Christophe Castaner a annoncé le 15 juillet que les autorités ne communiqueraient pas les chiffres de la casse du 14 juillet pour ne pas inciter à des débordements supplémentaires le 19 juillet lors de la finale de la Coupe africaine des nations (CAN). Beauvau a préféré communiquer le nombre de personnes interpellées cette nuit-là : 282. Ce choix de ne pas communiquer a toutefois provoqué une controverse au sein des représentations professionnelles de la police, après en avoir provoqué une autre dans la classe politique française.
«On ne donne pas et on assume. C'est toujours la même chose et ça n'apporte rien», a expliqué l'entourage du ministre Christophe Castaner et, joint par l'AFP, Frédéric Lagache, délégué général du syndicat Alliance se range aux côtés de ce dernier en déclarant : «C'est une décision qui malheureusement doit être acceptée. Face à des farfelus irresponsables, mieux vaut éviter la course à celui qui va cramer le plus de bagnoles.»
Inutile de chercher les vrais chiffres, ils sont totalement bidons de toute façon
Au contraire, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité-SGP-FO, également contactée par l'AFP vitupère : «La crainte de la surenchère est une fausse excuse, les délinquants ne vont pas chercher les articles des années précédentes. Ne pas mettre en avant les chiffres, c'est effacer le travail des forces de l'ordre.»
Un membre du Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France, qui défend les policiers de terrain, estime pour sa part que la stratégie médiatique du ministère de l'Intérieur relève de «la rétention d'information» et déplore que le ministère de l'intérieur se focalise sur la région parisienne «alors que la province à également été le théâtre de déprédations et de violences urbaines». Et de citer en exemple : «A Evreux, nous avons été pris à partie et plus d'une centaine de grenades ont été envoyées dans la soirée. Mais personne ne parle de ce qui se passe dans les régions, à part la presse locale... Apparemment, il ne faut surtout pas dire que les banlieues et les secteurs sensibles sont prêts à s'embraser à tout moment, malgré nos mises en garde !»
Jean-Pierre Colombies, commandant de police en retraite et porte-parole de l'Union des policiers nationaux indépendants, préfère renvoyer dos à dos ceux qui veulent les chiffres de la casse et ceux qui voudraient les maintenir confidentiels : «Inutile de chercher les vrais chiffres, ils sont totalement bidons de toute façon, et ce pour plusieurs raisons : d'une part le ministère sous-évalue systématiquement, d'autre part, des opportunistes qui ne peuvent plus faire assurer leurs véhicules y mettent tout simplement le feu pour arnaquer les assurances à l'occasion des flambées de violence. Par ailleurs, les casseurs se lancent dans des compétitions de chiffres eux aussi en essayant de faire pire d'une banlieue à l'autre... La compétition des chiffres a lieu des deux côtés de la loi !»
Il ne faut surtout pas dire que les banlieues et les secteurs sensibles sont prêts à s'embraser à tout moment, malgré nos mises en garde !
En 2017 et 2018, le nombre de voitures brûlées sur le territoire français le 14 juillet s'était élevé à 897 et 845, selon les données officielles. En 2019, les chiffres officieux font état de 195 voitures brûlées à Paris et en petite couronne... Le nombre de voitures incendiées en France serait-il trop important pour être avouable par le gouvernement ? L'AFP fait pourtant savoir que ce chiffre est en baisse par rapport au 14 juillet 2018 : 212 véhicules étaient partis en fumée sur la même zone. La question se posera à nouveau lors de la finale de la CAN le 19 juillet. Christophe Castaner va-t-il à nouveau «assumer» de ne pas communiquer ces chiffres aux Français ?
Antoine Boitel
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