Eh bien voilà, un décès est toujours chose fort triste; surtout quand le rôle principal revient à un type plutôt sympa, vachement politicard, certes, chargé de gros boulets assez terribles, notamment sa signature au bas de l’acte fondateur du regroupement familial, le pire à mes yeux, mais bon garçon au fond, enfin pas plus mauvais qu’un autre… Enfin bref, pour tout vous dire, ça m’ennuierait de vous exposer ce que je pense vraiment de Jacques Chirac, ça ferait tache, et le moment me semble plus propice au recueillement… en tout cas au silence. Et puis, vous savez, plus on s’approche du petit jardinet sur le ventre, moins on a envie de dénigrer les copains clamsés, fussent ils de vieilles crapules, de parfaits abrutis ou de simples corniauds tout-venant. La vedette d’aujourd’hui n’appartenait assurément pas aux deux dernières catégories, je le laisse donc s’apprêter tranquillement à un repos définitif dont il avait, de toute évidence, récolté un sérieux avant-goût ces dernières années, le pauvre bougre… En conséquence, je lui fiche la paix, la paix éternelle, que son âme s’en aille où elle pourra, à Dieu, à Bouddah, enfin des gens comme ça, miséricordieux et indulgents, oui vachement indulgents même, sans quoi ça ne le fera pas! Amen.
Mais revenons à nos moutons, plus précisément à nos Autrichiens, lesquels ne se révèlent pas si moutonniers que cela, moins que nous en tout cas puisqu’il semblent avoir pris l’habitude de voter en se foutant pas mal du baratin lénifiant des humanitaristes bien pensants; si nous en avions fait autant nous n’en serions pas là. Ce coup-ci, le Conseil National -chambre des députés- s’est retrouvé dissous (et dissous c’est pas cher, comme disait le regretté Bourvil) à la suite d’une sombre histoire de tractation russo-douteuse impliquant le sieur Strache, chef du parti d’ekstraimdrouatte et principal allié de Sebastian Kurz, jeune patron du Gouvernement Autrichien. Ce dernier a rompu illico sa coalition parlementaire et démissionné aussi sec. Contrairement à Matarella, son collègue rital, le Président autrichien ne s’est pas chatouillé pour provoquer des élections anticipées, c’est aujourd’hui que ça se passe.
Alors, les Autrichiens vous en pensez ce que vous voulez, vous pouvez toujours ressortir des souvenirs remontant aux années quarante et même rappeler que cette nation engendra un jour Hitler, mais en tout cas ces gens-là ne se laissent pas impressionner, ça se confirme avec éclat, ils vont voter pareil que la dernière fois! Parfaitement! Encore mieux, même, si l’on en croit les sondages qui donnent une très large majorité à Kurz, environ trente-cinq pour cent des suffrages, et placent en deuxième position, qui donc? Eh oui, les nauséabonds du FPÖ! En d’autres termes: dans l’os, les progressistes bien pensants! Dans le dos, dans le baba, dans tout ce qu’il leur plaira! C’est-y pas beau ça? Ça fait-y pas envie? Un corps électoral de cette qualité, nous en aurions un tout pareil je vous jure que notre pays présenterait une autre gueule! Sauf que, bien sûr, il nous faudrait un Kurz et aussi un FPÖ, des gens sérieux, pas des rigolos style Marine et autres Wauquier, Bellamy ou Jacob! Et curieusement, il nous faudrait aussi, semble-t-il, un autre mode de scrutin qui reste toutefois à imaginer. Le bidule uninominal majoritaire à deux tours musèle la moitié des électeurs, la proportionnelle c’est le bordel assuré comme au vieux temps de la Quatrième et le mélange des deux, personne ne voit très bien, ni comment le faire, ni ce sur quoi il pourrait déboucher. Notre problème, en réalité, procède d’une inadaptation totale à la démocratie. Seuls les monarques autoritaires réussirent, pendant quelques temps, à assurer un minimum de tranquillité publique. Voyez donc ces braves Autrichiens, ils savent ce qu’ils veulent, en tout cas une majorité d’entre eux, il veulent un pouvoir capable de les protéger contre l’immigration, voilà tout. Le reste ils s’en chargent eux mêmes, puisque le pays se révèle d’autant plus prospère que l’État met le moins possible son gros pif dans les affaires privées, Donc, plus d’un tiers des électeurs votent Kurz, un conservateur vrai, pas un branquignol genre « Les Républicains » et par surcroît vingt pour cent au moins restent fidèles aux nauséabonds du FPÖ. Remarquez bien l’extrême discrétion dont les media font preuve à l’égard de cette journée de vote, elle est due à la probabilité incontournable d’une catastrophe: la victoire écrasante de la peste brune en dépit des espoirs désormais fanés d’une bien-pensance profondément dépitée. Les rares journalopes qui en parlent tentent vaguement de nous faire gober la possibilité d’une alliance de Kurz avec les Verts, en pleine ascension à ce qu’on raconte, c’est juste un baroud d’honneur à la con, personne ne croit à pareille calembredaine! Il y aura bien, à l’issue des négociations habituelles, un gouvernement autrichien de droite, clairement mandaté pour tenir bon face à l’immigrationnisme ambiant. Ces choses-là gagnent à ne pas être connue du grand public franchouille, des fois que ça lui donnerait des idées…
Et il est vrai, aussi, que chez nous les choses bougent un peu. La Droite s’ébroue comme un vieux clébard sous la pluie, elle tente quelque chose de nouveau: le regroupement des pires mal-pensants sous la houlette du couple improbable Marion-Zemmour. Ceux-là sont manifestement d’une autre trempe, c’est l’intelligence qui prend le relais, ça pourrait nous changer un peu la politique, en tout cas le discours adopte une nouvelle couleur, assez foncée pourrait-on dire, ça ne va pas plaire du tout à ceux qui, jusqu’à présent, prétendent penser à notre place!
Parce que en effet les choses apparaissent maintenant de plus en plus claires: le clivage, comme ils disent, entre la Droite et le reste de l’offre politique, s’opère sur la question de l’immigration. Cela arrive hélas un peu tard mais je crois que nous y parvenons enfin. Il n’y aura donc plus, je pense, de faux semblant; les hurluberlus qui se prétendent de droite tout en prônant la diversité et le vivre ensemble, nous allons désormais les classer à leur place, à gauche. Quand je dis nous, bien sûr, je parle des gens sérieux et non de tous les pantins qui écrivent des fadaises humanitaristes dans les journaux et distillent leur prêchi-prêcha bien pensant sur les ondes hertziennes. La rigolade s’arrête-là, il va nous falloir désormais passer aux choses sérieuses, et ça, c’est une autre paire de manches! Reste à savoir de quelle manière les acteurs du drame vont procéder. Si des gens comme Marion et Zemmour apparaissent capables de fédérer pas mal de monde autour d’eux, on voit mal, aujourd’hui, comment ils vont pouvoir monter sur un ring où la mère Le Pen tient fermement le rôle de challenger du futur vainqueur, Présipède le Grand. Il va bien falloir parvenir à une alliance des nauséabonds, depuis Dupont-Gnangnan jusqu’à Ménard, en passant par des hurluberlus comme Collard, lequel cherche lui aussi à tenir sa partie dans le concert. Bref, ce n’est pas gagné, il y a du chemin à faire avant que nous voyions arriver au pouvoir quelqu’un ou quelqu’une qui voudra vraiment faire le boulot. Il est d’ailleurs à craindre que cela n’arrive trop tard.
En attendant, c’est la première fois, à ma connaissance, depuis 1945, que nous voyons surgir une Convention de la Droite. Il n’est jamais trop tard pour bien faire! Et l’on observera avec intérêt que le Premier Ministre Barbapoux soi-même s’est empressé de saluer l’évènement en condamnant avec sa fermeté habituelle de mollusque rocardien modifié UMP, « les discours nauséabonds » tenus par les différents orateurs à ladite Convention. Avec un label de ce calibre, l’affaire me semble admirablement lancée!
Sauf que pour le moment, nous en sommes aux discours. Il en faut, d’accord, mais pour arriver à quelque chose il conviendra de pousser plus loin, de passer aux actes et d’essayer de faire prévaloir, dans les isoloirs, le bon choix comme disait ce vieux paillasse de Giscard. Ce n’est pas gagné! Souvenez vous du propos, éminemment condamnable lui aussi, d’un type qui évoquait le bruit et les odeurs, vous savez, le bruit et les odeurs qui rendaient fou l’ouvrier franchouille sur son palier de HLM. C’était en 1991 et c’était Jacques Chirac, le type en question, il avait fait le buzz, pour parler comme aujourd’hui et s’était attiré les foudres abominatoires de tout ce qui, alors, refusait qu’on touchât à son pote et chantait les louanges enflammées des Chances pour la France. Entre 1995 et 2007 il a eu douze ans pour faire quelque chose, ce brave Chichi! On s’est brossés, pas vrai? Et le voilà aujourd’hui dans la Cour d’Honneur des Invalides avec un beau drapeau sur le cercueil et plein de franchouilles -dont pas mal d’ouvriers qui ont dû s’échapper depuis de leur HLM envahie- venus lui rendre hommage… pas rancuniers les mecs!
Espérons quand même, c’est ça qui fait vivre…
Amitiés à tous.
Et merde pour qui ne me lira pas.
NOURATIN
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