28 septembre 2019

Obertone : “Il y aura une sélection naturelle, les plus impitoyables, les plus forts, sauront se passer de l'État”


Suite du best-seller mondial Guérilla, le temps des barbares poursuit le récit d'une France qui tombe dans l’abîme. Laurent Obertone y décrit avec lucidité ce que sera le pays, plongé dans le noir, dans le froid d'un hiver glacial, dans la guerre de tous contre tous. Un roman d'anticipation effroyable mais criant de réalisme et déjà en tête des ventes. Nous avons rencontré son auteur.

Comme dans le premier volet de Guérilla, vous vous basez sur des informations des services de renseignement français ?

Absolument, j’ai tenu à garder cette ligne-là, et à ne pas partir dans le romancé. J’ai puisé dans les études de guerres civiles de l’Etat major du renseignement étant donné que j’ai des bons contacts dans ces milieux-là. J’essaie à chaque fois de m’appuyer sur leurs hypothèses qui portent sur la dégradation très rapide des conditions de vie dans les sociétés technologiques. Parce qu’il suffit qu’un point du réseau lâche pour que par effet domino tout s’effondre très rapidement. C’est ce qui fait la fragilité des Etats modernes. Je m’appuie aussi sur les hypothèses dites sud-américaines, c’est-à-dire une crise qui voit émerger un individu de type opportuniste, très habile, potentiellement un dictateur. Une individualité qui réussit à prospérer sur ce chaos, à éliminer ses rivaux et à incarner le retour du maître, que tout le monde cherche. Nous sommes tellement habitués à ce que l’Etat contrôle toute notre vie, que n’importe qui peut se présenter, y compris quelqu’un de radical dans ses méthodes, pour que la population, délaissée, ait de fortes chances de se précipiter à ses pieds. Ça repose sur des études précises, mais évidemment, le chaos est imprévisible.

Y-a-t-il beaucoup de chance de tomber comme vous le décrivez dans un noir complet où l’électricité n’est pas acheminée ?

Les hypothèses sur lesquelles je me base sont des conjonctions de facteurs, il y a des situations économiques, sociales et sociétales très tendues. La question des banlieues n’est pas résolue depuis 2005 et a tendance à s’aggraver avec l’immigration massive. Il existe des pans entiers du territoire qui dépendent exclusivement du trafic et des aides sociales. Vous ajoutez à cela le facteur terroriste et l’instabilité politique, il suffit qu’une crise majeure se déclenche dans une banlieue pour que tout s’embrase. Le renseignement surveille aussi de près les groupes anarchistes et les blacks-blocks qui font beaucoup de repérages sur les centrales nucléaires et les points faibles du réseaux électriques, comme les transformateurs, qui sont extrêmement vulnérables. Une fois qu’un transformateur est détruit, il faut des semaines voire des mois pour le changer. Autour de Paris, il en existe une dizaine, s’ils tombent, et ce n’est pas techniquement très compliqué d’y arriver, Paris est privé d’électricité pour très longtemps. Ce qui veut dire plus d’eau potable, plus d’alimentation de toute sorte, plus de secours, plus de communication, soit une crise de très grande ampleur.
Source :  https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/culture/les-plus-impitoyables-les-plus-forts-sauront-se-passer-de-letat-111215

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