-unes de ses forces de certaines zones proches de la frontière turque. Le Pentagone avait toujours la fausse impression que la Turquie limiterait son invasion à quelque 5 km de profondeur. Comme nous l’avions écrit, il était évident que la Turquie voulait beaucoup plus : Un objectif majeur est d'interrompre l'autoroute M4, parallèle à la frontière, qui permet le déplacement de troupes entre l'est et l'ouest des zones à majorité kurde. L'autoroute est à environ 20-30 kilomètres de la frontière.
La route M4 est également l’un des principaux axes logistiques pour les troupes américaines stationnées dans la partie occidentale.
Les Kurdes ne pouvaient pas faire grand chose pour résister à l’attaque turque. Samedi, les « rebelles syriens » soutenus par la Turquie ont atteint l’autoroute M4 et capturé et tué plusieurs soldats et civils kurdes qui passaient à proximité. Le Pentagone a finalement pris conscience du danger imminent : «C’est un chaos total», a déclaré à midi un haut responsable de l’administration US, qui a requis l’anonymat, au sujet de la situation confuse en Syrie. Bien que "les Turcs nous aient donné des garanties" que les forces américaines ne seraient pas touchées, a déclaré le responsable, les milices syriennes qui leur sont alliées "courent de long en large dans des embuscades et attaquent des véhicules", mettant ainsi en danger les forces américaines - et les civils - alors même qu'elles se retirent. Les milices, connues sous le nom d'Armée syrienne libre, "sont folles et peu fiables."
Ahhhh. « L’Armée syrienne libre » [les terroristes modérés, NdT], que les États-Unis ont construite et dotée d’une immense quantité d’armes pour lutter contre le gouvernement syrien, est « folle et peu fiable ». Comment se fait-il que tous les groupes de réflexion et les « journalistes » qui pendant des années ont encensé cette « armée » ne l’aient jamais remarqué ?
Le Pentagone a finalement reconnu qu’il n’était pas possible de conserver la zone sans déclencher une guerre avec son partenaire de l’OTAN, la Turquie. Samedi soir, Trump a ordonné à toutes les troupes américaines de quitter le nord-est de la Syrie dans les 30 jours. Le secrétaire à la Défense n’a pas démissionné, contrairement à son prédécesseur, mais a défendu le projet.
La décision a été prise comme un coup de pied nécessaire dans le cul des Kurdes pour qu’ils acceptent le retour des troupes du gouvernement syrien dans la région où ils se tenaient alors qu’ils étaient sous commandement américain. Actuellement, les troupes syriennes et leurs armes lourdes affluent. Leur tâche principale est d’empêcher tout empiétement supplémentaire de la part des forces turques. Ils vont également prendre des mesures pour reprendre les champs de pétrole à l’est de Deir Ezzor et contrôler les camps de prisonniers où sont détenus les combattants de État islamique.
Au moment de la rédaction de cet article, des troupes syriennes (en rouge) sont entrées dans Manbij, la base aérienne de Tabqa, Ain al Issa, près de Raqqa et Tel Tamr. Les groupes soutenus par la Turquie (verts) tiennent Tell Abyad et Ras al-Ayn ainsi que les villages situés entre ces deux villes. Cette région a une population majoritairement arabe.
Les Kurdes souhaitent conserver leur « administration autonome » du nord-est de la Syrie. Bien que les discussions se poursuivent, je ne m’attends pas à ce que les habitants majoritairement arabes de la région, ni le gouvernement syrien, ne l’acceptent. Il ne peut y avoir de statut particulier pour aucun des nombreux groupes ethniques ou religieux de la Syrie.
Les "forces démocratiques syriennes" dirigées par les Kurdes seront dissoutes. Ses soldats seront intégrés à l’armée syrienne. Le gouvernement syrien dissoudra également l’administration kurde «autonome». Il confisquera les armes que les États-Unis ont données aux Kurdes. Tout cela prendra du temps, mais finira par dissiper les craintes turques selon lesquelles les groupes kurdes syriens organisés pourraient entrer en Turquie pour se battre aux côtés de leurs frères séparatistes du PKK.
Les États-Unis comptaient plus de 1.000 soldats dans le nord-est de la Syrie. Il y avait aussi plusieurs centaines de forces spéciales françaises et britanniques et environ 2.000 contractants américains. Ils sont en train de déménager avec une énorme quantité d’équipement. Ils n’ont rien à craindre des forces syriennes. La Syrie est heureuse de les voir partir. Les rapports selon lesquels les troupes syriennes ont bombardé l’armée américaine sont faux.
Le plan stratégique derrière le développement de la semaine dernière doit venir de Moscou. La Russie tente depuis quelque temps de faire entrer la Turquie dans son camp. La Russie, l’Iran et la Syrie ont autorisé, à la Turquie, une invasion limitée de la Syrie pour effrayer les États-Unis. La Russie a largement soutenu l’opération turque, mais elle fixera également ses limites.
Depuis l’année dernière, Trump a cherché une occasion de déplacer les troupes américaines hors de Syrie. Le borg [l’État profond] avait rendu cette politique irréalisable. Le mouvement turc (russe) lui donna l’excuse dont il avait besoin.
Il est possible que l’ensemble de l’opération ait été montée exactement dans ce but.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
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