09 juillet 2019

Tiersmondisation de la France : Pénurie de médicaments


« Aujourd’hui, on ne peut même plus fournir les traitements communs aux patients », confie Laurence Maury, la responsable de la pharmacie d’Occitanie à Toulouse, située dans le quartier des Minimes. Les patients sont là mais les médicaments manquent à l’appel. Ce sont 550 produits qui ne sont pas ou très peu transmis. La crise se ressent, comme ailleurs. « Souvent, un patient nous demande des médicaments qu’on ne vend plus du tout, comme le prednisone, qui est en rupture totale. Sinon, il y a des cas comme pour le prednisolone, que nous distribuons au compte-gouttes. En général, les fournisseurs nous en donnent trois ou quatre boîtes par jour », explique la pharmacienne.
Les officines traversent une crise sans précédent. « Jamais nous n’avions eu de périodes de rupture si longues. Nous connaissions plutôt des épisodes de trois ou quatre jours, qui ne touchaient pas les médicaments les plus courants… », s’inquiète la pharmacienne. Ces pénuries ont débuté « il y a environ huit ans et depuis, elles se rapprochent et s’intensifient ».

Gérer les manques, un exercice de coopération

Lorsque les distributeurs ne peuvent plus répondre à la demande, les professionnels peuvent faire appel à leurs confrères. « Si nous constatons qu’un patient nous demande un produit que nous n’avons pas, nous appelons nos collègues dans les autres pharmacies. Les périodes de crises nous amènent à la coopération, explique la pharmacienne. C’est un travail de groupe, on se refile des tuyaux, où on a trouvé tel médicament, combien il en reste, etc. » Mais la coopération a ses limites, il arrive qu’on ne puisse pas trouver, même ailleurs. C’est dans ce cas extrême qu’il faut se résoudre à contacter le médecin. « On ne le fait pas très souvent, ils n’aiment vraiment pas », ironise Laurence. Généralement, le praticien leur demande de fournir un produit de remplacement, qui est peut-être lui-même en rupture de stock. « C’est déjà arrivé qu’on nous donne des ordonnances avec des produits de remplacement en cas de rupture. Mais il n’est pas rare que ces médicaments alternatifs soient épuisés eux aussi », souligne-t-elle, un peu résignée. Dans la mesure du possible, tout est fait pour ne pas abandonner le malade. « Je ne promets jamais de leur donner leurs produits sans vérifier. Mais pour des maladies comme le sida, nous faisons tout notre possible pour ne pas interrompre le traitement », ce qui n’est pas toujours facile. « Nous passons par les circuits d’approvisionnement, et ils sont tous en rupture de stock » poursuit la pharmacienne, qui pointe du doigt la concurrence étrangère : « En France, nous achetons moins cher qu’à l’étranger, les labos font donc plus de profit en allant vendre ailleurs ». 

Des patients agacés

Dans une autre officine, un client semble agacé par cette pénurie à rallonge, « mon traitement pour les migraines n’est plus fourni depuis longtemps, et il faut une éternité pour prendre rendez-vous avec une spécialiste ! »
Le médecin est forcé de s’adapter à cette pénurie en prescrivant des médicaments qui correspondent un peu moins aux pathologies. « Pour les pilules contraceptives par exemple, certaines femmes sont obligées de changer de molécule et de subir les conséquences qui vont avec ». Des patients, visiblement exaspérés, effectuent même le tour de « toutes les pharmacies du coin » dans l’espoir de trouver leur traitement, sans succès.
Les pénuries ont des causes multiples, mais Laurence Maury préfère en rire « parfois ces manques arrivent simplement parce qu’on a oublié de commander ! ».

Tom Kerkour
 
Source :  https://www.ladepeche.fr/2019/07/08/dans-les-pharmacies-toulousaines-meme-les-traitements-les-plus-courants-manquent-a-lappel,8302423.php?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1562607210&fbclid=IwAR1JUe21dP9HYK3MRO-IQH_0IugCSDtL4Beh10qKLZtrbROmvNWxGev3Rks#xtor=%5B%5BDDM-PRINCIPAL%5D%5D

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.