27 juillet 2019

Destruction des retraites : 90% de la population n'aura jamais assez de points


Il a profité de l'été pour ciseler ses phrases choc. Pascal Pavageau, le numéro un de Force ouvrière, se livre à une rentrée tonitruante, ce mardi matin sur France-Inter. Sa cible : la future réforme des retraites. Il a lancé :

"La retraite par points, c'est la retraite en moins ! C'est le travail sans fin ! On n'aura jamais assez de points pour pouvoir partir. Pour 90% de la population, c'est ce qu'il va se passer."

Le gouvernement veut refonder notre système actuel, morcelé en une quarantaine de régimes de retraites. Il vise un nouveau système "universel", valable pour tous, le public comme le privé, et calculé en points accumulés tout au long d'une carrière. Voilà pour le principe. Mais dans le détail ? Le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a débuté au printemps une concertation avec les partenaires sociaux, évoquant avec eux différentes pistes… tout en évitant soigneusement de dévoiler ses intentions précises.

Le temps presse, estime Pascal Pavageau, qui rencontrera le Premier ministre Edouard Philippe le 30 août.

"Maintenant on arrête. On arrête de discuter sur les grands principes généraux", a réclamé Pascal Pavageau sur France-Inter. "Puisqu'on nous parle d'un projet de loi au mois de décembre, on rentre dans le concret. C'est quoi, cette retraite par points que vous voulez imposer ? Concrètement, c'est quoi, le principe de réversion, demain, avec une retraite par points ?"

"Il est temps d'avoir du concret. Il est temps qu'on nous montre et qu'on nous démontre ce que sera cette fameuse retraite par points."

Le gouvernement a prévenu que la réforme ne concernerait ni les retraités actuels, ni les salariés à moins de cinq ans du départ en retraite. Et tous les autres ? "Ce que nous craignons, c'est que 80 à 95% de la population soit les grandes victimes de ce [nouveau] système", a poursuivi Pascal Pavageau. "Si on fait une simulation avec monsieur ou madame Untel, qui pourrait prendre aujourd'hui sa retraite avec 1.200 euros, si la retraite par points avait existé, cette même personne partirait avec combien ?"

L'âge de départ, un "leurre"

Dans sa volonté de pousser l'exécutif à dévoiler ses intentions, Pascal Pavageau n'hésite pas à manier une certaine mauvaise foi. Par exemple sur l'âge de départ en retraite. L'exécutif s'est engagé à maintenir la possibilité de partir à 62 ans. Le syndicaliste estime :

"Cette histoire est un leurre. Dans une logique de retraite par points, vous n'avez plus d'âge légal de départ à la retraite. Vous êtes le seul responsable de votre propre sort. Et chacun vérifiera qu'il n'a pas le nombre de points suffisant pour pouvoir partir, que ce soit à 62 ans, que ce soit à 64 ans, que ce soit à 70 ans, que ce soit à 75 ans. C'est la retraite des morts !"

Ce que le leader de FO ne dit pas, c'est que cette critique peut aussi être adressée à notre système actuel. Ceux qui n'ont pas cotisé assez longtemps doivent travailler jusqu'à 67 ans pour une retraite à taux plein, à moins de subir une décote. Rien n'interdit, dans un futur système par points, de conserver ces bornes d'âge, de même qu'un "montant plancher" pour les pensions des retraites incomplètes (634 euros actuellement).

"Procès d'intention"

A l'heure actuelle, rien ne permet d'affirmer qu'il faudra travailler jusqu'à 75 ans. Pascal Pavageau reconnaît :

"Je suis désolé, c'est un procès d'intention, j'en conviens."

"Évidemment, on ne peut pas faire la démonstration, d'autant plus qu'on n'a pas le texte" du futur projet de loi.

Voilà l'exécutif prévenu : s'il veut éviter la multiplication des polémiques, comme en juin dernier au sujet des pensions de réversion, il va devoir abattre ses cartes.

B. L.

Source :  https://www.nouvelobs.com/economie/20180821.OBS1086/reforme-des-retraites-90-de-la-population-n-aura-jamais-assez-de-points.html

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